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4,05

sur 6199 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Terrifiant et captivant ! On entre sans se méfier dans le roman par la porte de l'enfance, le sourire de Gilles, les glaces du marchand. Puis brutalement on est projeté dans la violence du monde adulte. L'humour rassurant du début fait très vite place à la cruauté, on voudrait que ça s'arrête mais on est pris au piège et on lit d'une traite jusqu'au bout. On en sort essoufflé et bousculé par ce monde sans concession; surpris aussi d'avoir aimé ce roman si sombre et ces personnages si pervers. Sans doute l'effet magique de l'écriture qui par son apparente légèreté nous fait absorber l'insoutenable. C'est assurément cela le talent d'un écrivain.
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C'est l'histoire d'une famille dysfonctionnelle, dans un lotissement, dans une banlieue qui pourrait se trouver près de chez nous. le père est violent avec sa femme physiquement et psychologiquement, devant les enfants bien-sûr comme tout psychopathe narcissique pervers et j'en passe.

Déjà, la maison, la plus belle du lotissement, car destinée au départ à l'architecte, est étrange :

« A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres. » P 9

La chambre des cadavres renferme tous les trophées de chasse du père, de la défense d'éléphant aux cerfs, sangliers sans oublier une hyène. Et bien-sûr, personne n'a le droit d'entrer dans la tanière du père, sous peine de sanction sur fond de méga colère.

Tout ce petit monde survit dans cet univers toxique où la seule bouffée d'oxygène est le passage du marchand de glaces ambulant. Et un jour, la bombe à chantilly explose tuant le marchand devant leurs yeux. le petit frère, sous l'effet de la sidération, s'éteint littéralement, se referme sur lui-même et sa soeur (dont on ne saura jamais le prénom, à moins que ma mémoire ne m'ait trahie) va tout tenter pour revenir en arrière et refaire l'histoire en essayant de fabriquer une voiture qui remonte le temps…

Le portrait du père est saisissant ! tout à fait le genre d'individu qui m'horripile et que j'aurais bien aimé « zigouiller » : déjà j'ai une dent contre les chasseurs et j'adore les éléphants donc lui et moi, c'était mal parti. Et les pervers, narcissiques, cogneurs idem.

« Au mur, dans des cadres, mon père posait, fier, son fusil à la main, sur des animaux morts. Il avait toujours la même pose, un pied sur la bête, un poing sur la hanche et l'autre main brandissait l'arme en signe de victoire, ce qui le faisait davantage ressembler à un milicien rebelle shooté à l'adrénaline du génocide qu'à un père de famille. » P 10

J'ai aimé l'énergie de cette petite fille qui va se passionner pour la physique, sur les traces de Marie Curie, les sciences en général, allant jusqu'à faire du baby-sitting chez un voisin (un beau champion d'arts martiaux dont elle tombe amoureuse) pour prendre des cours auprès d'un professeur à la retraite, plus ou moins mis sur la touche du fait de ses méthodes.

Elle a seulement dix ans quand commence le récit et on la sent tout de suite prête à relever les défis et se donner les moyens de le faire. Pour ramener la lumière dans les yeux de son frère et tenter de le sauver, elle fait preuve d'imagination autant que de compassion, investie dans son rôle, même au prix de souffrance. Elle a une énergie extraordinaire.

Comment résister à cette scène par exemple où elle décide d'appeler le chiot « Curie » comme la grande Marie et voir que sa mère a fait graver « Curry » sur sa médaille:

« J'ai décidé de rebaptiser le chiot Sklodowska. Ça lui ferait peut-être même encore plus plaisir, à Marie Curie , que je donne son nom de jeune fille à ma chienne. Mais Sklodowska, c'était un peu long à dire. Alors, pour faire simple, j'ai raccourci en Dovka. » P 74

Ce roman, c'est l'histoire de la violence au quotidien, de la peur dans la cellule familiale, qui ne peut qu'engendrer des comportements bizarres sinon pathologiques et si la petite fille réussit à s'accrocher, Gilles va au contraire se couper des autres, ne n'intéressant à rien et dériver de plus en plus…

Adeline Dieudonné réussit très bien à exprimer cette violence et cette peur, l'emprise du père sur la famille, la démission de la mère, tout en ne donnant jamais trop dans le trash. Elle montre que l'amour peut transformer les choses, qu'on doit tenter de réagir sinon on reproduit les mêmes schémas. C'est peut-être un peu trop schématique mais l'idée est intéressante et bien étayée.

