AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782226487162
496 pages
Albin Michel (31/01/2024)
  Existe en édition audio
3.67/5   350 notes
Résumé :
Cinquante-deux semaines : c'est le temps qu'il reste à Mona pour découvrir toute la beauté du monde.C'est le temps que s'est donné son grand-père, un homme érudit et fantasque, pour l'initier, chaque mercredi après l'école, à une oeuvre d'art, avant qu'elle ne perde, peut-être pour toujours, l'usage de ses yeux. Ensemble, ils vont sillonner le Louvre, Orsay et Beaubourg. Ensemble, ils vont s'émerveiller, s'émouvoir, s'interroger, happés par le spectacle d'un tableau... >Voir plus
Que lire après Les Yeux de MonaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (80) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 350 notes
5
26 avis
4
23 avis
3
12 avis
2
9 avis
1
0 avis
Quand Mona lisait...des oeuvres d'art

A 10 ans, Mona n'a encore rien vu. Et pourtant sa vie risque de chavirer dans l'obscurité la plus totale.
Avant de peut-être perdre définitivement l'usage de ses yeux, ses parents et le corps médical mettent tout en oeuvre pour tenter de repousser cette étrange cécité qui la guette.
Son grand-père, quant à lui, a promis de l'emmener tous les mercredi chez le psychologue afin de l'aider à traverser cette épreuve particulièrement compliquée.
Mais Henry, le "Dadé" fantasque ne va pas vraiment tenir sa promesse. En secret, il a décidé de faire découvrir chaque semaine à sa petite-fille une oeuvre d'art dans un grand musée parisien.
Une découverte qui va se dérouler sur 52 semaines, soit l'équivalent d'une année ou d'un jeu de cartes complet.
A travers les yeux de Mona et surtout grâce à l'érudition d'un homme au moins équivalente à celle de trois conservateurs de musée réunis, nous allons nous émerveiller devant les tableaux ou les sculptures de Vermeer, Botticelli, Claudel, Turner, Monet, Manet, Basquiat, Degas, Picasso ou encore Kahlo. En parcourant les galeries du Louvre, d'Orsay et de Beaubourg nous allons assister à un véritable éveil spirituel par le questionnement et l'observation grâce au pouvoir de l'art.
Mona, qui au fil des visites se découvre un "oeil absolu", a à présent toutes les cartes en main pour partir à la recherche de cette lumière qui jaillit en elle pour la guider au coeur d'une nuit qui s'annonce sans fin...

52 chefs-d'oeuvre pour un fabuleux parcours initiatique en compagnie de personnages attachants. Une belle alchimie entre une petite-fille et son grand-père. Des présentations d'oeuvres passionnantes pour le novice ou l'érudit.
Même si la tension narrative perd un peu parfois de sa puissance au profit de celle de l'art qui en impose et impressionne, ce roman n'est jamais ennuyeux ni assommant. On observe, on s'interroge, on apprend aussi. Beaucoup. Sur l'art. Sur soi-même. Une belle invitation à regarder. Sans cesse. Regarder à perte de vue...

Commenter  J’apprécie          19054
Alors qu'elle est en train de faire ses devoirs, Mona, neuf ans, se retrouve soudain plongée dans le noir total. Durant plus d'une heure, soit une éternité, la fillette va connaître l'angoisse de la cécité, un épisode des plus traumatisant… Dès lors, c'est le branle-bas de combat parmi les spécialistes qui tentent d'élucider ce mystère et de comprendre ce qui provoque ces crises aussi soudaines qu'imprévisibles…
Pour Henry Vuillemin, son grand-père adoré, son “Dadé”, il y a urgence à agir. Hors de question de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Si sa petite fille doit devenir aveugle, alors il faut avant cela remplir ses yeux et son esprit des plus belles oeuvres artistiques qui composent le monde! Henry lui concocte en conséquence un programme sur un an, avec l'étude approfondie d'une oeuvre d'art par semaine. En passant par Le Louvre, le musée d'Orsay et Beaubourg, ce parcours initiatique va nous faire (re)découvrir 52 oeuvres et artistes qui ont marqué, chacun à leur façon, leur époque.

