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4,3

sur 5439 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Veiller sur elle est un magnifique roman , on peut y voir trois entrées.

La première entrée est une sortie.
Celle d'un vieil homme à l'agonie , veillé par les frères qui l'hébergent depuis des années dans leur abbaye sans qu'il ait prononcé ses voeux .
Pendant que les moines s'interrogent sur la fin de vie de ce vieillard, lui se remémore toutes les années avant son enfermement volontaire .

Voilà la partie la plus conséquente du récit, riche en rebondissements et en personnages.
Atteint de difformité, certains le traitant de nain, un nom qu'il n'a jamais admis, Michelangelo Vitalini surnommé Mimo est né en 1904 dans une famille italienne pauvre .
A la mort précoce de son père , un sculpteur qui lui a donné le goût des belles choses et lui a enseigné son art de façonner la pierre , Mimo est envoyé chez un pseudo-oncle sculpteur lui aussi , méchant, cupide et incompétent en apprentissage .
C'est lors d'une visite nocturne dans le cimetière qu'il rencontre Viola Orsini, 13 ans comme lui , fille de la puissante famille Orsini de la région.
Commence alors une amitié très forte, vibrionnante, tumultueuse , entre les enfants qui va devenir leur point d'ancrage malgré les nombreuses disputes et séparations qui suivront .

Le récit déroule ainsi l'histoire de l'Italie entre la première guerre mondiale et les années 1960 avec entre les deux, le choc de l'arrivée au pouvoir de Mussolini et de ses squadristes.
Mimo avec son talent reconnu de sculpteur navigue sans peine à travers les différentes époques, sachant se faire apprécier de mécènes, qu'ils soient religieux , les premiers à découvrir son talent ou politiques mais également , par son attitude souvent méprisante et cassante et sa supériorité dans son art , se créant beaucoup d'ennemis .

Viola , elle, être fantasque, intelligente et rebelle reste enfermée dans son corps de femme de bonne société devant tenir son rang et ne pas faire de vagues .

La troisième entrée de ce roman est celle de la Pietà, chef d'oeuvre ultime du Maitre Vitalini , source d'interrogations sur la stupeur que certains ressentent en la contemplant et devant ce mystère, elle est éloignée des yeux et enfermée dans les sous sols de l'abbaye où meurt Mimo .

Qui est cet "elle" sur laquelle il faut veiller, Viola ou la Pietà, et si elles ne faisaient qu'une ?

Jean-Baptiste sait très bien maintenir son lecteur suspendu à ses phrases, le récit est dense, émaillé de belles descriptions de la lumière de l'aube sur la campagne de Ligurie et ses champs d'orangers , de la poussière de marbre sous les coups des outils des sculpteurs, d'évocations des bouges malfamés des villes et de leur faune interlope .

J'ai cependant trouvé parfois quelques traits de personnages un peu trop caricaturaux et une certaine réserve pudique mais on se laisse happer par les péripéties de Mimo et les sautes d'humeur de viola.

Il faudra attendre la toute fin pour comprendre la particularité de cette Pietà et c'est très bien ainsi.
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Pour une fois j'ai pu lire un prix Goncourt en sachant par avance que j'irai au bout, car les ouvrages précédents d'Andréa montraient chez ce romancier un vrai talent pour rendre plausibles les rêves de ses personnages. Ce livre ne départ pas des précédents. Andrea utilise juste l'histoire de l'Italie dans la première partie du vingtième siècle pour développer une intrigue plus ample que d'ordinaire.

Mimo, un gamin pauvre, pas gâté par la vie, est exploité dans un petit village de Ligurie par son « oncle », mais développe un talent rare pour la sculpture. Viola, la petite dernière de la riche famille locale, rencontrée un peu par hasard au détour d'un cimetière, s'avère sa jumelle cosmique, puisque née le même jour que lui. Viola qui absorbe le savoir dans tout ce qu'elle lit et qui se rêve autre. Mimo qui la suit, l'admire, tout en savant confusément que l'histoire de Viola se déroulera sans lui ; lui qui est atteint de nanisme et qui n'est qu'un apprenti taillant la pierre, couvert de poussière.

