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sur 184 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Alors que Noël approche, en cette année 2016, Claude, elle, est loin d'avoir le coeur à la fête. Si les commerçants dont elle se méfie, aussi bien de leur sollicitude que de leur fausse empathie, lui demandent des nouvelles de son fils, Paul-Marie, elle élude les questions. Pour autant qu'elle sache, il a pris sa voiture sans rien dire et a filé sur la route de Digne, il y a des jours de cela. Des années comptable à la mairie, il a été visé par un arrêté de suspension administrative suite à une accusation de viol. Une fois rentrée chez elle, elle ferme toutes les fenêtres, éteint la plupart des lumières et prévient son Paulo, caché dans le grenier, que le dîner va être servi...
Quelques mois plus tôt, en avril, Enzo, 20 ans, atteint d'une déficience intellectuelle, aime par dessus tout son travail au centre, où il s'occupe des chèvres et aide à la fromagerie, regarder des vidéos, les sorties au centre commercial et les Pokémon. S'il est suivi par une thérapeute, il est surtout surprotégé par sa maman, Geneviève, qui s'inquiète beaucoup pour lui. Elle craint d'ailleurs sa réaction lorsqu'elle va devoir lui annoncer que son père n'est pas encore prêt à l'accueillir pour les vacances d'été. Pour l'occuper, elle lui a trouvé un stage aménagé de deux mois à la mairie...

Au coeur de ce village de Provence, les ragots et les rumeurs vont bon train. Une accusation de viol et voilà Paul-Marie au pilori de la vindicte populaire. Aussi, sa mère, Claude, aujourd'hui septuagénaire, qui en a vu d'autres, n'a d'autre choix, et ce pour plusieurs raisons, de le protéger en le cachant. Pour comprendre les tenants et les aboutissants, Mickaël Brun-Arnaud alterne passé et présent, déroulant les événements de l'année 2016 mais aussi l'enfance et l'adolescence de Paul-Marie, marquées par le sceau de la violence et de la différence, protégé par son grand frère, mais aussi l'éducation qu'a reçu Claude, élevée à la dure, et celle d'Enzo qui se cherche et tente de se défaire de sa mère. Ce roman choral, donnant voix à Claude, Paul-Marie et Enzo, trois âmes cabossées et malmenées par la vie, est d'une violence sourde et d'une noirceur extrême qui ne laisse espérer aucune lueur. Si ces personnages, que l'on découvre peu à peu, deviennent touchants par leur manière d'être et d'agir, leurs histoires n'en sont que plus poignantes, émouvantes parfois mais aussi dures, la plume brute, incisive et sans concession de l'auteur accentuant cette ambiance tendue, oppressante, âpre, brutale. Un roman terrible, dramatique et amer sur les préjugés, les on dit, les différences et l'intolérance...
Désespérément noir...
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Qui peut dire ce qui s'est vraiment passé dans ce petit village de Provence où les préjugés sont rois de tous les commérages et où l'on condamne sans savoir ? Que s'est-il passé entre Paul-Marie, fonctionnaire quadragénaire, bien sous tous rapports et Kevin, son stagiaire, jeune adulte limité intellectuellement ?

Paul-Marie, Kevin et leurs mères respectives, Claude et Geneviève, nous livrent tour à tour leurs histoires dans un roman choral extrêmement bien construit. Passé et présent se rencontrent et se répondent dans un récit fait de fatalité, de drame, de tendresse, d'amour et de différence.

Un premier roman adulte fort réussi pour Mickaël Brun-Arnaud, où la galerie de personnages sont tous plus attachants les uns que les autres. Claude, femme très drôle grâce a son franc parlé, qui ferait tout pour protéger ses enfants malgré la vie qu'elle traine. Paul-Marie est tout aussi attachant, il doit cacher sa vie, ses sentiments, sa liberté pour ne pas déranger et subir les préjugés de ce village reculé ; obligé de revenir chez sa mère pour se cacher dans le grenier à la suite d'accusation sans preuve, puis de la maladie qui vient tout détruire.

Et enfin, Enzo, jeune homme atteint de déficience intellectuelle, qui est un peu perdu dans sa vie et ses sentiments, avec une mère, Geneviève omniprésente. Un récit où les figures maternelles sont très habillement pensées et décrites : d'un côté Claude qui mène une vie tel un chemin de croix menée d'embuche et Genevieve qui est la vraie maman poule qui asphyxie son fils.

