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sur 5440 notes
Elle est l'un des secrets les mieux gardés du Vatican. Après avoir été exposée aux yeux de tous, après avoir causé de vifs émois à ceux qui avaient tenté d'en percer le mystère, la Pietà Vitaliani est désormais cachée à l'abri des regards indiscrets, enfermée à triple tours dans un endroit tenu secret… “On l'enferme pour la protéger”, selon l'Eglise, moyen de préserver celle qui confine au divin, tout en l'élevant au rang de mythe, de chimère. 

L'histoire débute en 1986, au moment où le créateur de la sainte statue s'apprête à rendre son dernier souffle. Michelangelo Vitaliani, l'homme aux mille vies, moqué pour sa petite taille qui ne dépassa jamais celle d'un enfant, admiré pour son génie créateur, haï par les envieux, instrumentalisé par les puissants, s'apprête à nous livrer son histoire et, par là même, le mystère qui entoure sa célèbre création…


Il est des romans que l'on rechigne à refermer tant l'on s'y sent bien. Parce qu'ils nous font voyager avec des compagnons formidables, parce qu'ils nous font rêver, ressentir les choses comme si nous y étions, parce qu'ils nous apportent enrichissement et évasion, tout simplement.. “Veiller sur elle” est de ces romans-là. 


Aux côtés de Michelangelo, dit “Mimo”, nous allons parcourir l'Italie de Pietra d'Alba, à Florence, en passant par Rome, pour revenir, toujours, à Pietra d'Alba, où l'attend l'insaisissable Viola, sa “jumelle cosmique”, son âme soeur, celle par qui tout commence et tout fini. Une plongée envoûtante dans l'Italie du XXème siècle, dans une région épargnée par la première guerre mondiale mais qui n'échappera malheureusement pas à la seconde… Une région paisible, quoique miséreuse, où l'on cultive les orangers, sous l'égide de quelques puissants, dont font partie les Orsini. Une région que l'on voit rattrapée par son époque, par le progrès qui déboule sans crier gare.


Au coeur du roman, il y a l'Art en général et la sculpture en particulier. Dans un pays connu pour ses génies créateurs, fier de son savoir-faire et de sa richesse, Mimo n'a pas à rougir car, si l'homme, du haut de son mètre 40, est petit en taille, son talent, lui, est immense, incommensurable, à la fois percutant et subversif. On le voit se déployer au fil des années et raconter comment se construit un chef-d'oeuvre, avec, en toile de fond, les jeux de pouvoirs entre l'Eglise et les politiciens.


Mais, ce qui enchante par-dessus tout à la lecture de “Veiller sur elle”, au-delà du processus artistique qui lie un artiste à son oeuvre, c'est l'objet qui la lui a inspirée, en l'occurrence sa relation avec Viola. Un amour impossible, digne des plus grandes tragédies italiennes, mais qui bouleverse par sa pureté, son évidence, son absolu. Une relation entre deux individus hors normes, qui va défier toutes les lois et déchaîner toutes les passions. Jean-Baptiste Andrea dresse par la même occasion un sublime portrait de femme. Une femme brillante, visionnaire, audacieuse, prisonnière de sa condition, mais qui n'aura de cesse d'essayer de briser ses chaînes.


L'auteur nous offre ainsi un roman enchanteur, qui se conclut en apothéose, lorsqu'une vague d'émotions déferle sans prévenir pour ensevelir le lecteur au moment où la lecture s'achève… C'est beau, puissant et tous les ingrédients sont réunis afin de plaire au plus grand nombre. A souligner la plume de l'auteur, à la fois fluide, immersive et tellement agréable qu'elle rend le texte difficile à lâcher. Bref, j'ai adoré!


A lire aussi, pour ceux qui auront aimé, les romans de Luca di Fulvio, “Le gang des rêves” par exemple, ou “Pietra viva” de Léonor de Recondo.


