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Critiques de Jean-Baptiste Andrea (1759)
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Des diables et des saints

Le vieux Joseph gâche ses talents de pianiste concertiste en jouant Beethoven à la perfection dans les gares et les aéroports, où il semble indéfiniment guetter quelqu’un. Cinquante ans plus tôt, un adolescent débarque au pensionnat religieux Les Confins, dans les Pyrénées. Récemment orphelin, il découvre privations et brimades dans cet établissement quasi pénitentiaire, où échouent enfants abandonnés ou différents. Mais il y aperçoit aussi Rose, une jeune fille dont la famille possède une résidence à proximité.





Le coeur du roman est très sombre, puisqu’il nous plonge dans la violence et la maltraitance subies par des enfants confiés à un pensionnat religieux. L’aperçu des conditions de vie ineptes, soigneusement camouflées pour ne pas transparaître au-dehors – châtiments corporels, mise à l’isolement, malnutrition, humiliations… –, s’accompagne du portrait au vitriol d’un homme d’église au coeur sec, totalement dépourvu d’empathie, obsédé par une discipline brutale et vengeresse. Sa cruauté, perversement dissimulée sous une façade charitable et paterne destinée aux occasionnels témoins extérieurs, s’exerce sans frein dans l’enceinte fermée qui livre à sa merci des victimes sans recours.





Pourtant, jamais le récit ne cède tout à fait à la noirceur. L’amitié et la solidarité entre pensionnaires, puis bientôt l’amour pour une jeune fille elle-même en rébellion contre la condition féminine de son milieu bourgeois, viennent préserver émotion et humanité dans un texte traversé par l’espoir, l’envie de liberté, et la beauté musicale. Nombreux sont les personnages bouleversants. A commencer par le vieux professeur de piano de Joseph autrefois, un génie bougon et exigeant qui n’aura jamais su à quel point il aura servi de tuteur à son élève. Mais aussi, Momo, l’enfant que sa déficience rend doublement orphelin, de sa famille et de lui-même, et pour qui l’enfer du pensionnat vaut encore mieux que ce qui l’attend au-dehors. Et bien sûr, Joseph vieilli, qui se souvient, et dont on devine, au travers des non-dits, le gouffre qu’est demeuré sa vie, lui permettant du même coup, avec une cruauté ironique, d’atteindre à son tour la perfection musicale.





L’on retrouve avec plaisir le style de Jean-Baptiste Andrea, son juste choix des mots et des images, avec toutefois le regret que l’écriture paraisse un peu moins travaillée que dans Cent millions d’années et un jour. Même si cette déception est toute relative, je n’ai pas retrouvé aussi nettement et aussi souvent la beauté des phrases qui m’avait alors séduite au-delà du coup de coeur, faisant de ce précédent roman de l’auteur une de mes lectures phares de l’année 2019. Cela n’empêche pas Des diables et des saints de rejoindre mes coups de coeur de 2021, la nuance de jugement s’établissant seulement entre l’excellent et l’exceptionnel.


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A l’été 1986, « la main de Dieu » aide Diego Maradona à emmener l’Argentine vers un deuxième titre au Mondial de football.



A l’automne suivant, le sculpteur Mimo (Michelangelo Vitaliani), s’éteint discrètement, à l’âge de 82 ans, dans un monastère italien veillant sur sa pietà, son oeuvre la plus célèbre, la plus polémique, la plus sulfureuse … cachée ici, loin des regards humains pour éviter tout scandale.



Ainsi s’achève le calvaire d’un artiste né en 1904 sous une mauvaise étoile (émigré, nain et orphelin) dont la carrière (1926-1946) s’est accomplie sous Mussolini et ses chemises noires, la seconde guerre mondiale, et le tremblement de terre de 1946 qui l’incite à se réfugier dans un couvent.



Une carrière qui profite largement du mécénat de la famille Orsini et de l’influence de Stéphano, hiérarque fasciste, et de son frère Francesco, prêtre faisant carrière à l’ombre de Monseigneur Pacelli, futur Pie XII. Une vie influencée par Viola, la cadette de la fratrie Orsini, aussi indépendante que brillante, au caractère bipolaire … pouvant aussi bien l’envoyer en l’air qu’en faire une « ours ».



Mimo laisse à la postérité une oeuvre profane et religieuse aussi disparate qu’extraordinaire. Les commandes de l’administration mussolinienne ont rarement survécu à la guerre et aux règlements de compte de la libération. Celles du Vatican ou des paroisses comptent notamment un « Saint François » et un « Saint Pierre recevant les clés du paradis » qui font date dans l’histoire de l’art et semblent inspirées par « la main de Dieu ».



Jean-Baptise Andrea conte ses personnages, leurs ambiguïtés et leurs ambitions, avec délicatesse et les enracine dans des paysages superbes et un contexte historique qu’il reconstitue en s’accordant quelques libertés (Mgr Eugenio Pacelli est nonce en Allemagne de 1917 à 1929 ; il est improbable qu’il passe en 1920 à Pietra d’Alba chez les Orsini) mais dont la trame est solide. Il romance son intrigue habilement en chuchotant en quelque sorte l’ultime confession de Mimo à Padre Vincenzo, et révèle progressivement le secret de cette Pieta Vitaliani, sculpture ambiguë, en rupture avec la tradition, confiant l’humanité soufrante à Marie, pour « veiller sur elle », à la veille de la Résurrection.