Pour un premier roman, je trouve que c'est réussi, avec une place aussi pour l'imaginaire dans le récit. le rythme est rapide, il y a du suspense, et je me suis laissée prendre au jeu.

Ce roman a reçu le prix FNAC et j'espère qu'il en recevra d'autres….
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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« A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres ».

La première phrase met le lecteur en condition pour tenir la forme dans ce conte cruel. le ton est donné, l'insolite s'invite avec une pointe de sarcasme et le talent d'écriture va faire le reste, gardant captif et en apnée jusqu'aux dernières pages.

Remarquable de maturité pour un premier roman, Adeline Dieudonné nous impose la violence familiale racontée à hauteur d'enfant et d'adolescente. Je dis bien «impose» car les conditions de vie de cette famille torturée par la folie paternelle sont effrayantes de crédibilité. Un père prédateur-chasseur, une mère soumise battue comme plâtre, un frère psychotique, une fillette douée qui se construit en solitude, développant des stratégies de protections et dissimulations pour vivre un quotidien dominé par la peur. Ajouter à cela des scènes fortes et traumatisantes, on obtient un petit livre concis sur l'Humanité dans tous ces états.

Bien que peu friande de cette thématique, je salue un beau savoir-faire dans la construction du suspens, dans des personnages satellites originaux et dans le portrait d'une jeune fille attachante par sa volonté, son courage et sa capacité d'amour et d'empathie. Un livre court qui percute sans fioritures superflues.

Pas étonnant qu'il se fasse remarquer en cette rentrée littéraire !
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Ce roman de la rentrée littéraire de septembre 2018 a fait couler tellement d'encre que j'ai longtemps hésité à le lire. La peur d'être déçue, en partie.
Je dois admettre que c'est une belle découverte.
La narratrice, âgée de 10 ans au début de l'histoire, n'a pas de prénom. Mais elle est attachante et nous entraîne dans son histoire.
Comme cela a été dit mainte fois, c'est un roman noir.
Mais j'ai envie de dire, comme je le dis du cinéma des frères Dardenne, que c'est l'histoire de la misère ordinaire, comme la vivent de (trop) nombreuses familles tant en France qu'en Belgique.
Il y a un petit côté surréaliste que je n'aime pas vraiment dans cette histoire, à moins qu'il s'agisse juste de la perception de la jeune narratrice.
Mais je dois admettre que passé les 100 premières pages, je n'ai plus pu refermer ce roman avant de l'avoir terminé.
Un très très bon premier roman pour cette jeune auteure.
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La vraie vie, ce n'est pas toujours celle qu'on croit..ce n'est pas toujours celle qu'on espère mais c'est certainement celle qui nous fait tenir.

Il y a des vies en suspens, des vies entre parenthèses, des vies qui ne valent pas la peine d'être vécues. Des vies qui commencent mal, des vies qui finissent mal.

La vraie vie est ailleurs...

L'histoire que nous raconte Adeline Dieudonné dépasse toute compréhension et pourtant, je crois bien que cela existe en vrai. Cette violence conjugale, cette haine viscérale qui s'ancre dans une enfance malheureuse ou dans une adolescence tourmentée, et qui éclate un beau jour...

