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4,05

sur 6199 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La vraie vie est un premier roman, écrit par une jeune auteure belge, Adeline Dieudonné. C'est une sorte de récit initiatique où le réel vacille à chaque instant, nous amène dans l'univers glauque et sordide d'une famille presque ordinaire, dépeint de manière détonante et acide par la narratrice, une adolescente, dont ne saura jamais le prénom. On pourrait qualifier aussi ce récit de guide de survie en milieu hostile d'une enfant devenue guerrière par la force des choses, avec l'innocence en bandoulière...
Tout d'abord, plantons un peu le décor.
Nous entrons dans le livre à pas de velours, mais je vous préviens : cela ne va pas durer très longtemps. Notre regard se pose peu à peu autour des personnages, dont celui du père, chasseur de gros gibier et qui, lorsqu'il ne chasse pas ou n'est pas au stand de tir, passe son temps à regarder la télé en buvant du whisky. La mère est absente, transparente, une sorte d'amibe comme le décrit la narratrice, une mère soumise aux humeurs violentes de son mari. Et puis il y a cette pièce encombrée des trophées de chasse empaillés du père : des daguets, des sangliers, des cerfs, des têtes d'antilopes, un lion entier, il y a même une défense d'éléphant, fierté du père. Et puis surtout il y a cette hyène, qui semble vivre encore, guetter, se délecter de l'effroi qu'elle suscite, dont la rage semble même à certains moments s'infiltrer dans la tête des membres de la famille...
Le lotissement où habite cette merveilleuse famille s'appelle le Démo. le Démo est un lotissement comme les autres. Ou presque. De temps en temps, les chats, les chiens disparaissent, on ne sait pas où, ni comment. C'est un lotissement peuplé de gens solitaires, prostrés devant leur télé, cultivant misanthropie, dépression, aigreur, dépression, diabète. Peut-être parfois tout cela en même temps.
Avec son jeune frère Gilles toujours espiègle, elle tente de déjouer ce quotidien saumâtre. Ils jouent dans les carcasses amochées des voitures de la casse d'à côté, là où forcément rode déjà la mort sinon pourquoi ces voitures seraient autant cabossées, et en guettant la petite musique qui annonce chaque après-midi l'arrivée du marchand de glaces. C'est la Valse des fleurs, de Tchaïkovski.
Mais un jour, un violent accident, à la fois tragique et cocasse, vient faire bégayer le présent. Et rien ne sera plus jamais comme avant.
Dès lors, Gilles l'enfant toujours enjoué, ne rit plus. Elle voudrait tout annuler, revenir en arrière. Retrouver son petit frère, celui qui enchantait le monde. Cette vie lui apparaît comme le brouillon de l'autre. La vraie vie.
Alors, en guerrière des temps modernes, elle retrousse ses manches et plonge tête la première dans le cru de l'existence. Elle fait diversion, passe entre les coups, se découvre femme et conserve l'espoir fou que tout s'arrangera un jour. Notamment, lorsque sa féminité et sa sensualité se révèlent, lorsqu'elle découvre son corps en plein éveil, ce sont des scènes décrites avec beaucoup de force, d'humour aussi et surtout de rage de vivre et de survivre.
Et tout ceci est ramassé dans un récit qui balaie cinq ans de sa jeune existence.
Dans cet univers étouffant, la narratrice cherche à protéger son petit frère Gilles qui, il faut l'avouer sous l'influence du père, semble lui échapper de plus en plus, jusqu'au jour où tout basculera...
Alors nous suivons, dans ce dédale à la fois poétique et cauchemardesque, la narratrice dans une forme d'intelligence magnifique pour survivre au sort qui lui est réservé... Et elle ne manque pas d'intelligence et d'ingéniosité. Passionnée par Marie Curie et aussi par la physique quantique, on ne sait pas trop comment cela lui est venue, mais gageons que dans son kit de survie, cela lui aura peut-être servi, elle se lie d'amitié avec son professeur de sciences physiques, Monsieur Young, qui a compris que cette jeune fille pourrait échapper à sa destinée malheureuse et presque fatale, pour peu qu'on l'aide.
Et puis il y a aussi Plume et Le Champion...
J'ai trouvé l'écriture fulgurante. Les personnages sont sauvages, entiers, attachants aussi. C'est un univers étouffant, à fleur de peau, tout en ombre et lumière. Il y a une poésie du cauchemar et du sordide qui se dégage de ce roman qui emporte tout sur son passage. C'est à la fois âpre, sombre et sensuel. Je n'ai pas pu lâcher ce livre dès lors que j'ai commencé à le lire !
Amateur de Stephen King, je suis sûr que vous aimerez... Les autres aussi, j'en suis persuadé, car ce livre fera grand bruit dans la rentrée littéraire, je n'en doute pas un seul instant.
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Voilà un livre qui s'est fait une place dans ma mémoire et ne veut plus en sortir depuis que je l'ai refermé.
Cette histoire m'a fait passer par tous les sentiments et toutes les émotions au côté de la jeune narratrice âgée de 10 ans lorsque nous la découvrons dans sa famille entre un père chasseur, avide de sang, parfois violent et une mère soumise qui reçoit les coups de son mari sans se révolter, seuls quelques cris ou gémissements lui échappent.
Au milieu du chaos, les enfants résistent plutôt bien, partageant leurs jeux dans les épaves des voitures de la casse voisine en attendant la musique annonçant le marchand de glaces, jusqu'à l'accident dont ils seront témoins, qui laissera le petit garçon au bord de la folie, perdu dans un monde où sa soeur n'a plus accès.

