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EAN : 9782370553935
336 pages
Le Tripode (07/03/2024)
4.09/5   22 notes
Résumé :
Avec ce nouveau roman, à la fois farce et tragédie, Mathieu nous donne une immense vision de la folie coloniale.
L'Algérie française s'effondre, les fellaghas ont pris les armes et la révolte fait rage : les colons quittent le pays par bateaux entiers. Mais Albert Vandel, le plus riche d'entre eux, refuse l'évidence et décide de rester. Habité par sa folie, fabuleusement vieux et toujours terrifiant, il défie l'apocalypse qui s'annonce. Barricadé dans sa fort... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Faire l'histoire n'a jamais suffi et depuis des millénaires, il s'est toujours agi de la raconter aussi. Annales, mémoires, épopées, hagiographies, les genres diffèrent mais l'intention reste la même : graver dans le marbre, ou dans les esprits au moins, les récits fondateurs d'une communauté, la gloire des héros qui les ont constitués.

Mathieu Belezi joue avec cette ambition pour faire de Moi, le glorieux un monument littéraire, faux panégyrique et vrai réquisitoire contre la colonisation de l'Algérie. En une allégorie aussi splendide que grotesque, il ramasse toutes les époques de cette histoire, tous les méfaits des colons sous la seule figure d'Albert Vandel, héros de l'outrance, conséquemment âgé du même nombre d'années que la première spoliation, soit 140 ans.

Nous commençons à écouter le discours interminable et enfiévré de ce vieux bonhomme salement diminué alors que sa luxueuse maison est assiégée par les armées de libération. Sa verve, elle ne cède en rien à sa splendeur d'antan : « Je peux vous le dire, ils ne m'auront pas ils peuvent pointer leurs pétoires sur ma villa, me menacer des pires horreurs ils ne m'auront pas » et ainsi, sans aucun point à aucune phrase, mais, heureusement pour le lecteur, des retours à la ligne et un usage décent de la virgule, se poursuivra sa litanie où il ressassera interminablement tant ses hauts faits que les ripailles, orgies et pillages qui les auront célébrés. Ouhria, la petite servante qui a choisi de rester avec lui dans la défaite aussi, en aura les oreilles saoulées durant toute cette nuit où, croyant raconter sa légende dorée, il livrera le compte de ses atrocités.

Démesure, outrecuidance, colère homérique, représailles, vengeance, rapts et batailles nocturnes, c'est bien du souffle épique que bruissent ces pages et si Albert Vandel est abject, si ses faits de gloire sont des rapines, des viols et des assassinats, la plume de Mathieu Belezi leur donne une puissance magistrale.

Au fil de la nuit, les souvenirs remontent, les toutes premières années où les territoires étaient encore à conquérir et Albert un jeune blanc bec sans fortune racontent la crédulité des populations, l'achat de terres à vil prix, les chasses triomphales des lions du désert. On voit aussi le pouvoir parasite de l'administration française qui ordonne, organise, cartographie et érige de nouvelles classes, de nouvelles hiérarchies aussi absurdes, gratuites que lucratives. On ne compte plus les cadavres de femmes préalablement violées par des dizaines de soudards, les bouteilles éclusées, les banquets et les coups de braquemart de cet Albert aussi bavard que vantard.

C'est vulgaire, c'est fat, c'est ridicule. C'est farcesque, drôle et pathétique. Et en contre point, la beauté des paysages d'Algérie, les nuits, les silences, les odeurs comme un hymne à un pays dévasté.

Moi, le glorieux est une réédition entièrement revue par l'auteur d'un roman publié en 2011 au sein de l'ouvrage Les vieux fous. Il semble que le grand succès de Attaquer la terre et le soleil ait auguré pour 2024 une meilleure réception à ce texte resté peut-être jusqu'ici assez confidentiel. Il est vrai qu'il aurait été dommage que ce roman reste méconnu, le style est flamboyant, sublime et emporte comme dans une transe qui s'y baigne. Il sert magnifiquement un propos complexe qui dénonce les méfaits de la colonisation, bien sûr, mais dépeint aussi, à peine déformées par la distance ironique, les ambitions qu'elle a pu porter et le réel sentiment, aussi illégitime soit-il, des colons d'avoir été dépossédés.

