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4,31

sur 5221 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Douceur de marbre.
Jean Baptiste Andrea mérite un Master en souvenirs d'enfance... difficiles. C'est le Rémi sans famille des rentrées littéraires, un Dickens qui twiste les grandes espérances. Après une histoire d'amour et d'orphelin dans le remarquable « Des diables et des saints » sur des airs de piano joué dans des aéroports, il troque le synthé pour le burin d'un sculpteur et polit un récit d'une beauté sans aspérité.
Mimo est né pauvre, son père est mort et son corps a oublié de grandir. Il est confié aux mauvais soins d'un sculpteur de pierre dépourvu de talent mais pas de méchanceté qui en fait plus son esclave qu'un apprenti. Sortez les mouchoirs. Les mauvais traitements endurcissent le jeune garçon dont le génie du caillou se révèle. Durant cette enfance, il va rencontrer son âme soeur, Viola, fille de très bonne famille à la réputation de sorcière, assoiffée de connaissances et qui refuse son destin de cruche mondaine dans une Italie qui penche de plus en plus vers le fascisme. le duce va doucher les rêves d'enfants et la religion va vendre son âme au diable.
L'écho favorable qui se propage concernant ce roman dans le qu'en-dira-t-on babéliote est mérité. La fougue romanesque du récit m'a pris en otage, évadé du temps, et je n'ai ressenti aucun essoufflement dans la narration. Un marathon de 575 pages couru au sprint du rocambolesque. Pas de temps mort, des personnages secondaires typés qui ne font pas que de la figuration, des dialogues qui sonnent comme de la poésie, des mystères de la création artistiques autour d'une sculpture maudite, de vaines quêtes de prestige ou de pouvoir et un contexte historique aussi trouble que passionnant.
Que demander de plus pour parfaire la nuée d'étoiles ? Et bien, peut-être un peu plus de caractère dans le trait de plume. La prose est à mon goût un peu trop enfantine, pas assez couillue et pas seulement parce qu'elle fréquente peu les chambres à coucher ou ne relate la violence que par le biais de ses conséquences. L'auteur évoque le crime de la veille, la trahison du lendemain, le chapitre toujours en léger différé. le romancier excelle dans les incidences et les retentissements, moins dans la description brute et crue d'un évènement. Même les passages où Minno s'égare un peu dans le stupre et la boisson ne risquent pas de faire rougir une colonie de nonnes.
L'écriture de Jean-Baptiste Andréa a les défauts de ses qualités, ou bien l'inverse, mais je préfère retenir le caractère très agréable de cette lecture qui dégage des ondes positives sous sa carapace dramatique, qui rassurera les âmes sensibles, cajolera les doux rêveurs et apaisera les âmes contemplatives. J'ai presque eu envie de manger du boulghour, de me lancer dans la poterie façon Ghost et penser du bien de mon voisin en refermant le livre. Il est parfois bon de bâillonner son mauvais esprit.
Mon côté fleur bleue asséchée dans l'herbier jauni de mes vieilles années a apprécié la relation platonique mais passionnée de Mimo et Viola, âmes qui se chamaillent et se rabibochent sans cesse, opposés qui s'attirent, s'éloignent et se rapprochent comme des aimants versatiles, qui ne peuvent vivre l'un sans l'autre mais qui sont lucides sur les frontières sociales qui les séparent. Leurs rencontres sont des petits moments de liberté sans filtre ni secret. La lucide extra-lucide et l'artiste apolitique se disent les choses qu'ils taisent au monde.
Un vrai plaisir tout public.
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Après la mort de son père, à l'heure où le monde est en guerre, Mimo, un jeune tailleur de pierre fils d'émigrés italiens en France, est envoyé par sa mère dans leur pays d'origine. À Pietra d'Alba exactement, où il est exploité par un oncle alcoolique aussi dénué de talent que brutal. Mais bientôt dans le cimetière du lieu Mimo fait la connaissance de Viola, une jeune héritière fantasque auprès de qui l'univers, frustre et violent du garçon, prend des nuances infinies et insoupçonnées…

