Récit surréaliste, "
Zenobia" est en Roumanie un classique.
Gellu Naum est en effet resté fidèle au surréalisme jusqu'en 1985, alors qu'en France... Il faut dire aussi que sous le communisme, il ne pouvait s'exprimer que sous contrainte.
L'intrigue est mince :
Gellu Naum, auteur et narrateur, tombe amoureux de
Zenobia et ils vont vivre ensemble dans les marécages. Puis ils décident de s'installer en ville, aidés par une amie, Maria, qui finit par se marier, contrainte par la pression sociale, à l'universitaire Ioachim. Finalement, Gellu et
Zenobia retournent dans leur grotte. L'histoire est ponctuée d'une multitude d'histoires annexes (celle de Mme Gerda et de son pot de chambre, etc.)
Selon mon interprétation, Naum aborde la difficulté de saisir la réalité et l'angoisse métaphysique qui en découle, avec, pour corolaire, la vanité des systèmes qui tendent à présenter des solutions toutes faites, dont il se moque de manière pas toujours très fine. Sur un plan plus intime, il livre sa manière de vivre cette angoisse, de l'annihiler par la passion amoureuse.
Néanmoins, ce n'est pas un récit surréaliste pour rien et il reste ouvert à bien d'autres interprétations, notamment politiques. La surprise et la fantaisie, l'absurde y prospèrent (par exemple, le vieillard chez qui
Zenobia et Naum se rencontrent s'appelle Sima, comme le chef du mouvement légionnaire qui a dirigé brièvement la Roumanie, Horia Sima).
Quelques coquilles et quelques mots en bulgare et en allemand non traduits, sinon l'édition reste bonne, le format un peu réduit des pages est une bonne idée : dans les moments où l'on a du mal à suivre, on voit les divisions assez brèves et on sait qu'on va bientôt passer à autre chose. Je garde un bon souvenir.