Veiller sur elle” vient de recevoir le Prix du Roman Fnac, largement mérité et, je lui souhaite, peut-être le premier d'une longue série.
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Je ne savais pas trop à quoi m'attendre : plutôt romance, plutôt fresque historique, plutôt porté sur le métier de sculpteur ou sur l'art de la statuaire, … J'appréhendais le côté romance, mais de romance il n'y a pas vraiment, c'est plutôt une histoire d'amitié enfantine qui frise un moment les amours adolescents pour évoluer à l'âge adulte, parfois complices, parfois fâchés. C'est sûr que Mimo et Viola s'aiment, mais la vie et l'histoire vont s'en mêler, cela restera pur et platonique. Dès le début j'ai apprécié l'écriture de l'auteur, classique, simple et élégante, avec une belle musicalité des phrases. Par contre j'ai mis du temps à sentir où l'auteur voulait m'amener.
Le récit commence en 1986 dans une abbaye plutôt isolé, l'abbaye Sacra di San Michele. Un vieillard qui y vit depuis 40 ans, et qui pourtant n'est pas moine, est en train de mourir. Tout le long du roman alternent de brèves pages sur cette veillée funèbre et l'abbaye avec le récit de la vie du mourant, Michelangelo Vitaliani, alias Mimo, du moins de sa vie jusque vers 1950 et son arrivée en ces lieux.
Après la mort de son père, sculpteur, Mimo, 12 ans, est envoyé en apprentissage chez un «oncle», sculpteur médiocre et alcoolique. Dans le village où ils s'installent, Mimo fait connaissance de Viola qui a le même âge que lui. Elle est la fille du marquis Orsini. Entre eux va naître une amitié improbable, à laquelle le caractère et la personnalité de Viola donnent un côté mi-féérique, mi-fantastique. Par ailleurs Mimo est sûr d'être un excellent sculpteur, mais il a toute les peines du monde à trouver des occasions de sculpter et de faire apprécier son talent. Les années passent, avec moult événements dans les vies de Mimo et Viola, de plus en plus séparés par la vie. La montée du fascisme conduit les Orsini, en particulier l'un des frères de Viola, à s'accoquiner avec. L'autre frère, qui a opté pour la carrière ecclésiastique, s'est rapproché du futur Pape Pie XII. L'arrière-plan historique n'est pas pesant, il est l'occasion de montrer les évolutions des personnages.
J'ai beaucoup aimé les personnages, Mimo et Viola sont attachants, même si leurs choix et décisions sont, pour l'un comme pour l'autre, parfois discutables. Les autres personnages, à commencer par les frères de Viola, sont présentés au premier abord de façon assez stéréotypée, pour devenir relativement plus complexe au fil du temps (à part Campana).
Malgré les compromissions l'histoire de Mimo et de Viola, éternellement liés et séparés à la fois, est lumineuse. Lui, luttant pour la reconnaissance de son talent, et elle, pour sa liberté de femme dans un univers patriarcal.
Quant à la sculpture, elle a une place majeure et très belle, servant de fil conducteur avec la question des raisons de la présence du sculpteur pour l'abbaye qui abrite une mystérieuse statue cachée aux yeux de presque tous.
Un très beau roman tout en sobriété.
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Victor Hugo a certes écrit « L'art c'est le reflet que renvoie l'âme humaine éblouie de la splendeur du beau », mais Jean-Baptiste Andréa aurait pu ajouter « L'art c'est la vie ».

Cet auteur sait se renouveler dans le beau. Cette fois son angle de tir est encore plus aiguisé pour nous emporter vers la beauté et l'amour de l'autre. Dès les premières phrases, le lecteur sent qu'il va côtoyer cette espèce de grâce qui habite ce livre. Les personnages ont tous une profonde humanité. Des plus condamnables aux plus admirables, ils sont tous touchants.
Dès la première partie la vie et les paysages sont en mouvement. On ne peut pas sauter une ligne sans risquer de perdre un élément intéressant de cette aventure. Par moment chaque phrase est en soi une image ; et chaque image un aspect de nos vies humaines.

Plus encore que dans ses précédents romans, Jean-Baptiste Andréa a su prodigieusement maîtriser la narration. Si l'humble lectrice que je suis est habilitée à une observation concernant son écriture, je serais tentée de dire, avec mes mots très simples, que l'écriture d'Andréa s'est comme bonifiée. Je ne sais pas si le terme a du sens, mais son écriture est savoureuse. Tous les sens sont en éveil entre sucré et acidité, entre citronniers, orangers et mimosa. L'atmosphère est palpable.

