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EAN : 9782081274341
429 pages
Flammarion (24/08/2011)
2.5/5   13 notes
Résumé :
Quatrième couverture :
Aux derniers jours du règne colonial, Albert Vandel n'a renoncé à rien. Il a la nostalgie du temps des pionniers, des conquêtes algériennes, quand, à la tête d'un bataillon de zéphyrs, il donnait son sang et son âme pour civiliser les peuples, pacifier les territoires. Pourquoi renoncerait-il ? Puisque les ors de la République lui ont permis d'étendre son pouvoir au fur et à mesure qu'il convertissait des contrées arides en inépuisables... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Albert Vandel - « ancien capitaine de l'armée française », « Dieu à la place de Dieu » ainsi qu'il aime à le dire, ou le penser – raconte sa vie de colon français en Algérie à Ouhria, « petite Mauresque à peine nubile, que j'ai recueillie berceau et qui a grandi à l'ombre de mes idées quinze années durant pour son bien-être et le mien », même si celle-ci aime dormir paisiblement et n'écoute pas les paroles du vieux fou qui résonnent dans le vide.

Albert Vandel ? Voici d'emblée, dès les premières lignes, dès les premiers paragraphes, un personnage, le narrateur, qui sait à merveille susciter une profonde antipathie dans l'esprit du lecteur : ses mots, ses attitudes dépeignent le portrait d'un mégalomane accompli, brandissant à tout va ses attributs phalliques : un être assoiffé de pouvoir, de reconnaissance, qui aime violer (à l'aide de son « braquemart » dont il n'hésite pas à indiquer la longueur disproportionnée), tuer, manipuler, asservir, s'enivrer de toutes sortes d'alcool et de femmes… Un être raciste qui inspire une intense révulsion.

Quelles raisons ont amené l'auteur, Mathieu BELEZI, à donner la parole à cet homme singulier ? En titrant son roman « Les Vieux Fous », il laisse penser qu'il prend lui-même une distance certaine avec les propos et les agissements d'Albert Vandel, venant les dénoncer dans ce qu'ils ont de plus anormaux. La note finale rajoutée par l'auteur accrédite cette thèse. Ainsi qu'il l'écrit : « Découverts dans les deux volumes du Centenaire de l'Algérie, de Gustave Mercier, les discours prononcés par les personnalités de tous bords à l'occasion de la visite du président de la République française m'ont paru si édifiants que je n'ai pas résisté à la tentation d'en reproduire quelques extraits dans mon roman ».

« Les Vieux Fous » a pour toile de fond l'Algérie française, de 1830 à 1962, traitant de la question du colonialisme, à travers le parcours mégalomaniaque d'un homme, Albert Vandel, qui n'a qu'une aspiration : devenir le maître incontesté de l'Algérie afin qu'elle incarne au mieux la France. Cette aspiration démesurée est bien rendue par l'identification de cet homme avec l'Algérie française : il semble la personnifier puisqu'il indique qu'il a son âge : dès la page 13, il s'exclame : « et à présent que j'atteins ma cent quarante-cinquième année ».

Le portrait de cet homme antipathique m'a particulièrement rebutée, dès le début. Au fur et à mesure de ma progression, un certain sentiment d'accoutumance s'est fait jour et la dimension grotesque et risible du personnage m'est apparu. Même si, au final, je n'ai guère accroché à la lecture de ce roman, je retiens quelques aspects intéressants, moteurs d'une lecture attentive :
Le récit introspectif d'Albert Vandel est ponctué de dialogues brefs, en forme de litanies, construites de manière identique, montrant que le narrateur prend Ouhria à parti, mais celle-ci, invariablement repousse ses propos :
« - Présent, passé et avenir rampaient à nos pieds ! Tu entends, Ouhria ? Rampaient à nos pieds !
- Foutez-moi la paix, monsieur Albert, je dors » (p. 94)
Cette litanie donne un tour comique aux dires du « grand homme » et en minimise leur force suggestive. Elle montre l'indifférence d'Ouhria aux propos de son maître, qui sait, de ce fait, marquer sa liberté par rapport à son emprise aliénante, mais qui en même temps n'oublie pas la puissance de celui-ci, adjoignant à son dédain un très à propos « monsieur Albert ».
La typographie est particulièrement originale dans ce roman et mérite d'être soulignée : pas un point n'apparaît au fil des 400 pages pour marquer la fin des phrases. Par contre, de nombreux points d'exclamation ponctuent les dires d'Albert Vandel, soulignant sa force de caractère singulière. La mise en page est également bien pensée, avec de nombreux retours à la ligne, une accentuation des dialogues, une construction des chapitres qui alternent les temps narratifs : le présent (sur le mode de l'affirmation péremptoire : « Je peux vous le dire, ils ne m'auront pas » marquant la détermination pitoyable d'un homme à l'agonie) et le passé (sur le mode du narcissisme et de la mégalomanie : « C'est moi »).
Les retours à la ligne permettent d'accentuer certains traits, par exemple l'égo démesuré d'Albert Vandel :
« C'est moi
oui c'est moi qui étais l'homme préféré des femmes d'Algérie, la longueur de mon braquemart m'avait rendu célèbre du cap Matifou au djebel Amour » (p. 109)
Cette mise en page permet une lecture plus fluide, accentue certains effets, tel le rythme qui s'accélère lors de scènes d'action, ou bien le suspens.

