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4,05

sur 6199 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une famille. Un père autoritaire et violent, une mère effacée et même pire - “une amibe”. Deux enfants : Gilles, six ans, et sa sœur, dix ans, la narratrice de ce roman. Une maison modeste mais confortable, quelques voisins, un marchand de glaces ; une famille comme il y en a tant, une vie ordinaire - en apparence - et une histoire d'enfance un peu triste qui commence en douceur…

Pourtant, avec “la chambre des cadavres” et sa hyène empaillée aux pouvoirs maléfiques, avec la terreur qu'inspire le père, on se doute bien, dès le début, que ce décor un peu plombé mais presque inoffensif et assez anodin va voler en éclats.

Et très vite, à la faveur d'un accident, d'une mort violente sous les yeux terrifiés des enfants, le récit s'emballe. Un petit garçon qui devient fou, une sœur aimante qui veut revoir fleurir le sourire de son frère… et le désir de cette adolescente volontaire, courageuse et très seule de réparer l'irréparable en remontant le temps pour faire advenir “la vraie vie" actionne les mécanismes latents d'une violence sans limites et donne libre cours aux saccages de la démence…

Roman du dysfonctionnement familial, de la maltraitance extrême et de la folie la plus bestiale et la plus sombre, "La vraie vie" est également un roman initiatique qui fait le récit de l'apprentissage de la survie, de l'amour et du dépassement de soi, jusqu'à la délivrance. Un livre angoissant, bien écrit et bien construit, qui m'a captivée de bout en bout et que j'ai lu d'une traite, tout comme j'avais lu “My absolute darling”, de Gabriel Tallent, avec lequel, je trouve, il a des points communs.

Un bon moment de lecture et une belle réussite, surtout pour un premier roman.
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Adeline Dieudonné parvient à faire passer des émotions fortes avec des mots simples (jamais simplistes). C'est tout un art, et elle le maîtrise à merveille. Elle a réussi à me mettre dans la peau de son héroïne dont j'ai partagé, au fil des pages, les joies et les terreurs. le récit de l'évolution du vice (la fameuse bête) qui s'empare de son petit frère ou de ses premiers émois d'adolescente est remarquable. Il y a ce mélange paradoxal de lucidité et d'étonnement qui rend ses personnages très humains et très attachants. L'auteur nous met sous tension. Cela faisait longtemps que je n'avais pas tourné aussi vite les pages pour savoir… ce qui va se passer. Longtemps aussi que je n'avais pas pris des coups de poing dans l'estomac, un peu comme avec « le grand cahier » d'Agota Kristof qui ne vous laisse pas une seconde de répit. Un premier roman exceptionnel. Je finis juste par deux petits bémols. le passage « hunger games » n'est pas très crédible, même pour la Belgique (je suis méchante). Et j'espère que L'iconoclaste ne va pas tomber dans les travers de Gallmeister (qui nous épuise avec sa veine « forêts ») en répétant un genre (je me réfère au « Ma reine » de Jean-Baptiste Andrea dont le style était proche).
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Un premier roman magistral !
Un livre qui se dévore avidement et laisse presque sans voix.
Dans un lotissement banal, des familles banales, des biens, des moins biens.
Et puis celle de cette petite fille de 11 ans qui adore son petit frère de 8 ans, Gilles.
La mère, c'est une « amibe », terrorisée par son mari
Le père, c'est un chasseur, un vrai. Il y a d'ailleurs dans la maison la « chambre des morts », pleine de trophées dont une défense d'éléphant, et surtout, la hyène.
Il est très violent le père !
Un drame fait perdre le sourire du petit frère. Et, de ce jour, pendant des années, la fillette surdouée va tout faire pour que tout redevienne comme avant.
Tout démarre presque gaiment, dans une ambiance d'enfance heureuse, du moins entre les enfants. Mais au fil des ans, l'état de Gilles psychique empire et tout devient lourd, violent.
Adeline Dieudonné a créé des personnages magnifiques, tant dans le mal que dans le bien.
Des personnages entiers, sauvages.
Et que dire de cette atmosphère qui va crescendo dans la violence.
Tout cela avec une très belle écriture, qui passe de poétique à dure, parfaitement maîtrisée.
Pas un mot de trop, mais toujours le mot juste.
Ah des romans comme ça, on en redemande !
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*****