Dans un premier temps j'ai pensé que c'était parce que j'adorais la sculpture, que je suis une toquée de l'Italie, de son architecture et de ses arts en général, ou encore que ma béatitude devant certains sites religieux me rattrapait. Mais très vite j'ai été autant happée par le dévoilement de l'histoire que par cet environnement amplement magnifié par l'auteur.

Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, n'est pas gâté par la vie. Dès sa naissance en 1904, son physique ne lui annonce rien de merveilleux. Son enfance sera elle aussi rude, puisque très vite son père meurt à la guerre et que sa mère ne voit qu'une solution pour le sauver, et sauver par la même occasion le restant de la famille, le renvoyer en 1914, à dix ans, en Italie. Son oncle a pour mission de l'escorter dans les Abruzzes où il sera confié à un autre lointain oncle, Alberto Zio, qui devra lui apprendre la sculpture et le prendre en associé grâce aux économies faites par la mère de Mimo.
Nous allons ainsi traverser l'histoire du XXe siècle entre guerre contre les allemands (plus précisément les Austro-Hongrois), les débuts du fascisme avec l'arrivée de Lenine à Turin, entre Rome et Florence et quelques affaires italiennes.

A Pietra Alba, lorsqu'il est devenu sculpteur il rencontrera Viola, l'amour de sa vie. Celle-ci est intelligente mais aussi fantasque et surtout issue d'une riche lignée, les Orsini, ce qui va comme de bien entendu compliquer l'avenir de leur amour, leur amitié. Leur romance n'a rien de mièvre mais elle va, au contraire, embellir cet homme et tout ce qu'il touche. Au-delà des méandres de leur vie, de leurs désaccords, ils vont restés inséparables.

Pour nous conter toutes cette histoire qui se passe à l'automne 1986, l'auteur nous fait entrer dans la mémoire de Mimo. Il se trouve aux toutes dernières heures de sa vie dans une pièce d'une abbaye. Une abbaye qu'il n'a plus quitté depuis quatre décennies afin de rester le gardien d'un secret. le Padre Vincenzo et cette sculpture seront eux aussi des personnages à part entière.

Plus subliminal que jamais.

Quelques citations parmi tant d'autres possibles :
« Moi aussi, un jour, j'ai cru que j'avais du talent. J'ai compris depuis qu'on ne peut pas avoir de talent. C'est un nuage de vapeur que tu passes ta vie à essayer de retenir.»
« Sculpter, c'est très simple. C'est juste enlever des couches d'histoires, d'anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu'à atteindre l'histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l'histoire qu'on ne peut plus réduire sans l'endommager. Et c'est là qu'il faut arrêter de frapper. Tu comprends ? »
« Viola était le démiurge de nos vies, les organisait à sa guise, d'un claquement de doigts, ou d'un sourire. » 
Et ma préférée car il faut bien que j'en choisisse une :
« Peut-être parce que j'étais jeune, mes jours étaient beaux. Je ne mesure qu'aujourd'hui ce que la beauté du jour doit à la présence de la nuit. »
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Un homme se meurt en cet automne 1986, entouré par les moines de la Sacra, sur le mont Pirchiriano. Il est là depuis 40 ans, sans avoir jamais prononcé ses voeux. Mais à l'ombre de cette cellule aux volets clos, il veut encore nous conter son histoire…

Michelangelo Vitaliani, qui préfère qu'on l'appelle Mimo, nait en France en 1904. Il est renvoyé en Italie par sa mère lorsque son père meurt à la guerre. Il a 12 ans.
Il est confié à un oncle, ou plutôt le fils d'un homme qui avait une dette envers son grand-père. Oncle Zio n'a que faire de ce petit francese, il le nourrit à peine, le fait dormir dans la grange. Mais Mimo, d'un naturel optimiste, croit en son destin. Comme son père, il sera sculpteur et il sait qu'il a du talent. Il attend son heure, patiemment.
Quelques années plus tard, il arrive à la Pietra d'Alba et fait le seule vraie rencontre qui rythmera toute sa vie, celle de Viola Orsini, la femme ourse…

Si vous connaissez Jean-Baptiste Andréa, vous ne pouvez douter de ses talents de conteur. Ici, dans Veiller sur elle, c'est au coeur de l'Italie qu'il nous entraîne. Une Italie où souffle un amour impossible, une amitié indéfectible, une soif du beau et de la connaissance. On y traverse des guerres, des querelles, des jalousies et des machinations. On y croise des âmes généreuses et entières, des êtres plus vils et mesquins.

