Bonne nouvelle, voici une veille qui ne vous laissera pas de marbre (de Carrare) et ne vous donnera pas envie de dormir.
Car, non, vous ne dormez et ne rêvez pas, la lumière rouge qui brille, là, vous la voyez ? Viola vous a laissé un message.
Euuuhh, un message ? mais mon téléphone ne fait pas une lumière rouge quand j'ai reçu un message, sur whatsapp non plus d'ailleurs ! C'est nimp cette histoire de lumière rouge…
Non non cher babéliote en ce temps-là, 1918, pas encore de portable. La lanterne recouverte d'un tissu rouge qui brille de mille feux à la fenêtre de la Villa, signale le message écrit par Viola sur du beau papier à l'encre verte, et déposé au creux d'une souche. C'est vraisemblablement moins rapide et un tantinet moins pratique qu'un banal portable mais avouez que ça a quand même beaucoup plus de gueule et de charme !
Mimo guette cette lumière, le code secret établi avec Viola. Lors de leur rencontre, Mimo et Viola sont deux adolescents de 13 ans. Mimo tombe immédiatement raide dingue de la belle et rebelle Viola Orsini, fille de la puissante famille du village. Viola va lui faire découvrir le monde du savoir et des livres en subtilisant des ouvrages dans la très fournie bibliothèque familiale ; art, sciences, les découvertes sont multiples pour Mimo à l'aide la précoce Viola qui se projette en
Léonard de Vinci au féminin.
Une amitié indéfectible va naître de cette rencontre, une histoire d'amitié- amour platonique éternel que nous raconte Mimo, mais pas de la manière la plus confortable qui soit. En ce jour d'automne 1986, Mimo Vitaliani est sur son lit de mort, il tente de dire quelque chose. Une oreille se penche pour recueillir ses confessions. Cette oreille c'est la nôtre, c'est à nous que Mimo (de son vrai prénom Michelangelo) va murmurer dans ses derniers souffles ce que fût sa vie.
Dans un formidable travellling arrière nous repartons en 1904, à la naissance de Mimo découvrir ses racines, ses origines pauvres, son enfance meurtrie et son adolescence mises en regard des différents événements politiques de l‘époque (les guerres, la montée au pouvoir de Mussolini), puis l'ascension de Mimo et son rayonnement lorsqu'il va atteindre le sommet de son art. Mimo n'est plus n'importe qui, un moins que rien, il est devenu un grand sculpteur, digne de porter le prénom de son illustre prédécesseur.
Mimo un être hors-norme, dans tous les sens du terme, car Mimo souffre d'achodronplasie (autrement dit de nanisme). Mimo a une revanche à prendre sur la vie, il veut briller, devenir l'égal de la riche famille Orsini. le souvenir du mépris affiché par les parents et le frère ainé de Viola lors de leur première rencontre qui ne s'est pas déroulée sous les meilleurs auspices reste encore cuisant malgré les années.
Après m'être régalée avec
Des diables et des saints, j'attendais avec impatience la sortie du nouveau
Jean-Baptiste Andréa. J'ai été absolument conquise par
Veiller sur elle, par cette incursion en Italie (les auteurs semblent s'être donné le mot en cette rentrée littéraire), de la petite ville ligure fictive de Pietra d'Alba, à Florence et Rome, des bas-fonds citadins à la luxueuse villa des Orsini ou aux bureaux du Vatican.
Il y aurait tant à dire, je ne me suis pourtant jamais perdue dans ce livre foisonnant, tumultueux, riche en personnages, époques et rebondissements.
Aux grincheux qui s'ennuient dans cette rentrée littéraire, conseillez cette lecture, j'espère qu'une scintillante lumière rouge leur rendra leur bonne humeur.
Je vous laisse le plaisir et le soin de découvrir qui se cache derrière ce fameux Elle.
Aurez-vous envie à votre tour de
veiller sur elle ? Je retourne à son chevet…