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sur 5435 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« La vie est une succession de choix que l'on referait différemment s'il nous était donné de tout recommencer, Mimo. Si tu es parvenu à faire les bons choix du premier coup, sans jamais te tromper, alors tu es un dieu. Et malgré tout l'amour que je te porte, malgré le fait que tu sois mon fils, même moi, je ne crois pas avoir donné naissance à un dieu. »

Des choix, Michelangelo « Mimo » Vitaliani a eu l'occasion d'en faire, au cours des quatre-vingt-deux années d'une vie qu'il se remémore dans ce roman. S'il a été à l'origine de certains, et en a subi bien d'autres, l'homme ne semble éprouver aucun regret concernant cette vie riche, mouvementée, marquée par les épreuves, les drames, dont la plupart ont été liés à son amie Viola et à la famille de celle-ci, les Orsini, mais aussi à sa pièta, sa sculpture chef d'oeuvre cachée par le Vatican après quelques scandales lors de son exposition.

A la suite du décès de son père sculpteur, Mimo est envoyé par sa mère dans son pays d'origine, l'Italie, pour devenir l'apprenti d'un maître sculpteur, Zio Alberto, qui ne lui apprendra rien sinon la haine et les coups. Arrivés à Pietra d'Alba, un village paumé dans la campagne génoise, où Zio Alberto espère obtenir plus de commandes, Mimo fera la connaissance de Viola, la fille du marquis Orsini. Une rencontre due au hasard, plus sûrement au destin, tant elle leur semble évidente : Viola se sent de suite liée à son « jumeau cosmique », comme elle l'appelle, par une « force qui [les] dépasse et que rien ne pourra jamais briser », tandis que Mimo reconnaît en Viola l'incarnation du futurisme, nouveau monde en préparation qui l'obsède et promesse de lendemains plus grands et plus brillants pour les audacieux, même – ou surtout – quand on naît pauvre et atteint d'achondroplasie comme lui. Viola, cette jeune fille d'une intelligence stupéfiante, d'une modernité et d'une ambition folles, ne rêve que de voler dans les airs, peut-être pour ressentir la liberté qui lui est interdite par sa famille, qui essaie par tous les moyens de la garder dans le passé alors qu'elle est tournée vers l'avenir, voyant avec exactitude ce qui arrivera dans les décennies à venir : « Mes parents sont vieux. Je ne parle pas de leur âge. Ils sont d'un autre monde. Ils ne comprennent pas que demain, nous volerons comme nous montons à cheval. Que les femmes porteront la moustache et les hommes les bijoux. le monde de mes parents est mort. Toi qui as peur des morts-vivants, c'est lui que tu devrais craindre. Il est mort mais il bouge encore, parce que personne ne lui a dit qu'il était mort. C'est pour ça que c'est un monde dangereux. Il s'effondre sur lui-même. »

L'alliance de celle qui sait voir le futur et de celui qui sait voir ce qui se cache dans la pierre est ainsi scellée. Pour toujours, croient-ils. Mais l'ambition sans limites de Mimo, son talent magistral pour la sculpture surtout, qui le fera être recruté par les frères Orsini pour asseoir leur influence dans les sphères politique et religieuse grâce à la production d'oeuvres d'art plus prodigieuses les unes que les autres, l'histoire (avec un grand H, l'essentiel de l'intrigue se passant pendant l'ère fasciste de Mussolini, dont la promotion de l'avènement d'un « homme nouveau » parlera assez à Mimo), et surtout le terrible accident de Viola, leur feront prendre un chemin différent, semé de malentendus et d'incompréhensions, comme des aimants qui s'attirent pour mieux se repousser, menant souvent, d'un côté plus que de l'autre, à la trahison. « Elle [Viola] me reprochait de participer à la construction du monde qui naissait, d'en être l'un des acteurs majeurs. Et je lui reprochais exactement le contraire. D'avoir quitté la scène sous prétexte qu'elle avait, un jour, trébuché en public. »

« Veiller sur elle » est un roman qui, sous couvert de développer une formidable histoire d'amitié, parle d'ambition, de rêves, d'espoirs, de trahisons. En le refermant, je sais que je viens de terminer un grand roman, complexe, profond, mais qu'il n'aura pas été pour autant un coup de coeur.