Comment ne pas succomber au charme de ce roman plein de bienveillance et d'érudition? J'ai adoré déambuler avec nos deux protagonistes à travers les galeries des différents musées, prendre le temps d'observer mais aussi d'apprendre et de comprendre les oeuvres choisies et leur artiste. J'ai aimé voir grandir Mona, suivre l'évolution de sa pensée, véritable terreau fertile dans lequel ce grand-père érudit et pédagogue sème les graines du savoir de manière ludique et didactique, façonnant les prémices d'une réflexion qui ne demande qu'à s'épanouir et faire son chemin…

J'ai trouvé la relation entre ce grand-père, vieil homme taiseux et solitaire depuis la mort de sa femme, et sa petite fille de toute beauté! Entre tendresse et admiration, le lien est profond, marqué par une étonnante maturité. Thomas Schlesser joue, au fil des chapitres, sur le poids de l'héritage familial, laissant planer sur cette relation étroite le fantôme d'une grand-mère partie trop tôt et les non-dits qui entourent sa disparition… le dénouement a beau être prévisible, le mystère qui entoure cette grand-mère, étroitement liée au destin de sa petite fille, n'en reste pas moins prenant!

L'écriture, quant à elle, est relativement simple et pour le moins agréable. L'auteur parvient sans problème à rendre accessible la lecture d'une oeuvre d'art à un lecteur néophyte qui s'y intéresserait sans avoir de connaissances particulières. Comme Mona, on a le sentiment de s'instruire sans se forcer, en mêlant le plaisir de la lecture à l'apprentissage. Seul bémol, le côté très répétitif de la narration, calquée sur le même schéma durant 52 chapitres et découpée ainsi: bref épisode de la vie de Mona/ description d'une oeuvre choisie par le grand-père/ échange autour de l'oeuvre entre les deux protagonistes/ leçon de vie que l'on peut en tirer. Une narration sans surprise donc, voire un peu simpliste mais qui n'ôte en rien la qualité du propos.

Bref, “Les yeux de Mona” reste une très jolie lecture que je me ferai un plaisir de conseiller autour de moi! Mention spéciale à l'éditeur qui a particulièrement su se démarquer dans son travail d'édition en imprimant une jaquette dans laquelle figurent toutes les oeuvres évoquées (et en couleurs!). La couverture se déplie et se déploie, permettant au lecteur de prendre connaissance, en même temps que Mona, de l'oeuvre étudiée. Une attention fort délicate mais surtout utile et moins rébarbative que d'interrompre sa lecture pour aller chercher les infos sur son téléphone!
Commenter  J’apprécie          860
J'ai récemment publié une citation qui démontre la multiplicité de la linguistique sur le sens de l'ouïe "Nous nous étions écoutés et donc bien entendus.".
L'une des richesse de la langue française c'est de donner un sens à chaque action, au propre comme au figuré,
On peut voir une oeuvre d'art, on peut regarder une oeuvre d'art, on peut observer une oeuvre d'art, on peut contempler une oeuvre d'art. Mona en compagnie de son grand-père à décidé de passer par toutes ces étapes, voire de les dépasser au point de les fixer....
Et ensuite viendront les clefs de décryptage, ou au moins des codes de lecture pour peu qu'en s'en donne le temps...

Car par moment on se dit que l'art est devenu un produit de consommation comme un autre : pour s'en convaincre il suffit de prendre un peu de recul au Louvre dans la salle de la Joconde, pour "contempler" ces centaines de personnes se presser pour voir Mona Lisa au travers de leur écran de portable, voire s'immortaliser au côté d'elle dans un selfie, ce qui  pourrait expliquer ce rictus un brin moqueur. Ces mêmes personnes n'ayant pas même un regard pour le plus grand tableau du musée Les noces de Cana par Véronèse, pourtant difficile de la manquer avec ses plus de 70m2, sans parler de autres toiles de la salle : des Titien, d'autres Véronèse, des Tintoret.....
Loin de ce que disait Pierre Bonnard dans ses carnets "Oeuvre d'art : un arrêt du temps"....

