AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,52

sur 1203 notes
Je ne saurais expliquer pourquoi ce qui me déplait tant dans la littérature française contemporaine ne me dérange absolument pas chez Emmanuel Carrère ! Cela est surement du à son écriture que je trouve très puissante.

Car oui, au final il ne parle pratiquement que de sa vie dans ses "romans", même quand il fait la biographie du personnage très singulier qu'était "Limonov" ou encore quand il parle de l'histoire du christianisme dans "Le Royaume".
Pourtant, je ne suis absolument pas amatrice de ces écrivains qui nous prennent pour leur psy, à nous ressasser sans cesse leurs tracas ! Et apparemment il en a beaucoup des tracas, Emmanuel ! Il ne se montre pas sous son meilleur jours ici : crise de jalousie, tromperie ... Mais en même temps il ne triche pas (du moins ais-je l'impression).

Dans "Un roman russe", le projet principal était de parler de son grand père Géorgien disparu dans des circonstances plus ou moins étranges et qui a "collaboré" avec l'ennemi durant l'Occupation. Il y a ces aller-retours, pour les besoins d'un reportage, en Russie à Kotelnitch, qui n'est pas vraiment une ville où j'irai faire du tourisme ! La Russie : pays forcément cher à l'auteur et nous suivons avec amusement ses déboires avec la langue !
Et au milieu son histoire d'amour avec Sophie. Histoire vouée à l'échec dès le départ, mais on se surprend néanmoins à vouloir savoir (notre côté voyeur sans doute !).
La lettre à sa mère, à la fin du livre est très belle et touchante.

Un très bon moment en compagnie de Monsieur Carrère !

