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Laurence Richard (Traducteur)
EAN : 9782384820641
Philippe Rey (01/02/2024)
4.18/5   144 notes
Résumé :
Premier roman envoûtant, une exploration de la famille comme lieu d'apprentissage vers la rédemption.
Lorsque Doris et Tup se rencontrent dans les années 1930, l'avenir leur apparaît comme une évidence. À tout juste dix-huit ans, Doris troque ses rêves d'enseignante pour une vie d'amour et de labeur aux côtés de Tup dans la ferme laitière familiale du Maine. Là-bas, leurs journées suivent les rythmes de la terre ; un quotidien fait de joies simples, en commun... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Plus grands que le monde de Meredith Hall, un changement par rapport à mes dernières lectures. Un livre plein de douceur. Dans la première partie, du bonheur et de la joie partout dans cette ferme. La deuxième et la troisième parties, c'est plutôt le chagrin, les doutes, les remords. Mais l'amour est toujours présent.

Cinq générations de Senter, la Grande Dépression avait frappé durement et la ferme périclitait. Personne n'avait plus d'argent pour acheter du lait, de la viande ou des légumes. le troc était omniprésent et ne permettait ni de payer ses impôts ni de remplacer le toit. le père de Tup avait économisé toute sa vie pour envoyer son fils aîné à l'université. Veuf, quatre enfants, Il espérait pour son fils aîné, une autre vie que la sienne, un travail qui ne le brise pas.

Tup, vingt ans, était étudiant en ingénierie à l'université d'État de Claremont, il fit la connaissance de Doris dix-huit ans qui venait de finir ses études d'enseignante. le coup de foudre, ils se marièrent en août 1933. Une période difficile. le père Senter mourut au cours de l'hiver suivant le mariage et leurs rêves s'arrêtèrent là, les frères n'étaient pas d'accord pour continuer à payer les études de Tup.

Tup retourna à la ferme, Faisant valoir son droit d'aînesse, il en avait pris la direction. Ses frères ne s'en étaient pas plaints. Ils s'étaient partagés l'argent et étaient partis.

Tup et Doris se retrouvèrent propriétaires d'une ferme laitière, sans main-d'oeuvre pour les aider. Petit à petit ils lui redonnèrent vie. Par un travail assidu, et des années à oeuvrer intensément du matin au soir, cet endroit s'est relevé de son état de délabrement et redevint une jolie ferme. Trois enfants vinrent couronner ce bonheur parfait, Sonny, Dodie, Beston. La situation n'était pas facile, en plus des tâches quotidiennes, s'ajoutaient le potager, l'entretien, les tailles des arbres fruitiers, les conserves, les vaches, les champs. Ils étaient heureux. L'amour sortait par tous les pores de cette maison. Malgré la fatigue, tous les soirs, sous le porche pendant la saison chaude ou l'hiver dans le salon, la lecture à haute voix était de rigueur, ils adoraient ça, tous serrés les uns contre les autres. Les jeux, les pique-niques, les patins, la luge, étaient des moments inoubliables faits de tendresse et de complicité.

Doris, en vrai mère poule aurait aimé garder ses enfants sous ses ailes, pas de contact avec l'extérieur, elle n'en voyait pas le besoin, leur cercle familial lui suffisait, elle craignait qu'un étranger détruise tout ce qu'ils avaient construits.

« La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu cette maison : elle est tombée, et sa ruine a été grande. » Matthieu 7:27.

Une vie de découverte et de partage bien réglée, jusqu'au jour où survient une terrible tragédie, ébranlant à jamais les fondations familiales...Tout le monde pense être fautif, des êtres brisés, comment se reconstruire, comment continuer à vivre, comment continuer à grandir, une chape énorme pèse sur leurs épaules. Comment se pardonner ou pardonner. Face à leur chagrin difficile de rester insensible. Chacun se replie sur ses questions, ses doutes.