Un quatrième roman qui confirme, si besoin était, le talent de conteur de Jean-Baptiste Andrea qui nous entraîne dans une folle et improbable histoire d'amitié entre un garçon disgracié par la nature et la naissance, mais remarquable dans son art, et une jeune aristocrate qui possède tout ce qui lui fait défaut, ou presque. L'Italie de l'entre-deux-guerres confrontée au poison du fascisme étant le troisième personnage, non des moindres, de ce roman qui, s'il est souvent vibrant d'émotions contradictoires et de quête du beau, est aussi par moment, il faut bien le dire, redondant et discoureur.
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Veiller sur elle est un beau roman qui plaira à tous les amoureux de l'Italie.
Pietra d'Alba est comme l'un de ces innombrables et petits villages italiens, aux parfums d'orangers, de néroli, qui nous envoutent dans la lumière de leurs pierres roses et leurs aspects sauvages.
C'est dans ce cadre que se déroule l'histoire de deux enfants: Viola et Mimo, deux jumeaux "cosmiques".
Viola est la jeune fille du château inaccessible au jeune Mimo qui n'aura que son talent de sculpteur pour toucher les grands de ce monde , représenté ici par la famille Orsini, vieille famille aristocrate.
Ce qui m'a profondément touché dans son roman, c'est tout d'abord la grâce et l'art qui peut sauver un monde, qui permet de sublimer le quotidien.
Le récit se déroule de la fin des années de la grande guerre mondiale aux années 50.
L'Italie ,comme d' autres pays européens évolue dans une dictature, celle du Dulce, de Mussolini qui va exercer son emprise sur le peuple italien pendant plus de 20ans.
Mimo, ce jeune italien n'a rien que ses mains de sculpteur pour embellir le monde et son amitié amoureuse avec Viola que l'on jugera un peu folle par ses rêves de jeunesse.
Jean-Baptiste Andréa sonde à merveille les âmes des puissants, comme celle des plus déshérités.
Mais alors, d'où vient ce titre: Veiller sur elle?
Mimo va réaliser une pietà alors qu'il est presque aveugle, sa pietà dégage une telle force qu'il faudra la cacher aux yeux de tous tout en veillant sur elle.
Pour moi, veiller sur elle s'applique aussi à la farouche et indépendante Viola. A sa manière, par l'amour qu'il lui porte, Mimo veillera toujours sur cette femme à qui il n'osera jamais déclarer sa flamme.

Un très beau roman , plein de poésie, une invitation au voyage sous les cieux italiens, une ode à l'amour et un hommage à la beauté incarné ici dans la sculpture.
Jean-Baptiste Andréa ne fait-il pas dire à Mimo qu'une sculpture est une annonciation.
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VEILLER SUR L'AMOUR

Bien que j'ai aimé ce bouquin, cela fait deux jours que je reste sur une page blanche pour le chroniquer. Peut-être parce que la magie prend, et on se sait pas l'expliquer. Peut-être aussi parce que l'amour ne s'explique pas.

Jean-Baptiste Andrea nous a écrit un fabuleux roman d'amour. Oh, pas d'amour charnel, non, d'amour amitié entre deux êtres, deux âmes soeurs qui pourtant paraissent être diamétralement opposées.
Tout d'abord Mimo.
Mimo, il est tout petit. Joli mais petit. Avec son mètre quarante, on pourrait croire que la nature ne l'a pas gâté mais Mimo a un don. Il voit. Il voit la forme, la pureté dans les blocs de pierre. C'est un sculpteur de génie.
Sa mère l'abandonne à l'adolescence dans l'atelier d'un oncle sculpteur, plus attiré par la vinasse que par son maillet. Il y fera ses premières armes... et se fera des amis aussi. Et c'est en jouant avec Alinea et Emmanuelle dans un cimetière qu'il rencontre Viola.
Viola Orsini est la fille des aristocrates du coin. Riche, belle, ... elle retient tout ce qu'elle lit. A un point que ses parents la montrent comme un ours de cirque aux gens qui viennent diner chez eux.
Elle a un rêve, voler.
Elle a un désir, être une femme moderne, indépendante.
Mais parfois la vie vous brise les ailes.

Ces deux-là resteront liés par-delà la mort. Et je ne vous en dirai pas plus !

J'ai franchement apprécié l'ambiance de ce roman, qui par ses divers personnages nous replonge dans l'histoire de l'Italie du 20ème. Montée du fascisme, les chemises noires de Mussolini, la papauté.
Grâce à l'ambition de la famille Orsini et à la sculpture de Mimo, toutes les portes de l'histoire sont ouvertes.
On y verra aussi apparaitre les peintures de Fra Angelico, la Sculpture de Michelangelo,... On déambulera dans Florence et à Pietra d'Alba avec Mimo et la galerie de personnages haut en couleur: Alinea, Emmanuele, Bizarro.