Tout au long de ces pages, à l'image de ce couple que la vie unit et désunit au gré des années, on est emporté par l'histoire, les souvenirs, les mystères, les rêves et les désillusions.

Jean-Baptiste Andréa, comme Mimo, possède un talent inné, inouï et inexplicable. Ce roman est d'une fougue rare, entouré par un souffle si chaud, si vivant, si vibrant, qu'on ne peut jamais vraiment s'en défaire…

Mimo disparaît en 1948, sans pouvoir expliquer l'onde de chocs provoquée par sa dernière oeuvre, sa Pietà, cachée par le Vatican. C'est avec lui, dans son aura, qu'on referme le livre, persuadé que l'amour et la mort ne font qu'un, et que la beauté de ce monde peut nous sauver…
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« Même si je ne te parle pas
Je suis là et veille sur toi.
Même si je ne te prends pas dans mes bras
Je prends soin de toi
Et te protège à distance
De tes maux de coeur et de tes transes ».

Ces quelques vers de Milania Caetano correspondent à ce que je me fais d'une veillée, car, comme il est dit dans le dico, veiller c'est rester volontairement éveillé, c'est être vigilant, c'est prendre soin.
Je sens qu'on va me surveiller, qu'on va scruter mes mots. Je vais devoir exprimer comment on peut s'émerveiller, pour éveiller une curiosité.
Ce livre m'attendait dans la boîte à lettres, il fait partie de la sélection de la bibliothèque orange tournante, je ne l'ai donc pas choisi, j'ai par contre choisi de le lire et d'en faire une chronique. J'arrive en sept cent vingt-sixième position, un anonyme dans le peloton, personne ne viendra m'interviewer, ils ont déjà tous donné leur avis, que je ne connais pas, il y a ceux qui sont arrivés dans l'échappée, avant la proclamation des résultats, et il y a les autres, qui connaissent le vainqueur, et qui vont en parler parce que c'est le meilleur, forcément, on n'offre pas le bouquet à n'importe qui, il y a eu consensus, c'est lui le lauréat, y a pas photo.
Mais est-ce ainsi qu'on court ? Qu'en penses-tu Edmond ? Faut-il rester dans le moule ou sortir de la foule ? Devenir le pépé d'essai, celui qui a mouillé le maillot, ou le pépé décès, celui qu'on aura vite oublié, parce que la roue tourne. PPDC, plus petit dénominateur commun, le consensuel qui rallie la majorité des suffrages, qui n'en fait pas des tonnes mais qui fait presque l'unanimité, celui qui sait rassembler, parce qu'on a besoin de se ressembler, surtout en ces temps mauvais où il y a de l'électricité dans l'air, rester dans le cocon, de la ouate dans la boîte, sans aspérité, sans cassure ça rassure, le marbre c'est lisse mais c'est brillant, élégance et résistance, précieuse est la pierre, veiller sur elle.
Impossible d'être impartial, c'est lui qui a eu le Goncourt, quoi que j'écrive, l'encenser ou le répudier, ça sera par rapport à ce prix, même si c'est inconscient de ma part. Vais-je être vigilant, pouvoir donner vraiment mon avis, faire abstraction de la notoriété qui s'est installée ? En tout cas, je ne vais pas comparer, je n'avais rien lu de lui avant celui-ci, je suis novice en Jean-Baptiste, je ne suis pas béat devant Andrea.
Pas loin de six cents pages, je suis allé au bout, j'ai tout lu. Je vous avoue que parfois je n'ai pas tout prononcé, j'ai fait de la lecture rapide, j'ai glissé à la surface, je ne suis pas rentré dedans, je n'ai pas trouvé de quoi me surprendre, la phrase qui m'aurait fait ralentir, même m'arrêter pour la relire, rien de vraiment enthousiasmant, mais rien non plus qui me fasse caler, qui me rebute au point d'interrompre ma lecture, ça a glissé tout seul, j'ai tout avalé sans tousser, ni trop salé ni trop sucré, un mélange d'ingrédients qui s'associent sans que l'un d'entre eux prenne le dessus, du passe-partout au goût, de la pâleur dans la saveur.
Peut-être est-ce dû à la forme employée, le je qui raconte du début à la fin, aucun changement dans la narration, des chapitres qui s'enchaînent mais rien qui déchaîne, une certaine monotonie dans l'avancement du récit. Peut-être qu'un roman choral m'aurait davantage subjugué, avec l'alternance des deux personnages principaux, pour mettre du rythme dans le tempo.
Viola et Mimo.
Viola, elle ne pouvait pas s'appeler Abusa ou Souilla, c'eut été un crime de lèse-virginité.
Viola, c'est la violette, un tout petit viol, une pensée discrète.
Mimo, il ne pouvait pas s'appeler Michelangelo, c'eut été un crime de lèse-grandiosité.
Mimo, c'est la moitié, il n'est pas entier, on ose à peine le prononcer, juste à mi-mot.
La fille belle et le nabot, les dentelles et les sabots, peu de destin commun, mais le génie les réunit, forte tête et mains d'esthète.