Ce roman guidé par « la main de Dieu », à l’instar de la Pieta Vitaliani, rayonne d’espérance et enchante le lecteur avec les trésors florentins de Fra Angelico ou les chefs d’oeuvres romains de Michel Ange.



Un excellent prix Goncourt 2023 que je préfère au macabre « Vivre vite » (2022) et qui me semble du même niveau que « La Plus Secrète Mémoire des hommes » (2021)



PS : Rhapsodie italienne, sur la même époque
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Veiller sur elle

Elle, sur qui on veille, c’est une statue mystérieuse dont on ne saura rien jusqu’aux dernières pages de ce roman foisonnant de presque 600 pages. Ce roman qui dépeint, sur une fresque historique, le fabuleux destin de deux personnages qui n’auraient jamais dû se rencontrer

Le conteur, c’est Michelangelo Vitaliani, surnommé Mimo. Retiré à la Sacra, il va mourir au terme de quarante ans d’oubli dans cette abbaye du Piémont qui l’a accueilli.

« Il fait partie du lieu, aussi sûrement que le cloître, ses colonnes, ses chapiteaux romans, dont l’état de conservation doit beaucoup à son talent »

Mimo a vu le jour en France de parents italiens. « C’è un piccolo problema » dira de lui l’accoucheuse. « Tout tenait à ce mot, piccolo, il fut évident à qui me voyait que je resterais plus ou moins piccolo tout ma vie ». Son nanisme va faire de lui quelqu’un de différent, souvent moqué, maltraité, mais cette différence lui donnera l’obstination, la volonté de sculpter la pierre.

Son destin va basculer le jour où il arrive à Pietra d’Alba, chez Zio Aberto, un vieil ivrogne sensé lui apprendre le métier mais qui jalouse le talent précoce du « nabot ». Mimo se fait remarquer par le prêtre de l’église. Et, lors d’une réfection d’un toit dans la riche demeure des Orsini, c’est la rencontre fortuite avec Viola, la jeune fille noble. Tout de suite s’installe une amitié secrète entre les deux enfants- ils ont treize ans- que leur différence rapproche.

Viola, c’est cette fille androgyne qui rêve de voler et d’être indépendante comme les hommes. Elle est d’une rare intelligence mais, hélas, son destin de jeune fille de la noblesse la prédestine au mariage et à l’obéissance.

Ces deux-là, aussi disparates que possibles, vont se lier d’une amitié indéfectible malgré les disputes et les désaccords. Viola va éduquer le garçon inculte et Mimo va veiller sur son amie.



Jean-Baptiste Andréa nous offre là deux personnages follement romanesques, qui nous font traverser une Italie en proie à la première guerre mondiale puis au fascisme. Il raconte les croyances d’un peuple naïf qui prête à la jeune fille trop originale pour son époque, des pouvoirs de métamorphose.

Il nous fait découvrir le talent précoce de Mimo qui taille dans le marbre une ourse.

De son amour impossible pour Viola, Mimo saura trouver la passion de la création. L’attirance mutuelle de ces deux êtres marqués par leurs différences est émouvante. Si elle n’est pas exempte de heurts et de différents, elle se transcende sans cesse. A la fin de sa vie, Mimo reconnaitra l’influence de Viola sur sa propre destinée :

« Il m’a fallu quatre-vingt-deux ans, huit décennies de mauvaise foi, et une longue agonie, avant de reconnaitre ce que je savais déjà. Il n’y a pas de Mimo Vitaliani sans Viola Orsini. Mais il y a Viola Orsini, sans besoin de personne. »

Il y a bien sûr, bien d’autres choses dans ce roman, comme la genèse d’une œuvre de pierre à jamais mystérieuse et dont l’étrangeté ne sera révélée qu’à la toute fin du roman, mais ce qui m’a bouleversée, c’est cette rencontre improbable entre deux êtres qui vont se reconnaitre à travers leur singularité et leur volonté de réaliser leurs rêves.

Un roman bouleversant et follement romanesque qui me poursuivra longtemps.



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Cent millions d'années et un jour

La colère d'un enfant peut être à l'origine d'une vocation. Lorsque la violence de son père l'a une fois de plus atteint au plus profond de lui-même, Stan a brisé d'un coup qui contenait toute sa colère une roche, qui lui a offert ce qu'elle contenait en son coeur : un fossile d'ammonite. Cadeau inespéré, porteur d'un espoir fou, celui de se sortir de la ferme familiale, malgré les projets paternels.



Le temps a passé, Stan s'est installé dans son rêve d'enfant, avec les désillusions que sa réalisation apporte inévitablement. La vie de chercheur en paléontologie n'est pas faite que d'aventures exploratoires. Et pourtant, le décès du concierge de l'immeuble où il loge va l'entraîner sur la piste d'un squelette mythique, dont la mise à jour pourrait réaliser ses voeux les plus chers.



L'expédition est un vrai challenge, les indications sont très imprécises et les aléas météorologiques compliquent la prospection. Et pourtant, comme toujours, le but du chemin n'est-il pas le chemin?



Très belle écriture pour ce récit sensible. le sujet est grave, la souffrance accompagne l'enfance, jalonne le chemin, mais le récit reste lumineux, et l' émotion surgit au détour des pages.
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Au début du vingtième siècle, Mimo refera à l’envers le voyage que ses parents avaient effectué quelques années plutôt. A Pietra d’Alba, il avait été confié à un sculpteur de pierre aussi médiocre qu’alcoolique. Et pourtant, les rudiments que lui avait enseignés son père et ses dons naturels ne resteront pas cachés longtemps. Sa première oeuvre sera dédiée à Viola, la fille du baron Orsini, qui règne sur la région. Deux vies liées par une force qui les dépasse.



