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Critique de marina53


Alors que Noël approche, en cette année 2016, Claude, elle, est loin d'avoir le coeur à la fête. Si les commerçants dont elle se méfie, aussi bien de leur sollicitude que de leur fausse empathie, lui demandent des nouvelles de son fils, Paul-Marie, elle élude les questions. Pour autant qu'elle sache, il a pris sa voiture sans rien dire et a filé sur la route de Digne, il y a des jours de cela. Des années comptable à la mairie, il a été visé par un arrêté de suspension administrative suite à une accusation de viol. Une fois rentrée chez elle, elle ferme toutes les fenêtres, éteint la plupart des lumières et prévient son Paulo, caché dans le grenier, que le dîner va être servi...
Quelques mois plus tôt, en avril, Enzo, 20 ans, atteint d'une déficience intellectuelle, aime par dessus tout son travail au centre, où il s'occupe des chèvres et aide à la fromagerie, regarder des vidéos, les sorties au centre commercial et les Pokémon. S'il est suivi par une thérapeute, il est surtout surprotégé par sa maman, Geneviève, qui s'inquiète beaucoup pour lui. Elle craint d'ailleurs sa réaction lorsqu'elle va devoir lui annoncer que son père n'est pas encore prêt à l'accueillir pour les vacances d'été. Pour l'occuper, elle lui a trouvé un stage aménagé de deux mois à la mairie...

Au coeur de ce village de Provence, les ragots et les rumeurs vont bon train. Une accusation de viol et voilà Paul-Marie au pilori de la vindicte populaire. Aussi, sa mère, Claude, aujourd'hui septuagénaire, qui en a vu d'autres, n'a d'autre choix, et ce pour plusieurs raisons, de le protéger en le cachant. Pour comprendre les tenants et les aboutissants, Mickaël Brun-Arnaud alterne passé et présent, déroulant les événements de l'année 2016 mais aussi l'enfance et l'adolescence de Paul-Marie, marquées par le sceau de la violence et de la différence, protégé par son grand frère, mais aussi l'éducation qu'a reçu Claude, élevée à la dure, et celle d'Enzo qui se cherche et tente de se défaire de sa mère. Ce roman choral, donnant voix à Claude, Paul-Marie et Enzo, trois âmes cabossées et malmenées par la vie, est d'une violence sourde et d'une noirceur extrême qui ne laisse espérer aucune lueur. Si ces personnages, que l'on découvre peu à peu, deviennent touchants par leur manière d'être et d'agir, leurs histoires n'en sont que plus poignantes, émouvantes parfois mais aussi dures, la plume brute, incisive et sans concession de l'auteur accentuant cette ambiance tendue, oppressante, âpre, brutale. Un roman terrible, dramatique et amer sur les préjugés, les on dit, les différences et l'intolérance...
Désespérément noir...
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