« Viola était une funambule en équilibre sur une frontière trouble tracée entre deux mondes ».

« Ce n'est pas un gnome, les enfants. En fait, c'est un géant. Juste un petit géant ».

« Les mots ont un sens, nommer c'est comprendre ».

Viola désire voler, Mimo souhaite laisser une trace. Voler, c'est disparaître dans les airs, sculpter, c'est apparaître dans la pierre. Elle lui prête des livres pour l'éduquer, il modèle la vie en rognant les aspérités.
La littérature, l'art, l'histoire, les guerres, mais comment ont-ils bien pu se rencontrer ?
Beaucoup de longueurs pour maintenir l'étonnante complicité, j'attendais des effets de surprise, mais rien ne m'a étonné. Ah, si, une pensée métaphorique.

« Il marine avec la bêtise depuis qu'il est petit. Et avec l'âge, il s'est acidifié. Autrefois, c'était un concombre. Maintenant, c'est un cornichon ».

Mais j'ai trouvé la fin de l'histoire bien longuette, je pense qu'il aurait pu (dû ?) raccourcir son propos pour le rendre plus dynamique. Un conte se doit, à mon humble avis, d'être court et concis. Celui-ci ne m'a pas émerveillé.

La course est terminée, ce fut une étape de plaine, alors que j'attendais une confrontation dans la montagne. Deux-tiers des avis ont mis cinq étoiles, le mien est mitigé. Je sors de la foule, trop sentimentale.
Je vais ressortir « Le Petit Prince », j'ai envie de rêve, d'émotion.
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Magique!
Et pourtant c'est sur la pointe des pieds que j'ai ouvert ce roman. Allez moquer vous . Et pourtant ...
Un prestigieux prix , le Goncourt , le plus souvent source de déceptions, des avis enthousiastes unanimes , des avis plus élogieux les uns que les autres et .... le premier roman de l'auteur, Ma reine, que je n'ai pas du tout apprécié..
Et voilà, quelque 500 pages plus tard, piégée. conquise , je rends les armes.
Vous résumerais-je l'histoire? Inutile il n'y a qu'à lire les superbes critiques déjà publiées.
Par contre je vous parlerai du décor. L'Italie du nord-ouest, la Riviera italienne, Savone, et Pietra d'Alba ...
de l'époque historique,1917 à 1986 , deux guerres, les années noires de l'Italie, l'après-guerre et l'éternelle rivalité entre l'Eglise et le politique, entre le Vatican et l'Etat.
de la vie chez les tout-petits, dans les campagnes, les faubourgs de Florence ou de Rome, des ateliers de sculpture, de la poussière de marbre et des litres d'alcool pour oublier la misère.
de la Pieta Vitaliani cachée au regard sur décision du Vatican
et bien sûr de Mimo Vitaliani le sculpteur de génie et de Viola Orsini l'ange qui ne savait pas voler. Mimo et Viola, tout les séparait , la société, l'instruction, l'argent, mais tout les rapprochait.
Magique de la première à la dernière page ...