La majeure raison à cela est l'absence incompréhensible dès la moitié du roman de Viola, ce personnage en or massif pour un romancier mais curieusement mal exploitée par Jean-Baptiste Andréa. Affectée par un accident aérien, Viola s'est depuis cherchée, inventé plusieurs personnages pour survivre, sans qu'ils soient plus développés que cela ; tout au plus aura-t-on cette maigre explication de Viola : « Je suis un dodo, Mimo. Je sais que tu m'en veux de ne pas être celle d'autrefois, la Viola des cimetières et des sauts dans le vide. Mais le dodo a disparu parce qu'il n'avait peur de rien, justement. Il faisait une proie trop facile. Il faut que je prenne soin de moi si je ne veux pas disparaître. – Je ne te laisserai jamais disparaître ». Cette promesse, Mimo la tiendra particulièrement bien, fidèle soldat des Orsini qui tiennent Viola à l'oeil comme une prisonnière. D'ailleurs, Viola ne sera vue tout au long du roman que par le prisme de Mimo, qui ne la comprend pas et qui n'accompagne pas son intelligence comme il le devrait, et sûrement comme elle l'attendrait, puisque tout ne tourne qu'autour de lui (à se demander si elle est réellement une amie, ou plutôt un marche-pied pratique pour concrétiser son ambition, celle d'être un génie reconnu. Mais on lit davantage dans le roman la débauche de Mimo, qui semble plutôt décidé à prouver qu'il peut aussi bien gâcher son génie que le faire triompher).
Tout le monde pense savoir ce dont a besoin Viola, victime consentante d'un machisme systémique, seul recours pour sa survie. L'ultime pied de nez sera que les Orsino et Mimo seront sauvés par sa clairvoyance, un talent longtemps méprisé par la famille… Comme indiqué dans les dernières pages, « il est des absences dont on ne se remet pas »…
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1986 : Michelangelo Vitaliani est mourant : il se souvient de son passé, de sa vie et de ce qui l'a amené à finir ses jours dans une abbaye du Piémont.
Début du XXe siècle : Mimo nous raconte l'histoire de sa vie : homme de petite taille qui s'éprend de sculpture et d'aristocratie mal placée. Jeune garçon en colère face à l'injustice, intelligent et doué pour la taille mais si mal dégrossi... Lorsqu'il rencontre Viola, la fille du Marquis, tout son univers en est bouleversé, tout comme son destin d'homme et d'artiste. Leur amitié traversera les affres du XXe siècle italien, avec toutes les déflagrations sociales, religieuses et politiques qu'on connaît.

J'ai été emportée par la magnifique lecture de Léo Dussollier. Ses intonations sont toujours justes, tout comme son accent. Il réussit à changer de voix en fonction des personnages, leur donnant encore plus de profondeur. Il insuffle à cette longue histoire tout le dynamisme nécessaire pour nous tenir en haleine. Les quelques passages lus par Lila Tamazit, se situant en 1986, viennent éclaircir lentement les zones d'ombre et ponctuent le récit de douceur et d'apaisement.

Je suis heureuse d'avoir pu découvrir Jean-Baptiste Andrea en version audio grâce à #NetGalleyFrance et aux Éditions Lizzie. L'auteur primé nous propose ici la confession d'un sculpteur que toute sa vie a amené à cette ultime sculpture, née d'une tragédie au long court. C'est un beau roman, bien écrit, qui détoure les contours de l'amitié, de l'art et des vicissitudes de l'Italie durant les deux Guerres Mondiales (et surtout après et entre les guerres). Mimo et Viola sont des personnages attachants, plein de forces et de failles, de lucidité et de doute et surtout, de rêves et d'idéalisme. le fait que Mimo se confie à la première personne au sujet de son admiration pour Viola le rend plus proche du lectorat. Pour autant, c'est bien Viola qui est au centre du roman : ses combats de femme savante, d'originale, d'ingénue en quête de libération ; et ses difficultés à atteindre ses objectifs, en tant que femme... Car comme conclue Mimo : "Si le Christ est souffrance, alors ne vous en déplaise, le Christ est une femme"...