Un roman très rythmé, sans temps mort, un roman choral et social où chaque personnage se raconte et où le suspense court jusqu'à la dernière page. Des personnages qui ont juste besoin d'amour mais d'un vrai amour sincère dans une société non fermée et qui n'a pas peur de la différence.
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De certains livres on a envie d'en dire le moins possible. On a juste envie de les faire découvrir au plus grand nombre tout en espérant que l'émotion ressentie à leur lecture soit partagée par tous. Et que d'émotions en refermant ce beau roman.
Je l'ai commencé par curiosité sans rien avoir lu sur lui avant et j'ai pris une énorme claque ! Tour à tour il m'a fait passer par la curiosité, par le sourire ou même le rire, par la colère et le dégoût, par la tristesse et la tendresse. Un tourbillon d'émotion inattendu qui m'a fait engloutir ce roman en quelques heures, curieuse de comprendre l'enchainement des évènements, bluffée par l'acuité de l'auteur à décrire l'ambiance délétère des petites villes de province, émue par la puissance des sentiments qui s'en dégage.
Pour vous convaincre de le lire, je vous dirai seulement que c'est un roman choral qui vous plongera dans une petite ville du Vaucluse entre 97 et 2017. Une ville du Lubéron bénie des touristes, mais qui abrite en son sein « la laideur, le jugement, l'intolérance ». « C'est somptueux la Provence. Somptueusement laid quand on regarde de près ». Une ambivalence qui se retrouve dans tout le roman, dans l'opposition entre la douceur et la naïveté de Paul Marie et Enzo, et la méchanceté de quasiment tous ceux qui les entourent. Deux garçons fragiles et différents, deux âmes pures, deux innocents, confrontés, à une génération de distance, à la bêtise humaine et à la vindicte populaire.
Avec réalisme, avec dureté, avec humour mais avec subtilité aussi, l'auteur aborde la question de la différence et sa confrontation aux préjugés et à la rumeur. Il porte un regard sans concession sur les effets délétères de ces pères fuyants ou maltraitants, de ces mères silencieuses ou clairement abusives, sur le poison de la rumeur et sur la cruauté qui règne dans ces vallées closes où l'on est prisonnier.
C'est dur, c'est brut, c'est révoltant, mais je suis sûre que vous le refermerez le coeur en vrac et la gorge serrée. Dernier argument, si vous avez aimé « Les ailes collées » et « Glen Affric », plus aucune excuse. Ce livre est fait pour vous !
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Qu'est-ce qu'un coup de poing littéraire?
C'est ce roman que vous ne voyez pas arriver. Ce roman qui commence tranquillement, sans que vous sachiez vraiment où il va vous emmener.
Jusqu'à ce qu'il se referme sur votre coeur et vos tripes pour vous porter jusqu'à la fin du voyage.

C'est ce que j'ai vécu avec « Les vallées closes » de Mickael Brun-Arnaud paru hier

Dans ce roman, nous rencontrons Claude, la mère, Paul-Marie, son fils, et Enzo, jeune homme porteur de handicap.
Trois êtres que la vie n'a pas épargnés. Trois êtres qui se sont construits, comme ils ont pu.

Mais voilà. La différence frappe aux portes quand on ne l'attend pas. Et la différence, parfois, condamne à mort.

Que sait-on de ce qu'il s'est passé cette fameuse nuit où Paul-Marie a recueilli chez lui Enzo, qui souffre d'une déficience mentale?
Rien. Mais ici, où les vallées sont aussi closes que les coeurs, on juge et on condamne, sans savoir. On met au pilori.

Et Paul-Marie, comptable respecté un jour, se voit obligé de se cacher dans le grenier de sa mère pour échapper à la violence de l'opinion populaire, comme un criminel.

Dans ce roman choral, on déplie le voile du passé de ces trois personnages cabossés, mais tellement attachants. On les suit dans cette vague où cette fameuse nuit dont on ne sait rien les entraîne, irrémédiablement.

Le langage est cru, brutal. Violent parfois. le voyage bouscule. Il égratigne.

Ici, tout accuse. Juges et bourreaux, les esprits glacés n'auront de cesse de réduire à néant cette odieuse différence qui choque, qui dégoûte, qui repousse.

