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Citation de Tandarica


La nuit tardait à tomber. Aujourd’hui le temps avait des pieds de plomb, il rampait comme un escargot d’or dans un sablier. Victor était épuisé après toute cette marche. Il traînait ses jambes vers la maison comme un boiteux. Cela avait été une longue journée, semblable à celles de son enfance quand il attendait avec impatience le crépuscule comme s’il y avait volontairement plusieurs jours en un seul pour pouvoir profiter de cet âge d’or. Toute sa vie défila devant ses yeux comme un train à grande vitesse. Il avait cette habitude de se remémorer des fragments de conversations et d’événements. Il trouvait toujours qu’il aurait dû dire quelque chose de plus, faire quelque chose de plus pour être mieux compris. Les non-dits lui faisaient physiquement mal. Désormais, un mot unique avait pris possession de son intimité et de son esprit : chômeur, et il se le répétait au rythme d’une horloge murale suisse. Au lieu de « tic-tac », il entendait « chômeur-chômeur ». La différence était dans l’intensité, le mot montant progressivement jusqu’au cri. Il en était perturbé et se couvrit les oreilles des deux mains comme si elles étaient coupables.
– Je suis au chômage, balbutia-t-il pour lui-même, mais prononçant les mots comme s’il voulait s’en débarrasser. Il les cracha presque.
– Pardon ?
Anastasia l’avait entendu parfaitement. Elle ne comprenait cependant pas ce mot. Elle n’avait jamais entendu parler de chômage dans un pays communiste.
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