Tramontane, sirocco, libeccio, ponant et mistral, je t'appelle du nom de tous les vents.
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Pourquoi la rencontre avec ce roman ne s'est elle pas faite? C'est la question qui me traverse en refermant "veiller sur elle". Je lis les avis ravis de lecteurs babéliotes, je vois, étonnée, les sélections pour le Goncourt, le Fémina, l'attribution du prix du roman FNAC. Et moi je me suis ennuyée, je suis restée à quai.

Pourtant tout m'attirait dans ce roman. L'Italie, l'art, le romanesque, de beaux personnages mais jamais le récit n'a réussi à m'embarquer. Je n'ai pas plongé, je suis restée toujours sensible à mon environnement, rechignant même parfois à reprendre la lecture.
Etrange...

La plume est pourtant sobre et élégante. Jean Baptiste Andréa nous immerge dans une fresque historique et rocambolesque sur l'Italie de la première moitié du vingtième siècle: le pouvoir de l'église, la montée du fascisme, la guerre, l'évolution de la place de la femme dans la société. Toute la fureur et l'effervescence de la première moitié du vingtième siècle. Il crée pour nous deux beaux personnages qui malgré leurs différences de personnalité, de caractères, leurs différences sociales, vont partager une amitié forte et indestructible.
Mimo de milieu modeste, est un homme de petite taille. Il va devenir un sculpteur de génie. Viola quant à elle est la cadette d'une grande famille de Piétra Alba, les Orsini. Très intelligente, cultivée,elle adore les cimetières, rêve de voler, et a de fortes convictions. Ses frères, comme il se doit, en bons opportunistes, font carrière dans l'armée, l'église, les affaires. Viola et Mimo sont, comme le dira un jour la belle Viola, deux aimants qui s'attirent mais se repoussent lorsqu'il sont trop proches.
Nous rencontrons Mimo alors qu' âgé de 82 ans il agonise dans un monastère où il a trouvé refuge des années auparavant. Il remonte jusqu'en 1916 pour revivre le fil de sa vie.
Ce récit plein de péripéties et de rebondissements multiplie les personnages, brasse les faits historiques et les aventures personnelles de nos deux protagonistes. Il y a aussi le mystère de cette pieta sculptée par Mimo et cachée dans ce monastère, retirée de la vue de tous car suscitant une sorte de syndromeDe Stendhal chez de nombreuses personnes la découvrant. La révélation sera pour moi une autre décéption.
C'est tout cela qui m'a gênée, cette profusion de personnages, de rebondissements, de moments qui nous détourne de ce que je croyais être le coeur de ce roman.

Tout cela m'a éloignée de ce que j'attendais, un roman sur l'Art. Une rencontre avec le génie d'un sculpteur, son inspiration, sa création. Une plongée dans l'Italie des merveilles, de la beauté. Hélas de Rome et Florence j'ai surtout vu les bas fonds et j'ai plus souvent rencontré Mimo ivre, suscitant la bagarre dans des estaminets, se pavanant dans des réceptions mondaines qu'outils en main.

Souvent la lecture m'a emportée vers d'autres romans. Les beuveries et les rixes du Caravage dans "la course à l'abîme" de Dominique Fernandez. le voyage à Carrare de Michel Ange pour choisir un bloc de marbre dans le si beau "Piétra viva" de Leonor de Recondo, les questionnements, la sensualité d'un artisan chargé d'ôter le pagne recouvrant le sexe d'un christ sculpté dans "La nature exposée " d'erri De Luca. Les doutes, les recherches, les tâtonnements de Rodin dans "Les bourgeois de Calais" de Michel Bernard...
Tout au long de ma lecture j'ai pensé à d'autres romans qui m'ont nourrie, donné envie d'être à Rome admirant "Le rapt de Persépone" du Bernin ou "La Madone aux pélerins" du Caravage. de partir pour Bruges revoir la Madone de Michel-Ange.