Voici la fin de ma petite chronique pas inspirée d'un bouquin que j'ai pourtant bien aimé





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Des centaines de critiques et de citations, whaou ! Ce doit être ça l'effet Goncourt...
J'y vais de ma petite contribution. Un roman agréable à lire car se situant dans une période historique suffisamment proche pour être accessible aux lecteurs ayant le temps de lire (vieux) et pratiquant encore un peu cette activité (pareil, vieux).
Personnellement, je me le suis fait prêter justement parce qu' il avait obtenu ce prix. En le lisant, j'ai donc pu apprécier les quelques idées, les quelques passages qui, en effet, suggéraient une possible "chasse au prix". La figure féminine de Viola Orsini est la plus sympathique de cette galerie de politiquement correct, tellement "possible féministe d'époque"...
Sinon, cela se laisse lire agréablement, c'est bien construit ; le mélange des temps, des commentaires "voix off" et du narrateur Michelangelo Vitaliani dit Mimo nous offrent une progression narrative sans surprise majeure. C'est plein de bons sentiments, cela dénonce juste comme il faut ce qu'il faut dénoncer, pas de révolution en vue...
Comment appréhender les caractères, les sentiments des uns et des autres? Beaux? Surjoués? Touchants? Artificiels? Cela dépendra de vous et ce n'est pas bien grave, cela ne remettra pas en cause votre vision du monde. Bref, une jolie distraction.
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Quelle merveilleuse amitié que celle de Mimo et de Viola !

J'ai beaucoup aimé les débuts difficiles mais annonciateurs de tant d'espoir pour Mimo, cet enfant malchanceux, abandonné par sa mère à un sculpteur ivrogne et jaloux du talent du gamin dont il a la charge.
J'ai adoré sa rencontre avec Viola Orsini, héritière d'une grande famille de nantis italiens. Viola, l'incroyable, la fantasque qui rêve un jour d'accomplir le rêve d'Icare et de Léonard de Vinci.

L'histoire est romanesque, artistique, poétique, à la fois triste et joyeuse.
Elle est également politique car ce roman historique se déroulant au début du XX ème siècle ne fait pas l'impasse sur la naissance et l'apogée du fascisme en Italie.
Les personnages du roman y sont inévitablement liés et s'en accommodent ...ou pas, à la manière de la coriace Viola.

C'est une histoire de destinée, d'ambitions. Les personnages se trouvent, s'affrontent, évoluent ensemble puis séparément. Mais, ce qu'il subsiste et qui fait fi du temps qui passe, c'est cette incroyable amitié entre deux êtres exceptionnels.

Un très beau roman qui mérite amplement le Goncourt !

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« Pietra d'Alba, pierre d'aube »

Tout d'abord, la couverture, très belle, avec les cyprès « pinceaux abandonnés dans un glacis d'étoiles », pas tout à fait car ils se détachent sur un ciel bleu, les montagnes, la villa.
Ensuite, l'histoire.
J'aurais tant aimé que Michelangelo Vitaliani dit Mimo et Viola Orsini aient existé. J'aurais au moins pu admirer sa "Pietà". Leur amitié est bouleversante car elle défie la bien-pensance de l'époque, les codes régissant la vie en société. Apprendre, à travers eux, le ressenti d'un sculpteur et le ressenti d'une femme dotée d'une intelligence supérieure mais bridée parce que, justement, c'est une femme a été une expérience extraordinaire.
Alors, me direz-vous, pourquoi seulement quatre * ?
A cause du séjour de Mimo à Florence.
Eh oui, c'est un passage qui ne m'a pas passionnée du tout.
Tout petit bémol, bien sûr...
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J'étais ravie de retrouver Jean-Baptiste Andrea, dont j'avais beaucoup aimé " Ma reine" et " Des diables et des saints", ce dernier restant mon préféré.

L'art du conteur est toujours présent: verve et poésie, bouillonnement de vie. L'attachement à ses personnages atypiques également. Cinquante ans d'histoire italienne défilent, entre 1930 et 1980, à travers les destins singuliers de Mimo, sculpteur de génie, et Viola, dont l'intelligence frise la folie. Un adolescent pauvre et seul rencontrant une jeune fille fantasque d'une riche famille pourrait sembler un peu cliché, mais c'est un lien tellement intense, particulier qu'il séduit le lecteur.

Cependant c'est la première fois que j'ai trouvé quelques longueurs au texte. Certaines périodes évoquées m'ont même un peu ennuyée, comme celle du cirque. D'autre part, plusieurs détails m'ont paru peu vraisemblables.

le plaisir de lecture était en tout cas encore bien là. Et c'est l'essentiel...