CHALLENGE ABC 2015/2016
CHALLENGE MELI-MELO 2015-2016
CHALLENGE ATOUT-PRIX 2015-2016
CHALLENGE VARIETES 2015 - Un livre écrit par un auteur avec les mêmes initiales que vous
Commenter  J’apprécie          150
Ceci n'est pas un roman. En outre, il n'est pas entièrement russe.
Donc le titre est mensonger, donc cet ouvrage est une totale escroquerie !
Monsieur Carrère, de qui vous moquez-vous ?
Toute plaisanterie mise à part, et quoi qu'on pense de la propension de l'auteur à se mettre en scène, plus ou moins exclusivement, dans pratiquement toute son oeuvre, il faut lui reconnaître un sacré souffle et une capacité à embarquer immédiatement le lecteur dans son sillage !
L'ouvrage nous emmène de Paris à Kotelnitch, un bled pourri et paumé à 800 km de Moscou, en passant par l'île de Ré et surtout par le train de 14h45, Paris-La Rochelle, du 20 juillet, train dans lequel une expérience érotique plutôt extraordinaire vous attend au cours du voyage.
L'auteur nous conduit de son grand-père et sa mère à Sophie, son amour de l'époque, en ménageant une place prépondérante aux habitants de Kotelnitch, Anya, Sacha et tous les autres ... sans oublier Toma Andras, le malheureux hongrois, dont la vie s'est perdue durant presque 50 ans après la guerre dans l'hôpital psychiatrique de Kotelnitch.
Tous ces éléments apparemment disparates s'organisent selon le schéma rigoureux voulu par Emmanuel Carrère qui maîtrise son récit de façon magistrale. Ce dernier peut passionner, ou fortement agacer, ou les deux à la fois, mais il ne laissera pas le lecteur de glace !
En tout cas, pas la partie consacrée à la Russie, où l'auteur évoque avec un réalisme réfrigérant l'existence sinistre des habitants de Kotelnitch, réduits à vivoter sans espoir dans un lieu dénué de tout, où le but de promenade n'est rien d'autre qu'une excursion en vedette sur la rivière Viatka qui mène à un cimetière de bateaux rouillés ! où sortir en ville signifie seulement aller descendre force vodka dans un bouge immonde - A votre santé ! - Na zdorovié !
Les divers séjours d'Emmanuel Carrère dans cette Russie abandonnée lui ont permis de réaliser un documentaire, où il explore non seulement les secrets et les drames de la ville, mais aussi les fantômes de son propre passé et les angoisses qui l'assaillent.
Tout cela fait l'âme de "un roman russe". Que le lecteur n'hésite pas à aller la sonder.
Commenter  J’apprécie          141
Grande déception... Après avoir adoré L'adversaire, j'avais beaucoup d'attentes pour ce livre. Entrer dans la vie d'Emmanuel Carrère me paraissait fascinant et j'avais hâte d'en savoir plus sur son histoire.
Malheureusement, je me suis ennuyée la plus grande partie du livre. le résumé du livre promettait beaucoup de choses... L'enquête sur le grand-père maternel était très superficielle et je ne vois pas en quoi ce livre pourrait alléger le fardeau de sa mère.
Pour moi, l'histoire n'avait ni queue, ni tête... Certains passages m'ont simplement dégoûtée, de par leur vulgarité et leur obscénité (et pourtant je suis très ouverte d'esprit !). Moi qui aimait tellement la plume d'Emmanuel Carrère, j'ai été très déçue par ce roman.
Commenter  J’apprécie          132
Habituellement, j'apprécie les récits d'Emmanuel Carrère car, s'y mêle toujours à la trame principale, un soupçon de vécu personnel qui donne de la substance. En revanche, pour Un roman russe, l'auteur a choisi de sauter pieds joints dans l'intime, à tel point que j'en ai ressenti souvent un profond malaise.
Fils d'Hélène Carrère-d'Encausse, née Zourabichvili, l'auteur tente de renouer avec ses origines russo-géorgiennes lorsqu'il se rend à Kotelnitch au nord de Moscou pour y relater l'expérience d'un soldat Polonais, toujours vivant mais interné, ayant été fait prisonnier par les Soviétiques peu après la Seconde Guerre Mondiale. En parallèle de ce projet d'écriture, Carrère sent poindre le désir de clarifier le parcours de son grand-père maternel Georges, émigré en France au début des années 1920 et dont la vie s'est terminé abruptement dans une certaine ignominie. « J'ai pensé : je suis venu faire une tombe à un homme dont la mort incertaine a pesé sur ma vie, et je me retrouve devant une autre tombe, celle d'une femme et d'un enfant qui ne m'étaient rien, et maintenant je porte leur deuil aussi. Peut-être que c'est cela, l'histoire. » Car, au cours de ses deux voyages en Russie, Carrère a noué des liens avec les locaux, dont un couple quasi mythique, lui, espion du FSB et elle, jeune mère francophile.
Un récit dérangeant par son côté égocentrique (les déboires amoureux de l'auteur aggravés par une jalousie maladive) et l'implication involontaire de ses proches. J'ai trouvé que le pillage émotionnel ici est encore plus flagrant que dans ses autres livres, quoique Yoga ne donne pas sa place dans le style « je me moi ». Pourtant, Yoga fut un de mes coups de coeur, tandis que celui-ci m'a plutôt déçue. Mon mari et moi avons tout de même convenu que Carrère demeure un sacré conteur sachant tourner ses phrases.
Commenter  J’apprécie          120
DOULOUREUSE DECHIRURE
Un Roman russe est une tranche de vie de l'auteur Emmanuel Carrère, il y raconte une recherche et une relation.
Emmanuel Carrère raconte sa recherche d'un fantôme familial, son grand-père maternel. C'est l'occasion pour lui de se rendre plusieurs fois dans une ville perdue de la grande Russie. Il y recueille les témoignages des habitants. Là bas un événement tragique survient. Sa quête passe aussi par la lecture de lettres que son grand-père a écrit. A travers cette correspondance Emmanuel Carrère découvre un homme épris d'un idéal, un homme hors du commun qui dit ne pas être fait pour son époque. Ce fantôme hante l'auteur et le récit sur toute sa longueur.
Les pensées d'Emmanuel Carrère sont toutes livrées avec le soucis du détail. Ses pensées sont tourmentées, torturées mêmes. Sa relation d'abord très physique avec Sophie est expliquée et analysée. Ils vivent et s'aiment mais n'appartiennent pas au même monde. La société telle qu'elle est les empêche de s'épanouir dans une relation durable. Chacun sait cela. Ils pourraient transformer l'essai et faire en sorte que cela dure. Mais Sophie à aussi un autre homme, un autre amour. Un amour plus conventionnel, plus sur. Sophie ne peut et ne veut donner son coeur qu'à un seul homme. L'auteur imagine un scénario très original pour montrer son amour à Sophie. le réel se charge d'exécuter ce scénario et les difficultés commencent.
Au final ce roman traite de la relation au temps, des relations humaines, des liens entre réel et imaginaire et de la douleur des séparations. Emmanuel Carrère nous emporte dans un tourbillon authentique d'envies, d‘obsessions, d'érotisme et de peur.
Lien : http://short-edition.com/fr/..
Commenter  J’apprécie          120
Jusqu'à environ 80% de ma lecture, je pensais que ma critique allait être un éloge de Sylvain Tesson qui parle bien plus bellement de la Russie, avec une langue autrement plus fine, poétique et drôle, en parlant à la fois de lui mais avec un détachement et une prise de hauteur qui fait que c'est intégré, intégrable, dans le monde vivant et vif qu'il décrit. Je pensais que j'allais ne parler que de ça, pour bien montrer à quel point Emmanuel Carrère fait partie de ces auteurs (...) contemporains qui n'apportent rien que de la boue sur laquelle les vraies fleurs poussent. Tesson étant, au fur et à mesure de mes lectures d'auteurs actuels, en train de devenir une de ces fleurs.

Puis, quand même, ce connard de Carrère, qui me ressemble sur certains points, insupportable, connard égocentrique à mourir, à tuer, et il ose écrire ça, il ose... Je ne peux pas ne pas lui reconnaître un certain courage. Un certain romantisme aussi. Même si tout semble tourner autour de lui... C'est très étrange. Et il survalorise chaque fois, tout en détruisant aussi chaque fois, la femme qu'il aime... Bon, et ce triangle "amoureux" parlera sans doute à ceux qui... Putain d'amour...

