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Critiques de Jean-Baptiste Andrea (1759)
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Veiller sur elle

« Andréa c'est toi ? »

« Entre et assieds-toi ! »

C'est ainsi ! le prénom (ou le nom) « Andréa » déclenche immanquablement le souvenir d'un des titres les plus barrés du plus illustre des natifs de Pézenas.

Hors-sujet cette introduction ! Aucun rapport entre Lapointe et le dernier lauréat du Goncourt ? Encore que, en y réfléchissant bien, dans les deux cas, l'imagination est aux manettes !

Alors, je me suis assis, comme Andréa me l'a demandé. Je ne l'ai pas regretté, on nabot dire, ce roman, ce n'est pas du nain porte quoi ! Dès les premières pages, on est emporté dans un tourbillon d'aventures dignes d'Italo Calvino ou de Roberto Begnini. Mimo, petit homme au grand talent, va rencontrer de nombreux autres êtres singuliers. le scénario, Andréa vient du cinéma et ça se sent, se déroule avec une toile historique qui, malgré quelques interprétations s'éloignant de l'orthodoxie, est justement rendue. le grand mérite de l'écrivain est de maintenir jusqu'à la fin un rythme effréné sans lasser. « Veiller sur elle » est une saga qui contentera les amateurs de di Fulvio ou de Lemaître et sans doute ceux de Gaudé pour les fulgurances quasi poétiques. Il ne s'agit pas de dire « inspiré de » car l'oeuvre est originale, mais citer ces trois auteurs constituera le prétexte pour certains de passer leur chemin. Pour d'autres, au contraire, l'argument s'avèrera décisif. « Veiller sur elle » c'est du romanesque… Et du lourd ! On peut aimer Steven Spielberg et John Casavettes, on peut aimer Jean-Baptiste Andréa et Marguerite Duras… Je ne suis probablement pas très objectif, l'Italie, l'histoire contemporaine, l'art de la Renaissance… Ma zone de confort, quoi ! Oui j'ai lu ce bouquin avec jubilation et « Veiller sur elle » fut une cure de dopamine… Presque oublié l'horizon proche de ma 6ème dizaine de bougies, une patate de jouvenceau et l'envie de dire à ceux qui pensent que picaresque est un gros mot ou qui ne voit que de l'invraisemblance là où je vois de la faconde littéraire : « J'ai 26 ans, mon vieux Corneille, et je t'emmerde en attendant ! »
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Veiller sur elle

Un livre original, hors du commun.

Très difficile de sortir une chronique d’un livre aussi parfait. Mimo (pourquoi pas Mino puisqu’il est plus petit que la moyenne – un nain pour certains, bien qu’il prétende être normal –

Le père de Mimo est mort pendant la guerre de 17, alors que son fils est encore un enfant. Sculpteur très doué de métier, il a commencé à montrer à son fils les secrets du métier.

Mimo, recueilli dans un monastère, est en train de mourir, veillé par un frère moine.

Au crépuscule, bien avancé, de sa vie il se remémore tous les événements (et ils sont nombreux) qui ont animé sa vie.

Après la mort de son père, sa mère l’envoie en Italie, plus exactement à Pietra d’Alba, chez un oncle pour y apprendre le métier de sculpteur, un oncle peu scrupuleux qui exploite Mimo ce dernier se révélant très doué. Il deviendra d’ailleurs un sculpteur de grand renom avec une Pietà pour principal chef-d’œuvre.

A Pietra d’Alba, Mimo fait la rencontre de Viola d’Orsini, née d’une famille noble et riche. Viola est une originale qui se plait dans les cimetières à essayer de converser avec les morts et qui rêve de voler.

Nous allons donc faire connaissance avec cette famille d’Orsini, omniprésente dans ce roman au travers de Viola toujours bizarre, mais aussi Francesco le prêtre, puis Evêque et Cardinal (pas très clair), et Stefano le malhonnête.

L’histoire est difficile à raconter tant elle est dense en cette période d’entre deux guerres om le fascisme s’installe en Italie. Ce qui est primordial est la relation Mimo - Viola, une amitié profonde mais scabreuse, leurs caractères bien trempés les rassemblent mais bien souvent les divisent.

