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Citations à l'affiche
- Je ne veux pas que tu sois blessée.

- Je n'ai pas peur de ça.

- C'est parce que tu as vingt et un ans.

- Non, c'est parce que ma génération va assister à la fin de la civilisation.

- Quoi ?

- La possibilité d'espace vital pour toutes les activités humaines est presque épuisée. Chaque goutte de pluie qui tombe n'importe où sur cette planète, chaque flocon de neige est plein de poisons éternels. Il y a un million d'enfants destinés au marché du sexe, deux mômes vendus chaque minute. L'extinction de treize espèces chaque jour. Et ça continue, dans tous les domaines. C'est ça qui me fait peur, et j'ai peur de n'être qu'une autre tête de nœud sur Facebook qui n'y peut absolument rien.
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Pendant qu'il parlait, Denise examinait Colomban et Geneviève. Ils étaient à table l'un près de l'autre ; mais ils y restaient bien tranquilles, sans une rougeur, sans un sourire. Depuis le jour de son entrée, le jeune homme comptait sur ce mariage. Il avait passé par les différentes étapes, petit commis, vendeur appointé, admis enfin aux confidences et aux plaisirs de la famille, le tout patiemment, menant une vie d'horloge, regardant Geneviève comme une affaire excellente et honnête. La certitude de l'avoir l'empêchait de la désirer. Et la jeune fille, elle aussi, s'était accoutumée à l'aimer, mais avec la gravité de sa nature contenue, et d'une passion profonde qu'elle ignorait elle-même, dans son existence plate et réglée de tous les jours......

Leurs tendresses avaient poussé dans ce rez-de-chaussée du vieux Paris. C'était comme une fleur de cave. Depuis dix ans, elle ne connaissait que lui, vivait les journées à ses côtés, derrière les mêmes piles de drap, au fond des ténèbres de la boutique ; et, matin et soir, tous deux se retrouvaient coude à coude, dans l'étroite salle à manger, d'une fraîcheur de puits. Ils n'auraient pas été plus cachés, plus perdus en pleine campagne, sous des feuillages. Seul un doute, une crainte jalouse devait faire découvrir à la jeune fille qu'elle s'était donnée à jamais, au milieu de cette ombre complice, par vide de coeur et ennui de tête.
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Georges Brassens
Le premier Mai c'est pas gai,

Je trime a dit le muguet,

Dix fois plus que d'habitude,

Regrettable servitude.

Muguet, sois pas chicaneur,

Car tu donnes du bonheur,

Pas cher à tout un chacun.

Brin d' muguet, tu es quelqu'un.



(Extrait de "Discours de fleurs")
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Lire de bons livres vous empêche d'apprécier les mauvais.
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La solitude tue, Judith, et petit bout par petit bout, elle te ronge jusqu'à ce que ton corps entier soit dévoré.Une personne n'a pas de vie sans relation à d'autres, et si on a la chance d'avoir une relation profonde avec une autre personne, si profonde que l'autre est aussi important à tes yeux que tu ne l'est toi-même,alors la vie devient plus que possible,elle devient bonne.
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Je m'intéresse peu aux gens. J'ai toujours été ainsi, et je ne changerai pas. J'ai mes raisons. Je n'ai jamais rencontré d'homme ne serait-ce qu'à moitié aussi sincère qu'un chien. Traitez dignement un chien, et il se montrera digne de vous, vous tiendra compagnie, sera un ami dévoué, et ne vous posera jamais de questions. Les chats sont différents, mais je ne leur en tiens pas rigueur.
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Peut-être que quand on pleure et qu'on sait pourquoi, ce ne sont pas encore des larmes. Les vraies larmes sont sans raison.
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Mon seul pays est ma mémoire et il n'a pas d'hymnes.
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S'il y a quelque chose de pire que de travailler le dimanche, c'est travailler le dimanche quand il fait un temps superbe.
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Je ne pensais pas, je ne criais plus. Le réfectoire tanguait. Je voyais à peine. Une furie rouge. Mon cœur entier tenait dans mes poings. Mes tempes étaient douloureuses. Je claquais des dents. Je faisais trois gestes inutiles pour un mouvement nécessaire. Je ne courais pas, je dansais. Je grimaçais dans le tumulte. Je tirais une langue de gargouille. Tout était en train de disparaître. Les insultes, les brimades, les vexations, les humiliations, les coups. Le froid de l'hiver, la brûlure de l'été, l'odeur de nos corps sales, la faim, les punaises, les poux, la gale. Je nettoyais sept ans de bagne à grande eau. À coups de hargne. J'étais enragé. Je respirais. Je vivais.
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Je n'aime pas les cimetières français. Ils sont laids, cimentés, marbrés, bétonnés, faits pour durer des siècles. Pas d'arbres, pas de terre ni la moindre verdure. Des croix debout, couchées, inclinées, partout des signes de croix. Et des fleurs de cellulose, des bouquets en PVC, des pétales de polyvinyle. La misère du monde qui s'ajoute à la tristesse. Ce n'est quand même pas compliqué d'offrir un bout de terre et un arbre à chaque mort. Et venir de temps en temps regarder prospérer la forêt. La France est un endroit où il ne fait pas très bon vivre et encore moins mourir.
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Les mondes mettent longtemps à mourir, plus encore à disparaître tout à fait. Ils cohabitent plutôt, se superposent et traînent dans le temps. Ils se prolongent et s'éternisent, par la voix des témoins qui, de recits en conversations, de souvenirs en affabulations, passent le relais, dans un chant en canon qui se perd en échos interminables.
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Paul Auster
Rendre le monde meilleur. Apporter un peu de beauté dans les coins ternes et monotones des âmes. (...) Peu importe la forme que ça prend. Laisser le monde un peu meilleur qu'on ne l'a trouvé. C'est ce qu'un homme peut faire de mieux.