Malgré le panache et l'intelligence de ce texte, je me suis parfois un petit peu lassée de ses répétitions et des cercles d'horreurs grotesques dans lesquels il nous entraine. C'est nécessaire au propos et la langue est toujours splendide mais mon esprit critique jamais longuement endormi y a trouvé quelques dispensables redites avec le fond d' Attaquer la terre et le soleil qui était, d'ailleurs, plus court. Mais que cela ne vous empêche pas de découvrir ce très beau roman !
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Moi, le glorieux, c'est Albert Vandel (dit Bobby la Baraka), un ogre métaphorique qui, du haut de ses 130 ans et de ses 140 kilos, incarne l'Algérie française.
Il a défriché, irrigué ces terres arides habitées par des barbares auxquels la France a montré la lumière. À la sueur de son front, il s'est engraissé pour devenir ce monstre truculent, amateur de chère, celle qu'on dévore en se souillant, et de chair, celle qu'on baise en criant victoire. Rien ne doit lui barrer la route. Il humilie les femmes qui lui résistent, il punit les hommes qui le défient. L'Arabe est au mieux un outil, au pire un obstacle.
Mais bientôt, le vent tourne. Ce n'est plus la mer qu'il respire à pleins poumons, c'est la poussière des foules ulcérées, le sang des colons massacrés pour venger un siècle de servitude. Ah les ingrats ! s'indigne Vandel. Ont-ils oublié leur misère passée ? À quel futur prétendent ces ignorants ?
La fin approche. Défendu par quelques mercenaires, cajolé par une amante conciliante, Albert Vandel se lamente dans un monologue haletant et vibrant. Un récit mûri dans la démesure, sans fards ni censure, fait de panache et de turpitudes, comme s'il fallait tout dire, tout décrire, jusqu'à l'inconcevable pour absoudre enfin l'absurde idée sur laquelle des générations de colons se sont goinfrées : accaparer une terre sous prétexte qu'elle méritait un destin meilleur, c'est-à-dire à leur goût.
J'ai adoré le style, la beauté de la langue et la profusion des images convoquées. J'ai fait fi des répétitions, des anaphores et de l'outrance des emportements. Tout, jusqu'à l'excès, donne à ce texte sa force et son caractère addictif (je ne fais référence à aucune page – elles seraient bien trop nombreuses).
Bilan : 🌹🌹🌹
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Avec « le temps des crocodiles », nous avions découvert la figure effroyable d'Albert Vandel, capitaine de l'armée française à la tête d'un bataillon de zéphirs faisant régner la terreur sur les terres d'Algérie aux prémices de la colonisation. Nous avions quitté cet ogre avide de sang, de stupre et de domination en bien fâcheuse posture face à la révolte des fellouzes, après avoir imposé son règne sur l'oasis aux cinquante mille palmiers. Avec « Moi, le Glorieux », nous retrouvons cet abominable personnage à l'âge canonique de cent quarante-cinq ans et au poids corporel non moins mirobolant. Retiré dans sa sublime villa des Eucalyptus, l'homme est devenu richissime, le plus prospère d'Algérie, dominant tous les secteurs du commerce et de l'industrie après avoir intrigué et manipulé dans les sphères du pouvoir pendant plus d'un siècle.

Mais les temps ont changé, la révolte gronde, les fellaghas tranchent les têtes et les couilles des colons français à tour de bras, incendient la ville d'Alger et font sauter des bombes. Toujours autant obnubilé par les ripailles pantagruéliques et les nuits de débauche sexuelle, celui que l'on surnomme Bobby caïd ou Bobby la baraka, se remémore sa gloire passée, radote au grand dam de sa jeune maîtresse kabyle Ouhria, « foutez-moi la paix, monsieur Albert, je dors ». Mais l'ogre conte les époques de sa gloire, les femmes innombrables, les richesses incalculables, les conquêtes impitoyables, remontant le temps avec une verve tout autant passionnée que révoltée, « ils ne m'auront pas ! », face aux soubresauts de cette Algérie qui cherche à se débarrasser de tous ceux qui l'ont montée, violée et spoliée. Alors Albert Vandel doit fuir au bordj Saint-Léon, dans sa forteresse défendue par cent légionnaires armés jusqu'aux dents, accompagné par une douzaine d'administrateurs à sa solde, tous centenaires et grabataires, reliques de la domination coloniale…

Récit empli de brutalité et de vulgarité, mais d'une force évocatrice poignante, « Moi, le Glorieux » se lit suspendu entre l'écoeurement et la fascination. C'est un monde qui chavire, et avec lui la figure symbolique d'une domination révolue.
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« Je peux vous le dire, Ils ne m'auront pas »

« Non, ils ne m'auront pas »

est le leitmotiv qui revient tout au long du livre. Mathieu BELEZI nous décrit la fin de la colonisation en Algérie, à travers son personnage, Albert Vandel, dit Bobby caïd, Bobby baroud, Bobby la baraka, alors âgé de 145 ans, réfugié dans une de ses propriétés avec ses amis, femmes, mercenaires, servants, armés jusqu'aux dents. Dernier baroud d'un vieil homme effroyable qui a régné sur l'Algérie en toute impunité et qui a encore un reste de mordant.