Ce livre nous invite à cet arrêt du temps, et les questions fusent :
Pourquoi une oeuvre d'art nous happe ?
Pourquoi un tableau nous fait nous arrêter dans une salle de musée qui en compte des dizaines ?
Pourquoi une sculpture nous interpellé sans le vouloir ?
Pourquoi un détail nous attire dans une toile ?
Pourquoi ressentir de l'aversion pour une oeuvre et un magnétisme incompréhensible pour une autre ?
Qui n'a pas ressenti au gré d'une déambulation dans un musée, une sorte de magnétisme inexplicable sur une oeuvre d'art, pas forcément des plus connues.
C'est ce qu'expliquait récemment l'auteur :
"Un enfant, comme un adulte, peut ressentir une part de satisfaction, comme de frustration, lorsqu'il regarde une image. le problème, c'est le déficit du sens. Au fond, devant une oeuvre, on a l'impression qu'il y a quelque chose de magnétique, mais pleine de trous, et ces trous, il faut les combler. Pour les combler, malheureusement, il n'y a pas beaucoup d'autres choix que de faire un certain effort de travail, de savoir, de réflexion. Pour cela, il faut des passeurs, des professeurs, des conservateurs, des gens capables de recontextualiser, de donner des éléments symboliques, historiques, biographiques. Et petit à petit, ce qu'est l'énigme d'une oeuvre va gagner en relief, en profondeur, en multiplicité de strates."
Et l'auteur se fait passeur...

Alors effectivement, ce magnifique livre tant sur le fond que sur sa forme, fera indéniablement penser au Monde de Sophie, ou au Voyage de Théo.
La philosophie, la religion, l'art, comme une forme de trinité. Une trinité indissociable au fil de l'histoire de l'art.
Alors du Louvre, à Orsay et Beaubourg, on ne peut que céder à ce recit de transmission entre grand-père et petite fille. Leur secret comme un miroir des oeuvres et leurs secrets.

Même une conservatrice d'Orsay tombe sous le charme de cette complicité intergénérationnelle
"Je vous ai donc entendus à plusieurs reprises, toi et ton grand-père, sans que vous ne vous en rendiez compte, d'abord au Louvre en effet, puis ici. Comprenez : j'ai soixante-cinq ans, et jamais, je vous assure, je n'aurais pu espérer que mon métier prenne enfin autant de sens… Jamais il ne m'a été donné de croiser deux visiteurs aussi fantastiques dans les allées d'un musée. C'est la récompense de toute une carrière, de vous observer. Chère Mona (elle connaissait donc le prénom de l'enfant), cher monsieur, je suis désolée de cette intrusion mais vos conversations devant des oeuvres furent, avant mon départ à la retraite, le plus beau cadeau que je pouvais espérer m'offrir."

Quand ce n'est pas un gardien à Beaubourg qui apostrophe notre duo devant la" Croix Noire" de Kasimir Malevitch
" Il fallut l'intervention d'un gardien pour arracher Mona et son grand-père à leur méditation.
– Dites donc, vous deux : est-ce que vous préparez un mauvais coup ?
– Un mauvais coup ? s'étonna Henry. Et pourquoi donc ?
– Voilà une heure que vous regardez cette croix ! Personne ne regarde jamais cette croix plus de dix secondes.
– Allons, mon ami : un vieux monsieur et une fillette ! de quel mauvais coup parlez-vous ?
Encore un instant et nous ne vous embêterons plus avant la semaine prochaine.
– Encore cinq minutes… Pas une de plus.
Le gardien retourna s'asseoir sans quitter le binôme du regard"

Proust a écrit : “Par l'art seulement nous pouvons sortir de nous-mêmes.”
Et ce livre est une belle démonstration qu'il y a toujours, dans l'art, du nouveau à découvrir. Les grandes oeuvres semblent différentes chaque fois qu'on revient vers elles. Elles ont quelque chose d'inépuisable et d'imprévisible, tout comme l'être humain, et on ne peut jamais prétendre les connaître à fond. L'essentiel réside peut-être en ceci qu'il faut les aborder avec un esprit non prévenu, prêt à saisir la moindre allusion et à faire écho à l'harmonie la plus cachée.

Une chose est certaine c'est qu'une fois le livre refermé, il reste quelque chose de Mona. Telle une ombre, cette ombre à l'origine de la peinture, comme le lui explique son grand père :
"Et l'ombre est à l'origine de la peinture, Mona… Son « degré zéro », si tu préfères.
– Comment donc ?
– Durant l'Antiquité, Pline l'Ancien racontait une histoire dont on a souvent considéré qu'elle constitue le mythe originel des arts visuels. C'est celui de Callirrhoé. Il s'agit d'une femme qui vivait à Sicyone, en Grèce, voilà environ deux mille six cents ans. Callirrhoé est amoureuse d'un homme qui doit partir pour l'étranger. Elle souhaite conserver une image de lui. Comment s'y prend-elle ? Elle trace sur un mur les contours de son ombre portée par la lumière d'une lanterne. C'est aussi simple que cela : l'ombre est en quelque sorte le négatif du modèle et, en fixant avec du charbon de bois sa silhouette, elle en retrouve le positif."