Aux caprices du destin, s’ajoutent les soubresauts d’un pays entre deux guerres, et la montée du fascisme qui implique de bien choisir son camp.



Cette vie tumultueuse et passionnée dédiée à l’art et guidée par l’amour impossible pour Viola offre une trame magnifique pour ce roman qui se dévore avec avidité.



L ‘écriture est superbe, les personnages passionnants et le monde de la sculpture italienne, hanté par les maîtres historiques offre un décor admirable.



Coup de coeur pour ce roman magistral !



581 pages Iconoclaste 17 Août 2023


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Cent millions d'années et un jour

Stan, un paléontologue en fin de carrière, croit en l'histoire folle d'un dinosaure qu'un vieux concierge, désormais mort, aurait découvert dans sa jeunesse au pied d'un glacier du Mercantour Argentera, frontalier de la France et de l’Italie. Dévoré par sa soif de savoir, Stan entraîne un ami scientifique et son assistant dans un périple invraisemblable à la recherche du squelette du diplocidé, un géant qui s'ils le trouvent pourrait bien faire entrer leurs noms dans l'Histoire...



Croire une histoire juste parce qu'elle est belle, ou désirer que nos rêves deviennent réalité. Accomplir un acte qui laissera de nous une trace, ou réparera ce qui un jour nous a blessé. Que cherchons-nous au juste ? Jean-Baptiste Andrea le dit avec poésie et un brin d'humour, c'est le destin l'homme, peu importe qu'il faille pour cela gravir une haute montagne, que le prix à payer soit exorbitant, que la folie ne soit pas loin, il faut entreprendre un voyage à la recherche d'un graal, pour en chemin avoir une chance de trouver une justification à son existence et faire taire ses démons.



Il est probable que je n'oublierai pas cette formidable balade au coeur de la nature et des hommes. Merci à Jean-Baptiste Andrea, à qui bien sûr je laisse les derniers mots : « Youri disait toujours que le destin d'un homme est de partir. Que ceux qui ne partent pas ne trouvent jamais de trésor. D'ailleurs c'est ce qu'il a fini pas faire. »

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Ma reine

Drôlement tendre ce livre, terriblement attachant son héros, ce jeune garçon prénommé Shell. Ce roman est une parenthèse enchanteresse faisant la part belle aux êtres différents, cabossés, ceux que l'on moque, que l'on regarde étrangement, ceux que l'on relègue instinctivement loin de soi, aux confins, ceux que l'on bat aussi parfois…les encombrants, les gênants, les brimés, ces êtres dont on ne sait que faire.



Provence dans les années 60. Nous sommes dans la vallée de l'Asse, une vallée reculée à l'habitat dispersé et parsemé, en plein coeur des Alpes de Haute-Provence. Shell vit avec ses parents qui tiennent une vieille station-essence, aux deux pompes faméliques et désuètes, à 10 kilomètres du premier village. Autrefois c'était une station Shell d'où le blouson qui appartient au garçon avec ce mot écrit en gros dessus et dont il est fier. Avec son blouson sur le dos, le petit lave les pompes ou fait le plein aux rares clients. du fait de ventes insuffisantes, le pompiste a du changer d'enseigne.

Le jeune garçon est très seul, sans frère et soeur, sans voisin, sans ami. Il a quitté l'école alors qu'il n'a que 12 ans, parce que ça ne se passait pas bien, ni pour les apprentissages, ni avec ses camarades de classe qui ne cessaient de le harceler. Il n'est pas adapté au système scolaire classique, le médecin l'a estimé trop différent des autres pour continuer une scolarité normale.



Nous découvrons au fil des pages qu'il n'est en effet pas comme les autres et qu'il fait souvent des "bêtises" comme mettre le feu à la garrigue qui a failli dévaster la montagne, par exemple, cet été 1965, sans le faire exprès...C'est un petit garçon dont la tête n'a pas grandi, qui comprend tout au premier degré, qui a une simplicité d'entendement, le genre de garçon qualifié dans les villages ruraux d'idiot du village. Un « moteur de 2CV » dans sa tête mais avec une carrosserie « d'Alfa Roméo Giulietta » comme lui-même nous l'explique.



« Ma tête, au contraire, elle était grande, bien plus grande que celle des autres. C'était le monde qui était petit, et je ne voyais pas comment on pouvait faire rentrer quelque chose de grand dans quelque chose de petit ».



Ne voulant pas être mis dans un institut spécialisé et désireux de prouver à ses parents qu'il est devenu grand maintenant, qu'il est désormais un homme, il décide de fuir la station en pleine nuit, un grand sac en bandoulière et la 22 long rifle de son père, pour partir à la guerre, celle qu'il voit à la télé, télé toujours allumée et véritable membre de la famille d'ailleurs. Mais cette guerre, il ne sait pas où elle a lieu et c'est sur un plateau que son errance le porte, là où il décide de rester un peu et là où il fait la connaissance de Viviane, jeune parisienne qui passe ses vacances là. Elle est la Reine, elle va devenir sa Reine.