Un roman qui dépeint un vieux fou, un personnage révulsant et ignominieux, en termes crus et réalistes qui savent dire sa perversité, sa mégalomanie. Un livre qui peut mettre mal à l'aise, qui se montre dérangeant, mais quelques dimensions bien pensées invitent à poursuivre la lecture.
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Autant vous le dire tout de suite, c'est un livre dont j'ai failli abandonner la lecture une dizaine de fois. Si je ne l'avais pas reçu dans le cadre de la rentrée littéraire 2011, j'aurais laissé tomber dès la page trente.

Imaginez des horreurs, des meurtres, des scènes de torture, de viols pendant des pages et des pages. Et quand vous pensez que c'est fini et bien cela recommence. Et bien c'est cela les Vieux Fous. Je n'ai rien à reprocher au style de M. Belezi, il est bon mais le racisme, l'antisémitisme et le fascisme de son personnage Albert Vandel m'ont vraiment dégoutés.

Je comprends l'intention et la volonté de dénoncer le colonialisme et ses excès, ses horreurs mais je trouve qu'il y a des romans qui sont plus réussis que celui là. Par exemple "les racines du Ciel" sont à citer même si ce n'est pas exactement la même approche.

Ayant enfin tourné la dernière page de ce roman, je me demande ce qui fait la différence avec "les Bienveillantes" qui sont une meilleure démonstration que l'on peut écrire pour dénoncer en prenant le point de vue du tortionnaire. Mais peut être ai je tort.

1ere phrase : « JE PEUX VOUS LE DIRE, ils ne m'auront pas. »

En conclusion, un livre à ne pas mettre entre toutes les mains, âmes sensibles s'abstenir.
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J'aime le style d'écriture de M.Belezi (2ème roman que je lis), qui me fais souvent penser à un auteur que j'ai beaucoup lu : A.L. Antunes.
Je me laisse porter par les longues phrases, sans point final. Comme chez A.L. Antunes plusieurs plans peuvent se superposer dans une même phrase sans que le lecteur s'y perde. Les chapitres sont des alternances de diverses époques de la colonisation de l'Algérie par la France, des débuts jusqu'à l'indépendance. Comme dans "Attaquer la terre et le soleil" beaucoup de scènes sont dures, les personnages sont détestables. Comme chez A.L. Antunes le lecteur est immergé dans la folie des personnages.
Lecture ardue par le sujet, le point de vue adopté et par le style ; mais cela en vaut la peine car M.Belezi crée un véritable univers dont on ne sort pas indifférent.
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On ne ressort pas indemne de la plongée dans cet univers des « vieux fous » à la tête du quel Albert Vandel se veut Dieu avant tous les autres. Il se veut le maître de tout ce qui respire et pousse autour de lui. Pour se faire tous les moyens sont bons, se débarrasser de tout ce qui l'empêche d'avancer d'un coup de sabre qu'il donne lui-même, ou par l'intermédiaire des fusillades de ses soldats déserteurs ou de ses crocodiles utiles fossoyeurs pour faire disparaître les cadavres !
Manger, boire, se repaître de tout ce qui porte jupons, à en perdre toute raison et connaissance ! Ne veut-il pas devenir maître de toute l'Algérie !
Un roman violent, qui nous montre cet antihéros dans son délire, jusqu'à sa fin prévisible qui ne nous fera pas verser une larme ; dans le fond il n'a eu que ce qu'il méritait. J'ai continué cette lecture jusqu'à la dernière page car je voulais en apprendre plus sur l'histoire de l'Algérie. J'étais enfant lorsque ces événements se sont déroulés.
Quand au style de Mathieu Belezi, il se veut aussi déroutant que son personnage ! Je ne peux que conseiller de lire l'excellente critique de Seraphita en date du 27 octobre 2011.
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Que dire de ce roman???? de la science-fiction? Des fantasmes nauséabonds? Après " C'était notre terre" , " Les vieux fous". Monsieur Belizi persiste dans le sordide. Je recommande " Ce que le jour doit à la nuit " de Yasmina KHADRA . Magnifique roman sur cette triste page d'histoire franco-algérienne.
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critiques presse (1)
LePoint
24 août 2011
Alliant le réalisme magique - cadre historique documenté, mais traitement halluciné - à une verve provocante toute célinienne, Mathieu Belezi plonge dans les entrailles de la colonisation.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
« - Albert Vandel est un ancien capitaine de l’armée française, on peut lui faire confiance
a-t-il précisé, regardant sa femme et son frère pendant que je me débarrassais de mon sabre qui me battait la cuisse
- Il faut vous dire, madame, que j’ai eu Bugeaud pour général, et que sous ses ordres j’ai mené nombre de ces colonnes infernales qu’il avait lancées à travers le pays. Avec lui j’ai appris la manière forte, la seule manière de tanner la peau têtue de ces Arabes. Alors si vous voulez bien me laisser organiser la défense de votre ferme.
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je suis vieux, mais pas gâteux, je peux encore tirer mon épingle du jeu et trouver un terrain d’entente avec les Ben Bella et les Boumediene qui ne tarderont pas à s’installer dans les fauteuils encore chauds du pouvoir, car aucun fauteuil du pouvoir n’est jamais resté vacant en ce bas monde, mettez-vous bien ça dans la tête, et vous finirez par vous rendre compte que vos aveugles caboches de barbares n’auront pris les fusils que pour remplacer des maîtres par d’autres maîtres p. 14/15
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