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3,52

sur 1203 notes
Un auteur qui utilise la littérature pour se raconter de façon impudique non seulement lui mais également les gens de son entourage, familial ou autre et déjà dans Yoga cela m'avait déplu mais ici c'est encore plus flagrant et je suis allée jusqu'à la fin afin de voir et avoir une vue de l'ensemble.

Et bien j'en ressors très partagée car il est indéniable que cet auteur possède l'art de narrer mais quand il le faut sur ses compagnes, sa mère ou encore plus dur sa vie intime cela devient, pour moi, une séance a la fois de voyeurisme et de fantasmes mettant en évidence son mal-être psychique.

Car pour ce qui est de la recherche e ce prisonnier hongrois perdu puis retrouvé au bout de 56 ans, de ce qui est advenu de son grand-père maternel disparu à la fin de la deuxième guerre mondiale il devient un chroniqueur intéressant mais il ne peut entremeler sa propre existence et tourments en les mettant d'ailleurs au premier plan.

Que dire sinon qu'il y a pour moi une patte, du style mais le tout noyé dans une auto-analyse impudique et à force lassante de son existence. Il ne fait pas bon côtoyer cet homme au risque de voir sa vie exposée entre ses lignes.....
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Le titre est trompeur : ce livre n'est pas un roman. C'est la somme de plusieurs récits de genres très différents. On part dans une enquête destinée à devenir un documentaire, sur un fait divers très étonnant : le retour d'un prisonnier de guerre hongrois « oublié » pendant un demi-siècle dans les camps soviétiques puis dans un asile psychiatrique de la Russie profonde.
L'auteur passe alors à autre chose : qui était son propre grand-père maternel, émigré géorgien, disparu mystérieusement en 1944, peut-être abattu pour collaboration ? Un mystère, un non-dit qui hante sa famille. La question reste posée.
Le « roman » prend alors une tout autre tournure : l'auteur nous livre une nouvelle érotique troussée d'une façon diabolique et destinée à être lue sur le vif dans un train par celle qu'il aime. On se régale. L'auteur aussi visiblement. Mais l'affaire échoue, des événements imprévus ayant déboulé. Suivent de longues pages consacrées à une crise de jalousie qui aboutira à la rupture des amants.
C'est là que cela devient longuet. Les épisodes de "je t'aime moi non plus" m'ont toujours lassé. Ici ils débordent. L'ego de l'auteur devient envahissant. Son « je » m'a submergé, j'en ai compté 27 à la page 300, trop c'est trop...
On respirerait presque à la fin du livre quand l'auteur retourne en Russie, retrouve les protagonistes du tournage de son film, et apprend que l'un d'entre eux a été victime d'un assassinat horrible.
C'est brillant, intéressant, très lassant et très agaçant par moments. Dommage !
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Emmanuel Carrère a toujours écrit des romans sombres et douloureux. Aussi, pour sortir de l'horreur et de la folie inspirés par ses livres, décide-t-il de renouer avec ses origines russes. Il part donc en reportage à Kotelnitch, petite ville perdue au fin fond de la Russie, afin d'enquêter sur un vieux prisonnier hongrois. Mais le passé le rattrape et le voyage salvateur tourne au cauchemar. Son histoire d'amour est un échec et le fantôme de son grand-père le hante de plus en plus.
Un beau récit autobiographique, attachant et sensible dans lequel l'auteur se livre sans retenue. On félicite le courage qu'il lui a fallu pour divulguer et ce, malgré la notoriété et le refus de sa mère Hélène Carrère d'Encausse, la souffrance intérieure qui l'anime, son âme nostalgique et mélancolique, ses doutes, ses douleurs et ses peurs. Il y a des livres qui se doivent d'être écrits, comme quête des origines, comme exutoire aux obsessions, "un roman russe" est de ceux-là.
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Perplexe je suis. Et à ce titre, ce livre est une réussite. Qu est ce qui a bien pu me pousser à lire jusqu au bout les délires alocolo-porno-parigo-dépressifs de cet homme dont j admire à la fois l'égocentrisme avoué et qui donne sur un plateau de argent au lecteur le bâton pour se faire battre. Pantois je suis.