Un très beau roman sur l'amour familial, la résilience, le courage pour continuer à avancer, porté par les voix de Doris, Dodie et Tup. Très émouvant. Une très belle histoire, portée par l'attachement, la bienveillance. J'ai trouvé quelques longueurs, mais un récit plein d'émotions. La nature est magnifique et bien décrite. Une lecture bien agréable.

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C'est une histoire simple, presque banale. L'histoire d'une famille de fermiers du Maine dans les années 50, l'histoire de Tup et Doris et de leurs trois enfants, Sony, Dodie et Beston. Une vie modeste, faite de labeur et de plaisirs simples sur l'exploitation laitière héritée des parents de Tup. Une vie rythmée par les travaux champs, les traites et les vêlages, au rythme des saisons, et en lien direct avec la nature. Pour égayer le quotidien, des plaisirs simples. Une sortie en patin sur la rivière gelé, un pique nique au bord de l'océan. Mais toujours le bonheur a être ensemble, proches et unis, un bonheur tissant des liens entre eux doux et rassurants.
Jusqu'au jour où un évènement tragique vient mettre à mal le bel équilibre familial, un cataclysme intime qui vient saper les fondements de cette famille que l'on suivra sur une vingtaine d'années.
.
Ce livre est d'une beauté renversante, et j'en ressors chamboulée et conquise.
Chronique à trois voix d'une famille endeuillée, il nous met au plus près des pensées de chacun de ses membres, de leurs pensées les plus profondes, les plus intimes, les plus inavouables aussi. le rythme lent du roman suit celui de la nature, et au fil des saisons le récit est traversé par les questions de la culpabilité, de l'acceptation et du pardon.
Comment survivre à un drame ? Comment continuer à faire famille ? Comment assurer la banalité du quotidien quand on est dévasté par la peine ? Comment continuer à vivre et à tenir son rôle de parent, de frères ou de soeurs, quand on se sent amputé, de toute forme de bonheur? Comme grandir et se projeter dans une vie heureuse quand on est écrasé par la culpabilité et la douleur? Face au fardeau du chagrin, chacun réagi comme il peut. Par le repli, par la fuite, par le travail ou le renoncement. Au fil des pages, au fil des ans, on se prend d'un attachement très fort pour chacun d'eux, on a envie de les aider, de les consoler et on les suit avec une profonde empathie sur le lent chemin de la reconstruction.
Et pourtant ce livre n'est pas triste et c'est toute sa force. D'un sujet grave l'auteur réussit à faire un texte lumineux, empli de gratitude et éblouissant de douceur.
Tellement, que l'on quitte à regret leur ferme d'Alstead, ce foyer chaleureux et protecteur, cette ferme nourricière qui est presque le principal personnage du roman. Et en le refermant, le coeur serré, impossible de ne pas songer soi même avec bienveillance à sa propre famille. A ces liens qui transcendent tout, à ces sentiments qui nous constituent et nous guident.
Une très très belle lecture. de celles qui marquent durablement et laissent une douce empreinte dans le coeur.
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J'ai été bouleversée par ce roman.
L'histoire commence en 1947, Tup et Doris Senter viennent de se marier, ils vont reprendre la ferme qui est dans la famille Senter depuis plusieurs générations. Cette ferme se situe dans le Maine, près d'une rivière.
Tup élève des vaches laitières, Doris s'occupe des poules et de tenir la maison. Ils s'aiment énormément et apprécient leur vie. Ils ont trois enfants : Sonny, Dodie et Beston. Les trois enfants sont très proches également et ont un très grand terrain de jeu sur cette ferme. En hiver, ils patinent sur un lac, ils pêchent des éperlans. Les enfants participent aux travaux de la ferme et aident ainsi leurs parents.
Tup est assez sociable tandis que Doris ne sort jamais du périmètre de la ferme et ne s'intéresse pas au monde extérieur. Ses enfants et son mari lui suffisent et elle ferait tout pour que rien ne change, qu'aucun élément extérieur ne vienne perturber leur bonheur familial.
Lorsque le drame arrive, cet équilibre familial va voler en éclats. Chaque membre de la famille va réagir de façon différente pour faire son deuil et survivre. Ce sera très long, il y aura des disputes, des conflits.
Les personnages et leurs émotions sont très bien décrits. Ce sont de beaux personnages qui ont du coeur et s'aiment.
Ce roman est très bien écrit ; je me suis attachée aux membres de cette famille. Il se dégage une grande tristesse de ce roman mais aussi des valeurs telles que la rédemption, le pardon, l'acceptation.
Un vrai coup de coeur !
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Roman racontant l'histoire d'une famille de fermiers américains touchée par un drame familial.
La ferme de la famille Senter est remplie d'amour et d'absence.
De lumière, de tendresse, d'affliction et de dévastation aussi.