#Veillersurelle #NetGalleyFrance
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Ce roman de 581 pages qui a obtenu le Prix Goncourt 2023 a l'avantage de nous plonger dans l'Italie du XIX ° siècle de 1904 à 1946 ! Italie chère à Jean-Baptiste Andrea dont la mère est d'origine italienne, Italie qui va lui servir de toile de fond pour y rencontrer les Arts, la musique et quelques chefs d'oeuvre célèbres !
Mais, nous sommes en 1986 à l'abbaye de la Sacra ou un homme : Michelangelo Vitaliani agonise entouré des moines et en particulier du Padre Vincenzo ! Cela fait 40 ans qu'il s'est réfugié en ces lieux pour fuir sa vie, sa gloire, ses sentiments et le fait qu'étant devenu aveugle, il ne pouvait plus sculpter ! Il se remémore son passé :
Mimo est né en 1904 dans une famille pauvre d'origine italienne et, après la mort de son père, sa mère décide de l'envoyer à Pietra d'Alba chez un oncle : le Zio Alberto qui est sculpteur comme l'était feu son père. Mais, le Zio ne veut pas d'un " nabot" pour apprenti, car Mimo est atteint de nanisme, finalement il prend les économies de la mammina et se sert de lui comme esclave ! Il se lie d'amitié avec Alinéa ( Vittorio ) et profite des absences de son oncle parti chercher des clients, des occasions de boire et de fréquenter les bordels pour sculpter des petites oeuvres. Lors d'une visite du cimetière, il fait la connaissance de Viola Orsini : une aristocrate qui écoute les morts, veut voler comme Icare et surtout s'évader de l'emprise de sa famille ! Ils vont se rencontrer secrètement et s'aimer d'un amour fort et platonique !
Viola veut s'affranchir des conventions imposées par ses parents et ses frères mais un jour, elle fait une grave chute et, guérie : elle s'enferme dans le palais en rejetant tout lien extérieur y compris Mimo, son jumeau cosmique !
Mimo dont le génie commence à être reconnu part à Florence ou travaille avec Bizzaro un juif qui a un cirque, il mène une vie dissolue, fréquente les bouges, boit outre mesure et rencontre le professeur Metti puis le frère de Viola, prêtre ambitieux à Rome le fait revenir dans l'atelier de Pietra pour qu'il exécute la sculpture d'un monument funéraire destiné au Pape, il va lui trouver un logement à cet effet à Rome....Viola s'est mariée avec un avocat arriviste mais elle renoue avec Mimo ! Lui est devenu riche, célèbre surtout grâce à sa fameuse Piétà et, Viola ne peut pas affirmer sa personnalité au sein de sa famille oppressante qui ne pense qu'à ses intérêts financiers et au " standing " des Orsini !
Un roman qui nous fait entrevoir le sort de l'Italie qui va basculer vers le fascisme puis vers la royauté pour arriver à la république ! Une page d'histoire trop vite tracée car pour l'auteur : outre l'histoire d'amour entre deux êtres que tout oppose, c'est la Piétà Vitaliani qui est la plus valorisée !
Le style est agréable mais le roman manque de charisme, de romanesque !
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Un roman, un vrai de vrai, des personnages et une histoire, un lieu et des phrases sur lesquelles on s'arrête, une amitié et des oeuvres d'art. Tout se bouscule ici tant on voudrait y croire à cette histoire. Et même, aller chercher sur internet la photo de la Pieta de Vitaliani. Pour continuer la magie du roman (si si je l'ai fait ! Presque déçu de n'apprécier que celle de Michel Ange du coup). On s'attend à un roman, on a un bout de vie de nous qui s'y agrippe. On s'attend à un grand homme, il n'est pas vraiment un nain. On s'attend à de la simple sculpture, c'est du Grand Art (se définition de "sculpter", superbe). On 's'attend à de l'amour, c'est bien plus intemporel, c'est une amitié sans commune mesure. On s'attend, enfin, à un homme, il s'agit d'une femme (là faut l'avoir lu, mais chuuuut !). D'une certaine façon, on prend chacun(e) le relais pour veiller sur "elle" : la force de ce type de roman qui sort de ses lignes et vient empiéter notre concret, qui s'envole autour de nos têtes et vient poser une main poétique sur nos épaules, qui vient nous dire "je viens de m'ancrer en toi" . Il y a des romans qu'on oublie pas, c'en est un, définitivement sacré Goncourt.
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Lorsque j'avais entendu l'auteur parler de son roman à La Grande Librairie, il en parlait comme d'une histoire d'amour entre deux êtres qui ne pouvait s'aimer, car lui était pauvre et issu des basses classes, tandis qu'elle provenait d'une famille riche et située tout en haut de l'échelle.

