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John Haines (Autre)
EAN : 9782351787670
256 pages
Gallmeister (01/10/2020)
3.64/5   52 notes
Résumé :
Pendant vingt-cinq ans, John Haines a vécu dans une cabane isolée au cœur des étendues vierges de l’Alaska, menant une existence rude et solitaire de pionnier moderne. Couper du bois, tracer une piste, piéger une marte, dépecer un élan, faire ses réserves de saumon : une vie simple, aventureuse et libre, au rythme d’une nature sauvage envoûtante. Avec sérénité, il transforme son expérience intime en un récit initiatique et intemporel, où le moindre événement trouve ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Entre ses vingt-trois ans en 1947 et le moment où il écrit ce livre en 1989, l'auteur a passé en tout vingt-cinq années dans la cabane qu'il s'est construit dans le Grand Nord, en Alaska, à l'écart du monde. Il raconte son existence en ces lieux de solitude souvent glacée, au contact d'une nature aux mille beautés et dangers : un mode de vie libre, mais rude et aventureux, en quasi autarcie, à trapper, pêcher et subsister comme l'ont fait avant lui des générations de pionniers.


C'est avec une simplicité franche et authentique que l'homme se décrit dans cet environnement qu'il a choisi, loin de l'agitation du monde, en communion avec une nature dont il tire l'essentiel de sa subsistance, au rythme de tâches éprouvantes et physiques. le danger n'est jamais loin et un travail incessant s'avère le prix de ce mode de vie libre et indépendant. Mais c'est une paix de l'esprit et un sentiment de plénitude, la certitude d'une harmonie avec un univers inchangé depuis des millénaires, qui transparaissent au fil des pages, emplies d'actions quotidiennes calmement accomplies, de joies simples, de la pure sensation de vivre. Ici, pas d'états d'âme ni de révélations intimes. Mais la satisfaction d'un bon feu et de l'estomac plein, l'observation et l'adaptation au milieu, le respect de la faune et d'un cadre dont dépend la survie. Une fugace impression de mélancolie traverse le récit de part en part, alors que l'auteur semble prendre conscience du chemin parcouru – il a soixante-cinq ans -, et partage à demi-mot sa sensation d'être une sorte de « dernier des Mohicans », accroché à une nature désormais quasi vidée de sa vie animale.


Bien sûr, la nature déborde de ces pages, puisqu'elle emplit et soumet toute l'existence du narrateur. le dépaysement qui nous est offert se teinte d'aventure au fur et à mesure que le lecteur marche dans les pas de John Haines et de ses chiens, pose et relève avec lui pièges et collets, aménage des cabanes-refuges qui lui permettront d'élargir sans trop de risques son périmètre d'exploration, protège ses réserves pour l'hiver des loups et des ours, guette l'avancée du gel puis la débâcle de la rivière… Nombreuses sont les anecdotes qu'il distille avec le talent consommé d'un conteur, nous tenant suspendus à ses mots comme si nous l'écoutions au coin d'un feu, à la veillée, lorsque le vent froid siffle au dehors…