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Italie, 1986, un monastère sur le mont Pirchiriano, une communauté de 32 moines. L'un d'entre eux agonise. Un narrateur à la troisième personne (il interviendra 10 autres fois) nous précise que celui-là n'est pas un moine comme les autres : il n'a jamais prononcé ses voeux bien qu'il soit arrivé au monastère il y a 40 ans. Et ce mourant va nous raconter sa longue et riche vie. Il est né en France, en 1904, de parents immigrés italiens. Son père, tailleur de pierre respecté, est mort en 1914. Sa mère est sûre que son fils sera sculpteur. D'ailleurs, pour mettre toutes les chances de son côté, elle l'a prénommé Michelangelo ! Il détestera ce prénom et se fera appeler Mimo. le récit de la vie mouvementée de Mimo Vitaliani alterne avec le présent qui se déroule dans le monastère et nous apprendrons rapidement que le père Vicenzo garde un objet, précieux et mystérieux, caché et enfermé dans la crypte : la communauté tout entière est dévorée de curiosité. En 1916, la mère de Mimo le renvoie en Italie où il sera confié à un oncle sculpteur, sans grand talent, alcoolique, mesquin et cruel. La prestigieuse et richissime famille Orsini habite à côté du village où l'oncle exerce. Quand Mimo Vitaliani et Viola Orsini se rencontrent, ils ont 13 ans.
***
J'ai parfois eu l'impression que certaines parties de l'histoire de Veiller sur elle pouvaient se dérouler au XIXe siècle tant la vie dans les ateliers des tailleurs de pierre et des sculpteurs semble dure. Les relations entre parents et enfants, entre riches et pauvres, entre artistes, etc., appartiennent à leur époque : la plus grande partie de ce roman se déroule approximativement entre 1916 et 1951. Trop Jeune pour 1914, trop vieux pour la 1940, Mimo subira pourtant les deux guerres et y perdra chaque fois une part de lui-même. Jean-Baptiste Andréa place toujours au premier plan l'indéfectible amitié entre ses deux personnages principaux malgré les disputes et les séparations, la grande Histoire lui servant de décor qu'il s'agisse des mouvements politiques ou artistiques. Tout oppose pourtant les deux amis : le statut social, la richesse, l'instruction, jusqu'à leur physique qui complique la situation, tant la beauté de Viola que l'achondroplasie de Mimo. Viola mène le jeu, même si Mimo s'en défend et tente parfois de reprendre la main. Viola, en apparence ne s'en émeut pas et continue sa route avec ou sans lui... J'aime beaucoup l'écriture de Jean-Baptiste Andréa, les réparties qu'il prête à ses personnages, la manière dont il subvertit les lieux communs, ses comparaisons inattendues. Je sors de ce roman dans le même état d'esprit que pour Des diables et des saints : j'ai accepté sans broncher les invraisemblances, certaines incohérences, les quelques longueurs et même le côté misérabiliste du début… Rendez-vous au suivant !

[Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices de Elle 2024]
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« Même si je ne te parle pas
Je suis là et veille sur toi.
Même si je ne te prends pas dans mes bras
Je prends soin de toi
Et te protège à distance
De tes maux de coeur et de tes transes ».