Mimo et Viola, une amitié qui dépasse l'amour ; l'un soutenant l'autre malgré des hauts et des bas et des fâcheries durant parfois des mois. Les deux rêvent grand. La première à devoir rabattre ses espoirs est Viola victime d'une chute aérienne qui la laisse terriblement meurtrie et à la merci des convenances sociales imposées par sa riche famille et ses deux frères ambitieux, Francesco et Stefano. Mimo, lui, roule sa bosse de Florence à Rome, et de beuveries pitoyables en commandes de prestige s'ouvre les portes des classes privilégiées. Ce qui veut dire dans les années 20 et 30 en Italie fasciste, composer avec le régime de Mussolini.

Mimo raconte son histoire, et ne sort pas forcément grandi de cette auto-analyse. Il avait le talent dans ses mains. Il n'en a pas toujours fait le meilleur, comme le lui a souvent reproché Viola. Mais elle, qu'a t-elle fait de sa propre vie ?

Tout à fait dans le style des autres romans d'Andrea, Veiller sur elle est juste un peu plus dense, fourmillant de personnages brillants, manipulateurs ou sournois. Quelques petites longueurs viennent encombrer un peu l'ouvrage (le chapitre au cirque à Florence apporte finalement peu au récit), qui s'avère une nouvelle fois un grand plaisir de lecture.
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Elle est l'un des secrets les mieux gardés du Vatican. Après avoir été exposée aux yeux de tous, après avoir causé de vifs émois à ceux qui avaient tenté d'en percer le mystère, la Pietà Vitaliani est désormais cachée à l'abri des regards indiscrets, enfermée à triple tours dans un endroit tenu secret… “On l'enferme pour la protéger”, selon l'Eglise, moyen de préserver celle qui confine au divin, tout en l'élevant au rang de mythe, de chimère. 

L'histoire débute en 1986, au moment où le créateur de la sainte statue s'apprête à rendre son dernier souffle. Michelangelo Vitaliani, l'homme aux mille vies, moqué pour sa petite taille qui ne dépassa jamais celle d'un enfant, admiré pour son génie créateur, haï par les envieux, instrumentalisé par les puissants, s'apprête à nous livrer son histoire et, par là même, le mystère qui entoure sa célèbre création…


Il est des romans que l'on rechigne à refermer tant l'on s'y sent bien. Parce qu'ils nous font voyager avec des compagnons formidables, parce qu'ils nous font rêver, ressentir les choses comme si nous y étions, parce qu'ils nous apportent enrichissement et évasion, tout simplement.. “Veiller sur elle” est de ces romans-là. 


Aux côtés de Michelangelo, dit “Mimo”, nous allons parcourir l'Italie de Pietra d'Alba, à Florence, en passant par Rome, pour revenir, toujours, à Pietra d'Alba, où l'attend l'insaisissable Viola, sa “jumelle cosmique”, son âme soeur, celle par qui tout commence et tout fini. Une plongée envoûtante dans l'Italie du XXème siècle, dans une région épargnée par la première guerre mondiale mais qui n'échappera malheureusement pas à la seconde… Une région paisible, quoique miséreuse, où l'on cultive les orangers, sous l'égide de quelques puissants, dont font partie les Orsini. Une région que l'on voit rattrapée par son époque, par le progrès qui déboule sans crier gare.


Au coeur du roman, il y a l'Art en général et la sculpture en particulier. Dans un pays connu pour ses génies créateurs, fier de son savoir-faire et de sa richesse, Mimo n'a pas à rougir car, si l'homme, du haut de son mètre 40, est petit en taille, son talent, lui, est immense, incommensurable, à la fois percutant et subversif. On le voit se déployer au fil des années et raconter comment se construit un chef-d'oeuvre, avec, en toile de fond, les jeux de pouvoirs entre l'Eglise et les politiciens.