Dépaysant et authentique, ce récit sans artifice est passionnant de bout en bout. Il nous fait entrevoir un mode de vie aux antipodes du nôtre, sans aucun doute en voie de disparition, et qui ne peut que nous interroger sur ce que nous avons gagné et perdu à l'âge du confort moderne et virtuel.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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C'est un livre à lire l'hiver quand il fait froid et que l'on est bien installé sous un plaid avec une tasse de thé devant un feu de cheminée.
John Haines a fait des études d'art, il peint et écrit de la poésie. Il décide dans sa jeunesse de devenir trappeur pendant 25 ans en Alaska. Il a vécu dans une cabane isolée, le plus souvent seul, avec ses chiens . Il a écrit ce récit initiatique longtemps après. le livre, hymne à la vie sauvage, s'est d'abord appelé vingt cinq de solitude, à sa sortie.
L'auteur nous parle de sa vie quotidienne de trappeur et de ses préoccupations journalières. Il faut avoir construit sa cabane,son bateau pour aller à la pêche, délimiter son territoire de chasse, couper et stocker du bois, faire des pièges, les poser et aller les relever, ce qui entraîne parfois plusieurs jours de marche avec une seconde petite cabane relais. John Haines explique comment il fait les pièges, comment il les pose, puis, parfois, il lui faut abattre l'animal piégé s'il n'est pas mort, il explique qu'il ne le fait jamais par plaisir, mais la vente des fourrures est son seul revenu. Il chasse l'élan et le lapin aussi pour se nourrir. Il raconte sa chasse au porc-épic et la manière de le débarrasser de ses pics et de le faire cuire pour ses chiens. Sa vie est rythmée par les saisons, il y a le temps de la pêche, de la chasse, du jardinage, le moment de couper du bois et de le stocker. Quand l'hiver arrive, que la température baisse ainsi que la lumière, il faut avoir de la viande au garde manger, des légumes, du poisson séché, du bois pour les mois les plus rudes. Vivre dans le grand nord ne s'improvise pas et la moindre erreur peut être fatale quand les grands froids s'annoncent, il faut être prêt à les affronter. John Haines, dans sa cabane, à ses moments perdus, découpe et coud les peaux d'élan et d'autres animaux pour en faire des vêtements et des harnais pour ses chiens.
John Haines évoque sa rencontre avec un grizzly, et quand les loups viennent roder autour de sa cabane la nuit. Un magnifique passage, décrit par l'auteur , c'est le concert des loups, la nuit.
"le chant s'élevait ou retombait selon que l 'air le portait vers nous ou l' entraînait plus au sud. C'était comme s'il avait traversé un millier d'années de glace, comme s'il voyageait à la façon des étoiles, éteintes depuis longtemps quand leur lueur nous parvient "
Un autre beau passage c'est celui des chauve-souris :
"plus d'une fois, elle disparut parmi les arbres qui bordaient le sentier pour ensuite réapparaître, petite chose qui se laissait tomber dans l'air comme une feuille ressortant sur un ciel de nuit encore plus lumineux."
Un des dangers pour le trappeur est de s'égarer, d'être pris dans le brouillard ou que le feu ne prenne pas quand il dort dehors, il signe alors son arrêt de mort.
Le soir, notre trappeur va voir, de temps en temps, ses voisins proches et ils passent du temps à se raconter des histoires du grand nord en fumant et en buvant du café.
L'auteur est un observateur attentif de la nature qu'il décrit dans une langue détaillée et sensible . La plume de poète se mélange à l'oeil du peintre pour nous dépeindre la nature et ses couleurs changeantes dans une prose poétique
Ce récit est un enchantement pour celui qui est sensible à la beauté de la nature et il nous permet de mieux connaître la vie des trappeurs dans les années 40.
John Haines était un poète visionnaire, un peintre de la nature, un contemplateur solitaire
Livre lu pour le challenge #moisdunaturewriting

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En choisissant ce livre pour des raisons géographiques car il se passe en Alaska, et en lisant la quatrième de couverture, je pensais simplement suivre les aventures d'une sorte d'ermite en symbiose avec la nature. Je n'avais pas imaginé qu'il me plongerait dans la vie d'un trappeur avec tout ce qu'implique ce métier de cruauté à l'égard des animaux dans le but de satisfaire le désir de certains pour la belle fourrure.
J'avoue avoir abandonné cette lecture dans un premier temps en raison de la manière dont sont détaillées toutes ses activités de chasse, ses prises aux collets de lapins, son premier piège à castors, sa méthode pour appâter puis achever un renard tout en étant fugitivement consterné par ces actes de mises à mort. « Je ne pouvais m'empêcher de songer aux animaux que je prenais, aux raisons et aux moyens de ces prises. Je passais des nuits entières à contempler ma piste, qui s'étendait dans la neige au-dessus de ma tête, et me voyais moi-même pris au piège ou au collet, mourant lentement de froid. J'éprouvais l'étreinte glacée du métal, le froid dans mes os. […] Leur vie et leur mort me hantaient comme une blessure dans ma chair.»
Son activité, comme il le précise lui-même, est dure et cruelle. « Je mets à mort une bête dans mon seul intérêt ». Ce constat vient souvent alimenter des réflexions sur la vie qui ne se résume qu'à un passage ici-bas quoi qu'on en fasse.