« le soleil brillait au-dessus de nous, sur notre petite île au coeur de ce vaste monde d'innocence et de malheur ».

Doris et Tub se sont rencontrés dans les années 30 ; installés dans la ferme familiale du Maine, trois enfants sont nés de leur union.
La vie à la ferme laitière est rythmée par un quotidien de dur et rassérénant labeur.
La famille évolue dans une sorte d'autarcie domestique, rassurante, dans une atmosphère chaleureuse et bienveillante renforcée par des liens très forts entre eux.

Pourtant, ce décor tranquille, ce monde à eux, ne restera pas si paisible et une tragédie va survenir.
Lorsque tout vacille et au-delà, la famille devra continuer à vivre, à se conformer aux exigences de la ferme, chacun se confrontant aux souffrances intimes infligées par l'insupportable drame, et tous réagissant de manière différente, tâchant de faire de son mieux en apprivoisant son propre chagrin.

L'autrice s'attache à dépeindre les liens familiaux, le sens des valeurs, les gestes quotidiens du travail à la ferme, avec force et sensibilité.
Dans cette histoire, on lit l'amour parental, fraternel, le chagrin, le deuil, les engagements qui se délitent parfois, la quête de réconfort, la reconstruction, l'espoir, et, l'amour et le pardon.
J'ai trouvé les personnages attachants, ils sont analysés avec fine psychologie, pertinence et sans aucun jugement.
C'est écrit dans un style que j'ai beaucoup apprécié, l'autrice réussit avec douceur et poésie à raconter la tristesse et la joie, l'amour et la rédemption.

Peu de dialogues dans ce roman d'atmosphère faits de ressentis et empreint de grâce et de beauté.
C'est une histoire qui prend son temps et c'est formidablement bouleversant.
Un très beau premier roman, promesse de belles émotions, notamment remarqué par Joyce Maynard, une autrice que j'adore.


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« Plus grands que le monde » est de ces textes qui vous touchent dès les premières pages par cette volonté farouche incarnée par Doris, la mère, de mettre sa famille à l'abri de monde. le roman raconte l'histoire de la famille Senter. Doris et Tup sont propriétaires d'une ferme laitière dans le Maine. Ils ont trois enfants : Sonny, Dodie, et Beston. Dans le récit qui s'étend sur une vingtaine d'années (de 1947 à 1965), plusieurs voix prennent la parole pour exprimer le quotidien de la famille, le travail à la ferme, mais surtout leurs émotions.

Le personnage principal de « Plus grands que le monde » est cette ferme. Elle exige tous les sacrifices, mais donne aussi toutes les joies. le travail quotidien y est difficile, exigeant, et souvent pénible, mais il permet à la famille Senter de vivre dans un lieu exceptionnel où la nature et les saisons sont respectées, et où, en son sein, ils se sentent protégés. Cette terre si chère au peuple américain offre toutes les bontés, toutes les satisfactions à condition d'en prendre soin. Alors, elle devient mère nourricière et mère protectrice. « La ferme est un rempart, c'est ce que j'apprends à mes enfants. Ce monde, puis le monde extérieur. Nous sommes en sécurité sur cette terre, dans cette maison. Une fois le savoir acquis, impossible de le désapprendre ou de se détourner de ses fardeaux. Mais ici, il est possible de trouver de l'ordre, ainsi que la liberté d'aimer farouchement tout ce que nous connaissons. »

