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3,12

sur 34 notes
Parmi toutes les couleurs de la palette chromatique, pour Luna, le bleu est la seule « qui n'accroche aucun relief », la seule qui n'abîme pas. Mais il y en a tellement d‘autres qui blessent.
C'est le rouge des immeubles à bas loyer en briques de la petite ceinture, entre Paris et le périphérique, où Luna a passé une enfance bohème. C'est le gris du béton de son école et des rues de sa ville où elle sentait les autres la regarder comme une étrangère. Ce sont les éclats de couleur de cette boite de nuit où elle s'est faite agressée adolescente. Et c'est ce triste vert d'une écologie qui tente à grand peine de préserver la couche d'ozone d'une ville polluée.
Mais c'est surtout le noir de sa peau et de celle des membres de cette famille aux origines multiples qui, du beige au marron foncé, fait d'eux des métisses.
Tout en couleurs et en odeurs, ce premier roman poétique et sensitif d'Anouk Schavelzon est le retour aux sources d'une jeune femme hantée par le questionnement des autres sur son physique. Il témoigne de l'importance que revêtent les racines sur leur regard.
Les images, les sensations prennent la place des sentiments et cela donne à ce roman un style à la fois épuré et complexe qui ne m'a pas semblé simple d'accès.
Autant j'ai aimé le propos et l'interrogation que la couleur d'une peau induit chez les autres, autant j'ai trouvé le ressenti du malaise de l'autrice et la tournure de ses phrases assez nébuleux.
Etant passionnée de littérature plus que de poésie, je suis restée extérieure à cette lecture d'une sensibilité exacerbée où les mots vibrent d'un tourment trop « à fleur de peau » pour moi.

Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour cette Masse critique privilégiée.
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Rentrée Littéraire 2024 Premier roman

Je remercie Babelio, Masse Critique et les Editions Seuil pour la découverte de ce roman.

Luna a une famille cosmopolite : Niger et Algérie du côté maternel, Argentine et France du côté paternel.

Dans son enfance, la jeune femme était très fière d'expliquer ses origines à ses camarades de classe. D'autant plus que ses yeux bleus et ses cheveux châtains ne la distinguaient pas particulièrement des autres.

Pour redresser sa colonne vertébrale, Luna a dû porter pendant deux ans un corset. Pendant cette période, son corps d'adolescente s'est transformé en celui d'une femme. Ce corps, métamorphosé presque à son insu, lui est renvoyé par « le regard des autres, tes yeux bleus de Russie, de Roumanie, de France. Tes cheveux un mélange de la France et du Niger. Tes fesses hautes, tes hanches pleines du Niger. Ton histoire, leur histoire à eux, Inna, Abba, Vito et Danièle, pour dire ton anatomie, pour expliquer le désir qui monte. Les métisses ça m'excite, il a dit. «

Luna raconte le harcèlement du regard de certains hommes qui lui renvoient leurs propres fantasmes. Elle subira d'ailleurs des violences dont elle n'osera pas parler. La honte et le dégoût d'elle-même s'installent, elle n'éprouve plus de fierté à être métissée. Elle ne veut plus répondre aux questions sur ses origines.

Jusqu'au jour où elle visionnera une interview de son grand-père maternel sur le site de l'INA…

Le roman est scindé en trois parties allant du 31 Mai, 17 Juin et 20 Août. J'ai eu du mal à entrer dans le roman pendant toute la première partie qui est celle de l'agression sexuelle. Les deux autres sont axées sur la recherche d'identité, la réappropriation de son histoire familiale par Luna.

C'est ce qui m'a le plus intéressée dans ce premier roman, dont j'ai trouvé le style fluide avec quelques « échappées poétiques ».
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Le titre est accrocheur mais franchement, je n'ai pas compris du tout ce qu'il signifiait pour l'autrice.
Tout est mélangé : des poèmes, des chapitres courts, d'autres qui nous emmènent vers l'enfance du personnage principal, la vie de sa mère, de son père, de sa soeur.
L'entrée dans cette histoire n'est pas facile, l'écriture est peu fluide, le texte est inégal.
C'est l'histoire d'une jeune métisse qui raconte d'où elle vient et ce qu'elle est. Elle est en quête d'identité avec des grands-parents de divers pays et de diverses cultures.
Certaines parties sont très impersonnelles : par exemple, les termes employés comme la mère, la soeur au lieu de donner des prénoms.
Il n'y a pas toujours de logique dans l'histoire, ce sont des pensées qui se suivent mais n'ont pas forcément de liens entre elles.
J'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire, je ne vois pas du tout l'intérêt de parler de son expérience dans cette boîte de nuit où un homme la drague : le jeu sexuel entre eux n'apporte rien à l'histoire, si ce n'est qu'il dit adorer les métisses et que de cela découle le fait qu'elle raconte ses origines.
Je n'ai pas du tout aimé ce livre.
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Luna vit à Paris avec sa mère et sa soeur (Esther). Fréquente un établissement scolaire dans le Marais. Fait accepter avec brio sa « différence ». Tient à être appréciée pour ce qu'elle est. Luna a une meilleure amie (Élodie) et un petit job de baby-sitting près de jumeaux de sept ans (Louis et Maxime) Une vie classique d'ado, quoi …

