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EAN : 9782916141565
228 pages
L'Arbre vengeur (17/04/2010)
4.25/5   6 notes
Résumé :
Certains textes échappent à toute classification, ils défient notre goût forcené pour les classements et la raison littéraire. En croyant faire simple on a rangé les très rares œuvres de Maurice Fourré, qui commença à être publié à soixante-quatorze ans sur les conseils de Julien Gracq, aux côtés des surréalistes. C’était réduire ses fulgurances, son insondable beauté et son mystère.

La Marraine du sel est un roman dans lequel un mythe semble s’incarn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il y a des livres comme ça qui me collent à la peau pendant des jours et des jours, il y a des livres comme ça que je ne vais pas oublier de sitôt, il y a des livres comme ça qui m'obligent à lire un essai juste après, au lieu d'un roman, afin de garder ce sentiment bizarre que je n'ai pas envie d'oublier, comme le premier baiser reçu d'un gamin amoureux pour la première fois… Depuis, j'essaye de me souvenir comment j'ai entendu parler de l'écrivain Maurice Fourré que je découvre avec ce roman (La marraine du sel), et qui est, me semble-t-il, le seul actuellement disponible de cet auteur. Ce dont je suis sûr et certain, c'est que je n'ai pas découvert Maurice Fourré en fouillant sur le site de l'éditeur, chose que je fais pourtant de temps en temps, car L'Arbre vengeur est une maison d'édition que j'apprécie tout particulièrement et grâce à laquelle j'ai pu lire des livres extraordinaires. Je ne retrouverai probablement jamais comment j'ai entendu parler du livre : « La marraine du sel ». Il faudra que je me fasse à cette idée… Assez parlé de moi et de mes folles interrogations.

Qui est donc Maurice Fourré ? Avant toute chose, sachez qu'il existe une association des amis de Maurice que je vous invite à découvrir en cliquant ici (http://aamf.tristanbastit.fr). Ainsi, ce dernier était un écrivain français né à Angers en 1876 et mort toujours dans la même ville en 1959. La page Wikipédia, assez pauvre, consacrée à l'auteur dit que Maurice Fourré est l'un des écrivains français les plus singuliers de la littérature moderne. Certes, mais cette affirmation ne veut pas dire grand-chose… J'aurais plutôt dit que Maurice Fourré est un écrivain déroutant, car ses textes le sont, mais j'y reviendrai plus tard. Ce qu'il faut surtout savoir, c'est que l'écrivain Maurice Fourré n'a jamais été très populaire puisqu'il ne fut découvert que dix ans avant sa mort par André Breton et que malgré une bonne presse le public n'a jamais vraiment suivi. Quoi qu'il en soit, Maurice Fourré a écrit cinq romans dont un est resté inachevé. le livre que j'ai lu (La marraine du sel) est son deuxième roman. Que dire d'autre sur Maurice Fourré si ce n'est qu'on le range dans la catégorie des écrivains surréalistes et qu'il est comparé à André Hardellet. Je connais un peu André Hardellet, car j'ai lu cinq de ses livres, mais comme je n'en ai lu qu'un de Maurice Fourré... Ce que je peux dire, c'est que j'ai trouvé « La marraine du sel » plus complexe que tous les livres que j'ai lus d'André Hardellet. Avant de poursuivre voici un extrait :

« Toujours voluptueuse et aimante parmi les pudeurs du coeur, elle n'était parée que pour toi. Sans cesse frémissante à ton contact, elle portait ta pensée, ton image, toi-même, ton âme et tes égarements, ta vie, tes charmes changeants, dans tout son être vieillissant. Quand tu étais trop longtemps absent, elle devenait folle. Ses heures de solitude étaient des univers d'inquiétude et de désir. Quand tu revenais à elle, c'était un nouveau délire. Elle courait à toi comme une petite fille ou comme une tuée d'amour, demandant à mourir plus encore ou à vivre mieux toujours… »