« Elle avait une drôle de voix rauque, une voix de femme qui n'allait pas avec son corps de fille. Elle était très mince, tellement qu'elle avait l'air de pouvoir se glisser entre deux rafales de vent sans déranger personne. Ses cheveux étaient courts et blonds avec une longue mèche sur le front, un genre de coupe de garçon. Mais ce sont ses yeux qui m'ont frappé, et quand je dis frappé, j'ai vraiment eu l'impression de recevoir un coup, parce qu'ils avaient l'air en colère et que je n'avais rien fait ».



Elle va venir le voir tous les jours, lui trouver une bergerie abandonnée pour qu'il puisse se cacher et dormir, lui apporter à manger, jouer avec lui. Pendant ce temps les gendarmes le recherchent.

Elle va surtout lui raconter son Royaume, dicter ses règles et ses commandements de Reine, et ensemble, ils vont réinventer le monde, un monde empli de poésie, d'innocence, de secrets et de serments, loin, très loin de la réalité qui les fait souffrir tous deux d'une façon différente. Viviane obsède Shell. Elle est jolie, espiègle, forte, fantasque et il est prêt à tout pour elle…Or, un jour, elle ne revient pas, après plusieurs jours d'attente, quasi inanimé, Shell est recueilli par le berger, Matti, qui vit toute l'année sur le plateau…



Ce qui est formidable dans ce court roman est que parole est donnée au petit Shell dont on découvre le monde, les brimades, l'errance, la rencontre avec Viviane puis Matti, les angoisses, à travers son regard. Cette vision d'un enfant, d'un enfant attardé qui plus est, donne au récit un ton frais et pur, un regard décalé, drôle et innocent. Très touchant le plus souvent. Ses étonnements, ses émerveillements, ses ressentis sont d'une poésie renversante. Ses pudeurs, d'une innocence délicate.



« J'ai aspiré une grande bouffée de nuit, une odeur âcre d'église, d'ardoise et de sarriette (…) Enfin le jour s'est levé, je me suis tourné vers lui. C'était une eau rouge qui montait à l'horizon et qui coulait sur le plateau par seul côté où il n'était pas fermé, ce même plateau vers lequel j'allais bientôt tomber, même si je ne le savais pas encore évidemment. Et tout d'un coup la lumière rouge est devenue blanche, le plateau s'est mis à briller, c'était le plus bel endroit du monde. Un gros rocher dépassait des champs, je suis allé m'allonger contre pour dormir. Avant de fermer les yeux, j'ai vu un sainfoin flou avec une grosse fleur pourpre. Sur la tige, un scarabée couvert de rosée grimpait vers le soleil ».



Nous sommes touchés non seulement par ce que vit et ressent Shell, marqués par son innocence, portés par son amour, mais, à travers son regard et ses mots, dans le récit offert, nous touchons du doigt doucement les faiblesses et inaptitudes de Viviane et Matti. Trois êtres cabossés à leur manière. Trois êtres à la lisière de la société et du monde adulte « normal » qui manque souvent cruellement de poésie.





Ce roman est un véritable hymne à la différence, à la tolérance et à la liberté qui permet de retrouver avec bonheur notre âme d'enfant. En tout cas, c'est certain, Jean-Baptiste Andréa a dû la conserver la sienne, son âme d'enfant, pour nous offrir une histoire d'enfants aussi magique, aussi poétique et aussi belle ! Sans oublier cet humour entremêlé au tragique qui fait de ce roman un récit délicat sans fioriture ni mièvrerie, sans jugement ni pathos. Pas étonnant qu'il est reçu le prix du premier roman en 2017 ainsi que le prix Fémina des lycéens cette même année. Un auteur dont je vais poursuivre avec bonheur la découverte !







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Veiller sur elle

Après la mort de son père, à l'heure où le monde est en guerre, Mimo, un jeune tailleur de pierre fils d'émigrés italiens en France, est envoyé par sa mère dans leur pays d'origine. À Pietra d'Alba exactement, où il est exploité par un oncle alcoolique aussi dénué de talent que brutal. Mais bientôt dans le cimetière du lieu Mimo fait la connaissance de Viola, une jeune héritière fantasque auprès de qui l'univers, frustre et violent du garçon, prend des nuances infinies et insoupçonnées…



Un quatrième roman qui confirme, si besoin était, le talent de conteur de Jean-Baptiste Andrea qui nous entraîne dans une folle et improbable histoire d'amitié entre un garçon disgracié par la nature et la naissance, mais remarquable dans son art, et une jeune aristocrate qui possède tout ce qui lui fait défaut, ou presque. L'Italie de l'entre-deux-guerres confrontée au poison du fascisme étant le troisième personnage, non des moindres, de ce roman qui, s'il est souvent vibrant d'émotions contradictoires et de quête du beau, est aussi par moment, il faut bien le dire, redondant et discoureur.
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Des diables et des saints

Tout commence aux confins des Pyrénées entre France et Aragon, quand Joseph qui vient de perdre ses parents découvre le lieu des diables et des saints. Un lieu qui aurait pu faire de lui un jeune homme perdu pour lui-même, et de son histoire une histoire d'empêchement de grandir, sans son extraordinaire capacité de résilience. Sans la Vigie de cinq orphelins, la tête dans les étoiles, prêts à tout pour échapper à l'enfer du pensionnat d'un religieux illuminé. Sans l'étrange, fascinante et jeune Rose. Une piètre pianiste à qui Joseph est sensé apprendre les secrets de la musique, pour laquelle des décennies après dans les gares et les aéroports il joue encore, espérant qu'elle le reconnaîtra à sa virtuose interprétation de Beethoven.

