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4,3

sur 5451 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mimo, placé chez un pseudo oncle sculpteur à l'âge de douze ans, a déjà de belles notions de sculpture que lui a prodigué son père décédé.
Il deviendra, après une vie tumultueuse, un grand sculpteur d'Italie.
La glorieuse famille Orsini vit dans le même village.
Entre Mimo et Viola, la fille Orsini, se nouera une improbable amitié qui durera toute leur vie.
Ma lecture fut une formidable aventure aux côtés de ces personnages hauts en couleur.
Et aussi une incursion dans le monde de la sculpture et un fabuleux voyage en Italie.
En plein coeur du fascisme, du Vatican, de la haute société, ce livre est une fresque romanesque par excellence.
Le style est beau, les personnages traités avec sensibilité et l'histoire est peu commune.
581 pages qui se dévorent.
J'ai pensé en lisant aux beaux romans de Vincent Engel où se mêlent Italie, Histoire et amour.
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Le sculpteur qui meurt au pied de son chef d'oeuvre

Meilleur de livre en livre, Jean-Baptiste Andrea signe un chef-d'oeuvre avec «Veiller sur elle». En racontant l'histoire d'un sculpteur de génie, de sa rencontre avec Viola, fille d'une riche famille et sa traversée du XXe siècle, il nous offre un roman riche, ample, inoubliable. Il est indéniablement mon Prix Goncourt 2024!

L'histoire de Michelangelo Vitaliani est de celles qui ne s'oublient pas. Une histoire riche, une histoire totale, c'est-à-dire qui vous enrichit en la lisant. Mais au-delà de l'histoire, Veiller sur elle est aussi la démonstration d'un écrivain désormais au sommet de son art. Après nous avoir ébloui dès son premier roman, Ma Reine, l'odyssée de Shell, un garçon «différent» en 2017, puis avoir confirmé ses promesses avec Cent millions d'années et un jour (2019) et Des diables et des saints (2021), trois romans multirécompensés, voici donc un magnifique quatrième roman qui s'ouvre sur... la fin. La fin, en 1986, d'un homme entouré de moines et dont il a partagé la vie durant des décennies. Un homme qui, au moment de rendre son dernier souffle, va prendre le temps de nous raconter sa traversée du XXe siècle.
Michelangelo est né en France en 1904. Ses parents avaient quitté leurs Abruzzes natales pour la France qui manquait de bras. Tailleur de pierre, son père était mort et sa mère, persuadée que son fils deviendra un grand sculpteur, le renvoie auprès de son oncle Alberto afin qu'il perfectionne son art. le voilà dans son pays, «royaume de marbre et d'ordures.»
C'est en pleine Première Guerre mondiale qu'il débarque à Pietra d'Alba, «taillée dans la lumière du levant, sur son piton rocheux.» Aux côtés d'Alinéa, un compagnon guère mieux loti que lui, il sert d'assistant corvéable à merci à cet homme qui passe une grande partie de son temps à rechercher de l'ouvrage. Car la situation n'est guère favorable en ces années de guerre et d'immédiate après-guerre. C'est auprès du Comte Orsini qu'il est le plus souvent appelé, notamment pour des travaux de réfection. Et c'est là, après une malencontreuse – ou heureuse – chute de toiture qu'il se retrouve dans la chambre de Viola, la fille du châtelain.
Le moment de surprise passé, la jeune fille va s'intéresser à ce jeune garçon et décider de faire son éducation. «Elle me tendit la main, et je la pris. Comme ça, franchissant d'un seul pas d'insondables abimes de conventions, d'empêchements de classe. Viola me tendit la main et je la pris, un exploit dont personne ne parla jamais, une révolution muette. Viola me tendit la main et je la pris, et c'est à cet instant précis que je devins sculpteur. Je n'eus pas conscience du changement, bien sûr. Mais c'est à ce moment, de nos paumes alliées dans cette cabale de sous-bois et de chouettes, que me vint l'intuition qu'il y avait quelque chose à sculpter.»
Lors de leurs rendez-vous clandestins réguliers, Viola va partager avec lui les ouvrages de la bibliothèque paternelle et le faire réviser ses connaissances. Un jeu auquel Mimo, son surnom, s'adonne de bonne grâce, bien conscient de sa chance. Une belle formule vient le résumer: «Elle m'ouvrit un monde de nuances infinies.»
Bien entendu, leur relation, à mesure qu'elle s'intensifie, ne va plus pouvoir rester secrète et entraîner la désapprobation de la noble famille qui ne veut pas d'un roturier, mais aussi de l'entourage du jeune homme qui voit en Viola une sorcière dotée de pouvoirs maléfiques. Mais Mimo et Viola ont signé un pacte. Il l'aidera dans son projet de voler, elle l'aidera à déployer son génie de sculpteur.
Si rien ne se passe finalement comme prévu, leurs vies respectives continuent à se dérouler reliées l'une à l'autre. Une carrière de sculpteur qui va décoller et une aile volante qui s'écrase, de nombreuses relations éphémères pour l'un, un mariage pour l'autre. Un chef d'oeuvre, une piéta si troublante que le Vatican décida de la cacher, faisant par là même grandir le mystère et la légende de cette oeuvre.
Jean-Baptiste Andrea nous fait aussi traverser l'Histoire du siècle avec l'arrivée des fascistes au pouvoir et la Seconde Guerre mondiale. Des temps troublés qui vont aussi osciller entre compromission et résistance, drame et espoir.
Et dans les conseils que donne Mimo a l'enfant venu admirer son chef d'oeuvre, je ne peux m'empêcher de lire le secret d'écriture de ce superbe roman: «Écoute-moi bien. Sculpter, c'est très simple. C'est juste enlever des couches d'histoires, d'anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu'à atteindre l'histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l'histoire qu'on ne peut plus réduire sans l'endommager. Et c'est là qu'il faut arrêter de frapper.» Et reconnaître le chef d'oeuvre quand il est là, n'est-ce pas mesdames et messieurs les membres du jury Goncourt?