Très tôt, Doris a la certitude que vivre loin des autres, mettre à l'abri du monde les siens participe au bonheur du foyer. « Ici, nous sommes à l'écart du monde et menons nos vies à notre guise. ». Plus les enfants grandissent, plus il est difficile de laisser quiconque pénétrer leur cercle intime, comme si, un étranger était en capacité de déranger l'ordre établi et le cours des choses. A contrario, Tup est conscient que malgré le devoir de protection que sa femme s'est fixé comme mission, leurs enfants doivent grandir en ouvrant les clôtures de la ferme et en vivant leurs propres expériences. « Impossible de lui faire entendre raison. Elle ne veut pas croire que nos enfants peuvent grandir et devenir forts sans qu'elle ait pour cela à garder notre foyer à l'abri du monde. »

« Plus grands que le monde » raconte cette vie-cocon, les lentes percées vers l'extérieur, et le dehors qui pousse doucement les barrières de la ferme. C'est un roman d'ambiance, lent, qui raconte une routine, une famille, une ferme, et la façon dont on s'y aime… Profondément. Éperdument. Il y a d'abord l'amour profond que se vouent Doris et Tup et dont les enfants ont une conscience aiguë. « Ils s'aiment, m'étais-je dit. Ils t'aiment. Ici, l'amour ne manque pas. ». Puis, il y a l'amour fraternel qui lie ces deux frères et cette soeur, que rien ne saurait briser. Dans ce lieu où coule une rivière, où les hululements des hiboux rythment les saisons et les nuits, l'amour est au centre de tout.

Jusqu'au drame qui va frapper cette famille et faire voler en éclats leurs certitudes, leurs habitudes, leurs convictions en faisant chavirer jusqu'à leur foi. Il y a eu un « Avant », et un « Pendant », parcelles du roman qui commencent par des versets bibliques. Il y aura un « Après » et un « Ici » où la foi sera remplacée par des vers de poésie. Quatre parties distinctes pour parler de cinq membres d'une famille, de leur alliance qui glisse vers des sommes d'individualités. Trois voix s'élèvent : celle de Doris, de Tup et de Dodie.

« Plus grands que le monde » se focalise sur les répercussions d'une collision qui vient frapper des êtres brisés qui vont devoir se reconstruire. Tel le travail à la ferme, le fardeau de la douleur est lourd à porter. Pour certains il est si écrasant qu'il ne peut être soulevé. Une famille c'est une ossature composée de plusieurs humanités qui ne vivent pas tous les choses de la même manière, qui agissent et réagissent de manière parfois totalement opposée. Dans la peine, il est parfois impossible de consoler l'autre, impossible de lui venir en aide, impossible même de le comprendre tout à fait. Certains choisissent des chemins de traverse, d'autres des enfermements, d'autres encore des fuites. Comment guérir de cette souffrance extrême ? Où puiser les ressources nécessaires lorsque la ferme bénie devient la ferme maudite ? Comment retrouver le « Chaque journée est un cadeau » ?

Meredith Hall décortique les itinéraires de chacun afin que ces êtres « Plus grands que le monde », âmes brisées, puissent se ressouder et continuer à être une famille. de prison interne au souffle du dehors, de l'angoisse des jours qui passent aux nuits où la nature reprend ses droits, elle amène le lecteur à entrer en empathie avec ces personnages que la vie n'a pas épargnés pour les mener de la nuit profonde à une autre lumière. « Autrefois, nous nous étions crus inattaquable, à toute épreuve, immuables. » Aujourd'hui, il faut pardonner les douleurs du passé pour renaître et parvenir à ressentir à nouveau cette vie qui palpite.