Mais, ce qui enchante par-dessus tout à la lecture de “Veiller sur elle”, au-delà du processus artistique qui lie un artiste à son oeuvre, c'est l'objet qui la lui a inspirée, en l'occurrence sa relation avec Viola. Un amour impossible, digne des plus grandes tragédies italiennes, mais qui bouleverse par sa pureté, son évidence, son absolu. Une relation entre deux individus hors normes, qui va défier toutes les lois et déchaîner toutes les passions. Jean-Baptiste Andrea dresse par la même occasion un sublime portrait de femme. Une femme brillante, visionnaire, audacieuse, prisonnière de sa condition, mais qui n'aura de cesse d'essayer de briser ses chaînes.


L'auteur nous offre ainsi un roman enchanteur, qui se conclut en apothéose, lorsqu'une vague d'émotions déferle sans prévenir pour ensevelir le lecteur au moment où la lecture s'achève… C'est beau, puissant et tous les ingrédients sont réunis afin de plaire au plus grand nombre. A souligner la plume de l'auteur, à la fois fluide, immersive et tellement agréable qu'elle rend le texte difficile à lâcher. Bref, j'ai adoré!


A lire aussi, pour ceux qui auront aimé, les romans de Luca di Fulvio, “Le gang des rêves” par exemple, ou “Pietra viva” de Léonor de Recondo.


Veiller sur elle” vient de recevoir le Prix du Roman Fnac, largement mérité et, je lui souhaite, peut-être le premier d'une longue série.
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Je ne savais pas trop à quoi m'attendre : plutôt romance, plutôt fresque historique, plutôt porté sur le métier de sculpteur ou sur l'art de la statuaire, … J'appréhendais le côté romance, mais de romance il n'y a pas vraiment, c'est plutôt une histoire d'amitié enfantine qui frise un moment les amours adolescents pour évoluer à l'âge adulte, parfois complices, parfois fâchés. C'est sûr que Mimo et Viola s'aiment, mais la vie et l'histoire vont s'en mêler, cela restera pur et platonique. Dès le début j'ai apprécié l'écriture de l'auteur, classique, simple et élégante, avec une belle musicalité des phrases. Par contre j'ai mis du temps à sentir où l'auteur voulait m'amener.
Le récit commence en 1986 dans une abbaye plutôt isolé, l'abbaye Sacra di San Michele. Un vieillard qui y vit depuis 40 ans, et qui pourtant n'est pas moine, est en train de mourir. Tout le long du roman alternent de brèves pages sur cette veillée funèbre et l'abbaye avec le récit de la vie du mourant, Michelangelo Vitaliani, alias Mimo, du moins de sa vie jusque vers 1950 et son arrivée en ces lieux.
Après la mort de son père, sculpteur, Mimo, 12 ans, est envoyé en apprentissage chez un «oncle», sculpteur médiocre et alcoolique. Dans le village où ils s'installent, Mimo fait connaissance de Viola qui a le même âge que lui. Elle est la fille du marquis Orsini. Entre eux va naître une amitié improbable, à laquelle le caractère et la personnalité de Viola donnent un côté mi-féérique, mi-fantastique. Par ailleurs Mimo est sûr d'être un excellent sculpteur, mais il a toute les peines du monde à trouver des occasions de sculpter et de faire apprécier son talent. Les années passent, avec moult événements dans les vies de Mimo et Viola, de plus en plus séparés par la vie. La montée du fascisme conduit les Orsini, en particulier l'un des frères de Viola, à s'accoquiner avec. L'autre frère, qui a opté pour la carrière ecclésiastique, s'est rapproché du futur Pape Pie XII. L'arrière-plan historique n'est pas pesant, il est l'occasion de montrer les évolutions des personnages.
J'ai beaucoup aimé les personnages, Mimo et Viola sont attachants, même si leurs choix et décisions sont, pour l'un comme pour l'autre, parfois discutables. Les autres personnages, à commencer par les frères de Viola, sont présentés au premier abord de façon assez stéréotypée, pour devenir relativement plus complexe au fil du temps (à part Campana).
Malgré les compromissions l'histoire de Mimo et de Viola, éternellement liés et séparés à la fois, est lumineuse. Lui, luttant pour la reconnaissance de son talent, et elle, pour sa liberté de femme dans un univers patriarcal.
Quant à la sculpture, elle a une place majeure et très belle, servant de fil conducteur avec la question des raisons de la présence du sculpteur pour l'abbaye qui abrite une mystérieuse statue cachée aux yeux de presque tous.
Un très beau roman tout en sobriété.
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Victor Hugo a certes écrit « L'art c'est le reflet que renvoie l'âme humaine éblouie de la splendeur du beau », mais Jean-Baptiste Andréa aurait pu ajouter « L'art c'est la vie ».