M'attendant à lire une belle histoire d'amour tragique, de par cette impossibilité de s'aimer, je suis un peu tombée de haut en me retrouvant devant une histoire d'amitié entre Mimo (Michelangelo de son vrai prénom), jeune apprenti sculpteur, et Viola Orsini, fille de riche marquis.

Amitié ? Pourtant, dans l'émission, j'ai bien entendu que l'on parlait de Roméo et Juliette… Ou j'ai mal capté ou je n'ai rien compris.

Anybref, cette histoire d'amitié est tout de même belle, bien qu'elle ait eu des hauts et bas, lorsque nos deux protagonistes passèrent la barre des seize ans (et pas à cause des hormones). Après, leur amitié fut assez compliquée, faite de séparations, de retrouvailles, de trahison… Tels deux aimants, ils s'attirent et s'opposent, une fois qu'on les tourne dans l'autre sens.

Ce roman, c'est avant tout la rencontre entre deux enfants de 12 ans, deux destins que tout sépare, dans une Italie de 1916, où les filles ne sont pas censées étudier, aller à l'université et vivre en toute liberté (et encore plus chez les nobles). Pire, Viola est intelligente, fantasque et aime fréquenter le cimetière.

Quant à Mimo, qui voudrait être sculpteur, qui a du talent, mais une verticalité contrariée (il souffre d'achondroplasie, de nanisme), ce ne se sera pas facile d'aller contre tous afin de tenter de devenir quelqu'un et de sortir de sa classe, de sa pauvreté.

Ce roman, à l'écriture très agréable à lire, c'est aussi un petit morceau de l'Histoire, qui vient s'imbriquer dans la petite, puisque nous allons parler d'art, de religion et suivre la politique italienne, dont l'arrivée au pouvoir du fascisme et de Mussolini.

Quel comportement adopter face à la montée de la haine ? Ne pas entrer dans la danse avec eux et risquer de passer à côté de contrats juteux ? Mimo est assez passif, gagner de l'argent et sculpter lui importe plus que tout le reste (il ne sait pas ce qu'il arrivera plus tard, avec les lois des fascistes) et il n'a pas de scrupules à s'assoir à la table du diable, là où son amie Viola est plus virulente.

C'est Viola qui sauve les meubles, dans ce roman, tant son personne est solaire, intéressant, anticonformiste. J'ai trouvé dommage que l'auteur nous la change après ses seize ans, comme s'il n'avait plus trop su que faire d'elle.

Attention, Viola restera un personnage intéressant, plus que Mimo, qui m'a soulé à force de nous parler de ses virées dans les bars dans lesquels il buvait jusqu'à plus soif, jusqu'au black-out. Finalement, je l'ai plus souvent vu avec un verre d'alcool en main qu'avec ces ciseaux pour sculpter…

Ce roman était une promesse de vibrer toute entière en le lisant, notamment à force de lire les chroniques enjouées des blogueurs et blogueuses.