Dès lors la fillette n'a qu'une idée, remonter le temps pour annuler le drame et redonner « La vraie vie » à un petit garçon qui a perdu sa joie de vivre.

J'ai tout aimé dans ce premier roman, parfaitement maîtrisé, passionnant d'un bout à l'autre.
Je suis sous le charme de l'écriture faite de douceur lorsqu'il s'agit de l'amour d'une enfant pour son petit frère, « Gilles, ses petites dents de lait, son sourire », et de violence lorsqu'on sent venir le drame.
J'ai eu la gorge serrée, j'ai eu envie de protéger cette fillette intelligente et courageuse, de la prendre dans mes bras pour la rassurer.

Adeline Dieudonné signe un livre magistral, original et addictif dont l'atmosphère parfois nimbée de douceur, parfois irrespirable va me hanter encore longtemps.

Un coup de coeur.
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« A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents, et celle des cadavres. »
Il suffit de cette phrase , la première, pour être happé . Tout est là : le récit d'une fillette, une vie ordinaire, et puis l'irruption de la mort. Brutale, alors qu'on ne s'y attend pas. Pas question de vous révéler d'emblée la nature et l'origine de ces cadavres, juste qu'ils seront un fil rouge notable dans la suite du récit. Deuxième choc quelques pages plus loin, lorsque l'on apprend la puissance délétère de la crème Chantilly !

La violence est là, à chaque page, mais loin de toute complaisance, car narrée par une observatrice presque distanciée, qui analyse avec son point de vue d'enfant les faits tels qu'elle les affronte, en quête de stratégie visant à se préserver et à réaliser ses rêves. Des rêves d'envergure : devenir Marie Curie!

Récit d'une enfance volée, d'une famille impossible , de celles avec qui peuvent vous détruire ou vous armer. C'est le combat d'une gamine qui veut redonner à son frère le goût de vivre, qui refuse de devenir comme sa mère une enveloppe vide et qui veut modifier le cours de son passé.

Un vrai coup de coeur pour ce roman en passe d'être multiprimé. le roman dont tout le monde parle en cette rentrée littéraire. Et c'est mérité . Non seulement on est accroché dès les premières phrases mais l'intérêt ne diminue pas au fil de la lecture.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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La vraie vie, tout un paradoxe entre un enfer sur terre et un paradis imaginaire.
Pour ces enfants, la vie tourne noir, voire très noir. Les chambres sont des tombeaux où on entasse des carcasses animales, la forêt perd de sa candeur et devient le lieu d'une traque sanguinaire, le tintamarre joyeux du glacier résonne aux cris de la mort, les animaux sont éperdus de douleurs, la mère prodigue son amour aux chèvres oubliant ses enfants, le père pleure Claude François entre deux assauts de violence.
Bienvenue en enfer.

Les mots sont une pioche judicieuse, cinglants dans une apothéose de prose tragico-poétique macabre, les mots glissent et glacent.
Les mots sont pendus au cou de la nature, prête à se suicider devant le spectacle infernal d'une humanité échouée.
Les mots enserrent la haine, la peur, le déséquilibre entraîné par la noirceur omniprésente.