Cet auteur sait se renouveler dans le beau. Cette fois son angle de tir est encore plus aiguisé pour nous emporter vers la beauté et l'amour de l'autre. Dès les premières phrases, le lecteur sent qu'il va côtoyer cette espèce de grâce qui habite ce livre. Les personnages ont tous une profonde humanité. Des plus condamnables aux plus admirables, ils sont tous touchants.
Dès la première partie la vie et les paysages sont en mouvement. On ne peut pas sauter une ligne sans risquer de perdre un élément intéressant de cette aventure. Par moment chaque phrase est en soi une image ; et chaque image un aspect de nos vies humaines.

Plus encore que dans ses précédents romans, Jean-Baptiste Andréa a su prodigieusement maîtriser la narration. Si l'humble lectrice que je suis est habilitée à une observation concernant son écriture, je serais tentée de dire, avec mes mots très simples, que l'écriture d'Andréa s'est comme bonifiée. Je ne sais pas si le terme a du sens, mais son écriture est savoureuse. Tous les sens sont en éveil entre sucré et acidité, entre citronniers, orangers et mimosa. L'atmosphère est palpable.

Dans un premier temps j'ai pensé que c'était parce que j'adorais la sculpture, que je suis une toquée de l'Italie, de son architecture et de ses arts en général, ou encore que ma béatitude devant certains sites religieux me rattrapait. Mais très vite j'ai été autant happée par le dévoilement de l'histoire que par cet environnement amplement magnifié par l'auteur.

Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, n'est pas gâté par la vie. Dès sa naissance en 1904, son physique ne lui annonce rien de merveilleux. Son enfance sera elle aussi rude, puisque très vite son père meurt à la guerre et que sa mère ne voit qu'une solution pour le sauver, et sauver par la même occasion le restant de la famille, le renvoyer en 1914, à dix ans, en Italie. Son oncle a pour mission de l'escorter dans les Abruzzes où il sera confié à un autre lointain oncle, Alberto Zio, qui devra lui apprendre la sculpture et le prendre en associé grâce aux économies faites par la mère de Mimo.
Nous allons ainsi traverser l'histoire du XXe siècle entre guerre contre les allemands (plus précisément les Austro-Hongrois), les débuts du fascisme avec l'arrivée de Lenine à Turin, entre Rome et Florence et quelques affaires italiennes.

A Pietra Alba, lorsqu'il est devenu sculpteur il rencontrera Viola, l'amour de sa vie. Celle-ci est intelligente mais aussi fantasque et surtout issue d'une riche lignée, les Orsini, ce qui va comme de bien entendu compliquer l'avenir de leur amour, leur amitié. Leur romance n'a rien de mièvre mais elle va, au contraire, embellir cet homme et tout ce qu'il touche. Au-delà des méandres de leur vie, de leurs désaccords, ils vont restés inséparables.

Pour nous conter toutes cette histoire qui se passe à l'automne 1986, l'auteur nous fait entrer dans la mémoire de Mimo. Il se trouve aux toutes dernières heures de sa vie dans une pièce d'une abbaye. Une abbaye qu'il n'a plus quitté depuis quatre décennies afin de rester le gardien d'un secret. le Padre Vincenzo et cette sculpture seront eux aussi des personnages à part entière.

Plus subliminal que jamais.