Des vies brisées pour des différences que l'on a pas su/voulu accepter. Quel gâchis.
Je referme ce livre le coeur serré.
Pour Claude qui n'a pas su protéger son fils. Pour Paul-Marie qui n'a pas pu protéger son coeur. Pour Enzo que l'on a trop protégé.
Et pour toutes les personnes qui un jour, ont subi l'opprobre.

Combien de regards ont changé dans notre monde lorsque la différence a éclaté en plein jour?
Combien de dos tournés, de portes closes?
Combien d'insultes et de condamnations?

Mais dans ce roman, comme dans ce monde, les monstres ne sont pas ceux que l'on met au bûcher. Les vrais monstres se cachent derrière des masques de bien-pensance, de tradition, de respectabilité.

Merci Mickaël pour ces personnages qui resteront longtemps avec moi, comme des gardiens de tolérance et d'amour.
Merci d'avoir partagé avec nous cette histoire qui nous rappelle que la différence n'est pas un fléau, et que trop de gens en souffrent encore.

Je vous recommande cette lecture, et la vidéo dans lequel l'auteur présente son roman, que vous pouvez retrouver sur la page des éditions Robert Laffont.
Elle éclaire ce roman d'une façon parfaite
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Le quotidien de Paul-Marie, employé de mairie et quadragénaire bien sous tous rapports, bascule une nuit d'août lorsqu'il recueille chez lui son jeune stagiaire Enzo, atteint de déficience intellectuelle. Dans les vallées closes de ce petit village reculé du Luberon, en Provence, les bouches colportent les rumeurs et les langues diffusent leur venin, trop souvent destructeur. Paul-Marie n'a alors d'autre choix que de (sur)vivre caché dans le grenier de sa mère Claude.

Ce roman choral, véritable drame social porté par ses trois dignes personnages, est une bouleversante histoire qui parle de différences, d'intolérance, du poids des "on-dit" lorsque la vérité importe peu, de leurs conséquences, et de l'amour quand il est finalement trop douloureux d'aimer.

Cette lecture m'a beaucoup touché, puisque j'ai reconnu dans quelques scènes et certains sentiments des personnages le garçon que j'étais plus jeune, découvrant, construisant puis forgeant mon identité.

Toujours aussi fluide et agréable à lire, le style de l'auteur, plus brut et parfois très cru ici, m'a de prime abord quelque peu surpris, mais vraiment énormément plu. Il se marie à l'histoire racontée : la plume se durcit, à l'image de la vie des personnages.

Comme le résume si joliment l'auteur, c'est finalement un vibrant hommage à tous ceux qui parlent peu mais sur qui on parle beaucoup.
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Un uppercut littéraire, un immense coup de ❤️.

📚 Deux familles. La famille Bonnefoy, un père machiste, une mère incapable de donner de l'affection et deux enfants, Dany L aîné qui protège son frère Paul-Marie.
Puis le couple Maurel avec leur fils Enzo trisomique qui travaille dans une chèvrerie. La mère Geneviève est castratrice et le père Vincent est parti à cause d'Enzo.
Toute la question est de savoir ce qui s'est passé cette fameuse nuit ?

📗 Si vous cherchez un roman lumineux passez votre chemin, ce roman est noir à souhait, seul un léger filet de lumière franchira ces pages
Trois personnages que l'on découvre, on s'imisce dans leurs histoires, leurs ressentis. La vie ne leur a pas fait de cadeaux.
En plus ils habitent un village retiré où les préjugés sont tenaces. Là bas on marque sa virilité en cognant sa femme, en allant à la chasse et en buvant.
Pas de place pour la sensibilité chez un homme sous peine de passer pour une fiotte, une mauviette.
Le maître mot pour les garçons : s'endurcir.

📘 La différence est source de conséquences terribles, elle permet le lynchage gratuit. Plus de clémence, l'homosexuel est un pédophile en puissance et ce jugement est dans appel !

📙 Une plume à la fois soutenue et familière, des expressions savoureuses qui m'ont permis de reprendre mon souffle.
L'auteur transmet avec tant de réalisme et de justesse la souffrance et la douleur.
Les 3 personnages sont saisissants, chacun enfermé dans une solitude extrême.
J'ai été émue aux larmes par la puissance des émotions dans une scène en particulier.

Un livre d'une puissance rare que je vous recommande.
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Chronique d'un drame quasi à huit-clos dans un petit village provençal, où médisances, bêtises, drames humains, homosexualité, tares familiales se mélangent pour une fresque d' une grande crudité et violence mais aussi une si forte sensibilité et illustration d'une grande pureté des sentiments. S'échelonnant entre 1997 et 2017, l'auteur, par un jeu de miroirs non chronologique passe d'un témoignage à un autre les principales et principaux protagonistes et cela jusqu'au dénouement de ce drame.

