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Ce n'est pas parce qu'on a souffert qu'on a raison sur tout.

Ou qu'on doit faire souffrir les autres.

Nous ne devons pas placer notre douleur au cœur de la vie. Elle est plutôt sa rivale.
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Le départ pour la pêche avait lieu en mars. Il était précédé, fin février, de l'impressionnant "pardon des terre-neuvas" et de la bénédiction des bateaux. Une foule immense venait assister aux préparatifs de la campagne.gars On empilait à l'avant des goélettes, coque en l'air, les doris, ces petites embarcations à fond plat et extrémités élancées que les pêcheurs emploient sur les bancs de Terre-neuve pour mouiller leurs lignes de fond.

Car, en ce temps-là, les gars des goélettes pêchaient la morue à la ligne.

On les lâchait à deux dans les doris, avec leurs lignes amorcées d'encornets ou du fameux capelan de Terre-Neuve, qui est une espèce de petite morue. Ils posaient les lignes le soir, ils allaient les relever le lendemain matin.

C'était un métier de chien, une existence de galérien. Une fois les morues pêchées, il faut leur couper la tête, les vider, les saler et les mettre en cale. Tout ça, bien sûr, par tous les temps : dans les coups de mer plombés et les coups de chiens qui acculent le navire, dans les ouragans noirs et les tempêtes grêlées.

Les plus malheureux étaient peut-être les gars des chalutiers.

Car les voiliers ne font qu'une campagne, de mars à septembre. Mais les chalutiers ont le temps d'aller deux fois sur le banc.

Imaginez un peu, pendant ces deux campagnes, ce que pouvait être la vie d'un soutier à fond de cale, chargé d'enfourner continuellement du charbon dans les chaudières en surveillant la pression d'huile du coin de l'oeil. La tempête, à chaque instant, le brinqueballe contre les tôles brûlantes. Il regarde ses pauvres mains, crevées de cicatrices de furoncles. Quand il monte sur le pont pour fumer une cigarette, ce qui l'accueille, c'est l'eau grise, les brouillards glacés et les planchers gluants couverts d'écailles et de tripes de poisson. Le soir, écrasé de fatigue, il n'a pour havre à sa misère qu'un poste d'équipage puant où quarante hommes se jettent tout bottés sur la paille des couchettes.

L'hiver, quand les bateaux étaient mouillés au port, les marins ne dessoûlaient pas.

On les voyait passer, le bonnet affalé, la vareuse en pantenne, louvoyant bord sur bord et jetant leur solde à tous les vents du quai.



Chapitre VII, p63 à 65.
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Oscar Wilde
Un livre n’est point moral ou immoral. Il est bien ou mal écrit. C’est tout.
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You can’t see the stars in New York, Dante said. So I brought the stars to you.
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Les monstres se cachent dans le ventre lugubre du silence domestique.
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Éternuant

j'ai perdu de vue

l'alouette



(Yayu)
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Mais la mémoire est un animal qu'on ne contrôle pas.

Il y a pourtant tellement de choses qu'on peut décider. Nos gestes et nos paroles, les chemins qu'on emprunte et ceux qu'on abandonne, la marque de confiture qu'on met sur nos rôties, le propriétaire de la peau sur laquelle on dépose nos lèvres, ce qu'on écrit dans un carnet le soir pour survivre jusqu'au matin. Puis il y a la mémoire, cruelle. Des odeurs, des images parfois s'impriment pour toujours, d'autres fois s'évanouissent. Les petites douleurs qu'on voudrait garder au chaud près de soi s'envolent, celles qu'on voudrait abandonner nous écrasent. Les bonheurs s'éparpillent parmi les banalités ou prennent toute la place. Nous ne choisissons pas les souvenirs qui nous empêcheront de dormir ni ceux qui pousseront à nous lever. Et même lorsque nous réussissons à frotter si fort et si longtemps qu'ils semblent oblitérés, des années plus tard ils nous sautent au visage comme un clown de film d'horreur.
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De l'intérêt de mettre l'intelligence artificielle au service de l'économie de l'attention: le grand jeu de notre époque. Un marché colossal. Pas une seconde ne s'écoule, sur nos écrans, sans que quelqu'un cherche à nous convaincre d'acheter son produit, de s'intéresser à lui, de nous joindre à sa cause, de voter pour lui, d'écouter ses problèmes, de liker ses photos, sa dernière vidéo, de faire connaissance... Il en résulte une pénurie globale d'attention disponible. Plus aucun cerveau n'a le temps de faire le tri entre l'essentiel et linsignifiant ni d'arbitrer ce qui mérite son intérêt. Alors on fait appel à des algorithmes, pour trier les sollicitations à notre place, fltrer les contenus qui nous indiffèrent et promouvoir ceux qu'on désire - parfois sans le savoir. Avec le temps, ces guides apprennent à nous connaître et détectent des parts insoupçonnées de nous, dont nous n'avions même pas conscience. C'est logique, ils ont été entraînés pour ça.
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A la fin, tout de même, l'internat devenait insupportable. J'étais trop malheureux. Et surtout, je ne comprenais pas quel jeu étrange jouait avec moi l'abbé qu'on surnommait "Panthère", à cause d'une façon féline qu'il avait de se couler dans les couloirs. Il avait inventé une brimade qui me déconcertait. Un dimanche soir, n'y tenant plus, je racontai la chose à mes parents.