Pour l'anecdote, Luna a un quart de sang argentin, algérien, nigérian et français. La « faute » à ses grands-parents (Inna, Abba, Vito et Danièle) Luna en a marre qu'on la questionne sur ses « origines ». Surtout depuis qu'un homme (en boite de nuit) s'est permis de « sexualiser » son métissage … La jeune fille qui, jusqu'à présent, avait vécu son côté « exotique » sans trop s'interroger, va commencer à s'identifier sous un autre aspect. Entamer un voyage qui va la rapprocher de ses ancêtres …

Un beau récit intimiste. Une introspection qui va se transformer en une prise de conscience soudaine, quant à une triste réalité dont elle s'était tenue éloignée : l'intolérance déguisée derrière le paternalisme « bon enfant » de ceux qui sont persuadés de leur légitimité et de leur supériorité raciales … Un témoignage qui me touche profondément et me parle (même si j'ai eu – parfois – un peu de mal avec le style littéraire de l'auteure …)

Je remercie vivement la masse critique privilégiée de Babelio ainsi que les Éditions Seuil pour cet envoi !
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Avant tout, je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour cet envoi dans le cadre d'une masse critique privilégiée. J'apprécie toujours ces opérations qui me donnent l'impression d'ouvrir un cadeau. Malheureusement, les cadeaux ne plaisent pas toujours, cela n'enlève rien à l'intention !!!

J'ai détesté ce livre. Il y a, je crois, une recherche artistique, ne serait-ce qu'avec l'emploi de la deuxième personne concernant le narrateur, l'inclusion d'une écriture versifiée, le choix du titre qui ne m'apparait pas évident au niveau du sens… Néanmoins, tous les « essais » d'originalité ont fait chou blanc pour moi.

Peut-être parce que, dès le départ, j'ai détesté la protagoniste avec laquelle on vit presque un huis-clos puisque tous les autres personnages n'ont pas d'identité réelle, ne sont que survolés, présents comme des plantes vertes….
Un soir, alors qu'elle est en discothèque, notre narratrice se rend au dernier étage, au fumoir, et subit une forme d'agression sexuelle. J'ai utilisé le modalisateur « forme de » parce que, personnellement, je ne l'envisage pas forcément de la même façon, et c'est cela, je crois, qui me crispe dès le début avec cette jeune femme. Dans ce fumoir, un homme est attiré, l'aborde, se frotte à elle qui veut alors « aspirer son désir sale » et bascule ainsi sur les propos suivants : « D'accord mon tout blanc, mon tout dur, d'accord […] je ne fais que remuer mon beau cul contre toi, oh oui, mon bassin tourne magnifiquement bien […] C'est ce que tu désirais non ? Mes fesses fermes contre ta braguette […] Quoi ? Tu voudrais te défaire de moi maintenant ? ». Je m'arrête là mais la narratrice développe jusqu'à la nausée. C'est vulgaire et je ne vois pas où est l'agression dès que je lis le mot « D'accord » …

Outre cet aspect, il y a des digressions à n'en plus finir, sans intérêt par rapport au thème abordé : plus de quatre pages sur les caractéristiques et soins des cheveux de métisse, presque autant sur les différentes couleurs des feutres… On n'arrive à une réflexion sur les origines de la jeune femme que lorsque la moitié du livre est passée ! Et encore celle-ci est très vite expédiée!

Des sauts spatio-temporels sans organisation visible perdent le lecteur ; des phrases non verbales parcourent le texte, devenant ainsi indigestes et rendant ce procédé inefficace. S'ajoutent à cela des phrases dont la syntaxe n'est pas assez travaillée (je pense aux discours rapportés inclus directement sans usage d'une subordonnée et contre lesquels je me bats continuellement auprès de mes élèves !)