Musicale, poétique, envoûtante, l'aventure d'enfants perdus qui luttent contre le pire et pour un mieux, mais aussi et surtout une formidable histoire d'amour.



« [...] la voix est éternelle. J'aime à penser, cinquante ans plus tard, que ses échos dispersés voyagent toujours, à la vitesse du son, vers les frontières glissantes du cosmos. Qu'une intelligence distante et infinie la captera un jour. L'écoutera, songeuse. Et se dira que nous étions bêtes, mais que nous étions beaux. »



Challenge MULTI-DÉFIS 2021
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Veiller sur elle

Mérite ou non le Goncourt ? Je laisse aux puristes le soin d’en discuter . Pour ma part , j’ai découvert une très belle histoire entre deux êtres qui n’auraient finalement jamais dû se rencontrer , encore moins entreprendre une relation amoureuse pour l’un , amicale pour l’autre , pleine d’ambiguïtés, de séparations, de retrouvailles , de confiance et de trahison . Un très beau chemin de toute une vie dans un monde tantôt hostile , tantôt bienveillant , non dénué d’hypocrisie , de compromissions .

Mimo et Viola éclaboussent de vie ce roman par leur complicité, leurs frasques , leurs itinéraires souvent cabossée. Ils sont entourés d’une pléiade de personnages qui sont bien plus que des seconds plans .

Dans ce roman , les événements, joyeux ou dramatiques se succèdent à un rythme si soutenu et addictif, qu’il est bien difficile de cesser de tourner les pages , que ce soit pour se restaurer ou se reposer .L’envie de savoir ...

Poésie, récit d’aventures , description sociale , catastrophes naturelles , tout s’y additionne pour former un ensemble particulièrement touchant .

N’oublions pas un des héros, celui par qui " tout arrive " , le travail sublime de la pierre , celui qui permet de graver dans le roc, les images d’une civilisation en déclin.

Un des ouvrages majeurs , à mon avis , de ces derniers mois qui , si on en croit les comptes- rendus élogieux, ne peut pas être ignoré voire boudé. Le jury du Goncourt a fait un choix . Ce roman n’est pas élitiste, c’est peut - être ce qu’on lui reproche , mais il aurait été bien dommage de le priver d’un prix prestigieux à ce seul motif .Longtemps , le grand public a " eu peur " de se lancer dans la lecture de ces prix de novembre .Si les choses changent un peu , ce n’est pas pour me déplaire, mais ce n’est que mon avis .

Le résumé ? Bof , il suffit de lire les critiques des amis et amies babeliotes , des revues spécialisées , des débats télévisés...Je ne vais pas me montrer redondant , juste enthousiaste si vous voulez bien .

Allez , à bientôt. Mimo et Viola reposent en paix . Ils l’ont bien mérité.
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Des diables et des saints

Coup de cœur pour ce roman de la résilience !





Qui est ce personnage qui parcourt les gares et lieux publics du monde entier, pour peu qu’il puisse s’y installer pour jouer du piano ?



Pour le savoir, il faut écouter ses confidences, celles d’un petit garçon dont l’enfance s’est arrêtée brutalement lorsque ses parents et sa soeur ont disparu. La vie familiale confortable a fait place à un quotidien de bagnard, entre les murs suintants de l’orphelinat des Confins.



Les coups, les privations, voire le cachot sont le lot de ces gamins oubliés. Joe a un privilège (mais en est-ce vraiment un ?), celui de servir de secrétaire particulier à l’abbé qui dirige l’établissement. Et à la suite de la visite d’un bienfaiteur, se présente l’opportunité de rejouer du piano, l’une de passions de sa vie d’avant, enseignée avec zèle par un vieux professeur qui a su être exigeant, à la hauteur du talent de son élève.



Le piano : une évasion virtuelle mais aussi l’espoir de vraiment se faire la belle.



C’est passionnant, impossible à lâcher, écrit avec une virtuosité qui impressionne. J’avais beaucoup aimé Cent millions d’année et un jour, mais je préfère encore celui-ci. Parmi les pianistes de gare, Joe sévit-il toujours ?



Merci à Babelio et aux éditions Iconoclaste.
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Veiller sur elle

Veiller sur elle est un beau roman qui plaira à tous les amoureux de l'Italie.

Pietra d'Alba est comme l'un de ces innombrables et petits villages italiens, aux parfums d'orangers, de néroli, qui nous envoutent dans la lumière de leurs pierres roses et leurs aspects sauvages.

C'est dans ce cadre que se déroule l'histoire de deux enfants: Viola et Mimo, deux jumeaux "cosmiques".

Viola est la jeune fille du château inaccessible au jeune Mimo qui n'aura que son talent de sculpteur pour toucher les grands de ce monde , représenté ici par la famille Orsini, vieille famille aristocrate.

Ce qui m'a profondément touché dans son roman, c'est tout d'abord la grâce et l'art qui peut sauver un monde, qui permet de sublimer le quotidien.

Le récit se déroule de la fin des années de la grande guerre mondiale aux années 50.

L'Italie ,comme d' autres pays européens évolue dans une dictature, celle du Dulce, de Mussolini qui va exercer son emprise sur le peuple italien pendant plus de 20ans.

Mimo, ce jeune italien n'a rien que ses mains de sculpteur pour embellir le monde et son amitié amoureuse avec Viola que l'on jugera un peu folle par ses rêves de jeunesse.

