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4,05

sur 6199 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Il y a des livres qui vous coupent la respiration, tel un coup de poing. La vraie vie, ça vous fait cela. Assez vite. Dès que le marchand de glace se fait fracasser le visage par un siphon défectueux devant deux enfants et l'indifférence totale de leurs parents, l'air vous manque.
Et le mal reste tapi dans l'ombre, au sein de cette famille dysfonctionnelle, au creux du cerveau de ce petit garçon traumatisé et la Bête grandit, grandit... On attend l'explosion, en apnée.

On espère et on craint à la fois, on tremble et l'on est admiratif devant la force que dégage l'adolescente. On ne sait plus où est le bien et où est le mal.

Adeline Dieudonné nous livre ici un roman intense, étouffant, oppressant par moment. Les quelques souffles qu'elle octroie à ses personnages sont rares, et toujours teintés d'amertume, jamais francs, jamais libérateurs. Une claque pour ceux que la vie a épargnés, un coup de boost peut-être pour ceux à qui la trame fait écho.

Et on se dit que des familles comme ça, ça doit exister. Et on a le coeur lourd d'imaginer que certaines d'entre elles sont confinées dans un T2 à l'heure où ces lignes s'écrivent.
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« Les histoires, elles servent à mettre dedans tout ce qui nous fait peur, comme ça on est sûr que ça n'arrive pas dans la vraie vie. » (p.17). Cette phrase, dont s'inspire le titre du livre, illustre parfaitement le sens de ce formidable récit. Se faire peur dans un livre pour être rassuré après.
L'histoire commence comme dans certains films de David Lynch, où tout semble calme et rassurant de l'extérieur, mais se révèle horrible et menaçant quand on passe derrière le décor. Au début du livre, la petite fille a dix ans. Un père effrayant, inquiétant, une mère transparente et soumise, et Gilles, le petit frère de six ans avec qui elle partage ses jeux. Arrive un terrible accident qui traumatise le cadet et lui fait perdre le sourire et le rend silencieux.
La petite fille décide alors qu'elle « remettrait de l'ordre dans tout ça » en inventant, pourquoi pas, une machine à remonter le temps, pour effacer ce tragique événement. Elle va entrer en croisade pour sauver son petit frère de son traumatisme, mais aussi des griffes du père monstrueux.
Un livre lumineux, aérien, poétique, malgré la violence et l'agitation omniprésentes. C'est tout l'art d'Adeline Dieudonné qui a écrit un récit percutant, au rythme soutenu, sauvage et inattendu, en donnant libre cours à son imagination fantastique. Le père abominable ne proposait qu'un monde binaire où il faut manger ou être mangé, ce que la fillette refuse. Elle veut vivre « la vraie vie », flamboyante, souriante et aventureuse.
J'ai adoré ce roman, de bout en bout. En plus, cerise sur le gâteau, j'ai eu le plaisir de rencontrer Adeline Dieudonné lors de la présentation de son livre dans une librairie. J'ai pu lui poser quelques questions après lecture, et j'ai vraiment apprécié cette rencontre.
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La jeune narratrice vit dans une maison hideuse avec ses parents et son petit frère. le père est un chasseur violent et cruel. « Son goût pour l'anéantissement allait m'obliger à me construire en silence, sur la pointe des pieds. » (p 71) La mère est à peine plus vivante qu'un organisme unicellulaire. « Ma mère avait le regard d'une vache à qui on aurait expliqué le principe d'indétermination de Heisenberg. » (p. 68) Heureusement, les enfants s'aiment et se soutiennent, et le rituel du marchand de glace fait entrer un peu de magie dans leur quotidien. Jusqu'au drame qui transforme le petit garçon en une bête assoiffée de sang et de douleur. La narratrice sait qu'elle doit tout tenter pour sauver son frère. « Alors j'ai décidé que moi aussi j'allais inventer une machine et que je voyagerais dans le temps et que je remettrais de l'ordre dans tout ça. » (p. 26) La jeune fille se passionne pour la physique quantique, mais sait qu'elle doit avancer avec prudence pour ne pas perdre définitivement son frère, ni déchaîner la fureur de leur père. Les années passent et elle ne lâche pas son plan, en dépit des difficultés et des pièges que lui tend la vie. Cependant, quand on est sur la mauvaise branche de sa vie, peut-on tout se permettre au motif que l'on pourra tout effacer en revenant en arrière ?

