Durant l'automne 2023, les élèves de 4eB du collège La Carraire, à Miramas, ont écrit collectivement une nouvelle, accompagnés par Thibault Bérard, auteur. Cette nouvelle est en lice pour la 6e saison du concours littéraire Des nouvelles des collégiens. La remise des prix aura lieu pendant la 8e édition du festival Oh les beaux jours ! (22-26 mai 2024).
Lire les nouvelles du concours 2024 : https://ohlesbeauxjours.fr/des-nouvelles-des-collegiens/ma-classe-vote/
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le projet Des nouvelles des collégiens mené en collaboration avec l'Académie d'Aix-Marseille reçoit le soutien, en 2023-2024, du département des Bouches-du-Rhône et de la Fondation La Poste.
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Organisation et production : Des livres comme des idées, Marseille
Coordination du projet : Maïté Léal, Émilie Ortuno
Réalisation vidéo : Manon Gary
Graphisme: Dominique Herbert, Manon Sahli
© Des livres comme des idées, 2024
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Merde, me retrouver la vielle de Noël, dans un service post-réa (on vient de piger que ça voulait dire "réanimation" et, même si Théo s'est fermement accroché au "post", qui selon lui prouve qu'on est pas dans le service le plus lamentable de l'hôpital, ça ne nous a pas réjouis), avec une probabilité immense d'avoir développé un putain de cancer du ris de veau, une tumeur d'une taille apparemment très inquiétante et horriblement mal placée, alors que je suis enceinte de sept mois ?!
Mais bordel, même chez Dickens, ça ne passerait pas !
Tout ça est assez abstrait pour Léonard. Il n'a pas l'intention de faire carrière dans le commerce d'art ancien. Même s'il est en train de découvrir que sa plume ne rapportera pas autant qu'il l'avait cru, et qu'en attendant, « il faut bien vivre ».
Parce que c'est ça, vivre. Payer le loyer, maintenant que le père ne l'aidera plus jamais. Acheter à manger, et puis de quoi boire un coup avec les copains. Draguer dans les bars, rentrer parfois seul, parfois accompagné. Se réveiller le matin et s'endormir le soir, dans un état plus ou moins alcoolisé.
C'est ça, vivre ? Juste ça ?
Léonard regarde ce petit bout d'homme recroquevillé, ce petit bout d'homme qu'il a été un jour, et il n'a aucune envie de rire de sa naïveté. Non seulement parce que cette naïveté lui apparaît pour ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être - un trésor inestimable - mais en outre parce que la réalité, ce jour-là, avait effectivement revêtu la substance vaporeuse des rêves, laissant sa naïveté d'enfant remporter une victoire.
Comment avait-il pu oublier une chose pareille ?
Il s'approche de son pas lourd et fatigué d'après l'hôpital. Ça ne s'est pas bien passé, ce qui n'est pas une surprise, mais reste une déception...
Ne me voyez pas comme une victime ou une malade.
Voyez ça comme ce que c’est, une histoire. Ce n’est pas parce qu’elle est vraie et dure par moments, ni même parce qu’elle finirait mal, que ce n‘en est pas une; toutes les vies sont des aventures extraordinaires, pour qui peut les voir dépliées devant soi.
Ça ne signifie pas qu’on doive applaudir aux grandes scènes ou espérer qu’une musique bizarre vienne souligner les passages drôles ou absurdes; ce que je demande, c'est que vous prêtiez la même attention aux mots qui vont suivre et que vous acceptiez d‘en goûter les couleurs éclatantes, en dépit de ce gris dont le réel granit voudrait tout recouvrir. Je sais que Théo aurait besoin que vous fassiez ça, et moi, en tant que morte, je vous le demande par respect pour les vivants.
Joli paradoxe, non?
C‘est drôle, parce que c’est cela qui m‘importe, qui m'atteint plus que tout le reste, finalement. p. 105
Elle choisit une pensée heureuse, puisqu’elle sait bien, désormais, que les pensées naissent toutes des racines du même arbre, certaines permettant de gagner l’horizon tandis que d’autres plongent dans des gouffres sans fond.
(p.172)
Il en voulait à Lize de ne pas rêver à autre chose que des après-midi calmes avec les enfants. Elle n'avait donc pas d'ambition ?
Il se répétait souvent ça. Elle n'a donc pas d'ambition ?
Mais cette phrase n'aura jamais été qu'un leurre de plus. S’il en voulait à Lize, ce n'était pas d'être incapable de rêver à des horizons aussi vastes que les siens ; il lui reprochait surtout d'être pourvue d'une force qui lui faisait défaut. La force qui lui aurait permis de savourer son bonheur au lieu d'aller se gaver au calice trompeur de l'aventure.
Car bien sûr, l'aventure avait rapidement rétréci comme un costume mis à la machine. Trop vite, trop tôt était venu le temps des rendez-vous de convenance, des mensonges foireux et des arrangements sordides, des prénoms qui se mélangeaient, des ruptures pénibles et des recommencements sans éclat, des serments imbéciles qu'il n'honorerait pas, des scènes de ménage qu'il se surprenait à endurer de la part de femmes qu'ils n'avaient fréquentées que deux ou trois fois.
Et toujours la brûlure de la honte qui revenait par surprise, et toujours plus contrariant le sentiment d'avoir mis le doigt dans l'engrenage, en s'imposant d'innombrables tracas pour bien peu de compensation... L'ennui à la mesure du désir.
(p.86)
Merde !, pense-t-elle. En classe, elle a appris qu'un historien s’était employé à répertorier les derniers mots prononcés par les poilus morts dans les tranchées, pendant la Grande Guerre. Le mot qui arrivait tout en haut de la liste, c'était « Merde ! » - cas typique, le malheureux qui prend une balle pendant qu'il fume une clope. Le deuxième mot, c'était « Maman ».
(p.165)
De toute façon, ce n'est pas aux enfants de sauver les parents en trouvant un obscur secret caché dans un coffre. Non. Il n'y a pas de secret, la magie n'existe pas et les enfants ne sauvent pas leurs parents. Et le pire, c'est que même l'inverse n'est pas vrai : dans la réalité, personne ne sauve personne.
C’est vraiment drôle, cette façon qu’a monsieur Burlac de l’associer à son business. « On en a besoin », « notre chiffre ». Tout ça est assez abstrait pour Léonard. Il n’a pas l’intention de faire carrière dans le commerce d’art ancien. Même s’il est en train de découvrir que sa plume ne rapportera pas autant qu’il l’avait cru, et qu’en attendant, « il faut bien vivre ».
Parce que c’est ça, vivre. Payer le loyer, maintenant que le père ne l’aidera plus jamais. Acheter à manger, et puis de quoi boire un coup avec les copains. Draguer dans les bars, rentrer parfois seul, parfois accompagné. Se réveiller le matin et s’endormir le soir, dans un état plus ou moins alcoolisé.
C’est ça, vivre ? Juste ça ?