Jean-Baptiste Andréa sonde à merveille les âmes des puissants, comme celle des plus déshérités.

Mais alors, d'où vient ce titre: Veiller sur elle?

Mimo va réaliser une pietà alors qu'il est presque aveugle, sa pietà dégage une telle force qu'il faudra la cacher aux yeux de tous tout en veillant sur elle.

Pour moi, veiller sur elle s'applique aussi à la farouche et indépendante Viola. A sa manière, par l'amour qu'il lui porte, Mimo veillera toujours sur cette femme à qui il n'osera jamais déclarer sa flamme.



Un très beau roman , plein de poésie, une invitation au voyage sous les cieux italiens, une ode à l'amour et un hommage à la beauté incarné ici dans la sculpture.

Jean-Baptiste Andréa ne fait-il pas dire à Mimo qu'une sculpture est une annonciation.

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Veiller sur elle

Michelangelo Vitaliani, surnommé Mimo, naît en France, en 1904, ses parents, pauvres, ayant quitté la Ligurie des années auparavant en quête de fortune. Son père, sculpteur, meurt dix ans plus tard, soi-disant à cause de la guerre. Sa mère, Antonella, se jugeant dans l'incapacité de l'élever correctement, d'autant qu'elle le sait promis à de grandes choses dans le domaine de la sculpture, l'envoie chez un « oncle », Zio Alberto, un homme médiocre, alcoolique et violent. C'est ainsi, qu'en 1916, Mimo arrive à Turin où ce dernier dispose d'un petit atelier de sculpture dans les faubourgs de la ville. S'il avait promis de lui enseigner l'art de la sculpture sur pierre, il n'en fit rien, allant jusqu'à lui interdire de toucher ses outils. Pendant un an, Mimo cuisine, nettoie, range, livre pour son oncle. Fin 1917, ils s'installent tous les deux à Pietra d'Alba où Alberto vient d'acheter un atelier. Un atelier qui comprend, en sus, comme il était mentionné dans l'acte de vente, Vittorio, surnommé Alinéa. Un second esclave qui pourra s'acquitter des tâches que Mimo peine à accomplir étant donné sa petite taille. Deux clients importants de Pietra d'Alba attendent impatiemment les tailleurs de pierre : l'église et les Orsini, une famille riche et influente. C'est au cours d'un chantier chez le marquis et la marquise que Mimo fera la connaissance de leur fille, Viola...



Au sein de ce couvent qui l'abrite depuis quarante ans, Mimo vit ses derniers instants. De sa petite cellule, il a toujours été là pour veiller sur elle. Son chef d'œuvre, sa Pietà cachée aux yeux du monde. De son lit de mort, Mimo déroule sa vie. Une vie riche, à la fois éblouissante et sombre, faite de rencontres aussi incroyables qu'improbables pour lui, le petit garçon parti de rien mais qui a toujours cru en ses mains et son talent presque inné et jalousé. De son arrivée en Italie à son retrait du monde, en passant par sa relation chaotique et tumultueuse avec Viola, une jeune fille tempétueuse résolument moderne, son amitié avec Alinéa, son ascension, son travail, ses rencontres décisives et ses choix de vie, Jean-Baptiste Andrea déroule, avec tendresse et passion, une épopée incroyablement romanesque. Ses personnages, plus vrais que nature, prennent vie et forme sous sa plume lyrique et poétique. Des personnages terriblement attachants, que ce soit Viola, intelligente, libre et qui rêve de voler, Mimo, un génie au cœur et aux mains d'or, le fidèle Alinéa, le fantasque Emmanuele ou encore l'insaisissable Pietà. La relation entre Mimo et Viola, deux êtres aimantés qui s'attirent et se repoussent, se révèle d'un charme fou et d'un amour pur alors que l'Italie s'assombrit peu à peu. Un roman puissant sur l'art et l'amour, taillé avec finesse et poésie...



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Veiller sur elle

Je suis mimo, je ne suis plus qu'un souffle de vie,

Je suis mimo, petit homme,

Je suis né source timide, je suis devenu fleuve impétueux,

Mon père déposa dans mes mains un trésor,

Mes yeux voyaient ce que d'autres ne percevaient pas,

Mes yeux voyaient ce qui se cachait dans le marbre,

Petite source puis flaque de boue,

J'ai découvert la cruauté du monde,

Flaque de boue, puis fleuve immense,

j'ai accueilli la richesse.



Lisez en moi,

Vous découvrirez la vie,

L'Italie soumise aux tempêtes,

Guerres, communisme, fascisme et séisme,

Soleil, oranges, richesses, eau source de vie,

Balayée par la tramontane,

Le sirocco et le libeccio

Le ponant et le mistral.



Lisez en moi,

Je vous raconterai Viola,

Viola des ours, Viola du cimetière,

Viola qui volait sa liberté,

Viola qui rêvait de rejoindre les nuages,

Amitié amoureuse qui façonna ma vie,

Amitié haineuse qui laboura mon chemin,



Lisez en moi vous m'aimerez,

Vous porterez en vous mes amis les plus sincères,

Mes ennemis les plus vils,

Vous boirez chaque goutte de la vie qui à présent s'éteint,

Vous chercherez à percer ce mystère,

Cette piéta née entre mes mains,

Cette femme toute souffrance et beauté,

Façonnée par mes désirs, mes doutes, mon amour,

Façonnée par ma colère et mon désarroi

Je porte tout cela en moi,

Je vous l'offre vous le garderez au fond de vous,



A jamais.