Voilà un premier roman qui mérite largement tous les prix et éloges qu'il reçoit ! C'est vif, dynamique, très bien écrit et parfaitement construit. L'héroïne n'est pas invincible, mais elle est indestructible, avec un espoir fou chevillé au corps. Cette histoire de famille tyrannisée par une brute domestique pourrait être banale et fade, mais elle est lumineuse et inoubliable. Tout comme la plume de l'autrice et son talent pour les analogies. « J'aimais la nature et sa parfaite indifférence. Sa façon d'appliquer son plan précis de survie et de reproduction, quoi qu'il puisse se passer chez moi. Mon père démolissait ma mère et les oiseaux s'en foutaient. Je trouvais ça réconfortant. Ils continuaient de gazouiller. » (p. 60 & 61) Et je rassure ceux qui auraient des craintes : ce n'est pas un roman de science-fiction. À moins que...
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La Vraie Vie, premier roman d'une jeune auteure belge de 35 ans, est sans contredit un des succès de la rentrée littéraire 2018. Une narratrice raconte à hauteur d'enfant sa vie et celle de sa famille en apparence banale. Pendant 23 chapitres de longueur très inégale, sans numérotation ni titre, nous la suivrons, essentiellement pendant les étés, de ses 10 ans jusqu'à ses 15 ans, et tremblerons, sourirons, attendrons, vivrons avec elle.

Plusieurs des personnages principaux de cette histoire n'ont pas de nom. Nous ignorerons jusqu'à la fin le prénom de la narratrice, petite puis jeune fille vive, brillante, généreuse et pleine d'humour, celui de son père, chasseur et massacreur de gros gibier, et celui de sa mère, « amibe » ectoplasmique, terrorisée par son mari abruti de télé et de whisky qui se défoule sur elle quand l'envie lui en prend. En revanche, le petit frère autour duquel se bâtit le roman est dès la deuxième ligne présenté par son prénom : Gilles ; il a 6 ans quand survient l'accident qui va bouleverser les enfants et laisser les parents complètement indifférents.

D'autres personnages apparaissent nommément : Monica, la conteuse fantasque dont l'imaginaire débridé engendrera involontairement des espoirs aussi fous qu'irréalisables ; Derek, la petite brute locale ; le professeur Pavlovic, universitaire dévoué et admiratif des talents de la narratrice en physique quantique ; Yaëlle sa femme défigurée et traumatisée à jamais ; Takeshi et Yumi les enfants que garde la narratrice, sans oublier les chèvres Biscotte, Josette et Muscade, Cumin et Paprika, Coco la perruche solitaire et Dovka la chienne dont l'origine du nom est une histoire à elle toute seule... D'autres personnages se contentent d'un surnom attribué selon leur fonction (le glacier, le proprio, le prof de sciences) leur physique (la Plume, le petit gros, les cravaches), ou leurs compétences (le Champion).

Tout ce petit monde vit dans le Démo (Démo de quoi ? dit la narratrice ; Démoche, dit le père), un lotissement banalement triste et gris, à l'orée du bois des Petits Pendus (!), tout près d'une casse automobile qui sert de terrain de jeux à la soeur et au petit frère tant que l'irascible proprio ne se montre pas.

Que voilà un premier roman réussi ! L'histoire tient en haleine. Les personnages importants ne sont pas manichéens : même le père, quand il ne se sait pas observé, arrive à susciter la compassion de la petite fille (la mienne, moins, j'avoue…). La culpabilité qui ronge la fillette, la dérive de Gilles, les éclats de violence du père, la passivité et l'impuissance de la mère, le passage de l'enfance à l'adolescence, la découverte de la féminité et l'éveil de la sexualité, autant de thèmes abordés avec force et émotion. Et le drame couve dans « La Vraie Vie » : on ne peut s'y défausser ni du temps impossible à remonter, ni de la violence, ni de la mort, et la pensée magique se révèle impuissante à redresser les torts et à effacer le rire de la hyène.

Au moins autant que l'histoire elle-même, j'ai savouré la langue de ce roman : très originale dans les métaphores et les comparaisons, dans le choix du vocabulaire parfois insolite mais bienvenu, dans la liberté syntaxique, bref, un vrai ton personnel attachant et atypique (voir les citations). Vivement le suivant !