Ma lecture fut agréable, j'ai apprécié le voyage dans cette Italie, entre 1916 et les années 80, j'ai aimé la grande Histoire dans la petite (même si elle restera ténue), j'ai apprécié me retrouver avec un Mimo vieillissant (et les allusions à cette mystérieuse Pietà cachée), mais pour les vibrations, je repasserai.

Malgré tout, je ne bouderai pas mon plaisir, c'était une bonne lecture, dont j'attendais trop, ce qui n'est jamais bon…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Elle n'est pas désagréable à lire, enfin dans mon cas à écouter, cette histoire de Michelangelo Vitaliani, surnommé Mimo, qui va nous accompagner tout au long, ou presque, d'un XXème siècle italien empli de bouleversements, historiques, politiques, sociétaux, culturels..., de ses débuts d'apprentissage chaotiques dans un atelier de sculpture pendant la Première Guerre Mondiale, jusqu'à la fin de sa vie qui l'a consacré comme l'un des plus grands sculpteurs de son temps, auréolé du mystère entourant sa Pietà réalisé des années plus tôt, et sa propre disparition, en passant par sa rencontre déterminante, durant l'adolescence, d'avec Viola Orsini, jeune fille de l'aristocratie éprise de liberté et d'un avenir éloigné de ce qu'exigent son sexe et sa position.

Mais, alors que les ressorts romanesques sont nombreux et riches, que l'histoire se tient, que les personnages sont plutôt bien campés, Veiller sur elle pèche à mon sens d'un style, d'un vrai souffle romanesque pour les porter. J'ai en effet trouvé que l'ensemble restait assez plat, assez calibré prix littéraire français - disons les choses comme je les ai personnellement ressenties -, et était bien loin de Cent milliards d'années et un jour, seul roman lu jusqu'à présent de l'auteur, mais dans lequel l'on pressentait une patte beaucoup plus personnelle, qui semble s'être un peu perdue en chemin.

J'avoue que le parcours de Jean-Baptiste Andrea me fait penser à un autre Jean-Baptiste, del Amo cette fois, dont j'appréciais l'originalité stylistique jusqu'au Fils de l'homme qui a, justement, remporté le prix du roman Fnac, avec un roman plus policé. Prochaine mission : m'atteler aux romans précédents, pas encore lus, et publiés auparavant, pour confirmer, ou infirmer mon propos.