Lien : https://collectiondelivres.w..
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En 1886, au monastère de la Sacra, Michelangelo Vitaliani se meurt. Il n'a jamais prononcé ses voeux mais il vit là depuis quarante ans. Ce soir entouré de ses "frères"il n'en finit pas d'agoniser. le temps qu'il faut pour faire défiler le film de sa vie.
Né pauvre, nain, il est orphelin de père très tôt. Ce père a eu le temps de lui apprendre les bases de la sculpture. Sa mère l'envoie en apprentissage chez un oncle sculpteur dans le village de Pietra Alba en Italie. le début de cette vie est difficile, parfois violent. Et puis ... il rencontre Viola, la fille de la famille la plus influente de la région. Ces deux-là n'auraient jamais dû ce connaître mais dès les premiers instants ils ne pourront plus se passer l'un de l'autre. Maintes fois séparés ils se retrouveront comme deux"aimants" qui s'attirent et se repoussent. (Des verbes aimenter et aimer!!!)
Viola est follement intelligente, rêveuse et ambitieuse. Elle est l'électron libre de la famille. Michelangelo, qui préfère qu'on l'appelle Mimo, est un génie de la sculpture.( Michelangelo est un nom trop grand pour ce petit sculpteur débutant !)
Leur histoire dure soixante-dix ans, de 1916 à 1986.
Défilent tout au long des pages la montée du nazisme, les deux guerres, l'évolution technologique,( de la charrette à l'avion, le cinéma, l'électricité...), l'arrivée du communisme, du féminisme, les secrets du Vatican et ceux du petit village.
de nombreux personnages attachants ou insupportables parcourent le roman. Ils sont de la haute société, ou des bas-fonds de Florence.
Ce livre est avant tout une merveilleuse histoire d'amour baignant dans la beauté de l'art.
"Elle", c'est une mystérieuse sculpture cachée dans le monastère sur ordre du Vatican. Vous ne saurez qu'à la fin pourquoi Mimo, qui se prénomme, ne l'oublions pas, Michelangelo, a voulu "veiller sur elle.
C'est beau, admirablement écrit, très émouvant (âmes sensibles attention à la 569 ème page, larmes assurées !).
Difficile pour moi de passer à autre chose.
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Ce Goncourt n'est pas une surprise totale. C'était le bon moment pour récompenser une littérature populaire et de qualité, un vrai beau roman. Je ne dénigre pas les autres concurrents, loin de là.
On a ici de beaux personnages, des sentiments, de l'Histoire, du dépaysement, de l'attachement, une envie de ne pas lâcher le livre ou du moins d'y revenir rapidement. Les personnages sont forts, vivants, avec leurs failles et leurs forces. J'ai aimé vivre avec Mimo et Viola. Ils m'ont accompagné, distrait pendant une période difficile. Je me suis attaché à eux. Moi qui d'habitude ne sait plus lire quand la tristesse est trop présente dans ma vie, là ils m'ont offert un espace salvateur.
Merci à eux, merci à leur auteur.
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Quel magnifique roman !