Je n'aime pourtant pas lire ce genre d'histoire qui rappelle certains faits divers sinistres mais l'écriture d'Adeline Dieudonné m'a happée.
La quatrième de couverture dit : "D'une plume drôle et fulgurante, Adeline Dieudonné campe des personnages sauvages, entiers. Un univers acide et sensuel. Elle signe un roman coup de poing." Je ne saurais dire mieux.
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Titre : La vraie vie
Auteur : Adeline dieudonné
Année : 2018
Editeur : L'iconoclaste
Résumé : Dans ce lotissement, toutes les villas sont identiques. Excepté la sienne, un peu plus grande puisqu'elle servit de maison-témoin pendant la commercialisation du programme. Quatre chambres : une pour les parents, une pour les cadavres, une pour son frère Gilles et la sienne. le père est chasseur de gros gibier et règne sur son petit monde d'une main de fer ; la mère, elle, est transparente et Gilles, son petit frère,  a tellement changé. C'est pour lui qu'elle se bat, pour lui qu'elle est devenue une guerrière. Pour qu'il ne devienne pas comme le père, pour qu'il retrouve son sourire d'avant l'accident.
Mon humble avis : Enorme succès pour ce premier roman. D'excellentes critiques, une large couverture médiatique et des ventes qui sont certainement à l'avenant. En règle générale, je passe à côté de ce type d'ouvrage mais des chroniques d'autres blogueurs - notamment celle de ammnezik666.wordpress.com - m'ont donné envie de me plonger dans ce texte d'Adeline Dieudonné, qu'on disait fort et marquant. Et effectivement ce fut le cas. La vraie vie est un roman court, l'un de ceux qu'on qualifie généralement de roman coup de poing. Une écriture incisive, un univers glauque, une héroïne volontaire et marquante, une construction efficace font de ce premier roman une grande réussite. le tout manque un peu de densité, de précision par moment et on aurait aimé une centaine de pages de plus pour étayer le personnage du jeune frère, mais ne boudons pas notre plaisir, Adeline Dieudonné réalise un sans-faute avec ce roman accessible à tous et réellement addictif. La narratrice, dont on ne connait pas le prénom, est une adolescente évoluant dans un environnement hostile, une famille dysfonctionnelle dominée par une figure paternelle violente et perverse. La mère, qu'elle compare à une amibe, est absente, plus préoccupée par le devenir de ses chèvres que par sa propre famille. Reste le petit frère, Gilles, un gamin enjoué et naïf, dont le sourire réconcilie notre héroïne avec la vie. Un accident domestique va transformer ce petit être gracieux en un monstre froid et calculateur et c'est alors que la machine se met en route. L'adolescente, férue de physique et admirative de Marie Curie, se met en tête de remonter le temps et forte d'une intelligence supérieure et d'une volonté farouche, va organiser sa vie comme on entre en résistance. le but ? Sauver ce petit frère, le retirer des griffes du père et tenter de redonner une voix et un regard humain à ce gamin qu'elle aime tant. Passionnant.
J'achète ? : Personne n'aura attendu cette petite chronique pour se ruer sur ce roman. Je comprends l'engouement pour ce texte efficace et oppressant sur les terreurs de l'enfance. A découvrir.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Un roman étonnant et percutant difficile à lâcher une fois commencé.