Nous sommes à Démo, quartier résidentiel où toutes les maisons grises et ternes se ressemblent. Dans la plus grande, vit la narratrice, une petite fille de 10 ans, son petit frère Gilles, 8 ans, et ses parents. A l'image de cette maison, elle a une vie toute lisse en apparence mais une fois la porte fermée, rien n'est aussi simple ! Un père violent, une mère effacée et vide, des soirées rythmées par les colères et le whisky de son père... le rire de son petit frère est ce qu'il y a de plus important dans la vie de la narratrice, elle veut le protéger à tout prix. Mais quand un accident arrive au vendeur de glaces, leur vie bascule et elle n'a alors qu'un seul objectif : revenir dans le temps et changer cet événement, afin que leur vie soit bien plus que ce qu'elle est désormais...

Depuis le temps que je voulais lire ce roman, c'est maintenant chose faite !! J'avais un peu peur d'être déçue car on commence à entendre et lire pas mal d'articles sur cette auteur et son roman qu'on dit fort, brutal et marquant...

Je n'ai qu'une chose à vous dire : ouvrez-le !!! L'écriture est belle, fluide, enlevée, chaque mot est à sa place et chaque phrase a sa propre musique. L'histoire est prenante, rythmée et tranche à vif. Les personnages sont attachants, vrais et décrits avec lucidité. Bref, ce premier roman est une véritable réussite !!!

La violence est omni présente, qu'elle soit physique ou psychologique, mais elle ne sert que l'histoire. Rien n'est de trop, tout sonne juste. Et on lit avec cette peur accrochée au ventre, comme cette petite fille, mais on rend exemple sur sa force pour avancer...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2018..
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A dix ans, on n'imagine pas que sa vie tranquille dans un petit pavillon grisâtre de banlieue pourrait basculer… Quand les rires, les jeux avec son petit frère de 6 ans et les glaces surmontées de crème chantilly ont été jusque-là nos seules préoccupations, on ne se dit que tout pourrait prendre fin brutalement. Et pourtant…

Suite à un terrible accident, le destin de notre jeune narratrice va prendre un tout autre tournant. Commence alors la scission entre « la vraie vie », celle qu'elle aurait dû avoir mais qu'on lui a dérobée et qu'elle compte bien récupérer en inventant une machine à remonter le temps et « l'autre », celle dans laquelle son petit frère ne rit plus, celle où sa mère, complètement effacée, subit de plus en plus souvent les violences conjugales d'un époux alcoolique et pervers, celle où la crème chantilly sur la glace a complètement disparu… Alors oui, du haut de ses 10 ans elle en est convaincue, « la vraie vie » est là, quelque part, et il ne tient qu'à elle de la retrouver et s'il faut devenir Marie Curie pour cela, et bien soit!

Pfiouuu ! Et bé, quelle claque que ce premier roman écrit d'une main de maître par Adeline Dieudonné ! C'est court, intense et complètement addictif ! Y'a pas à dire, l'auteur a su trouver le ton juste et les mots qu'il faut pour nous émouvoir, nous bouleverser ou nous révolter. Impossible de ne pas s'attacher à cette jeune héroïne tantôt drôle, brillante, courageuse mais surtout profondément humaine.

Malgré une tension omniprésente et qui va crescendo (la scène dans les bois m'a juste glacé le sang !), le texte parvient à ne jamais être plombant. Les atrocités sont toujours décrites avec un certain sang-froid qui permet, aussi bien à la narratrice qu'au lecteur, de prendre suffisamment de distance pour que ça reste supportable. Par ailleurs, la voix de la jeune héroïne, loin d'être tragique ou fataliste, enchante par sa fraîcheur et sa luminosité et vient amortir certains des passages les plus difficiles. le roman n'en reste pas moins sordide et brutal et risque d'en secouer plus d'un ! Une lecture éprouvante mais riche en émotions en tout cas!