Ces quelques vers de Milania Caetano correspondent à ce que je me fais d'une veillée, car, comme il est dit dans le dico, veiller c'est rester volontairement éveillé, c'est être vigilant, c'est prendre soin.
Je sens qu'on va me surveiller, qu'on va scruter mes mots. Je vais devoir exprimer comment on peut s'émerveiller, pour éveiller une curiosité.
Ce livre m'attendait dans la boîte à lettres, il fait partie de la sélection de la bibliothèque orange tournante, je ne l'ai donc pas choisi, j'ai par contre choisi de le lire et d'en faire une chronique. J'arrive en sept cent vingt-sixième position, un anonyme dans le peloton, personne ne viendra m'interviewer, ils ont déjà tous donné leur avis, que je ne connais pas, il y a ceux qui sont arrivés dans l'échappée, avant la proclamation des résultats, et il y a les autres, qui connaissent le vainqueur, et qui vont en parler parce que c'est le meilleur, forcément, on n'offre pas le bouquet à n'importe qui, il y a eu consensus, c'est lui le lauréat, y a pas photo.
Mais est-ce ainsi qu'on court ? Qu'en penses-tu Edmond ? Faut-il rester dans le moule ou sortir de la foule ? Devenir le pépé d'essai, celui qui a mouillé le maillot, ou le pépé décès, celui qu'on aura vite oublié, parce que la roue tourne. PPDC, plus petit dénominateur commun, le consensuel qui rallie la majorité des suffrages, qui n'en fait pas des tonnes mais qui fait presque l'unanimité, celui qui sait rassembler, parce qu'on a besoin de se ressembler, surtout en ces temps mauvais où il y a de l'électricité dans l'air, rester dans le cocon, de la ouate dans la boîte, sans aspérité, sans cassure ça rassure, le marbre c'est lisse mais c'est brillant, élégance et résistance, précieuse est la pierre, veiller sur elle.
Impossible d'être impartial, c'est lui qui a eu le Goncourt, quoi que j'écrive, l'encenser ou le répudier, ça sera par rapport à ce prix, même si c'est inconscient de ma part. Vais-je être vigilant, pouvoir donner vraiment mon avis, faire abstraction de la notoriété qui s'est installée ? En tout cas, je ne vais pas comparer, je n'avais rien lu de lui avant celui-ci, je suis novice en Jean-Baptiste, je ne suis pas béat devant Andrea.
Pas loin de six cents pages, je suis allé au bout, j'ai tout lu. Je vous avoue que parfois je n'ai pas tout prononcé, j'ai fait de la lecture rapide, j'ai glissé à la surface, je ne suis pas rentré dedans, je n'ai pas trouvé de quoi me surprendre, la phrase qui m'aurait fait ralentir, même m'arrêter pour la relire, rien de vraiment enthousiasmant, mais rien non plus qui me fasse caler, qui me rebute au point d'interrompre ma lecture, ça a glissé tout seul, j'ai tout avalé sans tousser, ni trop salé ni trop sucré, un mélange d'ingrédients qui s'associent sans que l'un d'entre eux prenne le dessus, du passe-partout au goût, de la pâleur dans la saveur.
Peut-être est-ce dû à la forme employée, le je qui raconte du début à la fin, aucun changement dans la narration, des chapitres qui s'enchaînent mais rien qui déchaîne, une certaine monotonie dans l'avancement du récit. Peut-être qu'un roman choral m'aurait davantage subjugué, avec l'alternance des deux personnages principaux, pour mettre du rythme dans le tempo.
Viola et Mimo.
Viola, elle ne pouvait pas s'appeler Abusa ou Souilla, c'eut été un crime de lèse-virginité.
Viola, c'est la violette, un tout petit viol, une pensée discrète.
Mimo, il ne pouvait pas s'appeler Michelangelo, c'eut été un crime de lèse-grandiosité.
Mimo, c'est la moitié, il n'est pas entier, on ose à peine le prononcer, juste à mi-mot.
La fille belle et le nabot, les dentelles et les sabots, peu de destin commun, mais le génie les réunit, forte tête et mains d'esthète.

« Viola était une funambule en équilibre sur une frontière trouble tracée entre deux mondes ».

« Ce n'est pas un gnome, les enfants. En fait, c'est un géant. Juste un petit géant ».

« Les mots ont un sens, nommer c'est comprendre ».

Viola désire voler, Mimo souhaite laisser une trace. Voler, c'est disparaître dans les airs, sculpter, c'est apparaître dans la pierre. Elle lui prête des livres pour l'éduquer, il modèle la vie en rognant les aspérités.
La littérature, l'art, l'histoire, les guerres, mais comment ont-ils bien pu se rencontrer ?
Beaucoup de longueurs pour maintenir l'étonnante complicité, j'attendais des effets de surprise, mais rien ne m'a étonné. Ah, si, une pensée métaphorique.

« Il marine avec la bêtise depuis qu'il est petit. Et avec l'âge, il s'est acidifié. Autrefois, c'était un concombre. Maintenant, c'est un cornichon ».

Mais j'ai trouvé la fin de l'histoire bien longuette, je pense qu'il aurait pu (dû ?) raccourcir son propos pour le rendre plus dynamique. Un conte se doit, à mon humble avis, d'être court et concis. Celui-ci ne m'a pas émerveillé.

La course est terminée, ce fut une étape de plaine, alors que j'attendais une confrontation dans la montagne. Deux-tiers des avis ont mis cinq étoiles, le mien est mitigé. Je sors de la foule, trop sentimentale.
Je vais ressortir « Le Petit Prince », j'ai envie de rêve, d'émotion.
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