"Je ne comprends pas, leur dis-je. Le soir, après qu'on a dit la prière, je suis dans mon lit, déjà à moitié endormi, quand il arrive, Panthère, et il se met à me rouer de coups. Mais le bizarre, c'est que tout de suite après les claques, il me cajole pour me consoler, il me..."

Mon père et ma mère échangèrent un regard, un seul, et, en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, je redevenais externe, heureux de vivre, et studieux, sans exagération.



Chapitre XI, p112-113.
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Dans le miroir de l'entrée, j'ai franchement fière allure. Si je me croisais dans un couloir, je me trouverais une vraie tête de connard. C'est bon signe.
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Comme si rien n'avait eu lieu

La corneille

et le saule



(Issa)
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Dès le début des années 1920, Kreuger a investi dans le cinéma en Suède et, plus tard, aux États-Unis. Dans son pays natal, il a beaucoup aidé une jeune fille de 15 ans, Greta Gustafsson, à qui il a fait prendre des cours de mannequinat et d'art dramatique , et dont il a financé les premiers rôles de figurante puis de comédienne. Une femme qui deviendra une actrice célèbre avec le même penchant que lui pour l'ombre et le secret: Greta Garbo.
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J'avais renoncé à la drogue, mais pas aux tentations. La vie de patachon que je menais multipliait autour de moi les hameçons où m'accrocher. Avec ceci qu'il n'est rien de si plaisant que de voir un repenti repiquer au péché et que plus d'un prosélyte, en douce, s'employait à me faire oublier mes bonnes résolutions. Un soir, dans l'atelier d'un ami peintre, à Montparnasse, je me laissai convaincre d'essayer une certaine poudre qu'on me vantait de toute première bourre.

Je ne touchais plus à la drogue, certainement, et mon erreur fut de vouloir me prouver à moi-même qu'à présent je dominais complètement le problème, et le produit.

Comme dit Corneille :

Et les occasions tentent les plus remis.

( Polyeucte, III, 5.)

Je m'octroyai donc deux prises, ignorant que cette poudre que j'essayais était quasiment pure, qu'on ne l'avait pas, comme d'habitude, coupée avec du lactose. L'effet du stupéfiant fut sur moi "catalpultueux", comme aurait dit Léon Bloy. Les copains me retrouvèrent un peu plus tard, couché dans un petit lit sous l'escalier, complètement groggy, et j'avais déjà les extrémités des doigts qui viraient au verdâtre. Les pendards qui s'occupaient de moi ne firent ni une ni deux. Ils diagnostiquèrent un état de manque carabiné. "On va lui en refiler une petite prise !" Une petite prise de plus, sur un homme déjà en overdose, vous imaginez le résultat ! C'était éteindre un incendie en tapant dessus à coups de fagots. On me fit renifler ma prise et... Exit Gélin, le rideau tombe.

Le lendemain matin, Danielle se présentait à la clinique où le docteur Schwartz m'avait fait transporter en urgence. "Qu'est-ce que tu as encore fait mon doux chat ?" Je n'étais pas fringant. J'avais bien failli y rester, mais enfin, le coeur avait tenu, j'étais tiré d'affaire, il ne me fallait plus que du repos.

Danielle arrive donc et m'annonce que, la veille, pendant que je faisais mon quatre-cent-unième coup, papa était opéré à la clinique de la rue Mozart, où il avait sollicité son admission peu de temps auparavant.

Les médecins voulaient que je reste au moins trois semaines sous surveillance, mais je quittai les lieux séance tenante, après avoir signé l'obligatoire décharge. Dans le brouillard où je me trouvais, séquelle de mon overdose, une seule idée brillait en moi avec quelque clarté, celle que j'avais fait le c... pendant que mon père était en train de souffrir.