Sans aucune chronologie, écrits bien à postériori de ses multiples séjours passés dans ce Grand Nord, à Richardson, John Haines fait remonter à la surface des petits faits imprimés dans la neige, ses sorties sous des températures plutôt très rafraîchissantes, ses méthodes pour piéger de pauvres créatures sacrifiées afin d'assouvir des envies de fourrures, les cabanes qui abritaient ses errances, les silences des paysages glacés…
Cette petite succession de récits nous apprend que la neige parle à celui qui sait l'observer ; la neige et tout ce qu'elle dessine, ce qu'elle révèle, comme une poursuite de loups derrière un élan qui, cette fois-ci, a su échapper à ses prédateurs en gagnant un épais taillis d'aulnes.
Avec ses chiens, son traîneau et ses innombrables pièges, l'auteur se place aussi en prédateur. Il trace des pistes, marque ce territoire perdu tout en retapant des cabanes abandonnées par d'anciens trappeurs. Il tâte de son bâton la couche de glace des rivières à martres et souille de ses mains meurtrières ces vies sauvages qui ne se méfient pas.
Il a toutefois le mérite d'être tout à fait conscient qu'il ne faut pas épuiser la contrée de sa vie sauvage et dispose donc ses pièges en fonction de la rareté ou l'abondance de certaines espèces sur ces terres isolées.
Plus intéressants, les gestes simples et primaires face aux hivers précoces : bien se couvrir, prélever neige ou glace pour avoir de l'eau, rentrer du bois et s'assurer du stock de kérosène pour s'éclairer. Des histoires entendues dans une autre cabane, ou dans l'auberge du coin, viennent meubler les soirées d'hiver, se réchauffant d'un café arrosé de rhum.
Plus attrayants les passages naturels, peints avec poésie. Moins trente-cinq par un beau matin clair, les étoiles brillent encore et le gel fait craquer les gonds de la porte. le petit bois crépite dans le foyer du fourneau avant de diffuser sa chaleur. La matinée s'inscrit dans un rituel qui court tout au long de l'hiver.
L'auteur rend grâce à la luminosité émise par la neige, l'air vif qui pique le visage, les ombres dessinées par les bouleaux. le paysage glacé se révèle admirablement sous ses mots avec tout le silence qu'il retient sous sa couche de neige ou de glace. Les petits signes du printemps prennent ensuite le relais avec le bourdonnement d'une mouche, le soleil sur la nuque, la fonte de la neige, le chant d'un bruant fauve et la préparation du jardin.
Plus éblouissant, ce personnage de glace à qui John Haines prête des voix, celles de lamentations, de craquements, de cliquetis. Et les murmures de la rivière avant que la neige plonge l'ensemble dans son grand silence.
À noter également la richesse de cette vingtaine de magnifiques illustrations signées Ray Bonnell évoquant lynx, cabane, traces de glouton, crâne de caribou… et qui viennent embellir ces mémoires du Grand Nord.

Dans la mesure où l'auteur explique bien qu'il a choisi ce métier pour vivre sa passion d'homme des montagnes, qu'il ne tire pas d'autre profit de ses activités que le strict nécessaire à sa propre survie, j'ai pu finalement apprécier à leur juste valeur ces récits, cette variété d'anecdotes. Ce choix de vie, comme la réalisation d'un rêve d'isolement, dans cette nature extrême peut se comprendre.
On notera toutefois le paradoxe entre la vie qu'il mena, au plus près de la nature, dans un dénuement total, sans superflu, et qui est financée, étrangement, par l'envie de luxe de certains.
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Quel bonheur de s'évader en Alaska en compagnie de John Haines, bien installé, au chaud dans mon canapé, en ce dimanche grisâtre de fin d'année.

L'écriture est soignée, alternant entre poésie et descriptions précises de l'environnement

On y suit l'évolution au quotidien de l'auteur suite à son installation dans le grand Nord, par des hivers à -40° Celsius.

Loins de mes préoccupations de citadin, ici ce sont les instincts primaires qui dictent le déroulement des journées : piéger du gibier pour se nourrir, abbattre un arbre pour se chauffer, construire une cabane pour avoir un toit au dessus de la tête avant la venue de la nuit (et des loups..).

La faune et la flore sont évidemment omniprésentes et les êtres humains quantité négligeable (plus proche voisin à plusieurs kilomètres, vive la tranquillité !).

Les questionnements du narrateur en tant qu'apprenti trappeur en appellent à notre réflexion. Par exemple : la mise à mort d'un innocent animal - d'autant plus lorsque elle est réalisée dans notre seul et unique intérêt - ne peut-être effectuée sans en éprouver le moindre sentiment, mais est indispensable pour pouvoir se nourrir, survivre et tirer quelques pièces de la vente de sa précieuse fourrure.