On suit une jeune narratrice de 10 ans (son prénom n'est jamais prononcé). Elle vit dans un quartier appelé le démo. Dans sa maison, il y a une chambre pour chacun mais aussi une pour les trophées. Une pièce terrifiante et objet de craintes et de fantasmes de la part des enfants, où le père entrepose ses trophées de chasse. La violence dégouline peu à peu dans le récit.
Le père a la main lourde et frappe régulièrement sa femme qui n'ose se plaindre et se réfugie dans l'amour de ses chèvres.
Notre petite narratrice s'échappe de ce quotidien morose et sordide en allant jouer à la casse à proximité où elle laisse son imagination vagabonder. Elle est sympa cette gamine et touchante. Surtout elle adore son petit frère Gilles qui est aussi un chouette gamin.
Leur petit plaisir est d'acheter une glace au marchand ambulant. Mais un jour le pauvre glacier est victime d'un terrible accident sous les yeux des enfants.
A partir de ce moment, le récit bascule complètement et devient addictif. Gilles est traumatisé et ses parents ne s'occupent pas de lui. Seule la petite narratrice tente de sauver son frère notamment en inventant une machine à remonter le temps.
Roman initiatique (le récit se déroule sur 5 ans). La petite est passionnée par les sciences et c'est cette passion qui la maintiendra en vie.
Le récit est éprouvant. J'ai serré le poing plusieurs fois et j'ai eu une boule dans la gorge m'attendant au pire à chaque ligne.
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La narratrice raconte sa vie, dans un pavillon de lotissement avec ses parents et son frère, Gilles. Leur vie se déroule sans grande joie mais une grande complicité avec Gilles jusqu'au jour où un accident déraille tout... Son frère n'est plus ce qu'il était. Elle va tout faire pour retrouver cette vie où Gilles devait être joyeux, sa vraie vie.
Dès la première phrase, je me suis sentie happée par cette étrange famille. Pourtant, la description n'est pas flatteuse avec son père, rude et sa mère, soumise. Il y a des touches de lumière dans ce roman mais elles sont vite étouffées par des couches sombres de violence. Dérangeant tout de même, ce mépris qu'elle voue à sa mère ou étonnante cette croyance naïve dans un scénario trop enfantin. J'ai été un peu génée par l'accident au centre de ce grand changement qui m'est resté dans le flou assez longtemps.
Dérangeante mais aussi envoûtante cette montée de la violence dans cette famille, on se sent oppressée par les pensées de l'héroïne, ce père cocotte-minute, de ce voisin un peu taré... La fin est très étrange, on sent une étrange espèce de libération, mais on reste cependant dans l'expectative.
Marquant dans son rythme, sa narration, Adeline Dieudonné raconte la vie, tant dans la recherche du bonheur que dans une adolescence impatiente.
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Faites confiance à Adeline Dieudonné, elle vous embarque dans La vraie vie, elle ne vous lâchera pas tout comme vous vous ne pourrez la lâcher. C'est grinçant, percutant, scientifiquement prouvé. Une ado de 11 puis 12 puis 13 ans va se mettre en quatre pour retrouver le rire perdu de son petit frère de quatre ans plus jeune. Courageuse, déterminée, persévérante, elle va tenter de construire la machine à remonter le temps qui va effacer l'accident du marchand de glace et recoller le rire sur la bouche du petit frère.
Un roman puissant, un souffle qui emporte et nous fait croire, à tort, qu'il n'est ici question que de jeux et d'occupations d'enfants.
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Grandir, c'est devenir soi, faire des choix, exprimer des refus. C'est aussi refuser le rire sardonique de la hyène quand frappe le destin. Chercher à en inverser le sens, quitte à remonter le temps. Par la magie -mais seuls les tout petits peuvent y croire- ou par la physique.

Il faut devenir Marie Curie ou rien.

La jeune héroïne de la Vraie Vie en fait l'expérience quand son petit frère adoré, à la suite d'un traumatisme brutal, est frappé par le même mauvais sort qui a fait de son père un ogre domestique redoutable, père pervers, mari violent, viandard impénitent..

Aussi la jeune narratrice prend-elle son éducation en main: il faut faire vite et agir "sur la pointe des pieds". Inutile d'alerter le chasseur paternel qui ne dort jamais que d'une oreille...

Il s'agit de gagner de vitesse la violence et le crime, d'en arrêter le cours, de guérir le petit Gilles de la méchanceté qui le ronge.

Il s'agit aussi de sauver sa propre peau car il n'est pas bon d'être une fille- et bientôt une femme - dans cette maison-là. Il n'est que de regarder Maman, cette chose aboulique et terrorisée. Cette amibe.

Sur le ton du conte terrifique -les fées sont mortes depuis belle lurette..- Adeline Dieudonné raconte cette éducation secrète, volontariste, contrôlée, d'une jeune fille en danger de mort: ses armes, forgées dans le silence et la dissimulation, sont l'intelligence de l'esprit , le désir du corps, la science physique et l'affection d'un chien.

Cette parabole à la fois cruelle et poétique semble délivrer un message d'espoir à tous ceux et surtout celles que la maltraitance, la violence familiale semblent contraindre à cette seule alternative : devenir prédateur à leur tour ou rejoindre le troupeau résigné des victimes.

Une jeune auteure belge à la plume déliée , inventive et incisive, que je ne connaissais pas et ai découverte avec plaisir- même si parfois j'ai trouvé qu'elle chargeait un peu la barque...
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