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Jean-Jacques Fleury (Traducteur)Marie-Neige Fleury (Traducteur)Lisardo Pibida (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782253109983
382 pages
Le Livre de Poche (01/10/2004)
3.54/5   12 notes
Résumé :
"Ce soir-là, au-dessus de la ville, lorsque le ciel fut complètement dégagé, un étrange phénomène se produisit, comme si l'on respirait une certaine félicité universelle, comme si l'air de ce crépuscule de la mi-avril avait apporté avec lui des messages au sens caché... [...] comme si dans cette ville où vivaient tant d'hommes solitaires, tant d'esprits résignés, tant de malheureux n'ayant point vu leur propre fruit mûrir en eux, tant de vaincus pleins d'ardeur, tan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La ville au bord du fleuve immobile d'Eduardo Mallea
Un dialogue entendu dans la rue, « Hommes d'Amérique, hommes d'Argentine qui sont sur le point de se mettre au monde eux mêmes ». L'autre ne comprend pas. Dans ces deux pages qui servent d'introït à ce livre, Eduardo Mallea pose les bases des neuf récits qu'il va développer sur l'homme, la ville, la solitude, neuf portraits comme celui

d'Avesquin, perdu depuis qu'Eva est morte à Athènes, qui erre dans une ville muette avec son costume élimé, observateur du port, avec son accent espagnol qu'il ne peut pas masquer.

Ou celui de Solves, esprit d'élite, toujours songeur, s'abandonnant « au rythme capricieux de sa fantaisie »que Christiana Ruiz, créatrice de décors de théâtre, célèbre, avait tenté de changer sans succès jusqu'à ce que ce matin là elle ne trouva plus Solves dans sa chambre, elle s'y était préparée, elle avait réservé une petite partie de son cerveau, toute petite, pour sa tristesse.

Peut-être celui de Carlos qui arrive à la Gare du Nord, son ami Venolia l'attend, il a tout organisé, un dîner des filles jeunes et moins, une belle soirée en perspective. Carlos a passé deux ans loin de tout près de la cordillère où il s'échappait régulièrement. Il écrivait tous les jours et la ville lui manquait trop, il laissa Alma, sa femme, inquiète et le voilà dans la ville, il court, s'agite à droite à gauche, incertain, puéril et indécis, mais que veut il à la fin.

Et que dire de ce couple incapable de savoir, en buvant leur whisky au bar, s'ils vont honorer l'invitation d'Ema, tout en sachant qu'ils iront, pour des raisons différentes, jalousie, obligation.

Quant à Ana Borel, qui travaillait seule avec madame Saviano, et lui tenait sa comptabilité, elle vivait avec un père mutique, sa mère était partie et quand elle se maria avec Benes, rien ne changea pour elle, il y avait toujours des copains le soir et elle était seule, si seule.

Jacobo Uber, lui, cultivait une forme de souffrance, incapable de communiquer avec ceux qu'il ne connaissait pas, il portait en lui « une masse d'air vicié » dont il ne pouvait se débarrasser. Et surtout il trainait cette sensation permanente d'inutilité.

Serena Barcos est une jeune femme mince, élancée, un beau visage, elle travaille dans un laboratoire de recherche et y met toute son énergie. Elle est régulièrement courtisée mais son attitude hautaine et son rire sardonique en ont blessé plus d'un. Elle a horreur du côté animal des relations sexuelles. Un jour, pourtant, après un dîner avec Colmar, un médecin qui passe au laboratoire régulièrement, elle s'interroge sur ses sentiments, peut-être est il sincère?

Il était au bar, il ne savait pas pourquoi il était là, pourquoi il avait accepté de les rejoindre, pourquoi il répétait toujours les mêmes comportements. Sa vie il aurait pu la tenir toute entière dans son poing, c'était pathétique, il connaissait déjà la suite depuis qu'il était en Amerique, le restaurant avec terrasse, la langouste, les babillages, la politique, encore et toujours…

Durcal avait rendez vous avec Berta, ils ne s'étaient pas vus depuis des années. Ils se racontèrent leur vie, leur lassitude, leurs insuffisances. Il sortit du restaurant plein de bonnes résolutions, il lui fallait se débarrasser de sa raideur, il était envahi par cette pensée et puis au fur et à mesure de sa marche, tout s'estompait…