Quelques citations parmi tant d'autres possibles :
« Moi aussi, un jour, j'ai cru que j'avais du talent. J'ai compris depuis qu'on ne peut pas avoir de talent. C'est un nuage de vapeur que tu passes ta vie à essayer de retenir.»
« Sculpter, c'est très simple. C'est juste enlever des couches d'histoires, d'anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu'à atteindre l'histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l'histoire qu'on ne peut plus réduire sans l'endommager. Et c'est là qu'il faut arrêter de frapper. Tu comprends ? »
« Viola était le démiurge de nos vies, les organisait à sa guise, d'un claquement de doigts, ou d'un sourire. » 
Et ma préférée car il faut bien que j'en choisisse une :
« Peut-être parce que j'étais jeune, mes jours étaient beaux. Je ne mesure qu'aujourd'hui ce que la beauté du jour doit à la présence de la nuit. »
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Un homme se meurt en cet automne 1986, entouré par les moines de la Sacra, sur le mont Pirchiriano. Il est là depuis 40 ans, sans avoir jamais prononcé ses voeux. Mais à l'ombre de cette cellule aux volets clos, il veut encore nous conter son histoire…

Michelangelo Vitaliani, qui préfère qu'on l'appelle Mimo, nait en France en 1904. Il est renvoyé en Italie par sa mère lorsque son père meurt à la guerre. Il a 12 ans.
Il est confié à un oncle, ou plutôt le fils d'un homme qui avait une dette envers son grand-père. Oncle Zio n'a que faire de ce petit francese, il le nourrit à peine, le fait dormir dans la grange. Mais Mimo, d'un naturel optimiste, croit en son destin. Comme son père, il sera sculpteur et il sait qu'il a du talent. Il attend son heure, patiemment.
Quelques années plus tard, il arrive à la Pietra d'Alba et fait le seule vraie rencontre qui rythmera toute sa vie, celle de Viola Orsini, la femme ourse…

Si vous connaissez Jean-Baptiste Andréa, vous ne pouvez douter de ses talents de conteur. Ici, dans Veiller sur elle, c'est au coeur de l'Italie qu'il nous entraîne. Une Italie où souffle un amour impossible, une amitié indéfectible, une soif du beau et de la connaissance. On y traverse des guerres, des querelles, des jalousies et des machinations. On y croise des âmes généreuses et entières, des êtres plus vils et mesquins.

Tout au long de ces pages, à l'image de ce couple que la vie unit et désunit au gré des années, on est emporté par l'histoire, les souvenirs, les mystères, les rêves et les désillusions.

Jean-Baptiste Andréa, comme Mimo, possède un talent inné, inouï et inexplicable. Ce roman est d'une fougue rare, entouré par un souffle si chaud, si vivant, si vibrant, qu'on ne peut jamais vraiment s'en défaire…

Mimo disparaît en 1948, sans pouvoir expliquer l'onde de chocs provoquée par sa dernière oeuvre, sa Pietà, cachée par le Vatican. C'est avec lui, dans son aura, qu'on referme le livre, persuadé que l'amour et la mort ne font qu'un, et que la beauté de ce monde peut nous sauver…
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Magique!
Et pourtant c'est sur la pointe des pieds que j'ai ouvert ce roman. Allez moquer vous . Et pourtant ...
Un prestigieux prix , le Goncourt , le plus souvent source de déceptions, des avis enthousiastes unanimes , des avis plus élogieux les uns que les autres et .... le premier roman de l'auteur, Ma reine, que je n'ai pas du tout apprécié..
Et voilà, quelque 500 pages plus tard, piégée. conquise , je rends les armes.
Vous résumerais-je l'histoire? Inutile il n'y a qu'à lire les superbes critiques déjà publiées.
Par contre je vous parlerai du décor. L'Italie du nord-ouest, la Riviera italienne, Savone, et Pietra d'Alba ...
de l'époque historique,1917 à 1986 , deux guerres, les années noires de l'Italie, l'après-guerre et l'éternelle rivalité entre l'Eglise et le politique, entre le Vatican et l'Etat.
de la vie chez les tout-petits, dans les campagnes, les faubourgs de Florence ou de Rome, des ateliers de sculpture, de la poussière de marbre et des litres d'alcool pour oublier la misère.
de la Pieta Vitaliani cachée au regard sur décision du Vatican
et bien sûr de Mimo Vitaliani le sculpteur de génie et de Viola Orsini l'ange qui ne savait pas voler. Mimo et Viola, tout les séparait , la société, l'instruction, l'argent, mais tout les rapprochait.
Magique de la première à la dernière page ...