De quoi parle le roman « La marraine du sel » ? Ainsi, l'histoire de prime abord paraît simple puisque le thème central du livre est l'agonie de Mariette Allespic vécue par son amant (Clair) qui comprend que sa maîtresse était coupable de meurtre. Mariette Allespic est donc une ancienne empoisonneuse qui a tué son mari et dont la fille (Florine) est coupable de s'être tue. Cependant, le livre possède plusieurs niveaux de lecture que je ne vais pas développer ici, car je ne suis pas certain de les avoir tous perçus. Certes, le livre raconte l'histoire d'une passion amoureuse, mais il parle aussi de haine et d'amertume et de bien d'autres choses. Pourtant, l'intrigue importe peu, car ce qui fait la force du livre, c'est l'écriture poétique de Maurice Fourré. La marraine du sel est un véritable « roman-poème », l'expression n'est pas de moi, mais elle est tout à fait exacte. Ainsi, le lecteur que je suis a été bousculé, décontenancé, perturbé par le style d'écriture de Maurice Fourré, mais au final cette lecture (pas des plus faciles) m'aura intrigué, enchanté et subjugué. J'en reste presque sans voix… Pour ceux et celles qui souhaitent en apprendre plus sur ce livre, je vous invite à lire cet excellent dossier (https://dossiersgrihl.revues.org/5993). Qui a lu Maurice Fourré ? Qu'en avez-vous pensé ? Peut-on vraiment parler de Maurice Fourré comme d'un écrivain surréaliste ? Je suis impatient d'avoir vos avis…
Lien : http://deslivresetdesfilms.c..
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Jamais réédité depuis sa publication chez Gallimard en 1955, alors que Maurice Fourré, qui l'avait rédigé en quatre mois et demi, allait sur ses quatre-vingts ans, ce livre inclassable reparaît salutairement à l'enseigne de L'arbre vengeur.
Natif d'Angers, Maurice Fourré avait été découvert par Gracq, lequel présenta à Breton ce surréaliste sans le savoir dont l'auteur de Nadja préfaça et édita en 1950 le roman-poème La Nuit du Rose-Hôtel dans sa collection «Révélation» — seul et unique titre. Bien que soutenu par Michel Carrouges, Julien Lanoë ou le jeune Michel Butor, Maurice Fourré reste oublié de bien des dictionnaires de littérature, du van Tieghem au Lemaître.
"La Marraine du sel", alliant le merveilleux et la cruauté du conte, emporte son lecteur dans la chronique d'un amour fou au travers des paysages ligériens, de Saumur à Richelieu en passant par Chinon, Tours, Basse-Goulaine, Nantes, jusqu'au Croisic.
Maître-livre, ce joyau noir alterne les phrases longues et courtes, empruntant ici à la poésie, là aux répliques de théâtre, d'inattendu en inattendu dans la narration comme dans l'expression — ce goût gourmand des épithètes — et échappant miraculeusement à la préciosité, à l'affèterie. «Écrivain de race» (Bruno Duval), ici nourri de Rabelais, Pouchkine et Montesquieu, Maurice Fourré met en scène, avec une jeunesse et une liberté d'écriture envoûtantes, l'histoire maléfique de Mariette Allespic, de son jeune amant Clair Harondel et de sa fille Florine revenue d'un divorce pour retrouver «la magie diabolique de sa pauvre maman». Ensorceleuse, "esclave et complice des puissances obscures, qui la conduisent malgré elle sous un ciel tourmenté de couteaux et de philtres", la veuve et empoisonneuse d'Abraham décline et va bientôt mourir. Inutile d'en dire davantage, les meilleurs romans ne se racontent pas une seconde fois et ne sauraient se réduire à leur scénario.