Drame social au bord de l'écoeurement.
Maltraitance de l'enfance.
S'enfoncer plus loin en enfer pour que la vie reprenne sa forme naturelle.

Bravo Bruxelles, bravo Adeline Dieudonne, vous troquez vos services au bar, vos sexe-toys et votre costume d'hotesse pour une plume qui vous réussit à merveille. Longue vie et vraie vie à vous !
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La vraie vie…Incantation pour une vie meilleure ou constat amer d'une vie terrifiante loin, très loin des idéaux heureux comme le montrent à foison les publicités ? L'adjectif « vrai » est ambivalent, il prendra sens à la toute fin du récit lorsque la mort permettra de mettre fin à une situation impossible, glauque, sordide, d'une violence extrême et d'accoucher d'une possibilité de vie enfin plus authentique, plus sereine, plus apaisée.

Comme dans le livre de Lize Spit récemment lu, ce livre belge recèle une écriture trash, claquante tel un fouet, aux images si surprenantes, à la fois sombres et sensuelles, sordides et poétiques, qu'elles en deviennent inoubliables. Des images qui vous effleurent l'âme laissant l'émotion émerger à fleur de peau. Serait-ce la marque de la littérature belge ? Il me plait de le penser. J'ai aimé découvrir Adeline Dieudonné avec son premier roman multiprimé. Dès l'incipit, le ton est donné, le lecteur happé :

« A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents, et celle des cadavres. »

La vraie vie ce serait aussi celle que nous pourrions avoir si nous pouvions revenir en arrière avec une machine à remonter le temps pour effacer les événements traumatiques. C'est ce que tente de faire l'adolescente que nous découvrons.
Elle pose, dans un premier temps, son regard sans concession sur le monde familial qui l'entoure : un père chasseur de gros gibier, adepte du stand de tir, de la télé et du whisky, un être violent, assoiffé de sang ; une mère absente, transparente, soumise aux humeurs violentes de son mari, une sorte d'être unicellulaire, une amibe comme la qualifie sa fille, remplie de craintes ; un petit frère Gilles au rire solaire avec lequel la jeune fille passe beaucoup de temps à vagabonder dans le quartier pour tenter d'oublier ce quotidien angoissant. L'école n'est pas en reste dans cet examen implacable.

Cette famille vit dans un pavillon au sein d'un lotissement morne appelé La Démo. Il se passe d'étranges choses à La Démo, des animaux semblent disparaitre et les gens qui y habitent sont étranges, marqués qui du sceau de l'alcoolisme, qui de celui de la misanthropie, qui d'un passé terrifiant au point de devoir porter un masque…Une ambiance bien particulière, désolée, dévastée, sentant les lisières des villes, cet entre-deux, ni ville ni campagne qu'un Olivier Adam décrit si bien. le seul moyen de s'évader un peu de ce lotissement dortoir est d'aller éventuellement se promener au bois d'à côté, le Bois des pendus où se trouve la maison de Monica, une jolie maison mangée par le lierre et où le soleil tombe dessus à travers les branches tels des doigts caressants. « Je n'ai jamais vu les doigts du soleil sur ma maison. Ni sur les autres maisons du quartier ».
Au sein de leur maison, une chambre est réservée aux trophées du père, la fameuse chambre des cadavres, regorgeant d'animaux empaillés, dont une mystérieuse hyène au regard scrutateur dont l'âme semble s'infiltrer dans celle des membres de la famille distillant alors rage, gout du sang, instinct de chasse, et une défense d'éléphant qui fait la fierté du père, le plaçant en haut de la hiérarchie des chasseurs eu égard à la taille de l'animal abattu.

« J'ai aidé ma mère à préparer le repas. J'avais remarqué que, quand mon père devenait nerveux, elle servait de la viande rouge. Comme si elle espérait que la chair sanglante calmerait sa rage. Moi, je savais que le sang ne le calmait pas. Il fallait qu'il pénètre la chair vivante, que ce soit avec son poing ou une balle de 22 millimètres ».

Un événement particulièrement traumatisant permettra à la hyène de s'emparer de l'âme de Gilles, de lui faire perdre son rire solaire, de le rapprocher du père. La narratrice va tout faire pour tenter de retrouver son petit frère, pour le sortir des marais dans lesquels son esprit semble s'être englué, et pour cela la construction d'une machine à remonter le temps, qui requiert d'importances connaissances scientifiques, est nécessaire pense-t-elle avec un espoir tout enfantin qui nous touche en plein coeur.