Je remercie les éditions Lizzie et NetGalley de m'avoir permis la découverte de ce roman en version audio, avec une lecture de Léo Dussollier et Lila Tamazit impeccable, toute en nuances parfaitement adaptées au personnage même de Mimo, plutôt attachant et dans le même temps assez insaisissable.
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L'histoire est presque vieille comme le monde : 2 êtres que tout oppose et dont les vies vont être intimement liées.
Alors on pourrait vite avoir une impression de déjà lu, de déjà vu. Mais c'est sans compter /conter le talent de Jean-Baptiste Andrea, qui avec ce 4ème roman signe le plus abouti. Parce que je me rend compte/conte, que j'ai lu ses 4 romans. Alors que Ma Reine m'avait laissée sur ma faim, j'avais nettement préféré les suivants. Alors que certains auteurs s'essoufflent ou finissent par produire des romans à la chaine sans plus se poser de question de pourquoi ils écrivent, comme certains sculpteurs pourraient se demander pourquoi ils sculptent, Jean-Baptiste Andrea cisèle de mieux en mieux ses histoires polit de mieux en mieux ses personnages. Personnages qui ont toujours ce grain de folie, de rêverie qui nous fait les aimer, et donne envie de tourner les pages pour rester à leurs côtés. Ajoutez à cela le cadre enchanteur de l'Italie 1ère moitié du XXème siècle, des histoires de sculpture, de Pieta enchantée et cachée, de moines reclus, de familles quasi mafieuses, de dialogues avec les morts, de nuits de perdition salvatrices, de cirque miteux et chaleureux, de chanteurs lyriques des rues, de poches vides, de poussière de marbre, d'orangers assoiffés, de fascisme naissant, d'amour, de rendez-vous manqués et de rêves brisés, de grandeur d'âme et de petite taille, de promesses tenues, de force ténue, de secrets tus. Tout y est.
Alors, faut-il le lire ? Oui. Vous pouvez vous lover dans ce roman comme dans un canapé confortable. Et si vous aimez, tentez aussi Cent Millions d'années et un jour. Et n'oubliez pas de rêver...
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Le roman s'ouvre en 1986 au coeur d'un monastère où des moines veillent sur les derniers instants d'un vieux monsieur ayant vécu reclus quarante ans dans cette abbaye italienne.
Ce vieil homme s'appelle Mimo et sera le narrateur du roman.
Il va nous raconter par petites touches sa vie qui aura tourné autour de deux grandes passions : sa relation avec Viola , son métier de sculpteur et son oeuvre majeure cachée au monde par le Vatican.
Mimo s'appelle Michelangelo Vitaliani. Il est né en 1904. Il a perdu son père. Mimo est atteint de nanisme . Il est confié à son oncle sculpteur en Ligurie vers Pietra d'Alba. Oncle sculpteur sans beaucoup de talent et un penchant alcoolique.
Durant cette enfance peu heureuse, Mimo va rencontrer Viola qui vit dans une grande maison bourgeoise sur les hauteurs de Pietra d'Alba. Viola comme Mimo est née en 1904. Elle est l'une des enfants de la famille Orsini, famille introduite dans les cercles de l'aristocratie et des pouvoirs. Viola a deux frères : Stefano et Francisco. Stefano sera attiré par les chemises noires et Mussolini. Francesco se tournera vers la foi, l'Eglise et le Vatican.
Mimo et Viola sont des jumeaux cosmiques, des âmes soeurs qui souhaitent briser leur carapace. Viola par anticonformisme et Mimo en sculptant grand en réponse à son nanisme.
L'intensité émotionnelle et romanesque est servie par les paysages, les odeurs de l'Italie et son histoire contemporaine avec la montée du fascisme et la place de l'Eglise.
C'est un roman touché par la grâce et à postériori le titre du roman Veiller sur elle prend toute sa lumière. Qui veille sur qui ? Qui veille sur quoi ?
C'est poignant, bouleversant. Mimo et Viola ont des failles, des espoirs. Ils croient en leur différence dans cette Italie tellement corsetée. Viola au travers de son féminisme, Mimo au travers de son handicap.
Veiller sur elle tient du mystère, de la beauté, de l'amour.
Bien que totalement différent des trois romans précédents de Jean Baptiste Andrea, on ressort de celui - ci comme des trois précédents avec des étoiles dans les yeux avec des bouffées d'émotion à n'en plus finir.
Lien : http://auxventsdesmots.fr
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Veiller sur Elle de Jean-Baptiste Andrea, Lizzie 2023 (1ère édition : L'Iconoclaste, 2023).

Celles et ceux qui me suivent savent que je ne lis pas spécialement les prix littéraires… Ce roman a obtenu le prix Goncourt, mais il était dans ma PAL avant cette consécration. En effet, j'ai déjà, à deux reprises apprécié la plume de Jean-Baptiste Andrea pour ses deux premiers romans…
Ma Reine était un récit terrible, cruel, mettant en scène des enfants. J'en ai gardé un sentiment d'infinitude…
Cent millions d'années et un jour métaphorisait le passé dans un roman d'aventures où les péripéties s'enchainaient dans un cadre majestueux…
Des Diables et des Saints est dans mes intentions de lecture…

Veiller sur elle nous parle d'art et d'amitié, de la montée du fascisme en Italie, de la place des femmes dans la société...
Deux personnages que tout oppose, pourtant indéfectiblement liés… Mimo est issu d'un milieu très modeste. En outre, il est nain. Confié en apprentissage à un sculpteur de pierre sans envergure, il se révèle détenteur d'un immense talent. Viola Orsini est née dans une famille prestigieuse ; mais elle a trop d'ambition pour se résigner à la place qu'on lui assigne.