Le récit est agrémenté de notes d'humour, avec notamment les nombreuses et invraisemblables anecdotes partagées par les vieux ours solitaires de ces montagnes, au coin du feu, autour d'une bouteille de whisky, durant les longues soirées d'hiver.

En résumé, ce fut un plaisir de découvrir l'Alaska, de parcourir ses chemins, de contempler ses paysages et de côtoyer ses créatures durant ces quelques saisons couchées sur le papier par monsieur Haines.
Un livre qui comblera les attentes de tous les amoureux de nature writting.
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J'ai adoré plongé au coeur de la nature sauvage de l'Alaska au côté de John Haines ! Il a une façon assez différente de raconter ses aventures par rapport à Jack London ou Pete Fromm, il décrit d'une façon sublime les paysages et la vie du grand nord mais sans forcément nous montrer les difficultés ou d'une manière assez détachée. du coup on presque l'impression que ça a été assez simple pour lui même si quelques anecdotes nous suggèrent le contraire. Mais il a du recul sur ses vingt-cinq années et de ce fait, on a des histoires par thèmes plutôt qu'une chronologie de son installation jusqu'au moment du récit. C'est vraiment centré sur la nature plutôt que sur lui et ça marche très bien comme ça ! C'est tout aussi fascinant et admirable. J'ai passé un excellent moment dans cette contrée sauvage, j'ai encore l'impression de voir les sentiers au milieu de la forêt et les empreintes des martres dans la neige....
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Eteignez toutes les lumières d’une ville, et voyez combien la vie se hâte de retourner aux ombres, à quelle vitesse la crainte ancestrale nous revient des arbres sans lumière et des porches silencieux, tandis que la nuit s’emplit une fois de plus de mufles et de chuchotements, d’ailes râpeuses et de corps pesants qui se heurtent.
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Il n’y avait pas moyen de les suivre du regard dans cette lumière vacillante. A peine en avais-je isolé une sur le fond du ciel qu’elle virevoltait pour aller s’enfoncer dans l’obscurité touffue du bois. Les chauve-souris suivaient une trajectoire spasmodique étrange qui rappelait le vol des papillons, mais en plus rapide et vigoureux. C’était comme si l’atmosphère tranquille et vespérale où elles évoluaient cédait soudain à un coup de vent brusque qui se serait emparé d’elles pour les rejeter sur le côté. Comme si elles étaient soudain arrêtées dans leur vol par une ficelle invisible qui les arrachait d’une secousse à leur parcours.
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J'appris à lire une piste animale, l'empreinte laissée sur la neige par la patte, l'aile ou la queue. D'une certaine façon, étrange et intuitive, c'était comme si je m'initiais à une langue étrangère où le moindre détail, le moindre accent avait une signification particulière. Cette langue m'amenait pas à pas dans un monde que j'avais, me semble-t-il, connu naguère avant de l'oublier -un monde rempli d'ombres, hanté par les visions encore à moitié présentes du passé. J'y trouvais mes marques, plus ou moins certain -même si j'étais seul, loin de tout ce qui avait entouré mon enfance- que j'étais là où je devais être, à faire ce que je devais faire.
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Qui sont ceux qui viennent dans cette blancheur, ce lieu distant et glacé, en quête de ce qu'ils ne peuvent nommer? Non pas l'or, sans doute, mais une fortune spirituelle, une fraîcheur qui leur est déniée là d'où ils viennent. Le Nord brille de tous ses éclats, la terre s'obscurcit de nouveau, et la lueur fugitive de la lanterne éclaire les ombres.
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Au loin, sur l'autre rive de la Tanana, à un mille ou plus au sud, une meute de loups chantait. Je dis bien "chantait et non "hurlait", car c'était bien ce que cela évoquait. Nous distinguions trois,quatre voix peut-être, un peu tremblantes, qui s'élevaient de concert, modulées l'une sur l'autre avant de s'interrompre en un chœur désordonné. Leurs voix retombaient en échos lointains sur la rivière glacée avant de reprendre. Un vent léger, incertain, soufflait de ce côté et le chant s'élevait ou retombait selon que l'air le portait vers nous ou l'entraînait plus loin au sud. C'était comme s'il avait traversé un milliers d'années de glace et de neige tassée par le vent. C'était comme s'il voyageait à la façon des étoiles, éteintes depuis longtemps quand leur lueur nous parvient.
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John Haines_ At Home in Alaska
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