Michelangelo Vitaliani, surnommé Mimo, est au crépuscule de sa vie. Il se meurt en cette année 1986 dans un monastère du Piémont italien où il a passé ses 40 dernières années.

Alors que le couchant arrive, que la clarté s'enténèbre, Mimo revient sur sa vie foisonnante qui commence en 1904 en France. Né de parents italiens émigrés en France, il fera le voyage inverse et retrouvera l'Italie en 1916 pour ne plus la quitter.

Avec une écriture élégante, juste, fluide et un talent de conteur incontestable, l'auteur nous relate l'histoire romanesque de deux êtres singuliers du même âge, Mimo, défavorisé par sa naissance tant socialement que physiquement étant atteint de nanisme et Viola Orsini, née dans une famille de notable, d'une intelligence supérieure non reconnue, et née femme dans ce début de siècle dominé par les hommes.

Ces deux personnages connaîtront une relation forte, une sorte d'amour platonique, d'amitié amoureuse, qui les liera jusqu'à la fin. Mimo, se passionnant depuis son plus jeune âge pour la sculpture, deviendra un grand artiste dans cet art. Il côtoiera les plus grands et prendra une revanche sur sa naissance.

Ce roman est complètement maîtrisé, d'un parfait équilibre. Avec l'arrière plan historique de cette première moitié du 20ème siècle qui connaît un monde en pleine mutation, l'auteur fait vivre et évoluer des personnages de toute condition qui virevoltent dans un jeu de pouvoir, de domination, qui ne trompe pas grand monde.

J'ai immédiatement ressenti de l'empathie pour Mimo et Viola qui sont aussi bien décrits psychologiquement que physiquement. Les autres personnages ne sont pas en reste et ne manquent pas de panache. L'utilisation, le développement, le cheminement de ce microcosme bigarré est judicieux, intelligent et captivant. Je n'ai ressenti aucun ennui, aucune longueur, j'ai été conquise.



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Le XXème siècle et ses drames en toile de fond, les héros de ce roman dansent entre les bombes, sous les citronniers. Imprégnées de l'odeur du mimosa et des fleurs d'orangers, les pages de Jean-Baptiste Andrea sont aussi tendres qu'acides, l'amour qu'il relate étant de la pureté albescente du marbre, ce qui ne le rend que plus beau (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/09/06/veiller-sur-elle-jean-baptiste-andrea/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Un roman comme je les aime qui m'emporte dès les premières pages.
Je suis partie en Italie, et plus particulièrement dans le Piémont, qui se trouve être le berceau de mon grand-père paternel qui m'a fait rêver, enfant, quand je l'entendais raconter la lumière, les odeurs, les villages.
Je suis partie à la rencontre de deux adolescents qui n'auraient jamais dû se rencontrer et dont l'amitié-amour traverse toutes les vicissitudes de la vie et les transcende. Ils mènent le même combat, celui contre le regard que la société pose sur eux qui sont différents et contre le rôle qu'elle leur assigne : un nain ne peut être que dans un cirque et une femme ne peut qu'être mère et épouse, confinée à l'espace familial.
J'ai rencontré nombre de personnages hauts en couleurs; certains sont attachants, émouvants, d'autres écoeurants mais aucun ne laisse indifférent.
Je suis partie à la rencontre de l'art, personnage principal de ce roman ; l'art qui émeut, l'art qui élève, l'art qui porte en lui l'âme de l'artiste. La sculpture qui arrache la beauté à la gangue, qui révèle l'enfoui nous fait découvrir le travail de la pierre, la vision qui se dégage après quelques coups de burin. Bien sûr, je suis allée voir sur Internet "La Pietà" de Michel-Ange car on ne peut qu'y penser en lisant ce roman et je l'ai regardée différemment, plus intensément, plus profondément.
Je suis partie pour la première moitié du XXème siècle qui sert d'arrière-plan avec la première guerre mondiale et la montée du fascisme en Italie. L'auteur a réussi à mêler avec brio des personnages historiques comme Eugenio Pacelli devenu le pape Pie XII, Brancusi, Bartolomeo Pagano, acteur italien connu sous le nom de Maciste et des personnages de fiction à tel point qu'on finit par se demander si Mimo et Viola n'ont pas réellement existé.
Le souffle épique, mâtiné d'un humour ironique, les personnages éminemment romanesques m'ont fait passer un très agréable moment d'évasion littéraire.
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Qui est cette Elle sur qui il faut veiller ? Elle, a poussé Mimo à se cloîtrer dans un monastère, sans toutefois y prononcer des voeux. Sous la plume de Jean-Baptiste Andréa, il nous conte sa vie ses dernières heures venues. Mimo, c'est Michelangelo Vitaliani. Il a deux handicaps dans la vie. Celui d'être né dans une famille pauvre, mais surtout celui d'être différent. Il est de si petite taille qu'on le traite de nain. Mais il a un atout énorme. Celui de son art. Il est un sculpteur au talent inouï. Au point de rivaliser avec l'autre Michelangelo, le grand, l'auteur de la Pieta qui trône en la basilique Saint-Pierre du Vatican à Rome.