Jean-Baptiste Andrea est un véritable conteur. Il nous donne à lire une véritable fresque, captivante, entre roman d'aventures et roman historique. L'intrigue est foisonnante et part dans de très nombreuses directions.
L'auteur a choisi une narration partagée entre présent avec la fin de vie de Mimo et passé, remontant à l'enfance des protagonistes.
Le titre, Veiller sur elle, prend un double sens car la vie de Mimo a presque toujours tourné autour de sa relation complexe avec Viola même s'il a terminé sa vie dans un monastère où est gardé l'une de ses oeuvres.

Je n'ai rien à reprocher à ce livre, bien écrit, intéressant, mais je n'ai pas retrouvé le côté claque littéraire des deux premiers romans de Jean-Baptiste Andrea. Je l'ai parfois trouvé un peu long…
J'avais choisi la version audio, lue par Léo Dussolier et Lila Tamazit qui se partagent les deux temporalités et j'avoue avoir parfois perdu le fil sans pour autant éprouver le besoin de réécouter les passages survolés.

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Roman lu d'une traite sur une péniche un beau wk d'octobre... 580 pages qui ne m'ont pas lâchée. Une ébouriffante histoire d'amitié entre deux enfants dans une jeune Italie confrontée aux soubresauts du début du XXe siècle. du vrai roman, du follement romanesque, de l'aventure, de grands sentiments, des destins contrariés, du mystère... J'en redemande !
En 1986, un vieil homme agonise dans une abbaye, veillé par ses frères. Bien que n'ayant jamais prononcé ses voeux, c'est là qu'il a vécu les 40 dernières années de sa vie, au plus proche de son chef-d'oeuvre, sa Pieta, enfermée et gardée au secret sur ordre du Vatican pour avoir, en son temps, provoqué un scandale. Quel est le secret de cette étrange sculpture qui a suscité tant émotions chez ceux qui l'ont regardée ?
Au cours de ses dernières heures, le vieil homme se souvient. Né en France de parents italiens et gratifié de l'illustre prénom de Michelangelo, il est promis à une carrière de sculpteur, comme son père, qui meurt durant la Grande Guerre et qu'il n'a guère eu le temps de connaître. Rebaptisé Mimo en raison de sa petite taille, il est envoyé à Pietra d'Alba, en Italie, par sa mère qui ne peut subvenir à ses besoins. Il sera pris en charge par un vague oncle, sculpteur lui aussi, qui exploite sans vergogne les talents précoces de l'enfant. Dans ce village d'orangers, « avec sa pierre un peu rose – des milliers d'aubes s'y étaient incrustées », où les parfums "néroli et cyprès, mimosa parfois, dansaient sur une note de fond de vetiver et de bois brûlé", Mimo rencontre Viola, la fille de la riche et puissante famille Orsini. Intelligente et fantasque, elle rêve d'indépendance et se heurte aux préjugés de son milieu. Entre les deux enfants nait une amitié indéfectible qui se poursuivra tout au long de leur vie d'adulte. Avec le soutien de l'autre, ils se battront pour parfaire leurs connaissances et réaliser leurs aspirations. La politique, la religion et la rigidité d'une société patriarcale, autant que les ambitions de leurs proches, favorisent ou détruisent leurs rêves, dans un pays bouleversé par la montée du fascisme et la Seconde Guerre mondiale. Leur relation se poursuivra, lumineuse et sincère, au-delà des chaos de l'Histoire, aboutissant à la création de cette mystérieuse Piéta…
Un roman délicat et émouvant, éblouissant et drôle (car oui, malgré les tragédies décrites, l'humour est très présent), qui se lit passionnément.
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