Bonnard disait "Il ne s'agit pas de peindre la vie, mais de rendre vivante la peinture."
Thomas Schlesser a su au travers de ce récit faire honneur à cette citation, et démontre bien ce mot que les Italiens associent à l'art : "arte è una cosa mentale."
Commenter  J’apprécie          7233
Moi aussi j'aurais aimé avoir un Dadé qui me fasse aussi joliment découvrir les oeuvres d'art et la beauté du monde. Art et émotion entremêlés.

Les artistes nous parlent et nous sommes peu nombreux à les écouter. Voilà ce que Thomas Schlesser aimerait nous faire comprendre au travers de ce joli roman.
Dès le début du roman il se passe un phénomène qui nous touche. Une toute jeune fille de 10 ans perd, de manière inexpliquée, la vue pendant 73 longues minutes. Il y a de fortes chances qu'elle perde la vue dans l'année qui suit.
Mona est une fille vivante et en pleine santé jusqu'à ce moment diabolique où elle perd la vue durant un temps non négligeable. le pédiatre spécialiste en la matière n'ayant pas réussi à poser un diagnostic franc, il a pour tout conseil d'avoir une bonne hygiène de vie, un suivi médical régulier et le soutien auprès d'un pédopsychiatre.
Camille, la mère de Mona travaillant, elle se tourne vers son père Dadé Henry Villemin pour accompagner sa petite fille tous les mercredis après-midi chez le pédopsychiatre de son choix.
Henry est totalement fou de sa petite-fille et lui propose un deal, faire les musées plutôt que la consultation psy et lui montrer une oeuvre par semaine.
Commence alors ce joli parcours initiatique qui va affuter, peu à peu, la perception que Mona va se faire d'une oeuvre d'art. 52 mercredis pour 52 oeuvres d'art essentielles. Botticelli, Léonard de Vinci, Michel Ange, Goya, Rembrandt, Camille Claudel, William Turner, René Magritte, Frida Kahlo, Edouard Manet, Paul Cézanne, Antoine Watteau Johannes Vermeer, Pierre Soulages et tant d'autres vont être approchés par la lecture d'une de leur oeuvre essentielle. Mona et Dadé Henry vont se promener dans les musées du Louvre, d'Orsay ou de Beaubourg.
Chaque chapitre sera prétexte au décodage d'une oeuvre, au message qu'elle contient, à une réflexion sur la vie ; et pourquoi pas une forme d'initiation à la sagesse, à la philosophie, à l'histoire de l'art.
La découverte de chaque oeuvre se fait selon la même approche : d'abord regarder silencieusement le tableau durant quelques longues minutes où couleurs, formes et matières émergent, laisser s'évader l'esprit, puis y mettre des mots, en parler. Certains des messages sont à lire entre les lignes. La représentation est le fondement même de notre civilisation (comme le dit si bien Richard Malka dans l'article publié par un hebdomadaire), mais la visée de l'artiste est tout aussi importante à connaitre. Et ça, Thomas Schlesser le relate intelligemment par le mode d'observation que le grand-père a instauré.
Dadé est un octogénaire plutôt atypique, rude, mais l'amour qu'il voue à sa petite-fille, passe avant tout le reste. Il tient à ce qu'elle ait pu voir toute la beauté du monde avant que la cécité ne s'installe.
Emotion, passion et effet « Carpe Diem » sont omniprésents.

Pour amener la touche romancée, Thomas Schlesser y entrelace une histoire familiale cousue de secrets de famille enfouis et traumatiques. Il nous prouve à quel point le poids du passé peut peser sur les générations suivantes.
Le thème de l'euthanasie, imbriqué dans l'histoire familiale, est tout aussi judicieusement traité. Thème qui m'est d'autant plus cher que je trouve que bien trop de professionnels - de santé entre autre - se disent légitimes dans le choix d'un acte qui ne regarde que la personne en grande souffrance et qui appelle au secours.
Ces deux derniers thèmes sont, pour moi du moins, largement aussi admirablement traités que le thème de la lecture d'une oeuvre d'art.

