AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de montmartin


La narratrice a dix ans, elle habite dans un lotissement de pavillons gris alignés comme des pierres tombales. Son frère Gilles a six ans, "Gilles, je l'aimais d'une tendresse de mère. Je le guidais, je lui expliquais tout ce que je savais, c'était ma mission de grande soeur. La forme d'amour la plus pure qui puisse exister. Un amour qui n'attend rien en retour. Un amour indestructible."

Son père n'aime pas son travail, il aime la chasse, la télé et le whisky. Dans la chambre des cadavres, il a entassé tous ses trophées, des animaux empaillés. Sa mère aime ses chèvres et le jardinage, elle a peur de son père. Elle ressemble à une forme de vie primitive, unicellulaire, translucide, une amibe. “Elle a souri un peu, sa tristesse est partie faire un tour dehors.”

Le père cherche en permanence une raison pour cracher toute sa colère, le visage de la mère porte les traces de cette colère. La jeune fille assiste avec son frère à un terrible accident, depuis Gilles reste silencieux, comme s'il ne vit plus, il ne ressent plus rien, sa machine à fabriquer les émotions s'est cassée. Son joli sourire pue la mort. Alors elle décide de construire une machine, pour voyager dans le temps, pour revenir en arrière, pour sauver son petit-frère.

Devenue adolescente, elle comprend que désormais elle est devenue une proie comme sa mère. “Et puis, cette année-là, mon corps avait beaucoup changé. Tout s'était arrondi. Mes seins, bien sûr, mais aussi mes cuisses, mes hanches, mes fesses. Je ne savais pas trop quoi faire de tout ça. Je n'y prêtais pas trop attention. Mais je voyais bien que le regard des autres changeait en même temps que mes formes”. Son père s'attend que comme sa mère, elle soit une enveloppe vide, dépourvue de désir. Mais il ne sait pas qu'à l'intérieur d'elle vit une bête, une bête qu'il vaut mieux ne pas approcher. “Mes parents n'ont rien vu. Mon père était trop occupé à commenter la télé à ma mère et ma mère était trop occupée à avoir peur de mon père.”

Un premier roman qui m'a étonné, l'écriture douce, poétique et tendre portée par l'imagination d'une fille de dix ans, devient irrespirable et d'une violence inouïe quand le récit sombre dans l'horreur des violences familiales. Adeline Dieudonné nous décrit avec une grande maîtrise la transformation d'une fillette intelligente, sensuelle, courageuse, dure à la douleur, passionnée de physique elle rêve d'être Marie Curie et qui va devenir une bête féroce pour survivre et redonner le sourire à son petit frère.

Il y a des romans qui vous marquent profondément, pour ma part “La vraie vie” en fait partie par la force du personnage de cette jeune fille et par la façon originale dont l'auteure aborde le thème difficile de la violence conjugale.

Commenter  J’apprécie          422



Ont apprécié cette critique (35)voir plus




{* *}