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La musique réussit à percer le gris des jours et, d'un bord à l'autre, les pas suivent le rythme et s'enfoncent dans la terre.
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Je dois prendre d'en moins d'une heure un train pour le Tennessee. C'est là que je vais conclure l'achat de 33 000 hectares de terrain qui serviront à établir les usines et des laboratoires nécessaires à la production d'uranium 235 ! Ce site, baptisé X, réunit tous les critères. Le Tennessee le fournira en électricité et en eau, il n'est pas trop loin de Washington et de Chicago, et il est éloigné des côtes en cas d'attaque ennemie... Et enfin, ses conditions d'acquisition sont raisonnables : seulement 4 millions de dollars et 400 familles à reloger !
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Le vent est froid, le soleil tiède. Le chant hypnotique du bruant est reparti jusqu'à l'automne. Les juncos charbonneux volettent de branche en branche, avançant vers l'Arctique par sauts de 15 centimètres. Les mouettes se disputent les carcasses de poissons dégorgées par la glace. Jour et nuit, les oies passent en altitude. À 24 ans, Matthew Callwood s'étonne que les saisons se succèdent si vite, que le balancier migratoire marche aussi frénétiquement. Il n'y a donc rien, sur cette planète, qui se repose vraiment ? La vie lui file entre les doigts et il n'a encore rien fait.
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Massimo Montanari
Même l'histoire des techniques est une histoire des conflits sociaux. La technique n'est pas neutre : elle sert à quelque chose, et donc, à quelqu'un.



Interview dans la série documentaire LE TEMPS DES PAYSANS, épisode 1 : Âge d'or, âge de fer.
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Le choc avait littéralement paralysé Ben. Mais elle n'en avait pas encore terminé. En fait, elle venait juste de commencer. Elle avait enchaîné sur un long sermon corrosif, lui expliquant qu'il n'était qu'une victime de plus de cette culture de consommation absurde et délirante, où les gens étaient bombardés de promesses diaboliques de bonheur ; pire, même, puisqu'on leur disait à tout bout de champ qu'ils avaient le droit d'être heureux. Et que s'ils ne l'étaient pas, ils pouvaient le devenir, ils n'avaient qu'à s'acheter de nouvelles fringues, une nouvelle voiture, un nouveau lave-vaisselle, ou se trouver un nouvel amant. Les messages étaient partout, dans tous les magazines qui traînaient, dans toutes les émissions de télé à la noix, ils alimentaient la cupidité et l'envie, rendaient les gens insatisfaits, les persuadaient que ça pouvait changer, qu'ils pouvaient être heureux, riches et beaux, si seulement ils se procuraient le dernier truc à la mode, une nouvelle petite amie, une nouvelle tête, ou une nouvelle paire de seins en silicone...

S'il n'avait pas été si éberlué ou si directement concerné par la diatribe, Ben l'aurait sans doute applaudie.
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Il est à cet égard très révélateur de souligner le trouble de Kandinsky lui-même lorsqu’il fut confronté à la Meule de foin à Giverny. Face à cette peinture de Monet, exposée à Moscou en 1895, il avoue « … [que] ce fut le catalogue qui m’apprit qu’il s’agissait d’une meule. Et ne pas la reconnaître me fut pénible. Je trouvait également que le peintre n’avait pas le droit de peindre d’une façon aussi imprécise. Je sentais confusément que l’objet faisait défaut au tableau… »

Mais si, pour Kandinsky, l’épreuve fut rude, elle servit aussi de détonateur, en accentuant son penchant pour l’abstraction. […]

L’anecdote vaut essentiellement par le paradoxe qu’elle expose : Kandinsky — qui n’a pas encore opté définitivement pour une carrière artistique — est gêné par l’absence de structure ou de construction d’un objet pictural qui existe seulement par l’ordonnance de la couleur. Son ignorance des codes de l’esthétique impressionniste l’empêche de « voir » un objet qui n’a plus, ou peu de rapport avec son apparence réelle. Si cela le confirme dans sa volonté d’abandonner toute référence concrète — fût-elle implicite — une telle décision marque aussi les limites de l’abstraction, en l’occurrence celles de son intelligibilité. L’option qui consiste alors à bannir le figuratif peut paraître excessive.
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L'océan, encore et toujours. Depuis le premier jour à la colonie, il ne m'avait jamais quitté. Même après avoir fait le mur. Lorsque je pêchais dans sa houle, la mer ne me portait pas, elle m'encerclait. Sa fureur hantait mes jours, mes rêves. Quand j'ouvrais les yeux, elle me barrait l'horizon. Lorsque je les fermais, elle me submergeait. J'étais devenu une île. Une prison ancrée au milieu de l'eau. Je n'avais pas réussi à m'évader. Je tournais en rond comme une mule sur le chemin côtier.
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