« D'habitude, les frères et soeurs, ça se dispute, ça se jalouse, ça crie, ça chouine, ça s'étripe. Nous pas. Gilles, je l'aimais d'une tendresse de mère. Je le guidais, je lui expliquais tout ce que je savais, c'était ma mission de grande soeur. La forme d'amour la plus pure qui puisse exister. Un amour qui n'attend rien en retour. Un amour indestructible ».

Ce roman est un roman initiatique féministe qui permet de mettre en valeur la façon dont l'héroïne dompte ses peurs, se bat, se prend en main pour devenir libre, ce qui est d'autant moins évident dans cette communauté de chasseur où être femme est être immédiatement une proie. C'est un combat à la fois terrifiant et poétique, glauque et sensuel. C'est le récit d'une lutte, celui d'une enfance volée, d'une féminité naissante piétinée, d'une famille dysfonctionnelle qui peut anéantir ou, au contraire, armer l'enfant que vous êtes, l'adulte en devenir.
Une histoire marquante assurément sur les êtres qui volent la joie, qui assombrissent la vie et desquels il faut se tenir loin, une histoire belge, c'est-à-dire menée de façon délicieusement, poétiquement et sombrement trash.

« Les histoires, elles servent à mettre dedans tout ce qui nous fait peur, comme ça on est sûr que ça n'arrive pas dans la vraie vie ».

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Dans cet ordinaire pavillon de lotissement, la narratrice et son petit frère Gilles, dix et six ans, vivent entre une mère battue et un père violent, fanatique de chasse et d'armes à feu. Un effroyable accident vient soudain perturber encore davantage le quotidien des deux enfants. Pendant les cinq ans qui vont suivre, la tension ne va faire que s'intensifier, jusqu'au dénouement que l'on se prend à redouter tout au long du récit.


Court et efficace, cet implacable thriller vous happe dès le début dans une lecture en apnée. Le style au vitriol saisit d'autant plus qu'il contraste avec les vestiges de naïveté des enfants, vous bousculant constamment entre candeur et horreur, attendrissement et cauchemar, vous l'adulte qui pensez voir, mieux que la jeune narratrice, se profiler une inéluctable catastrophe.


En attendant l'explosion, l'angoisse vous empêchera de lâcher ce livre, au fil du terrible apprentissage d'une enfant vite mûrie, qui comprendra très tôt que, face aux épreuves, elle devra trouver elle-même la force de prendre en main sa vie.


Voici un premier roman fracassant, dur et tendre, aux personnages forts et à l'intrigue haletante, dans une langue incisive et percutante qui vous fera guetter le prochain ouvrage de l'auteur. Grand coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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D'habitude, lorsque je termine un roman, j'attends quelques heures, voire une journée avant de commencer le suivant, histoire de digérer l'histoire, de la méditer, et peut-être d'en faire le deuil, particulièrement quand je l'ai apprécié.

Pour ce roman que j'ai beaucoup aimé, ma réaction a été de commencer le suivant immédiatement afin d'essayer de de pas m'endormir sur la scène finale que j'ai trouvé extrêmement violente et dure pour notre héroïne sans omettre bien sûr que cette scène avait quelque chose de génial du point de vue des autres personnages.


Je suis entrée dans l'histoire très facilement, Adeline Dieudonné semblant accrocher ses lecteurs par un humour décapant auquel je n'ai pas résisté. Scène de la vie des enfants, avec leur imaginaire, particulièrement dans la casse au milieu des voitures.

Cette petite fille de 10 ans quand commence l'histoire, n'est pas nommée, ce n'est certes pas un hasard pour une enfant qui passe son temps a essayer de se frayer un chemin dans la vie, au milieu de cette singulière famille régie par la volonté du pater familias, aux côté d'une mère éteinte qui subit son mari, et d'un petit frère qui lui échappe progressivement.

Une petite fille lucide, intelligente et attachante que l'on voudrait voir se sauver de l'enfer qu'on entretient dans la maison où l'on renie jusqu'à ses capacités intellectuelles, et qui trouve seule, des échappatoires chez ses voisins, chez son professeur de physique et au contact de Dovka sa chienne.

Personnage attachant qui m'a amenée à sourire, à m'émouvoir, à m'apitoyer et a vivre de grands moment de tension.