Challenge ABC
Challenge Jeu de l'oie
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Bien sûr ce roman ne m'était pas inconnu , bien sur je savais qu'il avait reçu de nombreuses récompenses, que c'était un premier roman mais il aura fallu un challenge pour que je me décide à l'ouvrir et je ne l'ai plus lâché ..
Un premier roman de cette qualité je n'en ai pas lu souvent, un roman de cette qualité là non plus pour être honnête.
Un lotissement des années 1970, les parents et leurs 2 enfants. le père est un chasseur toujours à l'affut, la mère est une femme apeurée qui essaye de passer inaperçue. Gilles est le plus jeune des enfants , toujours le sourire aux lèvres et le rire claironnant , sa soeur ainée est là pour lui , toujours . Et un jour le drame , Gilles perd son sourire , la hyène se réveille et le monde e met à tourner à l'envers...
Un roman mené de main de maitre, digne des plus grands thrillers, un roman tout à la fois d'une violence inouie et d'une tendresse palpable entre les lignes.
Une lecture inoubliable.
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La vraie vie.
Oui celle que l'on voit et éprouve tous les jours, celle qui n'a pas de couleur, ni rose ni noir.
Oui c'est cette vie qu'Adeline Dieudonné dépeint ici avec beaucoup de talent pour un premier roman qui a logiquement raflé de nombreux prix littéraire.
La vie d'une famille qui végète entre la violence du père et le détachement de la mère. Une violence latente omniprésente et vécue de manière graduelle jusqu'au final magistral.
Car oui ce final entouré de quelque chose de fantastique ou hallucinatoire vaut à lui seul le détour.
Une découverte choc qui ne laissera aucuns lecteurs insensibles.

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Une fillette vit avec son jeune frère et leurs parents dans le lotissement d'une petite bourgade.
"Qui aime bien châtie bien" prétend un dicton. Ici, les coups dont la mère est victime n'ont cependant rien de bienveillant. Ils sont surtout la conséquence de fêlures chez son époux. Pour lui, la chasse est un exutoire efficace mais insuffisant. Heureusement la jeune fille est pleine de ressources : son imagination, puis son intelligence l'aideront à supporter cet environnement violent et hostile. On pressent tout au long du livre que ces qualités ne lui suffiront peut-être pas, et il faut attendre la fin pour savoir ce qu'il en est.

Plus que le suspense, c'est la manière dont Adeline Dieudonné nous accompagne dans la vie et dans l'esprit de la fillette qui captive. Ce roman est violent mais plein de finesse, et prometteur pour cette nouvelle auteure.
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La narratrice a dix ans, elle habite dans un lotissement de pavillons gris alignés comme des pierres tombales. Son frère Gilles a six ans, "Gilles, je l'aimais d'une tendresse de mère. Je le guidais, je lui expliquais tout ce que je savais, c'était ma mission de grande soeur. La forme d'amour la plus pure qui puisse exister. Un amour qui n'attend rien en retour. Un amour indestructible."

Son père n'aime pas son travail, il aime la chasse, la télé et le whisky. Dans la chambre des cadavres, il a entassé tous ses trophées, des animaux empaillés. Sa mère aime ses chèvres et le jardinage, elle a peur de son père. Elle ressemble à une forme de vie primitive, unicellulaire, translucide, une amibe. “Elle a souri un peu, sa tristesse est partie faire un tour dehors.”

Le père cherche en permanence une raison pour cracher toute sa colère, le visage de la mère porte les traces de cette colère. La jeune fille assiste avec son frère à un terrible accident, depuis Gilles reste silencieux, comme s'il ne vit plus, il ne ressent plus rien, sa machine à fabriquer les émotions s'est cassée. Son joli sourire pue la mort. Alors elle décide de construire une machine, pour voyager dans le temps, pour revenir en arrière, pour sauver son petit-frère.

Devenue adolescente, elle comprend que désormais elle est devenue une proie comme sa mère. “Et puis, cette année-là, mon corps avait beaucoup changé. Tout s'était arrondi. Mes seins, bien sûr, mais aussi mes cuisses, mes hanches, mes fesses. Je ne savais pas trop quoi faire de tout ça. Je n'y prêtais pas trop attention. Mais je voyais bien que le regard des autres changeait en même temps que mes formes”. Son père s'attend que comme sa mère, elle soit une enveloppe vide, dépourvue de désir. Mais il ne sait pas qu'à l'intérieur d'elle vit une bête, une bête qu'il vaut mieux ne pas approcher. “Mes parents n'ont rien vu. Mon père était trop occupé à commenter la télé à ma mère et ma mère était trop occupée à avoir peur de mon père.”