Elle, ce pourrait être Viola. Elle est la fille de la grande et richissime famille Orsini de laquelle sont issus plusieurs papes. Mais comment un nain, qui plus est de basse extraction, pourrait-il seulement lever les yeux sur pareille descendance. Aussi fantasque fût-elle ? N'a-t-elle pas l'idée de voler avec une aile de sa fabrication.

C'est pourtant ce qui arrive. Parlera-t-on d'idylle entre ces deux personnages ? Pareille union abonderait à l'expression du mariage de la carpe et du lapin. Mais une idylle quand même, oui. En forme d'amitié amoureuse. Parfois orageuse, mais toujours fidèle. Une de celle qui ne trouve d'assouvissement que dans l'espoir. Espoir d'on ne sait quoi. Sans cesse relégué, aussi fuyant que la ligne d'horizon.

A moins que l'assouvissement de cette idylle, ce ne soit cette sculpture, cette caresse au marbre pur qui a façonné un visage si doux. le visage de la Vierge, si parfait qu'il est sacrilège aux yeux de l'Eglise. A la mémoire du grand Michel-Ange. La Pieta de Mimo fait de l'ombre à celle du maître. Aussi a-t-elle a été confinée en un lieu que très peu connaissent.

Mimo, Viola, un amour qui a trouvé son accomplissement, son triomphe dans l'immobilité d'un visage aux traits divins. Un visage de marbre. Un visage à la beauté céleste, inaltérable. Comme l'amour quand il n'a pas été corrompu par les bassesses de la vie terrestre.

Un roman à la puissance romanesque prodigieuse, porté par une écriture aussi fluide que les traits du visage de la Pieta. Celle de Mimo.


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Quel bon cru que ce Goncourt 2023 !

Un roman qui donne envie d'en savoir plus. Qui donne envie d'aller se documenter sur la période de l'Italie de l'entre deux guerres (squadristes, Homme nouveau...), qui donne envie d'aller dans les musées contempler les sculptures, plus particulièrement celles en marbre.

Une chose est certaine, vous ne les regarderez plus d'un même oeil après avoir lu ce roman ! Vous les détaillerez, vous en ferez le tour, vous en observerez les contours, vous ne les négligerez plus en passant votre chemin trop vite pour aller voir les tableaux de maître ! Vous serez en admiration devant certaines d'entre elles et ne manquerez pas de penser au génie de son créateur et à l'incroyable travail qui donne forme à un simple bloc de marbre rectangulaire.

Oui, quelle belle histoire que nous raconte Jean-Baptiste Andréa.