J'ai préféré lire ce roman en plusieurs fois, ressentant parfois le besoin de prendre un livre d'art pour aller plus loin dans le décryptage de Thomas Schlesser. Ce livre éveille notre curiosité, en tout cas celle de personnes qui ne sont pas du métier, pas des pros en matière d'histoire de l'art. Il peut être jugé trop superficiel pour les spécialistes d'art, mais il fait un bien fou aux non initiés. Cette dernière publication, contrairement aux précédentes de Thomas Schlesser, est un roman et non un livre d'art.

A noter également ce merveilleux support de lecture qu'est la jaquette des 52 oeuvres. Elle est disjointe du livre à proprement parler, mais devient indispensable au fil de la lecture.

Citations :

« Entre Henry et Mona, il y avait désormais la nostalgie des secrets. C'est si grand, c'est si bon d'enchâsser dans la réalité une réalité autre, où nul n'est jamais invité à entrer. Et c'est si douloureux de devoir un jour renoncer à ce dédoublement… Peut-être est-il alors des pèlerinages nécessaires pour dire ‘'adieux'' à ces vies parallèles ? »
"Des grands-parents aux petits-enfants, des petits-enfants aux grands-parents, se crée parfois un lien miraculeux, qui tient au fait que, par une sorte de courbe existentielle, les aînés reviennent du haut de leur vieil âge, aux sentiments de leur prime jeunesse et saisissent, mieux que quiconque, le printemps de la vie. »… « Il y a des êtres en ligne droite et d'autres en bifurcations. Henry, jusque'à la mort, devait être de la seconde espèce. »
« Oublie le négatif, ma chérie ; garde sans cesse la lumière en toi. »
« Oh, Dadé… comme c'est beau, tout ça. Et comme c'est beau, tout au-delà. »

« De cet épisode héroïque et tragique, son orpheline de fille avait tiré deux leçons. La première, c'est que la foi en Dieu donne une force sidérante. Aussi devint)-elle une chrétienne fervente. La seconde, c'est l'importance de choisir sa mort. Aussi devint-elle une militante de l'euthanasie. »… » Son malaise c'était de constater que les progrès de la médecine, très louables en eux-mêmes, produisaient des situations paradoxales. Au fur et à mesure qu'on trouvait les moyens de prolonger la vie, jusque'à quatre-vingt dix ou cent ans, parfois plus, au fur et à mesure qu'on repoussait la résistance humaine, apparaissaient des maladies neurodégénératives qui faisaient parfois de ces âges avancés des moments atoniques inacceptables. »

« On apprend que perdre est la condition indispensable de la sensation vitale, de l'intensité présente. »
Commenter  J’apprécie          6123
"Le monde de Sophie" de Jostein Gaarder, publié en 1995, était un roman qui permettait de s'initier à la philosophie de façon ludique.
"Les Yeux de Mona" est le roman qui permettra surement de s'initier à l'art de la même façon.
Parce qu'une petite fille risque de perdre la vue, son grand-père va l'emmener chaque semaine découvrir une oeuvre d'art dans un musée parisien.
L'idée est loin d'être mauvaise, mais le côté "une oeuvre par semaine" durant 52 semaines est vite répétitif, bien que chaque visite ne dure que le temps de 2 ou 3 pages.
Et même si j'ai appris quelques faits ou anecdotes sur les oeuvres proposées, je n'ai pas aimé le fait que le grand-père propose également une sorte de morale ou de vérité absolue au sujet de chacune des oeuvres.
Le grand-père m'a d'ailleurs impressionnée par son érudition exceptionnelle, à croire que ce monsieur a des connaissances poussées en peinture, sculpture, architecture, mais aussi en histoire, philosophie, religion etc...
Le roman n'est pas déplaisant à lire, mais j'ai trouvé dommage que l'aspect didactique soit autant marqué.
Commenter  J’apprécie          746