« Plus grands que le monde » est un récit intime et intimiste, un voyage intérieur où les douleurs des personnages deviennent les nôtres. Loin de juger les actes de chaque membre de cette famille, le lecteur ressent une profonde tendresse pour chacun d'entre eux et comprend dans son coeur cette culpabilité qui les étreint pour laisser place à la bienveillance, la bonté, « Beneficence », le titre choisi pour la version originale. C'est également un texte sur les valeurs et les leçons de vie que les parents laissent à leurs enfants et la façon dont ceux-ci les reçoivent, ce qu'ils en font une fois adultes, et comment ils les utilisent pour se construire. « J'enseigne à mes enfants que nous sommes responsables de tout ce que nous faisons et ne faisons pas ». L'imperfection des êtres fait jaillir toute leur humanité en mettant toujours au centre des existences ce questionnement : suis-je une belle personne ? Un combat intérieur qui nous anime tous. En utilisant plusieurs voix, sur plusieurs années, Meredith Hall explore avec beaucoup de finesse les conséquences du drame sur des vies en devenir.

« Plus grands que le monde » est une bénédiction pour qui cherche à appréhender le pardon envers soi, envers les autres. Dans l'opacité de la douleur subsiste toujours une flamme qui palpite… Un roman profondément lumineux qui éclaire ce à quoi nous tenons le plus dans la vie.