Celle de Viola et de sa famille : les Orsini. Une lignée qui fait référence aux grandes familles romaines. Les Orsini vivent à Pietra d'Alba, en Ligurie, quelque part dans le nord de l'Italie. Belle villa, domestiques, du foncier mais des finances au ras des pâquerettes. Dans l'intérêt de la famille, il est plus que souhaitable que Viola fasse un beau mariage !
Viola Orsini a trois frères. L'un est mort lors de la première guerre mondiale, le second va évoluer dans la mouvance de l'Italie fasciste de l'entre deux guerres et le dernier va servir l'église catholique jusqu'à devenir un haut dignitaire religieux.
Viola est une jeune femme au tempérament affirmé. Elle a soif de connaissance, soif de liberté. Elle n'est pas soumise. C'est une femme debout, comme elle aime à se définir.

Et puis il y a Michelangelo Vitaliani (Mimo). Il est plutôt beau gosse mais sa très petite taille sera son handicap. Son entourage va se rendre compte que c'est un sculpteur de génie. Dès lors, il va connaître une ascension fulgurante. Cependant, il manque de tempérament et peut se vendre au plus offrant, en l'occurrence accepter les grandes oeuvres pour la gloire de l'Italie fasciste. Heureusement il se rachètera en refusant des honneurs et en réalisant une Piéta tellement hors-norme qu'elle peut perturber ceux qui la contemplent ! Dès lors, le Vatican décidera de ne plus l'exposer au commun des mortels. Mimo, désormais reclus dans une abbaye dans cette deuxième partie du vingtième siècle, se contentera de « veiller sur elle » jusqu'à sa mort.

Entre Viola et Mimo existe un lien indéfectible depuis qu'ils se sont connus à l'aube de l'adolescence.

C'est leur histoire que va nous raconter Jean-Baptiste Andréa dans une écriture fluide, savante, poétique, artistique et très bien documentée. Et leur histoire s'insère parfaitement dans l'Histoire de l'Italie : les personnages fictifs sont en contact avec des personnages ayant réellement existé.

Vous ne perdrez pas votre temps en lisant ce roman et je ne doute pas que vous irez voir, entre autre, à quoi ressemble la Piéta de Michel- Ange si vous n'en avez pas idée.
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Voilà ce qu'on attend d'un grand romancier : une histoire bien construite, des rebondissements, des personnages inoubliables, une atmosphère, un souffle, un subtil mélange de lyrisme et d'érudition. Et même si la ficelle narrative est un peu usée (le héros parviendra-t-il à honorer bibliquement l'héroïne ?), Dieu qu'elle est fine et bien tressée !
Mimo Vitaliani a été abandonné à son destin par sa mère. Viola Orsini est la fille unique d'une famille de nobles que ses rêves agacent.
Orphelins, ils décident de veiller l'un sur l'autre. Parce qu'ils se déclarent « jumeaux cosmiques », ils s'interdisent d'assouvir leurs désirs inavoués. Leur amour est d'un ordre supérieur, trop parfait pour devenir charnel, trop enraciné dans le sol de Petra d'Alba pour finir spirituel.
De leurs rendez-vous manqués, de la cruauté des temps, Mimo retiendra la force qui guidera sa main de sculpteur génial (« Il fut dans son domaine ce que Marlon Brando serait aux acteurs, Pavarotti aux chanteurs, Sabicas à la guitare. Un artiste instinctif, doué d'un talent inné, inexplicable – y compris par lui-même »). Jusqu'où ? Jusqu'à la perfection, au divin, à l'éternité d'une oeuvre qui révèle au monde la beauté révolutionnaire de Viola.
Quand un écrivain français s'empare de l'Italie, le résultat est souvent pitoyable : clichés, mépris et fautes d'orthographe. Jean-Baptiste Andrea est l'exception qui confirme la règle. Sans doute parce qu'il vit l'Italie plus qu'il ne s'essaye à la décrire. Merci !
Jean-Baptiste Andrea m'avait enthousiasmée avec « Ma reine », un peu ennuyée avec « Cent millions d'années et un jour ». Il m'a comblée avec son merveilleux « Veiller sur elle ». Et dire que ce magnifique roman a peu de chance de remporter le Goncourt parce que des écrivains de salon, moins talentueux mais mieux introduits, publiés par des maisons connues, ont trouvé place dans la sélection.
À moins que se reproduise le petit miracle de Philippe Rey en 2021. Forza L'Iconoclaste !
Bilan : 🌹🌹🌹
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