Énorme coup de coeur, après
le Parlement des Instincts de
Philippe Cavalier, et encore le mot est faible tant ce livre est une merveille à l'état pur, une pépite à l'état brut.
Une fois n'est pas coutume, je vais me contenter d'un billet qui sera simple, et basé juste sur les émotions provoquées par cette lecture.
Et il y a au moins 3 ans que je n'avais pas lu un ouvrage qui restera marquant et marqué dans mon for intérieur.
En effet déjà 48 critiques au compteur, et je n'ai pas envie de me. Relancer dans un énième résumé de l'histoire.
Mais juste d'extraire passages, qui mettent en lumière le ou les ressentis, de cette lecture, juste en les mettant en abîme avec ma lecture :
- Page 130 "chaque coup de marteau venait de loin et s'entendrait longtemps" / chaque mot posé sur ces pages portaient en eux une beauté qui venait de loin et réssonerait longtemps en moi ;
- Page 221 "Florence, années noires. Une bonne accroche pour mon biographe, même si je ne soupçonnais pas encore qu'on s'intéresserait un jour ma vie. Je soupçonnais encore moins que quand quelqu'un s'intéresserait ma vie, je ferais tout pour lui compliquer la tâche.
Mes frères, lorsque j'aurai poussé ce dernier souffle qui résiste encore, portez-moi au jardin. Enterrez-moi sous une belle pierre blanche, de ce Carrare que j'aimais tant. N'y gravez pas de nom, surtout. Laissez-la douce, lisse à s'y allonger. Je veux que l'on m'oublie. Michelangelo Vitaliani, 1904-1986, a dit tout ce qu'il avait dire." /
Jean Baptiste Andrea se fait le magnifique biographe romanesque de Michelangelo Vitaliani et nul besoin de nom tant ce personnage tant son histoire et sa vie sous la magnifique plume de l'auteur se passe de surenchère. Nul besoin d'épitaphe. Une fois le livre refermé la vie de Michelangelo Vitaliani créé dans le lecteur une rémanence inconsciente comme peu de personnages romanesques sont capable d'en provoquer ;
- Page 291 "Son directeur de thèse, autrefois, avait eu cette phrase surprenante, en lui remettant son doctorat cum laude : Vous avez étudié de longues années pour rien, Williams. Rien de ce qui fait l'art, le vrai, n'est explicable ici, puisque l'artiste lui-même ne sait pas ce qu 'il fait. / Je ne sais si
Jean Baptiste Andrea savait ce qu' il faisait en écrivant cet ouvrage. Une chose est certaine, et subjective, c'est du grand art que ce livre. Un de ces ouvrages qui instille en vous, pour y déposer une marque indélébile, comme une parenthèse, une persistence qui s'installe et qui fait que le simple fait de poser un regard sur cette couverture fait remonter des sensations de lecture à nulles autres pareilles. La première étant de vouloir le relire....
- Page 307 "partout où j'ai vécu l'exception du monastère où je m'éteins, et de Pietra d'Alba bien sûr —, j'ai éprouvé le besoin de repousser l'aube." / J'ai éprouvé chaque jour de lecture, chaque jour les pages défilaient, chaque jour je savais qu'il faudrait en arriver au terme du livre, chaque jour je sentait que ce mot, terrible, fin approchait. Et bien j'ai éprouvé le besoin de repousser le temps, de prendre mon temps, de perdre mon temps dans cette lecture....
Alors a ceux qui l'ont lu je dirais que tramontane, sirocco, libeccio, ponant et mistral, l'on emporté sur toutes mes résistances...
Et pour ceux qui ne l'ont pas encore lu laissez-vous emporter par la tramontane, le sirocco, le libeccio, le ponant et le mistral et vous comprendrez...
Deux remarques pour terminer
Comme je l'avais écrit pour
le Parlement des Instincts, ce livre qui mérite non pas 5 ou 6 étoiles, mais bien plus que cela...
Je rejoins l'avis le l'auteur ou de Mimo concernant l'une des plus belles statues de tous les temps – la plus belle, diront certains – sourit à tous ses visiteurs, sans exception. [...] Difficile d'imaginer qu'elle fut, un jour, une simple montagne. La montagne devint carrière à Polvaccio. On en tira un bloc de marbre, qu'on livra à un homme au visage fruste, marqué par une bagarre avec un confrère jaloux. L'homme, fidèle à sa philosophie, attaqua la pierre pour libérer la forme qui s'y trouvait déjà. Et la femme parut, d'une beauté insensée, penchée sur son fils abandonné dans un sommeil de mort sur ses genoux. Un homme, un burin, un marteau, de la pierre ponce. Si peu de choses pour donner naissance au plus grand chef-d'oeuvre de la Renaissance italienne. La plus belle statue de tous les temps, et elle s'était simplement cachée au fond d'une pierre.
Michelangelo Buonarroti eut beau chercher, hurler, il n'en découvrit plus de pareille dans le moindre bloc de marbre.
Jean Baptiste Andrea démontre, à l'instar du sculpteur, qu'un homme, un burin semblable à une plume, un stylo, un simple crayon à papier. Si peu de choses peuvent donner naissance à un livre remarquable... Et pour ces heures de bonheurs de lecture soyez-en remercié