Challenge MULTI-DEFIS

Challenge Pavés

Challenge ABC

Challenge A vos pages.

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Des diables et des saints

Impossible de lire cet ouvrage sans avoir le coeur qui cogne. Des diables et des saints, c'est rugueux et douloureux comme le frottement du papier de verre sur la peau, éblouissant comme un soleil d'été à son zénith, parfois doux comme de la ouate. C'est le récit d'une enfance violentée, de l'innommable abus de certains adultes, de la parole étouffée. Celui aussi de la résilience, de l' amour inaliénable, sublimé par l'absence, de l'amitié à la vie à la mort. C'est le rythme de la musique, du coeur de Rose, du rire de Danny, de la liberté conquise au prix d'un effort de légende. le rythme qui tient tout, qui tient "la vie debout". La fin du roman est à couper le souffle. Littéralement.
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Cent millions d'années et un jour

ALERTE COUP DE COEUR RENTREE LITTERAIRE 2019



- L'histoire :



Il y a parfois des vocations qui résultent d'une colère.

Celle de Stan en est un bel exemple. Un enfant furieux donnant un coup de marteau dans une pierre : un futur paléontologue naît ...



L'histoire débute, nous retrouvons notre petit Stan devenu paléontologue toujours aussi passionné mais quelque peu usé. Frustré, cloitré dans son laboratoire étriqué Stan ne se doute pas encore que la vie est sur le point de lui offrir une expérience inespérée !



Une vieille histoire surgit du passé, un petit os découvert et voilà la promesse de lendemains glorieux. Ni une, ni deux la grande expédition est programmée ! Direction : un glacier coincé entre la France et l'Italie. Pour l'accompagner, Stan fait appel à son vieil ami paléontologue Umberto, son assistant Peter et un guide expérimenté Gio. A eux quatre ils forment alors une sacrée équipe de choc : un paléontologue emporté par ses rêves de gosse accompagné d'un « géant athée amoureux d'une déesse, un ancien séminariste ventriloque et un guide qui parle la langue des montagnes ».

Quel sera l'issue de cette expédition ? La frontière entre le rêve et la folie est parfois infime ... à vous, lecteurs, si vous le souhaitez, de découvrir , derrières les brumes, la fabuleuse histoire de Stan ..



- Mon avis :



Un magnifique roman d'aventure certes, mais surtout une sublime réflexion sur la poursuite de nos rêves. Ces rêves d'enfant empreints de magie, ces rêves qui nous enthousiasment et donnent à nos vies des ailes, à nos yeux le scintillement des étoiles et du baume à nos

p'tits coeurs !



En fond de toile, une très belle

symbolique. L'ascension du glacier dans toute sa rudesse amène Stan a une profonde introspection. Paradoxalement, gravir cette montagne c'est descendre au plus profond de son âme, chercher ses démons de l'enfance et, qui sait, enfin les accepter et s'en libérer ...



Une mention spéciale pour la plume sublime de Jean-Baptiste Andréa. D'une poésie remarquable, légère et aérienne, les mots s'envolent, papillonnent avec lyrisme. La nature devient alors un personnage à part entière, revêtant toutes les émotions humaines de l'amour à la haine et la montagne s'élève : la reine de ce royaume ...



Alors voilà, plus que conquise, je vous invite vivement à découvrir « Cent millions d'année et un jour », un énorme coup de cœur.
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Cent millions d'années et un jour

Beaucoup d'hésitation avant de n'accorder finalement que trois étoiles à ce roman que j'ai donc "aimé" et qui, pourtant, à plusieurs reprises, m'a laissé sur ma faim en raison du manque de développements qu'appelaient plusieurs situations.



L'écriture est très riche, ciselée, avec des descriptions éblouissantes des richesses de la montagne lorsqu'elles évoquent la glace, la foudre, le vent, la neige, la pierre.



Une très belle introduction par la description du village avec ses maisons serrées et une conclusion presque lyrique par une nouvelle description du même village, cette fois abandonné, mais gardant les traces abîmées de la vie et des vies qui l'ont animé. Jean-Baptiste Andrea a-t-il lu Soljenitsyne pour évoquer un éléphant rouillé devant un bus abandonné, quand le maître de la littérature russe voyait un cétacé dans un tramway renversé lors de la révolution dans les rues de Saint-Pétersbourg?



J'ai aimé cette quête du héros, Stan, Achab des années 50, en lutte avec le glacier et la montagne, où la blancheur immaculée engloutit tout, comme le fait la baleine du malheureux Péquod. Il croit, il doute, il veut, il obtient presque, conscient que sa victoire tronquée va l'anéantir.



Mais, j'ai regretté que l'alternance avec l'enfance de Stan, qui a tant marqué sa vie, soit aussi peu développée, laissant, à chaque évocation d'un thème nouveau, un sentiment d'inachevé. Il me semble qu'il y avait là matière pour aller plus loin sans lasser un lecteur captivé par un voyage initiatique dans cette tranche de l'existence qui imprègne l'humain pour sa vie tout entière.



La qualité de l'écriture de l’auteur et sa richesse descriptive sont les pièces maîtresses de ce roman.