La toile de fond de ce premier roman est effectivement une chronique dans un coin de Provence où les mentalités sont souvent très fermées et critiques. Des témoignages de femmes de caractère, souvent trahies par les hommes de leur vie et particulièrement leurs maris, mais très fusionnelles avec leurs fils, à la fois si fortes et faibles. D'un côté Claude et ses deux nièces Véronique et Nath, les principaux satellites de la vie de Paul - Marie et de l'autre Geneviève, la mère d'Enzo, autre protagoniste masculin majeur de ce roman. Toutes ces femmes ont eu des histoires compliquées avec des maris pour certains d'une bétise rare et crasse, d'esprits étroits ou tordus pour d'autres lâches et fuyants. Mais chacune d'elle a voulu protéger un fils et un cousin en cancer du pancréas en phase terminale et accusé à tort de pédophilie ; Paul-Marie (Claude, Nath et Véronique) et un enfant trisomique ; Enzo (Geneviève) et s'opposer parfois.

Puis il y a les deux protagonistes majeurs de ce roman: Paul - Marie et Enzo.

Paul - Marie, homosexuel marqué par la mort de son frère (considéré comme un ange gardien) et par un père violent et pervers, découvrant ses préférences sexuelles marquées pour le petit ami puis mari de sa cousine, Véronique, dans un village aux mentalités plutôt attardées. L'homosexualité n'est ici pas admise et franchement rejetée, jugée contre - nature et honteuse.

Enzo, jeune homme marqué par sa nature trisomique, fils unique de Geneviève plus qu'intrusive et fusionnelle, abandonnée par son mari pour une autre femme et n'acceptant pas l'état de son fils et de son couple. Sous médicaments avec une tendance à l'alcoolisme, ne se remettant pas sa séparation, Geneviève ne veut admettre que son fils ait pu se sentir attiré par un autre homme, va volontairement transformer un début d'histoire d'amour consenti librement en un viol d'un adulte sur un jeune adulte déficient et le faire savoir dans toute la communauté villageoise. Son homosexualité déjà rejetée par le village, il va maintenant considérer Paul - Marie comme un pédophile, l'obligeant à se terrer dans la maison de sa mère alors qu'il développe un cancer du pancréas fulgurant. le lecteur est alors projeté dans le récit de la rumeur, de la haine, des actes criminels que tout le village va nourrir à l'encontre de Paul - Marie et plus particulièrement de Claude, sa mère qui le cache.

L'ensemble des témoignages de chacun des protagonistes à différentes étapes de ce drame se croisent, se heurtent avec aussi des passages d'une grande sensibilité et humanité.
Lien : https://passiondelecteur.ove..
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LES VALLEES CLOSES DE MICKAEL BRUN ARNAUD

L'auteur de mémoires de la forêt est aussi très bon dans le genre noir !

Une excellente lecture avec ce roman sombre ! Grâce à sa plume tranchante, l'auteur nous emmènes dans les tréfonds des petits villages. Les ragots, les rumeurs et les jugements sont de mises et condamneront les personnages à surpasser l'impensable !

Des personnages réalistes et humains qui permettent d'aborder plusieurs sujets : le handicap, le jugement, la maladie, la confiance, les liens familiaux. Nous sommes clairement dans un livre traitant d'un thème ignoble : la pédophilie ! D'ailleurs la capacité de jugement est ici traité avec brillance : sommes nous condamner par la société ou par la justice ?

Malgré un contexte rustre et campagnard, l'auteur utilise toutefois un vocabulaire soutenu qui donne un contexte angoissant au récit.

Des situations malaisantes, de l'humour noir, de l'ironie et de la rancoeur viennent agrémenter cette histoire pour y donner de la puissance et de l'intérêt !

Pour les fans de romans noirs je vous le conseille vivement !
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L'ambiance des « vallées closes » est celle des campagnes, dans un petit village où tout le monde se connaît, et où les ragots vont bon train. Mickaël Brun-Arnaud décrypte le drame social qui se joue dans ces petits bourgs de campagne où l'intolérance fait rage, où les coeurs sont verrouillés, et la parole est barricadée derrière des portes fermées à double tour.

