AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782322520886
210 pages
Books on Demand (17/05/2024)
5/5   1 notes
Résumé :
Dans ce roman, Constantin Marafet explore l'histoire de la condition des intellectuels dans la récente histoire communiste de la Roumanie.
Il examine la vie de Victor Dumitrescu, un éminent universitaire engagé envers des valeurs humaines fortes. L'auteur décrit ainsi la période où le protagoniste expérimente intensément la tragédie et la dure réalité de son temps : « J'étais plongé dans un somnambulisme où le cauchemar devenait le summum du bonheur. Dans le... >Voir plus
Que lire après Le pays du rempart amerVoir plus
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
En cherchant de la musique sur une fréquence de la radio, il tomba par hasard sur Radio Free Europe. « Nous transmettons les nouvelles. » Étonnant ! Radio Free Europe annonça : « L’écrivain et professeur Victor Dumitrescu est arrivé à Bucarest sain et sauf ». Ensuite, l’invité de l’émission parla, commentant des extraits de « La lettre » de Victor. C’était la première fois qu’il entendait parler de lui. Il resta muet. Anastasia, stupéfaite au milieu de la cuisine, une fourchette à la main, écouta avec étonnement.
– C’est ta rédemption, Victor !
Sur son visage on pouvait lire une joie non dissimulée.
Commenter  J’apprécie          60
– C’est ça ! Bravo ! Est-ce que ce qu’il a écrit correspond à ce que nous voulions ? Pouvons-nous le mettre derrière les barreaux ?
– Bien sûr. Il est naïf, camarade, très naïf. Il a tout admis avec satisfaction. À sa manière, il semble être quelqu’un de bien, seulement il a des idées fixes sur la liberté d’expression, sur la corruption du système politique, voire sur le fait que nous sommes complices de génocide. Enfin, des balivernes.
– Dans ce cas, nous pouvons même l’enfermer chez les fous. Que nos médecins lui retirent ces idées avec les pinces. Autrement, il est inoffensif.
Commenter  J’apprécie          80
Il déformait encore cette discussion à sens unique, celui imposé par le vice-doyen Prodan.
– Je ne te menace pas. Je t’enseigne, je te forme bien, camarade. Tu peux réfléchir, mais réfléchis bien !
– Et moi qui pensais illusoirement que tu étais un intellectuel, pas un laquais ! Mais c’est évident. Tu es né laquais, tu resteras laquais. Combien de temps pensez-vous qu’un imposteur politique pourra vivre ? Quatre cents ans comme les corbeaux ? Aveugles que vous êtes, vous ne voyez pas ? Il se nourrit de votre sang, en particulier de celui de gens comme vous, des serviteurs, et empoisonne le pays à travers vous.
– Vous voyez ? Vous voyez comme il nous insulte ?
Commenter  J’apprécie          50
– C’est l’avenir de Valentin qui m’inquiète aussi. Je me bats pour qu’il soit un peu meilleur pour nos enfants. Ils ne voient pas, ils n’ont pas eu la possibilité de faire de comparaison avec d’autres systèmes politiques. Moi si. J’ai vu le communisme à Moscou, mais aussi le capitalisme pur à Paris. C’est pourquoi je crois être le mieux placé pour leur dire qu’il y a aussi une autre manière de vivre, pas seulement celle-ci, pleine de haine et sans horizon. Nous devons gagner notre liberté, diriger nous-mêmes notre destin.
– Vivrons-nous un jour ces temps dont tu parles ? J’en doute…
– Si nous n’y croyons pas, les autres n’y croiront pas non plus. Bucarest doit redevenir le petit Paris. L’entre-deux-guerres, bien que courte, a été le seul moment où ce pays était sur la bonne voie. Sinon, pendant 2 000 ans, il n’a été dirigé que par des imbéciles. Nous devons retrouver le bon chemin.
Commenter  J’apprécie          90
La nuit tardait à tomber. Aujourd’hui le temps avait des pieds de plomb, il rampait comme un escargot d’or dans un sablier. Victor était épuisé après toute cette marche. Il traînait ses jambes vers la maison comme un boiteux. Cela avait été une longue journée, semblable à celles de son enfance quand il attendait avec impatience le crépuscule comme s’il y avait volontairement plusieurs jours en un seul pour pouvoir profiter de cet âge d’or. Toute sa vie défila devant ses yeux comme un train à grande vitesse. Il avait cette habitude de se remémorer des fragments de conversations et d’événements. Il trouvait toujours qu’il aurait dû dire quelque chose de plus, faire quelque chose de plus pour être mieux compris. Les non-dits lui faisaient physiquement mal. Désormais, un mot unique avait pris possession de son intimité et de son esprit : chômeur, et il se le répétait au rythme d’une horloge murale suisse. Au lieu de « tic-tac », il entendait « chômeur-chômeur ». La différence était dans l’intensité, le mot montant progressivement jusqu’au cri. Il en était perturbé et se couvrit les oreilles des deux mains comme si elles étaient coupables.
– Je suis au chômage, balbutia-t-il pour lui-même, mais prononçant les mots comme s’il voulait s’en débarrasser. Il les cracha presque.
– Pardon ?
Anastasia l’avait entendu parfaitement. Elle ne comprenait cependant pas ce mot. Elle n’avait jamais entendu parler de chômage dans un pays communiste.
Commenter  J’apprécie          90

autres livres classés : roumanieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (4) Voir plus




{* *}