Je me rendis dare-dare à la clinique de la rue Mozart. J'entrai. Je vis mon père. Il avait sur les traits la joliesse de la douleur. Monique était à son chevet, et Lauer aussi, tous deux pleurant. Moi, je ne pouvais pas prononcer une parole, tant ma gorge était contractée.

J'ai pris papa dans mes bras comme s'il était un bébé et je l'ai embrassé partout sur le visage : je lui ai embrassé le nez, le front, les joues, les yeux, la bouche. Je l'ai baisé comme on baise un enfant qu'on vient de mettre au monde. Et je suis parti sans avoir réussi à dire un seul mot.

A midi, étroitement surveillé par le docteur Morand, je me trouvais prêt à tourner sur le plateau de La neige était sale.

J'ai tourné, j'ai travaillé et, parce que la drogue m'avait fait oublier mon père au moment où celui-ci avait besoin de moi, jamais, plus jamais je n'ai repiqué à l'héroïne.



Chapitre XVI, p160 à 162.
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Un comportement de froideur émotionnelle et de manque d'empathie pour autrui typique des psychopathes - une pathologie qui ne conduit au crime que dans des formes les plus graves et qui serait très présente dans le monde l'entreprise, 4 % des dirigeants de firmes américaines pouvant être qualifiés de "presque psychopathes", souligne une enquête de Florence Rosier, publiée dans Le Monde daté du 4 mai 2017.
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"His sergeant put a gun to his head. He was willing to die rather than rape that girl. That's what the story is about. How could that man in Vietnam be the same man who killed Crystal Hagen? If he's re ally a rapist and a murderer, he would have given in to the dark side when he was in Vietnam. "

"You think he's innocent?" Lila asked, her tone more inquisitive than condemning.

"I don't know," I said. "I'm starting to. I mean, it's possible, isn't it?"
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Des vagabonds, voilà ce que nous sommes , ayant laissé notre terre et tout notre passé derrière nous , condamnés à errer comme des fantômes , ayant perdu tout ce que nous avions , sans gite, sans but, sans plus rien de familier à quoi nous raccrocher, sauf peut-être quelques souvenirs d’enfance, dont nous gardons la nostalgie au plus secret de notre âme. Les douaniers nous ont tout pris. Nous ne possédons plus rien d’autre que cela sur cette terre, notre errance, et serons presque nus au terme de ce dernier voyage. 
Les autres se taisaient, recueillis.Tous l’écoutaient attentivement, et communiaient , émus, avec cette voix, grave et sensuelle, aux accents prophétiques, qui leur faisait presque oublier leur misère présente et le temps qui s’écoulait , avec la régularité d’un compte à rebours, et se rappela bientôt cruellement à eux , sous la forme d’un coup de sifflet, lancé par le garde, dont le visage tordu de colère les rappelait à la réalité, en grimaçant comme un fantoche de l’autre côté du quai.
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Il a quand même réussi à vendre sept cent mille hectares d'une île qui n'en compte que mille trois cents ! Quand le président du tribunal l'accuse de mensonge, il répond:"Oh ! mensonge, monsieur, voyons, appelons ça, si vous voulez des peintures exagérées..."
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« l’argent n’est pas la racine du mal. C’est l’amour de l’argent. »
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« L’ignorance et la stupidité ne sont pas des maladies de l’âme, mais la cupidité, si. »
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Les Vases antiques ornés de peintures, longtemps connus sous la dénomination inexacte de vases étrusques, constituent la classe de monuments la plus nombreuse, après celle des médailles; et, par un étrange contraste, il n'en est aucune sur laquelle les écrits des anciens nous aient laissé moins de renseignements. On peut évaluera cinquante mille au moins le nombre des vases peints qui ont été successivement découverts depuis deux siècles, et dont vingt mille environ ont pris place dans les collections publiques de l'Europe; ces monuments ont été l'objet d'un grand nombre de travaux, dans lesquels on les a envisagés soit isolément, soit dans leur ensemble; aucun des savants les plus distingués, depuis Lanzi et Winckelmann jusqu'à Boeckh et K. 0. Millier, n'a jugé indigne de son attention les problèmes compliqués que présente l'élude des vases peints; et, malgré tant d'efforts et de lumières, il ne nous est possible d'affirmer aujourd'hui rien de rigoureusement certain, ni sur la patrie, ni sur l'époque de ces monuments, ni sur l'usage auquel on les avait consacrés, ni enfin sur l'intention qui a dicté les peintures dont ils sont ornés.
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