Merci au Grand Prix des Lectrices de Elle et aux éditions L'Iconoclaste
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Un premier roman très réussi. Avec une écriture à la fois dense et légère, Adeline Dieudonné nous embarque dans un univers familial toxique : il y a le patriarche, faisant régner la terreur sur sa famille, la mère, passive et décrite comme une amibe, et le petit frère qui conserve des séquelles à la suite d'un accident et que l'héroïne veut à tout prix sauver. Tout cet univers est vu et décrit à travers les yeux de la narratrice, une enfant surdouée. La force de ce roman réside pour moi dans cet univers à la fois réaliste et surréaliste où plane la présence d'une force quelque peu maléfique. Les personnages sont bien campés et crédibles. L'intrigue, quant à elle, est bien menée. Il y a une certaine poésie dans la prose de l'auteure. Un premier opus convaincant. Une auteure à suivre.
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C'est un roman choc que j'ai envie de rapprocher de ce que j'ai ressenti en découvrant "My absolute Darling".
Même ambiance délétère avec un père ultraviolent adepte des armes à feu mais là, en l'occurrence, ce père est aussi un pervers narcissique qui exerce sont emprise sur sa femme... puis son fils dont la vie a basculé le jour où il a été témoin de la mort brutale et sanglante du marchand de glaces ambulant. C'est aussi à partir de cela que l'héroïne décide de fabriquer une machine à remonter le temps pour sauver son frère.
Cette lecture met mal à l'aise mais l'héroïne est époustouflante.
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Ouah !!!
C'est le premier mot qui me vient à l'esprit après avoir refermé ce livre.
Une histoire bouleversante, qui le moins que l'on puisse dire ne peut laisser personne indifférent.
L'héroïne, une petite fille, vit dans une famille pour le moins atypique et pourtant si banale. Un père chasseur qui collectionne les trophées d'animaux dans une pièce interdite dans la maison. Une mère inexistante, totalement effacée devant ce père autoritaire, voir même parfois tyrannique.
Et au milieu de tout cela, deux enfants, un frère et une soeur.
Leur vie bascule le jour ou le petit garçon est témoin d'un drame.
La vie de la jeune héroïne va alors tourner autour de son petit frère , ce petit garçon qu'elle tient absolument à "sauver".
La peur est un facteur dominant dans ce roman, elle envahit peu à peu la vie de cette petite fille. La crainte de ce père devient omniprésente, mais l' héroïne a une telle rage de vivre pour sauver ce frère qu'elle se bat contre vents et marées.
Une lecture passionnante et un coup de coeur pour moi.
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Je suis embarrassée pour rédiger ma critique,j'ai beaucoup aimé,mais je ressens un sentiment très diffus concernant ce roman: en fait tout est contraste dans cette histoire je n'approfondis pas au risque de tout dévoiler, ce que je ne veux pas.
C'est un roman initiatique, qui ,en même temps malgré sa noirceur m'a fait vibrer d'espoir et de luminosité au travers le récit de cette fillette .Tout au long de ma lecture ,je l'accompagnais j'étais à ses côtés .Le style et l'écriture sont simples mais d'une telle justesse que je n'ai eu aucun mal à "planter le décor ",à voir les personnages ,car finalement cette histoire,cela peut arriver chaque jour,c'est "la vraie vie",sauf qu'ici face à des situations désespérées et tragiques la ténacité et le comportement de cette gamine face à ce père débile et violent nous ouvre le chemin de l'espoir ; même si la fin est dure ,nous poussons un soupir de soulagement, sachant que désormais les yeux de la hyène ne les fixeront plus et que Gilles ,le petit frère ,retrouvera au travers ses larmes un large sourire.Une invitation à le découvrir si vous ne l'avez pas encore fait .Une auteure à suivre qui mérite ses 5 étoiles pour son premier roman ,coup de chapeau!!!.🌟🌟🌟🌟🌟
P.S peut-être ai Je zappé sur un dėtail: Quelle est le prénom de la fillette?
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Pour un premier roman, c'est un véritable coup de maître!
Impossible de lâcher ce livre une fois commencé, tant une tension prend aux tripes le lecteur, qui tourne, avide, les pages d'une histoire dont il se demande jusqu'à quelle intensité de violence elle peut aller.
Le récit est écrit à la première personne. C'est une petite fille qui va nous raconter ses étés durant cinq années, depuis ses dix ans. et depuis le dramatique accident survenu au marchand de glace qui a entraîné son petit frère, Gilles, dans un tourbillon de tristesse et de cruauté.
La fillette, prodige de la physique quantique, va projeter de trouver le moyen de remonter le temps comme dans la fameuse trilogie « Retour vers le futur ».
Sauf que… la vraie vie, pour cette fillette, c'est un quotidien temporisé par les accès de violence du père, la passivité de la mère face aux coups qu'elle reçoit, la peur enfantine face aux animaux empaillés, trophées de chasse terrifiants du père, gardés dans une chambre dont l'accès est interdit aux enfants. Comment se construire sans amour ni repères rassurants ? D'autant plus quand on a un père qui se révèle être un véritable monstre misogyne. Les pages tournent et le lecteur se demande quelle horreur il va encore infliger à sa propre fille…
Un roman qui pourrait se définir comme étant « d'apprentissage » mais qui est avant tout un hommage aux femmes qui sont encore et toujours les victimes d'hommes : la jeune narratrice, sa mère, Monica, et surtout Yaelle…
Une histoire qui va me hanter longtemps...

