La littérature roumaine, 30 ans après 1989
Un : en Roumanie tout le monde a un emploi. Deux : alors que tout le monde a un emploi, personne ne travaille. Trois : alors que personne ne travaille, le Plan [quinquennal] est réalisé et même dépassé. Quatre : alors qu’on remplit et qu’on dépasse le Plan, les magasins sont vides. Cinq : alors que les magasins sont vides, tout le monde a de quoi manger. Six : alors que tout le monde a de quoi manger, personne n’est content. Sept : alors que personne n’est content, tout le monde applaudit
La robe de Marga s'était prise entre ses cuisses, mettant en évidence la ligne musicale de ses jambes, ses hanches désinvoltes et ses fesses sculpturales. Clignant des yeux, j'en pris une photo pour ma mémoire intime.
Il fit cul sec avec ce qui restait de rhum. Chaud, décoloré et sans arôme, il lui sembla qu'il avait un sale goût de pisse.
Pour moi, les choses sont simples : avant la révolution, ça allait beaucoup mieux pour moi qu’aujourd’hui. Toi, pour qui tu voterais à ma place?
- Je crois que tu exagères en disant beaucoup mieux, maman. Tu te souviens de la queue pour la viande? La file faisait le tour de l’immeuble…
- C’est vrai, on faisait la queue, à l’époque, mais maintenant, on entre dans le magasin, on admire les côtelettes, on ravale sa salive et on prend gentiment le chemin de la sortie, parce qu’on n’a pas de quoi s’en acheter. Éventuellement, on peut encore admirer un nouveau riche en train d’acheter deux kilos de steak. Non vraiment, je ne sais pas quand c’était mieux…
Dans la rue des Acacias, il était courant, surtout les jours de fête, qu'un voisin s'arrêtant pour parler avec un autre, contre la palissade ou au milieu de la rue, attire autour de lui d'autres voisins, toujours désireux d'apprendre quelque nouveauté.
Les gens vivent dans des mondes différents, se dit-il. Pour les uns tout est dans le journal, pour les autres , tout est dans la Bible. Entre les deux, une autre catégorie de fous ne jure que par les livres. Ils vivent dans des cellules séparées, mais sous le toit du même asile. Chacun se plaint en secret, chuchote dans les coins : Le fou, c'est l'autre. Ils se croisent dans la cour intérieure, promeneurs impassibles, et soudain se serrent les uns contre les autres quand la sirène de l'ambulance retentit.
- Ma parole d'honneur que si elles sont véreuses c'est doux ou trois fois plus cher!
- N'importe quoi...
- La viande, ça se paie!
-Et toi, tu n'en racontais pas, des blagues sur le Ceausescu par exemple?