critiques presse (11)
LaTribuneDeGeneve
20 mars 2024
L’historien de l’art Thomas Schlesser a fait le choix du temps long pour dérouler ce récit initiatique, il l’est parfois un peu trop. Et le schéma, répétitif, finit par épuiser la dynamique.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
LaPresse
12 mars 2024
Vendu dans plus de 25 pays avant même d'avoir été publié en français, le premier roman de Thomas Schlesser, Les yeux de Mona, est une magnifique initiation à l'art à travers la relation exceptionnelle entre un grand-père et sa petite-fille. Un véritable conte littéraire, pourrait-on ajouter en refermant le livre, qui nous fait redécouvrir 52 oeuvres d'art sous un nouveau jour.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaLibreBelgique
11 mars 2024
L'historien d'art Thomas Schlesser offre un conte initiatique efficace pour redécouvrir l'histoire de l'art.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Bibliobs
08 mars 2024
Fruit d’un travail de longue haleine, le roman de l’historien d’art Thomas Schlesser connaît un accueil planétaire. Sans doute parce qu’il y parle des œuvres de manière intelligible.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeJournaldeQuebec
04 mars 2024
Les yeux de Mona, de l’écrivain français Thomas Schlesser, rencontre un succès phénoménal.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
OuestFrance
21 février 2024
L'historien de l'art Thomas Schlesser connaît le succès avec « Les yeux de Mona », l'histoire d'une fillette que son grand-père initie à l'art en l'emmenant dans les musées. L'occasion d'un émouvant voyage à travers l'histoire de la sculpture et de la peinture, qui est aussi une jolie leçon de vie
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LeMonde
19 février 2024
Mona contient [...] les ingrédients du cocktail à succès : pitch dramatique et ingénieux, récit érudit et captivant, fin à suspense, écriture fluide, émotion coulant tel un torrent, lien magique entre deux générations. Et puis c’est un roman d’apprentissage. De la vie comme de l’art.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeDevoir
19 février 2024
Qu’a-t-il donc de si extraordinaire, ce roman ? On serait tenté de dire qu’il fait du bien, tout simplement. En plus d’encenser la beauté du monde telle que magnifiée par les plus grands artistes de l’histoire, il souligne ce que l’humanité peut encore entretenir de mieux : la curiosité, la générosité, l’humilité et l’intelligence.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaCroix
16 février 2024
Les Yeux de Mona n'est pas seulement un roman d'initiation à l'art. Menacée de cécité, une fillette de 10 ans va découvrir le secret de l'existence. Avec ce livre, déjà promis à une trentaine de traductions, Thomas Schlesser signe un conte universel.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Telerama
15 février 2024
Signé Thomas Schlesser, historien d'art, c'est le succès surprise de l'édition en ce début d'année : il évoque avec gourmandise cinquante-deux chefs-d'oeuvre à voir dans les musées parisiens. Mieux qu'Emily in Paris pour attirer les touristes ?
Lire la critique sur le site : Telerama
LeSoir
13 février 2024
Thomas Schlesser fait parcourir des siècles de beauté à une fillette qui va devenir aveugle, en l'emmenant dans les musées. « Les yeux de Mona » emporteront ces images.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (90) Voir plus Ajouter une citation
Tu as tout compris: disparus, nos aînés ne nous demandent pas de nous conformer à ce qu'ils ont fait; ils nous disent juste d'être dignes de ce qu'ils furent.
Commenter  J’apprécie          30
Grosse déception
Commenter  J’apprécie          10
Tout devint sombre. Ce fut comme un habit de deuil Et puis, çà et là, des scintillements, à la façon des taches que produit le soleil quand les yeux le fixent en vain derrière les paupières serrées, de même qu'on serre le poing pour résister à la douleur ou à l'émotion.
Bien sûr, elle n'avait pas du tout décrit la chose ainsi. Dans la bouche d'une enfant de dix ans, fraîche et inquiète, la détresse se formule sèchement, sans fioriture ni lyrisme. 
– Maman, c'est tout noir !
Mona avait lancé ces mots d'une voix étranglée. Une plainte ? Oui, mais pas seulement. Elle y avait, malgré elle, glissé un accent de honte que sa mère, chaque fois qu'elle l'identifiait, prenait avec gravité. Car s'il était bien quelque chose que Mona ne feignait jamais, c'était la honte. À peine celle-ci se nichait-elle dans un mot, une attitude, une intonation, que le sort en était jeté une vérité désagréable avait pénétré.
–Maman, c'est tout noir !
Mona était aveugle.
L'effet semblait dépourvu de cause, Rien de particulier ne s'était passé; elle travaillait sagement à ses mathématiques, un stylo dans la main droite, un cahier coincé sous la paume gauche, à l'angle de la table où sa mère truffait d'ail un rôti bien gras. Mona était en train de retirer délicatement de son cou un pendentif qui la gênait parce qu'il se balançait au-dessus de sa feuille d'exercices et qu'elle avait pris la mauvaise habitude de se voûter pour écrire. Elle sentit une ombre lourde s'abattre sur ses deux yeux, comme s'ils étaient punis d'être si bleus, si grands, si purs. L'ombre ne vint pas du dehors, ainsi qu'elle vient communément, quand la nuit tombe ou quand les lumières d'un théâtre baissent d'intensité ; l'ombre s'empara de sa vue depuis son propre corps, depuis l'intérieur. En elle-même s'était insinuée une nappe opaque qui l'avait coupée des polygones tracés sur son cahier d'écolière, de la table en bois brun, du rôti posé plus loin, de sa mère en tablier blanc, de la cuisine carrelée, de son père assis dans la pièce à côté, de l'appartement de Montreuil, du ciel grisé de l'automne qui surplombait les rues, du monde entier. L'enfant, par un sortilège, plongeait dans les ténèbres.