132 années de colonialisme, où Vandel (pas loin de Vandale) et ses amis, ont volé, pillé, saccagé, violé, au sens propre comme au sens figuré l'Algérie. Ils l'ont dépossédé de tout, grignoté jusqu'à la moelle. Moi le Glorieux, en premier.

Moi le Glorieux est un ogre dantesque, orgiaque, pantagruélique, que rien ne rassasie. Il en veut encore et toujours plus. Il réduira les Algériens à l'état d'esclavage, ils seront tous soumis à son bon vouloir ; aussi bien les paysans, les enfants, que les femmes qu'il violera à tire larigot. Souvent pris de folie, il tue sans raison, usera de la torture, juste parce qu'il estime être dans son bon droit. Et gare à ceux qui ne lui obéissent pas.

Il est dans la démesure, d'autant plus, qu'il n'a aucun obstacle devant lui.

Moi le Glorieux est un livre abominablement magnifique. Tout est démesuré dans cette lecture. C'est le biais de Mathieu BELEZI pour décrire les exactions de tout genre qui se sont passés en Algérie.

Pour que l'on n'oublie pas.

J'avais lu « Attaquer la terre et le soleil » de Mathieu BELEZI. Au-delà de l'histoire de la colonisation de l'Algérie, j'ai été conquise par son écriture. Là encore, ce fut le cas.

