Ce dimanche-là du grand romancier chilien
Jose Donoso est un vrai exercice de style et un bon roman de thème social, écrit superbement en 5 chapitres : 2 chapitres en lettres rondes à la 3è personne et 3 chapitres en italique à la 1è personne.
La trame est assez complexe autour de la solitude humaine. Ici cette solitude des personnages tend vers une sexualité un peu « artificielle » qui manque de naturel par toute sorte de freins sociaux. Il y a un bon descriptif de la société chilienne que Donoso sait décrire comme personne. le conflit moral dans l'oeuvre se développe entre deux classes sociales diamétralement opposées et Donoso offre la vision d'un monde matriarcal, dernière étape avant la destruction d'un monde archaïque.
Le narrateur à la 1è personne est un petit enfant des protagonistes, Chepa et Alvaro, lequel va se remémorer, 37 ans après les faits, les dimanches chez les grand parents avec parents et les cousins. Une époque vécue comme un monde heureux avec une certaine liberté et beaucoup de spontanéité. Dans l'oeuvre co existent deux mondes, celui de l'enfance et celui de l'âge adulte.
La grand mère Chepa est l'axe du livre. Elle reçoit chaque dimanche toute la famille pour un déjeuner rituel. C'est une femme empathique, disponible, pleine de ressources, assez dominante; elle représente la confiance, la sécurité, la possibilité de se confier. Alors que le grand père Alvaro, que les enfants appellent « la poupée » est un être sans véritable prestige, sourd comme un pot, maniaque, vaniteux, égoïste; il n'a pas de véritable communication avec les petits enfants, pas de lien affectueux.
Dans le premier chapitre le narrateur raconte les dimanches dans cette ambiance si sûre et heureuse dans la maison, autour de ce côté presque magique de Chepa qui sait les amuser, les intriguer et qui joue parfois avec eux. Il y avait aussi les « jeux érotiques » avec les cousins.
Dans le chapitre suivant, intitulé
Première Partie, le lecteur est surpris. Mais quoi? le roman commence maintenant? Nous avons l'histoire du grand père Alvaro qui a 16 ans avait connu la sexualité avec la servante Violeta, 4 ans plus âgée. Un relation qui va durer dans le temps car c'est une sexualité saine, franche, sans futur ni complications. Alvaro sait qu'il devra choisir épouse parmi les femmes de sa classe et Violeta a aussi des plans à son niveau.
Le 3è chapitre développe les jeux du dimanche où les 5 cousins participent et jouent des pièces avec le concours de Chepa qui fournit les déguisements. Ici Donoso intègre quelques éléments de réalisme magique.
Dans le 4è chapitre on fera connaissance de Chepa et son psychisme : elle dit une chose mais fait une autre. A travers ses oeuvres sociales qui l'occupent beaucoup, elle fera la connaissance de Maya, un assassin en prison et elle éprouvera le désir physique dévastateur. Il faut dire que son mari avait très vite décrété qu‘elle était frigide et organisé sa vie sexuelle en conséquence. Chepa dans ses relations affectives mène un jeu de pouvoir et d'autorité.
Le dernier chapitre narre la transgression de Chepa qui sortira de son cadre naturel et devra affronter sa bévue. Ce sera la fin des dimanches heureux.
La maison sera abandonnée et deviendra un terrier pour des clochards ou des enfants de la rue.
Comme souvent, la sexualité dans les livres de
Jose Donoso est glauque, empêtrée dans des normes sociales rigides qui se prêtent à la transgression.
Un livre excellent.
Lien :
https://pasiondelalectura.wo..