Critique parue dans "Encres de Loire" n° 52 page 28, été 2010

Lien : http://www.paysdelaloire.fr/..
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Drames de l'amour ou sorcellerie dans le bocage ? Un poétique et indécidable roman de 1955.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/09/01/note-de-lecture-la-marraine-du-sel-maurice-fourre/
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
« Il ne faut pas donner de crainte à mon aimé. Laissons-le rire. Il ne faut pas faire peur à mon amant, ni l’effaroucher dans ses malices désordonnées. Il faut le plaindre, car sait-il bien où il va tomber, quand je ne serai plus là, et de quel rire homicide le malheureux sera lui-même poignardé, sans moi pour enclore et protéger sa vie d’un lacet d’amour… Notre Clair est fragile, malgré son élastique bondissement vital. Futile, inconséquent jusqu’à l’extrême fragilité, mon féroce et charmant amant est très friable, Florine, et redoutable aussi en ses pitoyables futilités. Son rêve et son insouciance ne sont pas moins dangereux pour nous et pour lui que ses souples jeux. Ses moments de passivité et ses rêves, silencieux ou parleurs, ne sont pas moins viciés d’une pointe pernicieuse que ses taquineries qui, sous des apparences d’insouciance anodine, portent toujours le reflet d’un fragment homicide. Ses mouvements de charité, ses élans les plus spontanés de pitié ou d’amour, toujours si prompts, si inattendus et passagers, surprennent et laissent confondu… Je l’aime ainsi, mon distrait et inconstant amant. Je l’aurai aimé tel qu’il est. Je saurai mourir sans que mon amour ait changé, sans que rien ne soit dissipé du parfum dont m’embauma une étrange rose le jour de mon éclosion à l’amour… Souhaitons noble et languissante nuit à mon chéri dans son étroit lit glacé de la Rose Blanche, où le tourmentera mon cœur caressant, mon âme trop enveloppante et le hoquet des baisers de la vie finissante…
– Ma mère, je suis ta fille. Tu me perces le cœur.
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Représentant les articles Mariages, Jeux, Jouets et bientôt le Funéraire pour d’excellentes maisons, je faisais déjà vingt-deux départements, de la Normandie à la Charente ; j’avais l’Ouest, Manche et Océan, de la Seine à la Garonne et la Loire jusqu’à Orléans. Feu Allespic comptait parmi mes plus parfaits clients. Il n’était pas le plus notable ni le plus important. Mais je n’ai jamais quitté Richelieu où déjà je descendais à la Rose Blanche, sans avoir emporté de la maison Allespic une commande fort intéressante. Et je n’avais ni à conduire le sobre, un peu distant et casanier M. Allespic dans le Grand Café Richelieu, où je tenais fort agréablement mes assises, ni à me dilapider en abusives instances verbales. M. Allespic n’a jamais cessé de m’attribuer un sourire bienveillant et loyal parmi les plus probes rapports commerciaux, même quand ses regards attentifs à m’observer timidement et à la dérobée allaient s’assombrir peu à peu, sous l’empire d’une inquiétude secrète, que je ne tarderais pas à découvrir, trop tard et fragmentairement, et qui par instants dans la fébrilité des gestes, nouveaux et singuliers, confessaient un fond d’angoisse et comme un mouvement de supplication mal retenu.
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Quand la disparition du vieil Abraham eut donné à Mme Allespic le loisir de faire de moi le sergent sentimental du fief familial, je venais assez souvent dans le retrait des livres pour me délasser des manifestations trop enveloppantes de la Veuve, tentaculaire et amoureuse, dont les regards d’une incroyable profondeur, toujours fixés sur moi, étaient souvent lourds à soutenir et fatiguaient tôt, ou m’inquiétaient en m’attirant avec tout l’art d’une voluptueuse magie…
J’ai relevé dans cette prison solennelle des livres de curieuses ou bien significatives annotations marginales parfois instructives ou saisissantes de mon vieux collègue en amour, l’infortuné et laborieux prédécesseur, M. Abraham Allespic, sur les ouvrages que je pensais devoir lire – aphorismes postiches ou formules explicatives, tracés d’une écriture économique et concertée, quelquefois assez nerveuse, que des paraphes arrondis boursouflaient de volutes célestes, soudain brisées dans leur mouvement ascensionnel, tôt nuageuses et lassées.
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« Toujours voluptueuse et aimante parmi les pudeurs du cœur, elle n'était parée que pour toi. Sans cesse frémissante à ton contact, elle portait ta pensée, ton image, toi-même, ton âme et tes égarements, ta vie, tes charmes changeants, dans tout son être vieillissant. Quand tu étais trop longtemps absent, elle devenait folle. Ses heures de solitude étaient des univers d'inquiétude et de désir. Quand tu revenais à elle, c'était un nouveau délire. Elle courait à toi comme une petite fille ou comme une tuée d’amour, demandant à mourir plus encore ou à vivre mieux toujours… »
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