Tramontane, sirocco, libeccio, ponant et mistral, je t'appelle du nom de tous les vents.
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Un coup de coeur assurément …comme j'en attends souvent dans cette quête toujours renouvelée du plaisir de lecture.

Je m'abstiens de reformuler le contexte romanesque qu'il faut découvrir avec gourmandise dès les premières pages. Avec originalité de traitement et qualité d'écriture, le fil narratif promet des rebondissements personnels du duo Mimo et Viola et des soubresauts de la société italienne du xxe siècle.

Ce roman a beaucoup d'atouts: une belle histoire, d'un réalisme rude et sans pathos, des personnages forts, incarnés, souvent insolites, un contexte social et historique et une approche artistique.
Je referme à regret ces pages sur la vie d'un sculpteur de génie, où se racontent autant l'amitié que la folie des hommes.
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Jean-Baptiste Andréa vient d'inscrire son nom au Panthéon des auteurs qui ont marqué ma vie de lecteur.
Veiller sur elle est un roman dont on entend beaucoup parler en cette rentrée littéraire et, l'ayant terminé il y a peu, je comprends pourquoi toutes ces louanges.
Lorsque j'ai commencé cette lecture, au bout de quelques pages à peine, comme à chaque fois avec un auteur de talent devrais-je dire, j'ai su.
J'ai su qu'Andréa allait me faire vivre un merveilleux moment.
Que son personnage allait me hanter bien des jours après la dernière page.
J'ai su que cette saga italienne, aux côtés de Mimo, du début du XXe siècle au milieu des années 80, allait faire partie de ces voyages inoubliables.
Et puis, Veiller sur elle a également attiré mon regard, attisé ma curiosité, sur ces personnages qu'on y croise, sur cet art qu'on façonne.
À sa manière, le romancier est un tailleur de pierre, un ciseleur, il sculpte son roman comme Mimo (Michelangelo Vitaliani) donne vie à la plus belle des Pietà.
Et puis, il y a cette magnifique histoire d'amour, fil rouge de la vie de l'artiste, qui apporte une touche émotionnelle et poétique supplémentaire.
Avant de rendre son dernier souffle, Mimo nous livre ses confidences. Confession d'un homme, petit par la taille, mais géant par le talent.
L'un des romans incontournables de cette rentrée.
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Michelangelo Vitaliani est né en France au début du 20ème siècle. Son père est tué pendant la première guerre mondiale en 1916 alors qu'il a tout juste 12 ans. Sa mère l'envoie en Italie chez un vague oncle, Zio Alberto, qui passe plus de temps à boire qu'à travailler, pour apprendre le métier de sculpteur. L'enfant n'est pas grand, c'est un nabot déclare Alberto, mais il a du talent. Il donne vie à la pierre.

C'est à Pietra d'Alba où Alberto installe son nouvel atelier, que le jeune Mimo va rencontrer Viola, fille du marquis d'Orsini, dans le cimetière où elle aime venir écouter les morts...Tout les sépare, mais une étrange amitié lie ces jumeaux astraux (Mimo a un peu triché sur sa date de naissance) durant toute leur vie.
Michelangelo, dit Mimo, après des débuts difficiles, va connaitre le succès et ne pas hésiter à travailler pour Mussolini, mais comprendre à temps son erreur par souci de ne pas trahir son ami juif, Bizzaro...Et de Rome à Florence, avec de fréquents retours à Pietra d'Alba où il veille sur Viola, son talent va s'affirmer pour donner un chef d'oeuvre, une Pietà qui fera scandale, sculptée après la mort de son amie dans un tremblement de terre.

Ayant traversé le siècle, il meurt paisiblement à 82 ans, dans l'abbaye où est conservée sa statue, à l'abri des regards, et que jamais il n'abandonnera. Un très beau texte, le récit d'un amour mystique, qui nous emmène à travers l'histoire de l'Italie du 20ème siècle, sur les traces de deux personnages hors normes, une femme qui rêvait de voler et de s'affranchir du monde des hommes et un gamin du peuple, devenu un grand sculpteur mais dont l'oeuvre principale est demeurée incomprise.
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