Tout au long de ces portraits d'hommes et de femmes, argentins ou américains, Mallea dépeint la solitude, cette solitude qui nous empêche de mettre en oeuvre, de réaliser un idéal de vie. L'univers de Mallea est assez sombre sans être désespéré, son écriture est d'une grande richesse.
Eduardo Mallea est né en 1903 à Bahia Blanca en Argentine, mort en 1982 à Buenos Aires. Il a écrit près de 40 romans essais ou pièces de théâtre dont six ont été traduits en français.
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L'argentin Eduardo Mallea traite, dans ce beau livre La ville au bord du fleuve immobile, de l'incommunicabilité entre les hommes et la solitude qui en découle.
Imposant la préséance de l'idée sur l'intrigue et le récit, l'auteur met en scène des personnages solitaires, contraints à rechercher en eux-mêmes, au moyen d'une méditation douloureuse et au risque de sombrer dans la folie, une vérité humaine qui se dérobe dans la confusion de la vie sociale.

Expression d'une pensée personnelle nourrie de philosophie, motivée par une profonde spéculation intérieure et des thèses modernistes, c'est sans doute ce versant existentialiste, pessimiste et amer, qui donne à ce livre tout son intérêt.
Cette crise existentielle et spirituelle argentine est corollaire de son essai La Vida blanca, montrant la capacité de Mallea à intriquer dans son oeuvre très cohérente ses essais et ses fictions.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Voilà 9 nouvelles en 260 pages, écrites par Mallea entre 1931 et 1935 (né pour rappel en 1903).

Après avoir lu sur les dernières semaines Cendres, Chaves, Dialogues des silences et Les Rembrandt, je m'étais déjà interrogé sur la personnalité et les luttes intimes de ce magnifique auteur argentin. Sachant que le présent recueil a été écrit bien avant ces différents livres, je m'interroge d'autant plus.

Quel homme faut-il être, ou peut-être quelles épreuves a-t-il dû traverser pour avoir une telle vision de l'homme abandonné à sa solitude et à son destin? Ses personnages sont voués, non... condamnés!, à la tragédie, à la souffrance, mais aussi à la rédemption.

Une nouvelle fois, nous faisons face à des couples désabusés, des adultes jeunes, solitaires et reclus dans leur mutisme, une récurrence de pères alcooliques, une profonde prise de conscience de la vacuité des hommes, de la société, du monde. Il y a certainement beaucoup de l'auteur dans ces nouvelles, du moins si l'on en croit Lisardo Pibida dans la postface du livre.

Ce livre n'est pas celui avec lequel je découvre Eduardo Mallea. Pourtant, à ceux qui ne connaissent pas encore cet auteur, je conseillerai de commencer par ce livre. En effet, découvrir dans un 2ème temps des livres tels que Cendres et Chaves seront certainement mieux compris à la lumière de ses 1ers écrits. La parole de Mallea, faite de silence, encore à ses balbutiements ici, atteindra son acmé dans les écrits suivants.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Qu'est-ce qu'une vie?

Rien de bien vaste! Le plus mesurable et le plus périssable de toute la création!

Parce que l'intelligence, le fait d'être un homme, la dignité que confère la pensée, tout cela n'allonge pas le temps, bien au contraire, cela le raccourcit, tout en multipliant à l'infini ce qui peut tenir dans chaque minute. Comme elle est longue la vie du scarabée, comparée à celle de l'homme qui, dès qu'il s'arrête pour penser, a cessé d'être dans le présent pour être bien au-delà, un peu plus près de la mort, et avec une fraction de vie en moins! C'est notre intelligence, bien plus que notre chair, qui nous rapproche de la mort. C'est notre raison qui nous prolonge jusqu'à nos limites.

Oui, le plus mesurable et le plus périssable de toute la création, c'est bien une vie!
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Video de Eduardo Mallea (1) Voir plusAjouter une vidéo

Eduardo Mallea : Les Rembrandt
Olivier BARROT, à Cabourg, présente le dernier roman de l'auteur argentin Eduardo MALLEA, "Les Rembrandt", publié aux éditions Autrement. BT page de couverture du livre et BT peintures de Rembrant.
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature espagnole et portugaise>Romans, contes, nouvelles (822)
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