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La vie, la vraie, qu'est-ce réellement ou symboliquement ? Une ondée d'émotions vives et intenses, parfois soutenues ou mesurées. Des envies, des projets, des souhaits, de la peur, des craintes, de la joie, des souvenirs, des regrets. du courage. de la patience. Des sensations.

Alors pour la vraie vie, je suis passée par toutes ces étapes pour achever ma lecture en quelques heures seulement, pétrie de larmes.

Au moment où j'écris mon billet, je laisse aller mes sanglots. Je me sens vivante.
"Je me suis réfugiée dans mon lit. Et j'ai remarqué que je ne pleurais pas. Je n'avais plus pleuré depuis l'épisode du jeu de nuit. Quelque chose s'était fossilisée à l'intérieur. Je me suis dit que c'était mauvais signe. Je refusais d'être une proie ou une victime, mais je voulais rester vivante. Vraiment vivante. Avec des émotions. J'ai fait un effort pour pleurer, je sentais que c'était nécessaire, un réflexe de survie. Je donnai de grands coups de pioche pour dégager ma source intérieure. Je n'ai pas eu besoin de creuser longtemps. Les larmes ont jailli en un déluge salé sur mon oreiller."

J'ai aimé découvrir la construction d'une petite fille intelligente et combative vers l'adolescence. L'optimisme d'une enfant qui cherche son chemin pour une existence meilleure vers la vie qu'elle imagine être la vraie. Une vie dans laquelle les événements deviendraient supportables.
J'ai abordé chaque page le coeur lourd et la boule au ventre. Une jeune physicienne en herbe dont les prémices sensuelles de sa féminité m'ont transportée. Un ange qui pourrait porter tous les noms, en hommage aux jeunes filles. Un prénom pour la vie.

"J'aimais mon corps. Ça n'avait rien de narcissique. Même s'il avait été moche, je l'aurais aimé pareil. J'aimais mon corps comme un compagnon de route qui ne me trahissait jamais. Et que je devais protéger. J'aimais découvrir ces nouvelles sensations. Et les plaisirs possibles. Je faisais en sorte de me rappeler les moments agréables et d'oublier la douleur."

Il est minuit passé, j'écoute Lhasa de Sela qui chante "De cara a la Pared", superbe morceau sur lequel j'ai déjà dansé. Il m'accompagne pour saluer mon livre car je ne veux pas le quitter.

Il est des romans qu'on ne peut fermer rapidement. Alors dans quelques heures j'ajouterai des citations avant d'aller travailler, pour être encore un peu avec ma pépite. Et ensuite partir vers de nouvelles aventures.

Bouleversée et émue, je vais m'endormir avec une pensée pour toutes les familles en souffrance et dans la violence. Pour apaiser leurs douleurs. Et la mienne.

Chaque lecture me construit différemment.
Celle-ci restera à jamais profondément ancrée en moi.

Ce n'est pas qu'une découverte. C'est un jaillissement ininterrompu de fièvre et d'ivresse. Une révélation.

Ce livre est un hymne à la vie, la vraie.
La vraie vie.

Lu en juillet 2019.
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