PS : la couverture est superbe ! Il Dubbio de Luca Palazzi
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En 2011 paraissait chez Flammarion un stupéfiant objet littéraire intitulé « Les vieux fous. » Si son auteur n'était pas vraiment un inconnu - dès 1998 et la publication de son premier roman « le petit roi » (Editions Phébus), un écrivain de première force s'affirmait-, ce qu'il donnait maintenant à lire l'installait sans le moindre doute dans le tout meilleur de la littérature du début du XXIème siècle. C'est ce roman, revu par l'auteur, que propose l'excellent éditeur belge le Tripode sous le titre « Moi, le glorieux. »
C'est en fait entre 1988 et 1996 que furent publiés ses trois vrais premiers livres, sous sa véritable identité de Gérard-Martial Princeau. Puis, à la façon d'un Fernando Pessoa jouant des masques, il avait opté pour deux hétéronymes. Anne-Marie S. pour un titre unique, « La Crue » (Editions Phébus), en 1999. Et donc Mathieu Belezi. C'est sous ce dernier nom d'auteur qu'a vu le jour, entre 2008 et 2022, une tétralogie romanesque que l'on pourrait désigner comme sa somme algérienne : « C'était notre terre » (2008), « Les vieux fous » (2011), « Un faux pas dans la vie d'Emma Picard » 2015), « Attaquer la terre et le soleil » (2022, prix du Livre Inter 2023). A chaque fois les 132 années de la colonisation de l'Algérie, entre 1830 et 1962, se trouvent évoquées. Soit de façon polyphonique, soit restituée par la voix d'un unique protagoniste, soit encore par l'entremise d'un narrateur omniscient. La tragédie algérienne, depuis le prétendu « âge d'or » de la conquête jusqu'aux ultimes soubresauts des attentats de l'OAS, a trouvé en l'espèce la grande fresque à sa hauteur. Par l'inspiration, par le souffle, par la puissance de dévoilement.
Dans « Moi, le glorieux » un narrateur nommé Albert Vandel se tient au centre du récit. Peut-être se souvient-on d'un homonyme lointain, un certain Louis Vandell, auteur en 1859 d' « Une année dans le Sahel » ? Il s'agissait en fait, à l'instar de Mathieu Belezi pour « Moi, le glorieux », d'un pseudonyme : celui de l'écrivain et peintre orientaliste Eugène Fromentin (1820-1876), premier narrateur de la conquête et observateur sensible de ses dégâts. « Moi, le glorieux » se présente sous la forme d'un récit allégorique, dont la figure centrale incarne le colonialisme et ses 132 années de présence. Mathieu Belezi invente pour cela un personnage hors normes, ancien capitaine de l'armée française, sorte de poussah obèse en chaise roulante, retranché avec des hommes de main dans sa villa des Eucalyptus, sur les hauteurs d'Alger. L'homme, lié à l'OAS qui met la ville à feu et à sang tandis que l'Indépendance approche, s'appelle donc Albert Vandel et s'est lancé dans un délirant monologue, racontant la colonisation à sa manière, depuis les origines jusqu'aux soubresauts ultimes. Son âge l'y autorise : à 145 ans, il se targue d'être à la fois le « premier et dernier colon d'Algérie ». A son côté se tient la jeune Ouhria, 15 ans, enlevée au berceau lors d'une expédition punitive et dévolue à la satisfaction d'absolument tous ses besoins. Elle écoute d'une oreille apparemment distraite, mais certainement pas indifférente, la logorrhée du « vieux fou » : il est ici question de son peuple et de son pays. Par la bouche de Vandel s'exprime la mémoire coloniale, dans sa crudité et sa brutalité, dans sa fondamentale barbarie.
Vandel évoque des épisodes successifs de la conquête, de la spoliation et de l'asservissement des autochtones. A chaque fois, il se montre lui-même en action, tel l'éternel colonial sous ses différents visages. C'est après tout un seul et même esprit qui, depuis 1830, dirige le comportement des colonisateurs : appropriation continuelle de nouveaux espaces, exploitation des ressources, mainmise sur l'économie, exercice d'un pouvoir sans limite. de cet ensemble de scènes, comme autant d'images fortes de l'aventure, se dégage une véritable typologie de la colonisation. Alors même qu'il ne paraît jamais s'éloigner d'un vécu à hauteur d'homme, le récit de Vandel accède à une dimension symbolique. La force détonante du roman de Mathieu Belezi tient précisément dans cet alliage d'épaisseur et d'abstraction. de ses tableaux saturés de bruits, d'odeurs, de chaleur, de sexe, de sanies et de sang monte la froide logique qui commande au bout du compte l'entreprise initiée par Bugeaud. Derrière les « colonnes infernales » qui conquièrent le pays se tient l'« argent de la Banque d'Algérie et du Crédit Lyonnais ». Si le romanesque donne ici à plein, il stimule continûment l'intelligence historique. le roman est magnifique par son art de la représentation. Il est remarquable par ce qu'il rappelle et met en perspective à une plus vaste échelle.
Dans l'urgence, Vandel et une poignée d'autres représentants du « grand colonat » doivent maintenant fuir. Ils envisagent l'Afrique du Sud et les « terres bénies de l'apartheid » comme destination. Parce qu'ils savent qu'il faut attendre « le pire » d'un peuple sur le dos duquel on s'est enrichi. La phrase revient à plusieurs reprises dans le cours du récit. Si les « vieux fous » semblent divaguer, ils n'en ont pas moins une claire conscience de l'enjeu. Pour leur classe, pour eux-mêmes, et même pour les êtres qu'ils ont réduits en esclavage. Telle la petite Ouhria. L'équipée s'arrêtera brutalement à Ouargla, au début du Sahara. le « peuple hostile » tant méprisé, exploité et violenté, interceptera la petite troupe. Jusqu'au bout Vandel s'accrochera au mythe des bienfaits de 132 années de colonisation, du « travail admirable (…) pour le bien-être de l'Algérie. » Pour la foule, « une histoire révoltante. » On peut sans peine deviner la suite, à l'exacte hauteur du déni de réalité. Ultime violence de ce récit saturé de violences. D'une beauté terrible et rare. Relevant de la grande littérature.

Lien : https://jclebrun.eu/blog/
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critiques presse (4)
LeSoir
12 avril 2024
L’Algérie brûlante, l’Algérie dépouillée. Mathieu Belezi raconte la démesure coloniale dans une langue personnelle et embrasée.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LesEchos
09 avril 2024
Primé en 2022 pour « Attaquer la terre et le soleil », Mathieu Belezi revient à la guerre d'Algérie qui hante son oeuvre. Plongée dans la fictive peau d'Albert Vandel, colon insatiable mis face à une Algérie qui se libère du joug français, « Moi, le Glorieux » se présente sous la forme d'un obsédant monologue servi par une langue unique.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Lexpress
18 mars 2024
L’auteur d'"Attaquer la terre et le soleil" revient avec fureur sur l’histoire d’un siècle de conquête coloniale. A 70 ans, le romancier n’a rien perdu de sa fougue.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LePoint
13 mars 2024
Dans "Moi, le glorieux", Mathieu Belezi narre l’itinéraire d'un grand colon aux airs de capitaine Kurtz de Francis Ford Coppola. Puissant.
Lire la critique sur le site : LePoint

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