AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fulmar


« Même si je ne te parle pas
Je suis là et veille sur toi.
Même si je ne te prends pas dans mes bras
Je prends soin de toi
Et te protège à distance
De tes maux de coeur et de tes transes ».

Ces quelques vers de Milania Caetano correspondent à ce que je me fais d'une veillée, car, comme il est dit dans le dico, veiller c'est rester volontairement éveillé, c'est être vigilant, c'est prendre soin.
Je sens qu'on va me surveiller, qu'on va scruter mes mots. Je vais devoir exprimer comment on peut s'émerveiller, pour éveiller une curiosité.
Ce livre m'attendait dans la boîte à lettres, il fait partie de la sélection de la bibliothèque orange tournante, je ne l'ai donc pas choisi, j'ai par contre choisi de le lire et d'en faire une chronique. J'arrive en sept cent vingt-sixième position, un anonyme dans le peloton, personne ne viendra m'interviewer, ils ont déjà tous donné leur avis, que je ne connais pas, il y a ceux qui sont arrivés dans l'échappée, avant la proclamation des résultats, et il y a les autres, qui connaissent le vainqueur, et qui vont en parler parce que c'est le meilleur, forcément, on n'offre pas le bouquet à n'importe qui, il y a eu consensus, c'est lui le lauréat, y a pas photo.
Mais est-ce ainsi qu'on court ? Qu'en penses-tu Edmond ? Faut-il rester dans le moule ou sortir de la foule ? Devenir le pépé d'essai, celui qui a mouillé le maillot, ou le pépé décès, celui qu'on aura vite oublié, parce que la roue tourne. PPDC, plus petit dénominateur commun, le consensuel qui rallie la majorité des suffrages, qui n'en fait pas des tonnes mais qui fait presque l'unanimité, celui qui sait rassembler, parce qu'on a besoin de se ressembler, surtout en ces temps mauvais où il y a de l'électricité dans l'air, rester dans le cocon, de la ouate dans la boîte, sans aspérité, sans cassure ça rassure, le marbre c'est lisse mais c'est brillant, élégance et résistance, précieuse est la pierre, veiller sur elle.
Impossible d'être impartial, c'est lui qui a eu le Goncourt, quoi que j'écrive, l'encenser ou le répudier, ça sera par rapport à ce prix, même si c'est inconscient de ma part. Vais-je être vigilant, pouvoir donner vraiment mon avis, faire abstraction de la notoriété qui s'est installée ? En tout cas, je ne vais pas comparer, je n'avais rien lu de lui avant celui-ci, je suis novice en Jean-Baptiste, je ne suis pas béat devant Andrea.
Pas loin de six cents pages, je suis allé au bout, j'ai tout lu. Je vous avoue que parfois je n'ai pas tout prononcé, j'ai fait de la lecture rapide, j'ai glissé à la surface, je ne suis pas rentré dedans, je n'ai pas trouvé de quoi me surprendre, la phrase qui m'aurait fait ralentir, même m'arrêter pour la relire, rien de vraiment enthousiasmant, mais rien non plus qui me fasse caler, qui me rebute au point d'interrompre ma lecture, ça a glissé tout seul, j'ai tout avalé sans tousser, ni trop salé ni trop sucré, un mélange d'ingrédients qui s'associent sans que l'un d'entre eux prenne le dessus, du passe-partout au goût, de la pâleur dans la saveur.
Peut-être est-ce dû à la forme employée, le je qui raconte du début à la fin, aucun changement dans la narration, des chapitres qui s'enchaînent mais rien qui déchaîne, une certaine monotonie dans l'avancement du récit. Peut-être qu'un roman choral m'aurait davantage subjugué, avec l'alternance des deux personnages principaux, pour mettre du rythme dans le tempo.
Viola et Mimo.
Viola, elle ne pouvait pas s'appeler Abusa ou Souilla, c'eut été un crime de lèse-virginité.
Viola, c'est la violette, un tout petit viol, une pensée discrète.
Mimo, il ne pouvait pas s'appeler Michelangelo, c'eut été un crime de lèse-grandiosité.
Mimo, c'est la moitié, il n'est pas entier, on ose à peine le prononcer, juste à mi-mot.
La fille belle et le nabot, les dentelles et les sabots, peu de destin commun, mais le génie les réunit, forte tête et mains d'esthète.

« Viola était une funambule en équilibre sur une frontière trouble tracée entre deux mondes ».

« Ce n'est pas un gnome, les enfants. En fait, c'est un géant. Juste un petit géant ».

« Les mots ont un sens, nommer c'est comprendre ».

Viola désire voler, Mimo souhaite laisser une trace. Voler, c'est disparaître dans les airs, sculpter, c'est apparaître dans la pierre. Elle lui prête des livres pour l'éduquer, il modèle la vie en rognant les aspérités.
La littérature, l'art, l'histoire, les guerres, mais comment ont-ils bien pu se rencontrer ?
Beaucoup de longueurs pour maintenir l'étonnante complicité, j'attendais des effets de surprise, mais rien ne m'a étonné. Ah, si, une pensée métaphorique.

« Il marine avec la bêtise depuis qu'il est petit. Et avec l'âge, il s'est acidifié. Autrefois, c'était un concombre. Maintenant, c'est un cornichon ».

Mais j'ai trouvé la fin de l'histoire bien longuette, je pense qu'il aurait pu (dû ?) raccourcir son propos pour le rendre plus dynamique. Un conte se doit, à mon humble avis, d'être court et concis. Celui-ci ne m'a pas émerveillé.

La course est terminée, ce fut une étape de plaine, alors que j'attendais une confrontation dans la montagne. Deux-tiers des avis ont mis cinq étoiles, le mien est mitigé. Je sors de la foule, trop sentimentale.
Je vais ressortir « Le Petit Prince », j'ai envie de rêve, d'émotion.
Commenter  J’apprécie          3922



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}