(INCIPIT)
Commenter  J’apprécie          80
Un grand collectionneur de l’époque du nom de Charles Ephrussi avait commandé à Manet une peinture figurant une botte d’asperges entière. L’artiste en exigea huit cents francs. Cela semble dérisoire en comparaison des millions que vaudrait une seule des toiles de Manet aujourd’hui mais c’était loin d’être négligeable. Le salaire quotidien moyen, à cette époque, était d’environ cinq francs. Quoi qu’il en soit, Charles Ephrussi fut si heureux du tableau (qui est aujourd’hui conservé en Allemagne) qu’il expédia mille francs à Manet !
Et ce dernier, par un trait d’esprit, d’ingéniosité et de générosité, figura spécialement sur une toile à part cette asperge supplémentaire pour l’offrir au collectionneur en l’accompagnant du mot suivant : « Il en manquait une à votre botte. »
Manet nous exhorte à voir qu’il y a au fond très peu à voir. C’est une simple asperge, ou un banal fragment de table, et c’est un petit accès de générosité qui l’a poussé à en tirer une peinture et à l’offrir. Mais ce que nous dit ce tableau, c’est que le presque-rien fait tout le charme de la vie ; il suffit qu’il y ait ce presque-rien pour que l’existence s’illumine. Sans ces presque-rien qui nous échappent, les choses ne seraient que ce qu’elles sont. Il a suffi d’un je-ne-sais-quoi, et elles deviennent soudain délicieuses.
Commenter  J’apprécie          100
Johannes Vermeer
L'infiniment petit est infiniment grand

(...)Vermeer , lui travaille seul et se contente d'exploiter toutes les mises en scène possibles des petites pièces de sa propre maison de Delft.Il fut donc cantonné à une vie discrète et, à sa mort, aucune archive, presque aucun document à son sujet, n'a été gardé. Aussi a-t- il fallu du temps et je dirais, le génie de certains " regardeurs" pour l'estimer à sa juste valeur, pour distinguer ses qualites véritablement uniques.Les très grands génies ont bed3oin de spectateurs alertes et visionnaires, Mona !
- Comme nous, Dadé !
- Comme toi, surtout ! Mais dans le cas qui nous occupe, on doit d'abord rendre hommage à un critique d'art du XIXe siècle du nom de Théophile Thoré qui, imagine- toi, a pu faire ses recherches sur Vermeer parce qu'il avait dû quitter la France après avoir été condamné à mort en 1849 pour ses engagements politiques. Il s'échappa et gagna notamment la Belgique et la Hollande, et en profita pour enquêter sur notre peintre, dont il exhuma de nombreux tableaux...Un véritable roman !


( p.92)
Commenter  J’apprécie          123

Videos de Thomas Schlesser (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas Schlesser
Payot - Marque Page - Thomas Schlesser - Les Yeux de Mona
CONVERSATIONS et QUESTIONS sur ce livre Voir plus
autres livres classés : cécitéVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (2511) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1084 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..