Un rendez-vous manqué. de mon fait sans doute, mes attentes étaient autres
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Un coup de coeur assurément …comme j'en attends souvent dans cette quête toujours renouvelée du plaisir de lecture.

Je m'abstiens de reformuler le contexte romanesque qu'il faut découvrir avec gourmandise dès les premières pages. Avec originalité de traitement et qualité d'écriture, le fil narratif promet des rebondissements personnels du duo Mimo et Viola et des soubresauts de la société italienne du xxe siècle.

Ce roman a beaucoup d'atouts: une belle histoire, d'un réalisme rude et sans pathos, des personnages forts, incarnés, souvent insolites, un contexte social et historique et une approche artistique.
Je referme à regret ces pages sur la vie d'un sculpteur de génie, où se racontent autant l'amitié que la folie des hommes.
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Jean-Baptiste Andréa vient d'inscrire son nom au Panthéon des auteurs qui ont marqué ma vie de lecteur.
Veiller sur elle est un roman dont on entend beaucoup parler en cette rentrée littéraire et, l'ayant terminé il y a peu, je comprends pourquoi toutes ces louanges.
Lorsque j'ai commencé cette lecture, au bout de quelques pages à peine, comme à chaque fois avec un auteur de talent devrais-je dire, j'ai su.
J'ai su qu'Andréa allait me faire vivre un merveilleux moment.
Que son personnage allait me hanter bien des jours après la dernière page.
J'ai su que cette saga italienne, aux côtés de Mimo, du début du XXe siècle au milieu des années 80, allait faire partie de ces voyages inoubliables.
Et puis, Veiller sur elle a également attiré mon regard, attisé ma curiosité, sur ces personnages qu'on y croise, sur cet art qu'on façonne.
À sa manière, le romancier est un tailleur de pierre, un ciseleur, il sculpte son roman comme Mimo (Michelangelo Vitaliani) donne vie à la plus belle des Pietà.
Et puis, il y a cette magnifique histoire d'amour, fil rouge de la vie de l'artiste, qui apporte une touche émotionnelle et poétique supplémentaire.
Avant de rendre son dernier souffle, Mimo nous livre ses confidences. Confession d'un homme, petit par la taille, mais géant par le talent.
L'un des romans incontournables de cette rentrée.
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Michelangelo Vitaliani est né en France au début du 20ème siècle. Son père est tué pendant la première guerre mondiale en 1916 alors qu'il a tout juste 12 ans. Sa mère l'envoie en Italie chez un vague oncle, Zio Alberto, qui passe plus de temps à boire qu'à travailler, pour apprendre le métier de sculpteur. L'enfant n'est pas grand, c'est un nabot déclare Alberto, mais il a du talent. Il donne vie à la pierre.

C'est à Pietra d'Alba où Alberto installe son nouvel atelier, que le jeune Mimo va rencontrer Viola, fille du marquis d'Orsini, dans le cimetière où elle aime venir écouter les morts...Tout les sépare, mais une étrange amitié lie ces jumeaux astraux (Mimo a un peu triché sur sa date de naissance) durant toute leur vie.
Michelangelo, dit Mimo, après des débuts difficiles, va connaitre le succès et ne pas hésiter à travailler pour Mussolini, mais comprendre à temps son erreur par souci de ne pas trahir son ami juif, Bizzaro...Et de Rome à Florence, avec de fréquents retours à Pietra d'Alba où il veille sur Viola, son talent va s'affirmer pour donner un chef d'oeuvre, une Pietà qui fera scandale, sculptée après la mort de son amie dans un tremblement de terre.

Ayant traversé le siècle, il meurt paisiblement à 82 ans, dans l'abbaye où est conservée sa statue, à l'abri des regards, et que jamais il n'abandonnera. Un très beau texte, le récit d'un amour mystique, qui nous emmène à travers l'histoire de l'Italie du 20ème siècle, sur les traces de deux personnages hors normes, une femme qui rêvait de voler et de s'affranchir du monde des hommes et un gamin du peuple, devenu un grand sculpteur mais dont l'oeuvre principale est demeurée incomprise.
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