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Quand je lis Carrère, j'ai l'impression d'être une marquise poudrée du XVIII°, découvrant avec une délectation outragée les "Confessions " de Jean-Jacques Rousseau. Mais un Jean-Jacques moins naïf car connaissant son Freud illustré sur le bout des doigts.
Mais si "Confessions " annonçait la couleur, pourquoi appeler ce récit "roman ", d'autant plus que Carrère précise qu'il n'écrit pas d'auto-fiction.
Je me suis demandée si le titre n'était pas justifié par le désir de Carrère de tout transformer de sa vie en matériau littéraire. Ou plus exactement de se comporter avec les vraies gens de sa vraie vie comme Balzac avec ses personnages : en créateur omniscient. L'exemple le plus frappant étant bien sûr l'écriture d'une nouvelle dans laquelle il ordonne à son amoureuse de ne plus être qu'une créature de papier obéissant à ses fantasmes. Quant au coup de la bague (ceux qui sont allés au bout du livre comprendront), il vaut l'appel désespéré De Balzac au médecin de la "Comédie humaine " sur son lit de mort.
Et aussi le recours incessant à la causalité. Tout est signifiant dans un roman. Carrère écrit sa vie comme il construirait un roman : le grand-père russe étant la situation initiale, sa rupture avec Sophie la situation finale, la nouvelle l'élément déclencheur, la Russie l'auxiliaire et Môman l'opposant. Et quand le drame arrive, en l'occurrence la mort d'une jeune femme et de son enfant, Carrère le reconnaît comme élément évident et nécessaire de sa propre histoire.
Mais Sophie a une vie en dehors de celle que son écrivain de génie a prévue pour elle, et Emmanuel perd le contrôle.
Mais pas au point de gratter là où ça pourrait faire vraiment mal. le grand-père est certes un admirateur de Mussolini et d'Hitler mais c'est un brave homme. Ben voyons. C'est peut-être vrai d'ailleurs mais l'enquête prend fin avant d'avoir commencé. le grand-père est un fou dostoievskien, tout en slavitude, ça c'est dicible et pittoresque. Mais nazillon? La question n'est jamais posée.
Ça pourrait être dérangeant mais en fait on s'en fout. La lucidité affichée de l'analyse et la précision impeccable de la langue, voilà ce qui fait qu'on aime Carrère. Que sa vie ne soit pas aussi au point que ses livres n'est un problème que pour lui.
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Quel curieux livre que ce Roman russe !
Avec une impudeur singulière et embarrassante, Emmanuel Carrère nous conte un morceau de vies... Cela ferait penser à D'autres vies que la mienne dit comme cela, mais ce qui le distingue c'est - d'après mon ressenti - que les personnes sont comme des personnages de roman dont on étale les secrets, les turpitudes, les failles...

"(...) jusqu'où un écrivain peut-il offrir ses proches en pâture au public, les sacrifier à sa propre jouissance ? (...) Je n'aime ni les mystères ni le ton de ce message, mais il touche juste. Je me demande si écrire, pour moi, revient nécessairement à tuer quelqu'un."

Si le choix de la couverture déroute : pourquoi un homme sous l'eau ? si ce n'est le nu de l'impudeur et la plongée en apnée dans une histoire de vies, au pluriel donc. le choix du titre, quant à lui, se comprend. Un roman qui n'en est pourtant pas un, mais un écrivain qui utilise les autres comme des fantoches, presque réjoui des rebondissements malheureux pour que ce roman du réel prenne vie...
Et russe car - voilà ce qui initialement m'avait attirée dans cette histoire - c'est que, par sa mère, Emmanuel Carrère a des origines russes. Or, il se trouve que le père de sa mère fut un collabo durant la seconde guerre mondiale, disparu dans des circonstances inconnues, ce qui en a fait un secret honteux que sa mère a pris soin d'enterrer.
Parallèlement, Emmanuel Carrère est appelé à réaliser un documentaire à Kotelnitch, un bled paumé de Russie, pour suivre l'histoire d'un Hongrois, libéré après plus de 50 ans d'un asile psychiatrique où il a séjourné après avoir été fait prisonnier par les Russes durant la seconde guerre mondiale.