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Ma reine

Je ne cesse de me dire qu'aimer lire est une grande chance. Bien qu'étant en Bretagne et aujourd'hui sous la pluie, j'ai pu passer mon après-midi dans la montagne sous un soleil de plomb ! J'ai en plus pu faire connaissance d'un jeune garçon surnommé Shell et de sa reine Viviane ainsi que de Matti, un berger d'une grande et belle humanité. Pendant quelques heures je n'ai vu ni la pluie ni été polluée par la morosité ambiante. J'ai été emportée par la poésie de Shell, par son innocence, sa naïveté mais aussi et surtout par son amour. La différence de Shell m'a émue et m'a confirmée, ô combien la soi-disant normalité peut nous éloigner de l' essentiel.
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Cent millions d'années et un jour

Juillet 1954. Paléontologue en fin de carrière, Stan se rend dans un petit hameau perdu, tout près d'un glacier du massif des Dolomites, à la frontière de l'Italie. Il a donné rendez-vous à Umberto, son assistant lorsque que lui-même était professeur. Vingt ans que les deux hommes ne se sont pas vus. Pourtant, Umberto a aussitôt accepté l'invitation de Stan, sans connaître la raison. Paléontologue à Turin, il est venu accompagné de son assistant, Peter. Stan les informe alors du but de cette expédition dans les montagnes : retrouver le dragon de Leucio. Alors adolescent, ayant erré dans la montagne pendant trois jours, il avait été surpris par un terrible orage et s'était réfugié dans une grotte. Là, il s'était retrouvé nez à nez avec un dragon. Un apatosaure ? Un diplodocus ? Ou pourquoi pas un brontosaure ? Toujours est-il que cette histoire de dragon, arrivée aux oreilles de Stan par une petite fille qui connaissait le vieux Leucio, le hante depuis des années. Aujourd'hui, après moult recherches, il est presque sûr que cette caverne se trouve dans ces montagnes, au pied d'un glacier surplombé de trois pics caractéristiques...



Quelle incroyable expédition à laquelle nous convie Jean-Baptiste Andrea ! Aux côtés de Stan, Umberto, Peter et Gio, leur guide, on frémit, on s'émeut, on sourit et plus que jamais, on découvre des personnages inoubliable. L'auteur dépeint, avec une certaine frénésie, la recherche du fameux dinosaure au cœur de cette immensité blanche mais aussi ce quatuor qui, soumis à la promiscuité et à l'isolement, va devoir cohabiter. Au-delà et ailleurs, l'on découvre le passé de Stan. Son enfance auprès du Commandant tyrannique et violent et d'une mère tant aimée, son premier trilobite, son chien Pépin, sa vocation ou encore ses regrets et ses joies. Éblouissant, saupoudré d'humour et de poésie, glaçant par moment, soufflant, un roman empreint d'humanité. Une magnifique exploration, non pas du dinosaure, mais du cœur des hommes. Un huis-clos servi par une écriture à la fois poétique et imagée.
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Veiller sur elle

Un titre prometteur, un lieu , ma chère Italie - et plus spécifiquement les Abruzzes- , un art, la sculpture, qui ne pouvait que m'aimanter, et, puisqu'il est question d'aimants, deux héros aux antipodes l'un de l'autre- Viola, la belle aristocrate androgyne, fantasque et rebelle, et Mimo, le nain miséreux au visage d'ange et aux mains d'or, qui s'attirent et se repoussent au gré de leurs rencontres mouvementées, dans un temps historique bouleversé par la montée puis la chute du fascisme ....



L'affiche était tentante. Presque trop.



Embarquée et enthousiaste au début, je me suis essoufflée bientôt devant trop d'effets, trop de péripéties,trop de revirements. Trop de beuveries, trop de fuites, trop de personnages entrevus , oubliés, revenant brusquement figurer brièvement dans cette fresque ambitieuse, survoltée...et survolée.



Survolée c'est le mot. Comme Viola qui rêve de voler et s'épuise en calculs et tentatives jusqu'à la chute, le récit multiplie les thèmes et portes d'entrée, faisant perdre son souffle à la confrontation qui en est le cœur , et leur substance profonde aux deux héros qui l'incarnent.



Viola et Mimo ont fini par me lasser. Je n'ai pas cru à la fougue créatrice de l'un ni à l'affirmation de soi de l'autre. Ils sont restés pour moi des marionnettes actionnées par un démiurge un peu brouillon.



Peu crédible, le revirement spectaculaire de Mimo refusant soudain les honneurs fascistes après en avoir profité. Peu fondamental son rapport à l'art, noyé dans l'ivresse et la course aux honneurs,aux commandes. Gratuites ou incohérentes, les transformations successives de Viola qui semblait si soucieuse de son intégrité, si solide dans ses orientations.



Tout, même les lieux même les faits historiques -que la présence de Mgr Pacelli futur Pie XII tente de crédibiliser-, m'a paru factice, convenu. Comme une toile de décor qui claque un peu trop visiblement quand le vent se met à souffler plus fort.



Un (vrai) tremblement de terre est le deus ex machina qui jette à terre, littéralement, ce jeu de cartes battu et rebattu par un illusionniste dont on finit par voir un peu trop les ficelles.



Mais le mystère de la création, le corps à corps avec le marbre, la "vista" du sculpteur qui cherche dans la pierre une forme, un angle d'attaque, une lumière, et le dialogue avec la matière, le secret qui meut la main et le cœur de l'artiste...sont restés à la marge.



Dans les limbes et promesses que faisait miroiter ce roman habile, bien troussé mais, du moins pour moi, aussi trompeur qu'un miroir aux alouettes.
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