Traduction : Laurence Richard
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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critiques presse (2)
LeFigaro
15 mars 2024
Un roman bouleversant sur une famille qui s'effondre et renaît après un drame.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Actualitte
19 février 2024
Meredith Hall laisse le temps agir et les membres de cette famille évoluer tranquillement, oscillant dans ce qu'ils ont de plus lumineux et de plus sombre. C'est par cette sagesse-là qu'elle construit un récit émouvant et intense, qui se déploie en douceur et sans jamais forcer.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Tous ces petits poissons argentés en bancs compacts formaient leur propre rivière de lumière dans le cours d’eau. Sonny s’est campé bien solidement pour résister au courant et y a plongé l’épuisette, qui s’est remplie en un éclair. Papa a alors tendu le seau pour recueillir les poissons scintillants, encore et encore et encore, jusqu’à ce que Sonny et lui aient rempli le premier seau et que ce soit mon tour, toujours dans l’ordre habituel, Sonny-Dodie-Beston, alors je me suis avancée, pataugeant dans l’eau juste en dessous de la limite supérieure de mes bottes. Je sentais les poissons glisser et se cogner contre mes jambes, tellement désireux de rentrer chez eux pour faire leurs bébés.
« Tu ne dois pas penser à tout ça, Dodie, me répète toujours mon père. Tout a sa place dans l’ordre du monde, un système parfait. Nous qui mangeons ces poissons, nous nous inscrivons aussi dans cet ordre naturel. Tu ne peux pas faire du moindre petit poisson une créature à sauver. »
[…] Les nuits de pleine lune sous le ciel couvert, je me souviendrai toute ma vie de cette douce lumière argentée et de nous quatre debout dans notre ruisseau qui, même aussi loin de la maison était encore Senter Creek, les poissons qui se précipitaient dans notre épuisette et notre mère si chaleureuse qui nous attendait chez nous.
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Pour dire ce que signifie être de nouveau ici, je suis obligée d’expliciter, au moins pour moi-même, d’où je reviens. Où suis-je allée ? Je n’ai pas encore de réponses. Toutes condamnent cette mère. J4ai perdu un enfant. Je connais son sang et sa chair déchirée. Et pourtant, je suis incapable de trouver une quelconque explication qui m’excuserait de ne pas être restée ici, mère de mes autres enfants. Epouse de mon mari. J’ai toujours cru que j’étais forte, endurante. Dans ce cas, comment ai-je permis cette absence ? Cette abdication ? Les mots évoquent le voyage – je suis partie, je me suis repliée en moi, j’ai disparu, j’étais perdue. Des mots aussi petits qu’insignifiants pour faire le récit de mon long voyage. Une mère n’explique pas en ces termes-là à ses enfants qu’elle les a abandonnés. Et s’il n’y avait jamais d’explication plus appropriée ?
Je veux écrire cette lettre à Beston, lui rendre compte. Je veux la lire à voix haute à Tup et à Dodie, je veux que tous m’entendent dire que jamais je n’aurais dû m’autoriser à partir comme je l’ai fait. Que j’en mesure maintenant le coût pour eux tous. Que j’ai honte. Mais il ne semble pas y avoir de mots. Abandonnée. J’ai été abandonnée. J’ai abandonné. J’espère parvenir à une meilleure compréhension. J’espère trouver le pardon.
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Se levant du lit, elle a demandé en criant :
« Mon fils ! Où crois-tu qu’il soit ? »
La saisissant avec force par les bras, je l’ai attirée vers moi : « Et tu veux le rejoindre, c’est ça ? Qu’à cela ne tienne, tu n’as qu’à le faire, je m’en fiche. Fais-le. De toute façon, tu n’es qu’une morte-vivante dans cette maison. Tu veux aller rejoindre Sonny sur cette colline ? Eh bien, vas-y. Je m’en fiche. J’élèverai moi-même tes deux autres enfants. Ce sera toujours plus facile que ce qu’on vit tous en ce moment. »
Je me souviens de l’avoir dit. D’avoir dit cela à ma femme. Mes enfants l’ont entendu. Notre maison a tremblé dans le calme de la nuit d’été. Nos actes et nos paroles demeurent.
[…] Lentement, j’ai retrouvé mon calme, puis la peur et la honte sont arrivées. J’ignorais que j’étais capable de faire autant de mal.
[…] Doris m’attendait à la porte de la cuisine, sa chemise de nuit et ses pieds nus comme des rappels d’une autre vie. Elle m’a tendu les bras et nous nous sommes étreints dans la lumière fragile. Doris. Tup. Les mots que j’ai prononcés resteront pour toujours entre nous, je le sais. Nous nous aimons. Nous souffrons. Il n’y a qu’une seule et unique route, et nous ne faisons que l’entamer.
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Personne ne peut savoir ce qui va arriver. Vous rencontrez un homme, vous l’épousez, et vous découvrez si vous avez fait ou non le bon choix. Si c’est le cas, vous vous aimez et vous travaillez dur, puis vous avez votre premier bébé, et tout ce dont vous avez rêvé change dès l’instant où vous le tenez dans vos bras, où vous lui donnez à manger et le voyez scruter votre visage. J’avais dix-neuf ans à la naissance de Sonny est né, puis Dodie et plus tard Beston, j’étais disposée à renoncer à la vie que nous avions, Tup et moi, et à laisser mes enfants prendre cette place. Je le suis plus que jamais.
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Tout est éphémère, ai-je pensé. Ce que nous faisons, c’est leur donner une base, une bonne base de départ dans la vie. Soudain, j’ai regretté les mots durs que j’avais peut-être prononcés ce jour-là dans la somme de travail à accomplir. J’étais incapable de me souvenir si j’avais manifesté de l’impatience à l’égard de l’un de mes enfants ou de ma femme au cours de la journée. Je m’en voulais de ne pas me rappeler ce que j’avais pu dire. Comment leur exprimer que j’étais désolé s’il m’était impossible de me souvenir des mots que j’avais pu prononcer ? Je me suis assis, silencieux et mal à l’aise, tandis que mes enfants et ma femme se réjouissaient de ce moment partagé, je le savais mais je ne parvenais pas à me défaire de l’impression que j’avais peut-être gâché la journée d’une manière ou d’une autre, sans pouvoir dire quand ni comment.
« Tu es un très bon père », me répète souvent Doris, et je sais que c’est vrai, mais je me souviens aussi des blessures émotionnelles qu’un enfant peut éprouver, et j’ai soudain ressenti une profonde tristesse en songeant que je pouvais parfois être à l’origine de ce genre de blessures chez mes enfants.
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