Ann n'avait jamais vu une telle expression sur un visage humain. Elle avait souvent été l'objet de regards lascifs en parcourant les rues de New York, mais les traits de Kong reflétaient une indicible innocence alors qu'il se penchait pour la caresser du bout d'un doigt. Elle réalisa qu'il la désirait, mais pas à la façon d'un prédateur urbain.
Ses yeux bizarrement humains brillaient de... d'adoration, d'une vénération pure, candide.
Il pensait sans doute qu'il la protégeait. Pendant un bref moment, Ann éprouva un élan de... pitié, d'affection, de dégoût ? Elle ne pouvait le dire. Dans l'état d'épuisement et de peur dans lequel elle se trouvait, le coeur prêt à éclater, ses émotions fluctuaient follement et elle éprouvait le sentiment de flotter entre la vie et la mort. A cet instant, elle n'aurait pu dire si elle était dans le monde réel ou dans un rêve.
A l'apogée de l'impérialisme européen, conquistadors et marchands achetaient des îles et des contrées entières contre des perles de couleur. Au XXIème siècle, nos données personnelles sont probablement la ressource la plus précieuse que la plupart des humains puissent encore offrir, et nous les donnons aux géants de la technologie en échange de service de messagerie et de vidéos de chat.
Seuls les vivants semblent incohérents. La mort clôt la série des événements qui constituent leur vie. Alors on se résigne à leur trouver un sens. Le leur refuser reviendrait à accepter qu’une vie, donc la vie, est absurde. La tienne n’avait pas encore atteint la cohérence des choses faites. Ta mort la lui a donnée.
Je me rendis compte que ce qui ressemblait à une froide efficacité était en fait un moyen de se préserver. La nécromancienne dure et sérieuse, le cœur insensible aux supplications des morts. Serait-ce aussi mon destin ? M’endurcir jusqu’à pouvoir jeter cette lettre dans la poubelle sans me poser une seule question ? Je ne voulais pas devenir comme ça. Jamais.
Quand on était vivant, le visage, des expressions, la lumière dans les yeux, la forme d'un sourire, tout était tellement important !
Ils étaient un langage à eux seuls, ils étaient le miroitement de l'âme...
Avec le temps, même les souvenirs semblaient disparaître. Ettore avait beau chercher, fouiller sa mémoire, les images devenaient imprécises, plus floues. Tout le ramenait au paysage désolé et aride. La chaleur brouillait son esprit et avait dompté chaque muscle de son corps : elle l’avait écrasé et vaincu. Les quelques reclus, comme lui, étaient désormais seuls et soumis. L’esprit de certains camarades avait fléchi. Ils avaient cédé, abandonné tout goût de liberté ou de combat, oublié ce qui les avait amenés à Lipari.
Je pourrais dire : Pas de souffrance dans mon enfance = pas de livres publiés = pas d’argent = pas de liberté possible. Je pourrais dire que la souffrance et la liberté sont les deux moments d’un même processus, les deux mouvements d’une même partition.
Une grande soirée, c’est quand un client réserve la Maison pour inviter ses amis. Ces soirs-là, un vrai orchestre remplace les cylindres du phonographe et le champagne inonde la Perle Pourpre. Mais surtout on ne doit rien refuser à aucun client, Gisèle est très stricte là-dessus.
Une foule n'est qu'une tête vide que l'on tourne à sa guise.
Tout problème profane un mystère; à son tour, le problème est profané par la solution.
Tiens, tiens ?! Et bien moi, je me moque de tes 24 heure du Mans ! Ce qui me préoccupe C’EST MA MACHINE À COUDRE ! ELLE EST EN PANNE ET IL FAUT LA RÉPARER !
Ceux qui avaient, il y a bien longtemps, commencé à critiquer l’économie politique en la définissant comme « le reniement achevé de l’homme » ne s’étaient pas trompés. On la reconnaîtra à ce trait.
Nous allons beaucoup nous amuser tous les deux, Gabrielle,... Me glisse t-il.
A partir de toutes ces informations, Françoise pose des questions sur le pouvoir accordé à chaque sexe. Les Samo, par exemple, pensent que le père donne le sang à l'enfant et la mère la chair et les os. Comment expliquer cela ? Par l'importance et le primat donnés au sang dans la civilisation samo.
Sans vouloir contrarier celles et ceux qui croient toujours en une nature
profonde et immuable expliquant nos comportements sociaux : tout cela n’a
rien d’inné. La virilité, c’est un attribut que l’on obtient en fonction de son
obéissance aux attentes genrées. Tu es hétéro, bon point. Tu es musclé, bon
point. Tu lis, portes des lunettes et parles de tes sentiments ? Carton jaune.
Tu préfères la compagnie des femmes, tu te maquilles ou tu fais du patinage
artistique ? Carton rouge. L’hétérosexualité, tout comme l’école, est une
institution. C’est une institution dans le sens où il s’agit d’une structure
sociale dotée d’une certaine stabilité et durabilité dans le temps, et ayant
pour fonction de maintenir un état social. C’est un mode de régulation des
interactions sociales vouées à se reproduire et à se transmettre. Toute
institution sociale se présente comme un ensemble de croyances, de
normes, d’attitudes et de pratiques. Dans le cadre de l’institution
hétérosexuelle, les individus nommés les « hommes » et les « femmes » y
prennent part et reproduisent ses commandements tout en les élaborant. En
reproduisant ces comportements, ils et elles font perdurer l’institution. Or,
cette structure sociale est si ancienne qu’elle peut nous sembler immuable et
nécessaire. Elle régule nos interactions sociales, conditionne notre façon de
marcher, nos mimiques, nos goûts, notre manière de nous habiller et
d’interagir avec les autres. Elle repose sur un ensemble de croyances, de
dogmes, de normes, de pratiques et d’attitudes qui nous paraissent aller de
soi. Ainsi, l’hétérosexualité modèle le genre et ses expressions, les
personnes qui se conforment à ses règles sont valorisées et encouragées
socialement.
L’évaluation virile sert à classer les hommes entre eux et à récompenser
ceux qui obtempèrent docilement. Or, si l’on s’attarde sur ces critères, le
bon élève chez l’homme hétérosexuel, c’est qui, si ce n’est un homme de
paille ?
C’est mon anniversaire aujourd’hui. Six ans.
Je ne sais plus trop comment c’était les autres années, je n’arrive pas à me souvenir. Maman dit que c’est normal, qu’on oublie ce qui se passe quand on est petit. Moi, je me rappelle de moins en moins de choses. Ma tête est tout le temps bizarre, remplie d’une bouillie où tout se mélange.
Mais, depuis longtemps, elle avait appris qu’il était des choses qu’une taupe n’était pas en mesure de changer. La liberté se réduisait à trouver le courage d’affronter lucidement tant l’ombre que la lumière qui venaient de la Pierre
De cette différence des sexes Françoise fait découler plusieurs interrogations : pourquoi cette différence- qui par nature n'est pas une inégalité- aboutit-elle à un système de domination d'un seul sexe, le sexe masculin ? Sur quelles chaînes symboliques et sensibles, l'espèce humaine s'est-elle appuyée pour se mettre sous le joug masculin ? Françoise pose des questions qui peuvent sembler naïves.
…C’est quand tu partages tes rêves avec tes amis que tout devient vraiment extraordinaire!
La honte est une mémoire.