Bref, lorsque je tombe sur ce passage, alors que la narratrice se rend dans des toilettes et entend deux jeunes filles discuter en pleine séance de « repoudrage », j'ai envie de réutiliser le même passage pour terminer ce piètre jugement que j'ai sur le récit : « Là, dans la pièce exiguë, tu te demandes ce qui a motivé les lèvres à s'ouvrir et tous ces sons à en sortir. » Je me demande en effet quelle a été la motivation de la main qui a écrit ce texte. Je ne l'ai pas perçu, n'y ai vu aucun intérêt.
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Avant la narratrice était fière d'être, au vu de son histoire familiale, à la croisée de plusieurs continents .Mais être une métisse, pour certains, engendre obligatoirement la question des origines, voire suppose des préjugés sexistes : "Les métisses, ça m'excite, il a dit. "

Premier roman, qu'on devine autobiographique, le bleu n'abîme pas  , revient, sous une forme éclatée, sur ces problématiques dans une langue très, voire trop travaillée. L'émotion ne passe pas pas et l'ennui surgit beaucoup trop vite, malgré l'intérêt des thématiques. Dommage.



Merci à l'éditeur et à Babelio .
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Une agression dans un fumoir lors d'une soirée s'apprête à faire tout ressortir pour la narratrice. Des souvenirs qui vont se mettre à affluer tout comme les questionnements sur l'identité, au plus près des sensations du personnage. le texte d'Anouk Schavelzon mélange avec justesse poésie et oralité pour saisir ce qui se joue chez la narratrice suite à cette agression, une femme que l'on sent proche de l'autrice en sous-texte et qui invite à la révolte. Une femme qui questionne sa trajectoire à travers son métissage et l'environnement dans lequel elle a grandi, plutôt issu de la classe moyenne. La narratrice invite à ne pas laisser figer des questionnements récurrents qu'elle rencontre, notamment le "Tu viens d'où" qui charrie son lot de clichés. Au final cela donne un bouquin qui sort des sentiers battus et qui livre une réflexion puissante sur l'identité, que ce soit sur le fond ou sur la forme.
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Luna est une jeune héroïne resplendissante qui vit dans un entre-deux identitaire, statutaire et social. Elle nous raconte sa vie et ses blessures pour faire bouger les lignes, dénoncer les injustices, se battre contre les silences indifférents et nommer les violences ordinaires qu'elle subit quotidiennement pour que le vernis craque enfin. Dans ce premier roman éblouissant, Anouk Schavelzon prête vie à cette jeune femme qui arrive à un point de rupture et ose enfin dire que « quelque chose s'est cassé ». La jeune autrice au style audacieux parvient à éclater le texte, à tordre le cou aux préjugés. Elle donne à voir des violences que la société a trop invisibilisés : un cambriolage, une agression dans une boîte de nuit. En utilisant des phrases laconiques, en faisant une économie de mots, elle donne à son texte une charge émotionnelle bien plus importante et c'est un véritable tour de force. Cette jeune plume est aussi rageuse que prometteuse ! Elle a une écriture au couteau, parfois suffocante, mais toujours lumineuse et juste. le ton est dru et tranchant, mais tellement prégnant. Ce texte, qui ne tombe jamais dans la simplicité, bouscule réellement le lecteur et c'est ce qui fait la saveur ce roman nerveux que l'on ne peut pas lâcher avant le point final. Bravo car cette lecture, qui laissera son empreinte, risque d'infuser encore longtemps et me donne irrésistiblement envie de réécouter Nina Simone !
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
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"Ta cambrure et ton cul
tes cheveux ils viennent d'où
Allez! Dis! Il dit.
Raconte, il souffle"

Ça débute ici ou peut-être avant dans les yeux famille ça débute là où les mots s'empreintent pour se défendrent parce qu ils ne savent pas dire au bon endroit
Ça débute la bière au sol l'insistance d'une main au cuir chevelu
une main excitée descend le long d'un dos métissé
A décimer les fantasmes tout blancs pour la honte pour la peur

j'aime tes courbes et tu me dois obéissance dit l'ancêtre colon blanc
Homme blanc à mulâtre dans l ancien temps vraiment?
le sexe attend aux courbes comme bienvenue faire comme si pas d'autorisation
l'homme prend
et les femmes de grignoter lentement des acquis fragiles
trop
fragiles
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Ce n'est pas une lecture facile : de par ses thématiques (agression sexuelle, racisme, arbre généalogique et origines...) ou sa forme, et son style écriture. Parfois il n'y a qu'une phrase sur une page, parfois les mots se répètent, toujours il y a de la force dans le propos.

Même si le roman est dans la catégorie "Fiction et cie" de l'éditeur, on sent que l'autrice y a mis beaucoup d'elle-même, et qu'il y a une part de vécu. Métisse, comme son personnage de Luna, qui en a marre qu'on lui demande "d'où elle vient".

Elle parle de sa famille, de sa mère et sa soeur avec qui elle vit, des ancêtres qu'elle a plus ou moins connus. La première partie parle beaucoup de son agression, et de toutes celles du quotidien. La seconde se concentre plus sur la famille et la recherche des origines.

J'ai beaucoup aimé cette lecture, et son honnêteté.
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