Ce roman sera sans aucun doute un coup de coeur pour cette année.
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La narratrice a dix ans au début du roman. Son petit frère Gilles en a six. Ils habitent un quartier où toutes les maisons se ressemblent. Lors d'un évènement qui aurait dû être banal, ils assistent à une scène d'horreur qui va faire basculer Gilles dans un enfermement total de sa personne et plus tard des dérives effrayantes.
Sa grande soeur veut absolument le sortir de là et fabriquer une machine à remonter le temps comme dans "Retour vers le futur".
Adeline Dieudonné montre très bien la façon dont la jeune fille s'y prend pour arriver à survivre dans cette famille horrible avec un père violent, cruel et une mère éteinte qu'elle compare à une amibe.
Elle fait preuve d'une grande imagination, d'une énorme fantaisie. Elle dote sa jeune héroïne d'une force étonnante pour venir à bout des démons qui l'entourent.
En même temps, le thème de la violence conjugale est largement traité avec la femme et les enfants qui se taisent, avec la femme de son professeur de physique qui a un jour combattu pour la cause des femmes battues.
Le roman se termine quand la jeune fille a quinze ans. Elle aura eu le temps de vivre une aventure sexuelle et aussi de se rapprocher de sa mère, de comprendre la souffrance de son père tout en ayant très peur de lui.
Elle devient déjà adulte.
C'est un roman tout à fait novateur de par le style, l'écriture et les thèmes abordés. J'ai envie de dire qu'il s'agit d'un OVNI littéraire.
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La vraie vie, c'est une bombe.
Je viens de prendre une claque.
C'est violent, animal, révoltant. Cette histoire prend aux tripes.
C'est un premier roman et il est certain qu'Adeline Dieudonné a un sacré talent ! Son écriture est incisive. Elle me rappelle celle de Sandrine Collette. Une écriture qui ne laisse pas indifférent.
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A la télé, dans les pubs, les familles sont heureuses, elles sautillent d'allégresse dès le petit déjeuner et les signaux d'amour clignotent de partout - regard bienveillant, sourire lumineux, bisou, caresse, bol tendu.
Dans la vraie vie, un papa peut être un ogre, un monstre, une terreur ; une maman, une 'amibe' (sic), 'une taie d'oreiller vide' (sous les coups de poing du père) ; et le rire d'un petit garçon de six ans peut s'éteindre durablement, en même temps que l'éclat d'enfance dans son regard, remplacé par un vide effrayant.

Ce roman secoue.

La couverture, d'abord, dérange - cet oeil de bête disproportionné. Monstre dans une vraie maison, ou vraie bête dans une maison de poupée ?

L'écriture est puissante, évocatrice.
On est dans la tête d'une enfant, puis d'une jeune fille. Ses réflexions et observations sont à la fois naïves et justes, entre imaginaire fertile et espoirs de l'enfance (sans mièvrerie), et courage lucide d'adulte.

Les personnages sont bouleversants dans leurs forces et faiblesses.
Il y a ceux qu'on aime, sans réserves, ceux qui déçoivent, ceux qu'on croit détester absolument, mais qui s'avèrent 'prisonniers d'un corps de bourreau'.

L'histoire de cette famille est à hurler de tristesse et d'horreur.
Réaliste, elle réveille aussi des peurs confuses, intimes et universelles : prédation, impuissance du faible contre le fort, maltraitance, meurtre, forêt, animaux sauvages (qu'ils soient morts et empaillés n'y change rien, bien au contraire).

Au milieu de l'enfer, de la violence, l'héroïne se débat, avance, comme dans un conte initiatique. Elle rencontre une 'fée', mais la femme s'est trompée, l'a trompée malgré elle. On ne joue pas de cette façon avec les enfants, c'est trop cruel de les duper.
En grandissant, la jeune fille perd ses illusions. Passionnée par les sciences, l'esprit de plus en plus rationnel, elle cherche d'autres solutions, d'adulte, à la mesure du problème…

On pense à Barbe-Bleue, avec la 'chambre des cadavres', à Hansel & Gretel et au Petit Poucet, que les parents ont abandonnés, à la Belle au Bois dormant (Gilles comme en léthargie, et la grande soeur qui veut le ramener à la 'vraie vie'). Tout en ayant à l'esprit que tout est, hélas, terriblement réaliste...

Un premier roman intense, brillant de noirceur.
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