Peu supportable, l'impression que Carrère se sert d'histoires dures ou du pathétique, comme cette petite ville russe, pour servir son histoire à lui, sa petite vie.
C'est ça, il se raconte et donc on peut détester cette histoire et son histoire parce que qui est Emmanuel Carrère, au fond... On s'en fout. Ou bien alors Emmanuel Carrère est un humain, un humain qui raconte ce qu'est un humain, et dans ce cas, pourquoi pas, pourquoi pas lui...
(Merci de ne pas tous publier vos vies, comme Carrère, il y a déjà bien trop de livres sur terre.)

Je finirai cette critique comme je l'ai commencée, en conseillant de lire Sylvain Tesson.
Commenter  J’apprécie          110
Emmanuel Carrère dans ce roman s'expose comme jamais, et explose sans crainte tous les tabous et non-dits familiaux, conjugaux. Il se libère de l'histoire trouble de son grand-père maternel, évoque ses déboires sentimentaux, etc., quitte à choquer, heurter ses proches, voire ses lecteurs. Mais il fait aussi preuve d'une grande honnêteté vis-à-vis de ses failles et défaillances personnelles, et au final nous livre un roman extrêmement émouvant et courageux.
5 étoiles
Commenter  J’apprécie          110
Ce roman m'a vraiment déplu. Il est très représentatif d'une certaine littérature française incapable d'aborder l'universel. Pédant et narcissique, le roman d'Emmanuel Carrère n'a qu'un sujet: lui. Et on est prié de s'apitoyer avec l'auteur sur la terrible condition de fils de riche déprimé et rongé par les malheurs supposés d'un grand père alibi qui justifient à eux seuls le niveau zéro de l'empathie qui caractérise le héros. le genre de livre qui ne nous apprend rien sur la société dans laquelle nous vivons.
Commenter  J’apprécie          110
Après avoir fini sur les rotules l'Adversaire, le récit de la vie de mensonges de Jean-Claude Romand et son épilogue meutrière, Emmanuel Carrère ressent le besoin de se tourner vers l'extérieur en faisant un retour au journalisme. On lui propose de couvrir l'étonnante histoire d'un hongrois, fait prisonnier par l'armée rouge, puis littéralement oublié pendant un demi-siècle dans un hôpital psychiatrique d'une lamentable petite ville russe, Kotelnitch. C'est aussi une façon de renouer avec les origines, bien que ce bled calamiteux n'ait rien à voir avec les ascendants aristocratiques du côté maternel d'Hélène Carrère d'Encausse. C'est surtout l'occasion d'aborder, pour son salut d'écrivain et d'homme, le tabou absolu de la figure du grand-père maternel, homme insatisfait et torturé, au passé trouble durant l'occupation et qui a disparu à Bordeaux le 10 septembre 1944. En parallèle à cette confession qui ressemble à une mise en danger, l'auteur se dévoile remarquablement dans une histoire d'amour destructrice et complexe où il se révèle aussi tourmenté que son aïeul. Enfin pour parachever le récit, le voyage à Kotelnitch prend un tout autre tour, l'auteur y retourne à plusieurs reprises pour y tourner un film-documentaire qui recevra d'ailleurs comme consécration d'être sélectionné à la Mostra de Venise.

Un roman russe est une oeuvre à la démarche autobiographique composé donc de plusieurs récits imbriqués. L'ensemble est vraiment passionnant dans sa recherche d'authenticité. L'auteur se met ainsi à nu, à mille lieux de vouloir paraître à son avantage, on y découvre un être avec ses démons et ses faiblesses. du courage en littérature.
Commenter  J’apprécie          101
Avis partagé concernant la lecture de ce roman biographique qui sert plus à l'auteur en tant que psychanalyse qu'au lecteur qui subit la plupart du temps de longs passages sans grand intérêt. Ce livre étant primé, je n'ai décerné que deux étoiles car on attend plus d'un livre qui reçoit une distinction et se trouve donc dans l'obligation d'apporter une plus-value au lecteur.

Or, ici des états d'âmes et une souffrance qui peuvent mettre mal à l'aise car nous ne sommes pas intime avec Emmanuel Carrère et il ne tient pas à créer une familiarité qui lui semblerait superflue. Un livre écrit pour une seule personne sa mère et accessoirement pour son ex compagne à laquelle son hommage plus que maladroit tout le long de l'histoire ne la met vraiment pas en valeur.

Par curiosité, je tenterai de lire un autre livre.

Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (2723) Voir plus



Quiz Voir plus

Limonov

Limonov a fondé le parti national-bolchevique. Ses sympathisants sont …

des nasbols
des lepénistes
des zeks

8 questions
183 lecteurs ont répondu
Thème : Limonov de Emmanuel CarrèreCréer un quiz sur ce livre

{* *}