Ce fil d'Ariane pour aborder le poids des secrets à un niveau transgénérationnel m'apparaissait vraiment intéressant...
Sauf que Emmanuel Carrère ne se contente pas de suivre cette ligne directrice. Il nous livre - en pâture pour reprendre le mot - sa relation sentimentale, passionnelle, conflictuelle et tortueuse avec Sophie, sa compagne.

L'écrivain se met tout pareillement "à poil" au sens où il nous donne à voir les aspects les plus odieux de lui-même et semble presque en jouir... On voit là quelqu'un pétri de névroses qui s'inflige et inflige parce qu'il est embarrassé de lui-même. Il le sait. Il est lucide. Il est coutumier de la psychothérapie, sinon même de la psychanalyse. Cela va loin. Qu'il le choisisse pour lui-même, soit. Qu'il l'impose aux autres, met mal à l'aise.
Quant au secret de sa mère, elle le supplie d'attendre sa mort pour creuser, mais Emmanuel Carrère y voit là a fortiori justement toutes les raisons d'exhumer ces secrets qu'il considère lui appartenir aussi dès lors qu'il s'en sent prisonnier... Elle lui dira finalement qu'elle avait compris qu'il le faisait pour elle...

Et finalement, que reste-t-il de tout cela ? C'est un des protagonistes russes de "l'histoire" qui le résume le mieux : "c'est bien. Et ce que je trouve surtout bien, c'est que tu parles de ton grand-père, de ton histoire à toi. Tu n'es pas seulement venu prendre notre malheur à nous, tu as apporté le tien. Ça, ça me plait."

On "nage" dans cette ambiguïté (et le choix de la couverture nous est expliqué en toute dernière page), dans ce bassin de souffrances, mais j'y ai vu, moi, même si Emmanuel Carrère part en quête d'un point final pour terminer son livre et boucler la boucle, la brasse éperdue de quelqu'un qui se noie sans jamais trouver sens à ce qu'il veut toucher du doigt.
Alors, c'est sur ce même sentiment mitigé que je clos cette critique.
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C'est un roman russe qui n'est finalement ni vraiment russe ni vraiment un roman. Enfin, avec Koltenich, la langue russe, c'est un peu russe. Mais ça n'a définitivement rien d'un roman. C'est plutôt un texte à visée thérapeutique, mais bizarrement, pour l'auteur lui-même. A tel point que plusieurs fois au cours de ma lecture j'en suis venue à me demander s'il ne se fichait pas un peu de nous, s'il n'en avait pas sérieusement rajouté une couche. Parce que c'est pour moi clairement inconcevable qu'on raconte autant sa vie dans un livre. Surtout autant de choses horribles, et qu'on se présente comme un personnage assez méprisable, se croyant supérieur à tout et tous et incapable de reconnaitre ses torts. Toute cette histoire avec Sophie finalement nous révèle seulement qu'Emmanuel Carrère n'a pas su voir ses propres tares, et à la façon dont il le raconte et fait le bilan, on a bien l'impression qu'il n'a toujours pas compris ce qu'elle lui reprochait.

Est-ce que je peux vraiment dire que j'ai aimé ? Est-ce qu'on peut aimer un livre aussi noir où clairement l'auteur traîne sa dépression du début jusqu'à la fin, l'étalant sans fin sur chacune des pages. J'ai plutôt trouvé la démarche assez intéressante. Et puis ça nous montre que notre vie à nous n'est peut-être pas si mal, que même si on est un peu tordus sur les bords, on ne le sera probablement jamais autant que l'auteur.
En fait, je ne sais pas vraiment pas quoi dire de ce livre. J' ai été touchée par toutes ces histoires qui s'entrecroisent, par Ania et Sacha, mais aussi l'autre Sacha qui trouve systématiquement refuge dans l'alcool, par Sophie qui aurait voulu pouvoir vivre sa passion dévorante jusqu'au bout sans comprendre que ce genre de passion ne mène jamais à une vie commune heureuse. Même l'auteur finalement, il finit aussi par nous toucher quelque part, surtout vers la fin (bien que ce soit un peu facile d'accuser l'ombre de son grand-père disparu de saccager sa vie, il la saccage très bien tout seul). C'est en fait un livre très vrai, comprenant une réflexion sur la vie qui peut nous parler, probablement pas à tous, mais moi il m'a parlé, je me suis retrouvée dans certains personnages, et j'ai retrouvé certains de mes proches dans d'autres. Il y a plusieurs passages qui sont assez justes, et le style rend la lecture simple et agréable. C'est véritablement là qu'on voit apparaitre le ‘style Carrère' pour la première fois, un mélange de confidence et de précision des faits, un regards biaisé sur la situation mais en même qui essaye de prendre du recul et d'évaluer les choses à leur juste valeur. C'est une confession, mais ça reste un roman quelque part.

Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Alors qu'il se lance dans un documentaire sur un vieux Géorgien retrouvé après 56 ans d'enfermement dans un hôpital psychiatrique russe, Emmanuel Carrère, décide d'écrire en même temps les chroniques de ce drôle de tournage à Kotelnitch. Il entremêle également dans son récit sa propre histoire familiale et amoureuse.

Bien que sa mère Hélène Carrère d'Encausse refuse que son fils se lance dans le récit de la vie de son grand père, son père à elle, il passe par dessus cette demande. Dans quel but ?
Emmanuel Carrère semble vouloir expurger une douleur familiale laissée suite à la disparition de ce père enlevé par les "partisans" à la libération et probablement exécuté parce qu'il travaillait avec les allemands.

Le récit devient surréaliste avec la troisième histoire imbriquée. Celle des amours tumultueuses de l'écrivain et de sa compagne Sophie. Sans aucune pudeur l'auteur expose tous les tourments de sa vie privée, l'attirance sexuelle, la plus profonde des jalousies, les plus inavouables bassesses vers lesquelles il a trop tendance à se réfugier, la méchanceté et la honte enfin.

Pourquoi Emmanuel Carrère nous plonge-t-il le nez dans ses turpitudes familiales et existentielles? Peut-être pour nous entraîner par l'exemple au plus bas de l'âme humaine avec un sens du tragique qu'il applique avec soin à sa propre existence. Un talent de romancier aux origines russes qui chante l'amour, le drâme et la désillusion.

23 juillet 2012
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Encore un grand livre de Carrère. Alors qu'il prépare le tournage d'un film dans le pays de ces ancètres, des éléments de sa vie vont le mettre face à son passé alors que se joue aussi celui d'un amour. Carrère se met à nu, délivre des secrets de famille quitte à facher son académicienne de mère. Cette plongée dans la vie de l'écrivain est passionnante, incroyablement impudique (on imagine les retrouvailles familiales). L'écriture est flamboyante, nette, poétique, érotique. Carrère n'essaie pas de se montrer sympathique, au contraire c'est le portrait d'un homme complexe, qui cherche la vérité comme un éxutoire. Et c'est sacrément réussi. Alors que le mot chef d'oeuvre est souvent galvaudé, le roman de Carrère,lui, en est un.
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J'ai voulu aller jusqu'au bout de la lecture de ce roman espérant y trouver autre chose que des dizaines de pages où l'auteur est autocentré, pratique l'autoflagellation, abuse de propos humiliant ceux qui ne sont pas bien nés, qui n'ont pas les codes du microcosme auquel il appartient. Un livre pitoyable dans lequel l'auteur mêle des histoires fort différentes :la vie d'un Hongrois fait prisonnier à la fin de la guerre par les Russes puis enfermé plus de 50 ans dans un hôpital psychiatrique et enfin identifié par les autorités hongroises, ce fait aurait pu donner lieu à une fiction s'inspirant de la réalité, or l'auteur la clôt bizarrement.
Il y a l'histoire d'amour mouvementée de l'auteur avec Sophie, summum de cruauté .
Il y a les séjours répétés en Russie, les obstacles,les rencontres, les beuveries, les pertes.
Il y le désir d'en savoir plus sur sa filiation,sur ce grand -pere Géorgien, emmené par des inconnus en 1944, jamais revenu, il avait servi d'interprète aux Allemands à Bordeaux, un grand-père bien mystérieux, s'éclipsant souvent
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