Qui peut dire ce qui s'est vraiment passé dans ce petit village de Provence où les préjugés sont rois de tous les commérages et où l'on condamne sans savoir ? Que s'est-il passé entre Paul-Marie, fonctionnaire quadragénaire, bien sous tous rapports et Kevin, son stagiaire, jeune adulte limité intellectuellement ?

Paul-Marie, Kevin et leurs mères respectives, Claude et Geneviève, nous livrent tour à tour leurs histoires - dans une alternance sans chronologie - jusqu'à la révélation finale.

Dans ce roman choral, plusieurs personnages prennent la parole à différentes époques : les voix de Claude, Enzo et Paul-Marie se succèdent. On comprend très vite que Paul-Marie a dû abandonner son poste de comptable à la mairie et toute indépendance pour rester caché dans le grenier de sa mère Claude. Que lui reproche-t-on ? Pourquoi une telle vindicte populaire contre lui ? Un troisième personnage, le jeune Enzo vient épaissir l'histoire. Tout cela contribue à une ambiance très singulière et une montée en tension progressive jusqu'à cette révélation finale des dernières pages.

Les thématiques abordées sont nombreuses et il serait dommage d'en dire trop et de « divulgâcher » mais il s'agit là d'un roman sur la différence, qu'elle soit visible ou invisible, et sa confrontation aux préjugés et à la rumeur.

C'est aussi un récit qui parle de maternité sous le prisme de deux femmes : Claude, mère de Paul-Marie et Geneviève, mère d'Enzo. L'une en a vu de toutes les couleurs, mais cache ses souffrances aux yeux du monde, l'autre compose avec le handicap visible de son fils et a une nette tendance à l'étouffer. Ce qui les rapproche incontestablement est l'amour qu'elles vouent à leurs enfants même si elles l'expriment très différemment.

Malgré la gravité des sujets traités, Mickaël Brun-Arnaud fait preuve d'un humour mordant qui permet au lecteur de souffler un peu malgré l'extrême dureté de certains passages et la tension croissante du récit.

Ce qui surprend dès les premières pages, c'est cette ambiance si singulière et étouffante dépeinte avec une grande précision et une plume incisive. L'auteur ne laisse pas le soin au lecteur de deviner les choses, il les décrit avec force et en détail. On sent les odeurs, on voit se dérouler les scènes devant nos yeux, on ressent les douleurs. Ainsi, se côtoient de beaux passages poétiques avec des scènes d'une grande brutalité.

C'est la force première du roman que d'inclure ces envolées poétiques au coeur de la campagne profonde avec ses hommes taiseux et une misère sociale soulignée – avec peut-être un peu trop d'insistance – tout au long du récit.

Un roman choral et social, très rythmé, sans temps mort, où chaque personnage se raconte et où le suspense court jusqu'à la dernière page. Une narration « coup de poing », très crue, sublimée par une description acérée des campagnes françaises et une galerie de personnages tous différents mais qui ont en commun un véritable besoin d'amour dans une société de rejet, intolérante, effrayée et scandalisée par la différence.
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Une lecture que je n'oublierai pas de sitôt !
C'est très difficile pour moi de décrire ma lecture et mes réactions, sans trop en dire. Je pense que la meilleure façon de découvrir ce roman est de le lire dans trop en savoir : cette citation est un beau résumé pour moi... "Comment ce monde incolore avait-il eu la cruauté, l'impertinence, la folie, de faire naître en son sein un garçon en couleur ?".
J'ai été très émue par les destins des trois protagonistes principaux, j'ai été emportée par l'écriture parfois brutale de l'auteur et j'ai refermé le roman avec un sentiment doux amer. L'histoire est parfois difficile à lire, elle porte un poids, une tristesse diffuse que je vais garder en moi encore longtemps. Mais je suis heureuse de l'avoir lue et d'avoir découvert la plume de Mickaël Brun-Arnaud.
Malgré la narration à la troisième personne, ce roman choral rend les personnages attachants. L'écriture est parfois crue, souvent dure, mais elle est à l'image de ce village isolé, où les gens vivent ensemble, mais pas en harmonie. J'avais parfois la boule au ventre en lisant ce livre et en imaginant la suite, c'est pourquoi je l'ai lu en trois jours. "Les vallées closes" c'est une ode à la différence, une incitation à l'amour, et la dénonciation de l'intolérance encore trop présente de nos jours.
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