Dans un récit très coloré, rempli de tendresse et d'humour,
Gustavo Rodriguez s'attaque au sujet pourtant lourd de la fin de vie et de l'euthanasie.
Le récit, raconté alternativement selon le point de vue des différents protagonistes, se permet même des incursions toutes personnelles du narrateur, non dénuées d'humour comme :
« Quelques temps plus tard, lorsque le destin aurait confié à Eufrasia vingt des cochons d'Inde que cette histoire mettrait sur son passage, l'une de ses conclusions serait de reconnaître que la mort, autour d'elle, revêtait ses habits les moins banals . » (page 33)
Ou encore : « Nulle part, hormis dans ce récit, il n'existe de trace écrite stipulant que ce véhicule ronronnant répondait au surnom de Marita, hommage à un amour jalousement tu et jamais arrivé à bon port. » (p. 199)
Ou bien : « mais sa vie s'achèverait bien des années plus tard, sans l'avoir su. » (p. 270)
Sur un ton en apparence léger et enjoué, avec un fond de pseudo-naïveté troublant, l'auteur ne se lasse pas d'asséner des réflexions philosophiques profondes, poussant le lecteur à revoir son point de vue sur l'euthanasie et l'envie des personnes âgées, reléguées hypocritement dans des établissements spécialisés, loin du regard de la société, à garder leur dignité jusqu'au bout.
Gustavo Rodriguez réussit le tour de force d'évoquer la mort d'une manière pleinement lumineuse, joyeuse, loin de l'ambiance noire, propre à nos civilisations occidentales.
Une belle lecture qui redonne du sens aux vraies relations humaines.