Un premier roman qui m'a étonné, l'écriture douce, poétique et tendre portée par l'imagination d'une fille de dix ans, devient irrespirable et d'une violence inouïe quand le récit sombre dans l'horreur des violences familiales. Adeline Dieudonné nous décrit avec une grande maîtrise la transformation d'une fillette intelligente, sensuelle, courageuse, dure à la douleur, passionnée de physique elle rêve d'être Marie Curie et qui va devenir une bête féroce pour survivre et redonner le sourire à son petit frère.

Il y a des romans qui vous marquent profondément, pour ma part “La vraie vie” en fait partie par la force du personnage de cette jeune fille et par la façon originale dont l'auteure aborde le thème difficile de la violence conjugale.

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"Gilles avait six ans, j'en avais dix. D'habitude, les frères et soeurs, ça se dispute, ça se jalouse, ça crie, ça chouine, ça s'étripe. Nous pas. Gilles, je l'aimais d'une tendresse de mère, page 17".

Tout indique en ce début de roman que les événements se dérouleront de la façon la plus heureuse, le lien affectif entre Gilles et sa soeur semble inaltérable. Il est difficile d'imaginer ce qu'il y a derrière une clôture d'un pavillon de banlieue. Délicat de s'immiscer dans la vie quotidienne d'une famille, et de nourrir des inquiétudes pour la maman.

Adeline Dieudonné, plus précisément la narratrice évitant de relooker le cocon familial à la façon d'un Lionnel Duroy, a décidé de tout balancer. le topo est court, : http/balancetonvieux/balanctaboniche/balancetescadavres/balancelereste/.
la famille heureuse est renvoyée à sa réalité quotidienne, une réalité si décalée qu'on a du mal à se dire, est-ce çà la Vraie Vie ?

Adeline Dieudonné, la romancière, avec une habileté de sorcière, distille les incidents, les rancoeurs, et les coups de griffes, pour mieux voir le décor se fissurer et bientôt sombrer peu à peu dans un malaise qui annonce le début de la Vraie Vie, celle qu' Adeline Dieudonné, va habiter, un brouillon que l'on froisse sans amertume.

Un incident visionné de très près par les enfants, en live, laissera des traces sur la peau et dans le coeur de Gilles, "il était pas beau à voir, avec un siphon rentré dedans, comme une voiture dans la façade d'une maison. Un vrai siphon avec de la chantilly". "Le coeur d'Adeline a perdu des battements, sans doute que ça a du s'entendre jusqu'au fond du bois de Petits Pendus.

Le père lui n'aimait que ses cadavres ! Une farandole de têtes d'animaux empaillés, dont une défense d'éléphant, s'alignait dans la pièces aux souvenirs. L'amibe elle ne s'occupait que de ses chèvres aux nom épicés, dont la petite muscade au centre des attentions d'Adeline. Elle voulait l'appeler Curie comme Marie Curie, en hommage à cette femme qui pouvait la sauver du naufrage. L'amibe sa mère écrivit curry sur la petite plaque du collier.

Les yeux de Gilles s'étaient éteints, le père entre deux safaris, se détendait en battant sa femme et reprenait des couleurs, et c'est là qu'il a eu l'idée d'apprendre à son fils le maniement des armes. le bateau familial tel un Titanic avançait dans la houle sans son pilote. Une idée géniale l'a enfin éclaboussé. Façon à lui de remettre la gamine dans le droit chemin et la pousser à abandonner son rêve de devenir la prochaine Marie Curie.

Sa fille fut désignée pour jouer le rôle du gibier, la nuit en pleine forêt, magnanime, le père la fit partir 5 minutes avant les chiens, Gilles et ses deux copains.
La mère se réveillait, page 209, "des plaques tectoniques avaient tressailli au fond d'elle-même. Dans son paysage lunaire intérieur, quelque chose s'était entrouvert".

La prose d'Adeline Dieudonné, est saisissante, elle enchaîne les propos et les répliques à la façon d'un boxeur, cette Mohamed Ali de l'écriture, esquive, relance, décoche, à la manière dont les séances dramatiques lessivent sa mère. Les mots suivent ce sautillement, si bien connu, et paf l'uppercut fait mouche. Les dialogues nous laissent parfois à bout de souffle, les mots répliquent, dansent, comme s'il y avait en elle cette chose qui grandissait et qui la transformait en prédatrice.

Le style est d'une très grande élégance. magnifique maitrise de l'intrigue et du style.
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