C’est une (ou plusieurs) histoire(s) qui se déroule(nt) dans ce roman de presque 600 pages).

Il a une écriture hors du commun et surtout très riche Jean-Baptiste ANDREA, ce livre est très complet. Il traite de nombreux sujets. J’ai beaucoup aimé (même si parfois je me suis un peu ennuyée car il y a quelques longueurs).

En bref, une rubrique très certainement incomplète tant le sujet est dense et diversifié. Mais si je peux donner un conseil aux amateurs de belle littérature, de livres hors du commun, d’un brin de poésie et d’originalité alors : LISEZ-LE !

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Des diables et des saints

Joseph, soixante-neuf ans, c’est un vieux qui joue du piano, dans tous les lieux de passage, aéroports, gares dans l’espoir que Rose l’entende du bout du monde. Il ne joue que du Beethoven. C’est ce que lui a appris Rothenberg son professeur. Il n’est plus jeune depuis longtemps depuis le 2 mai 1969, où sa vie a basculé. Depuis ce jour, il a attrapé la pire maladie qui existe sur la terre, il est devenu orphelin.



Joseph va nous raconter sa vie dans l’orphelinat Les Confins. Les corvées quotidiennes, les brimades, les maltraitances ; « l’oubli » l’ancien cellier transformé en cellule d’isolement pour les fortes têtes ; Momo, le petit pied-noir demeuré, l’abbé Sénac, le directeur ; Grenouille le surveillant général, un salopard, une crevure, un fumier ; Fouine, Edison, Sinatra et Souzix les membres de La Vigie, la société secrète, et leur devise « chacun pour soi » ; les concours de celui qui raconte l’histoire la plus triste. Ici, le seul moyen de survivre, c’est de disparaître, de ne pas se faire remarquer.

Pour se donner du courage, Joseph parle avec Michael Collins, le troisième homme d’Apollo 11, le seul qui n’a pas mis le pied sur la lune.



Le jury du prix RTL/LIRE a bien choisi son lauréat 2021. Voilà un roman qui ne peut laisser indifférent. L’écriture tout simplement splendide de Jean-Baptiste Andrea nous transporte, des mots remplis d’humanité, de sensibilité, jamais larmoyants, toujours juste. Une exploration de l’âme d’un enfant. Un récit bien construit, où l’on découvre peu à peu pourquoi cet homme s’obstine à jouer du piano dans les lieux publics. L’histoire d’une enfance abîmée, une belle histoire d’amour aussi.



Entre rire et larmes, ce roman est un vrai bijou.





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Cent millions d'années et un jour

Coup de coeur pour ce nouveau roman de Jean-Baptiste Andréa.



Un paléontologue voue sa vie, sa carrière à une seule chose. Trouver un ossement qui le rendra célèbre.

Il a entendu une petite fille parler d'un dragon, piégé de la glace depuis des années.



Alors il part à sa recherche, accompagné d'Umberto et Peter, qui le suivent dans cette aventure folle.

Mais l'ascension d'un glacier n'est pas une épreuve facile et en plus de pouvoir entreprendre ce voyage physiquement, il faut également être prêt psychologiquement : échec ou réussite ? Succès ou désastre ?



Étendu sur les 4 saisons, ce roman nous emporte dans un récit unique et passionnant, dans lequel Stan va replonger tout au fond de ses souvenirs, les bons comme les pires. Qu'espère t-il vraiment de cette découverte ? Jusqu'où est-il prêt à aller pour découvrir ce dragon caché ?



Impossible de s'arrêter lors de la lecture de ce livre. Nous suivons les personnages dans leur quête de la bête et dans leurs difficultés, qui s'accentuent jour après jour, mois après mois.



Jean-Baptiste André nous captive et nous emmène avec ses personnages, en haut du glacier. Reste à savoir si nous allons survivre à cette péripétie, qui ne laissera personne indemne.



À découvrir absolument !
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Veiller sur elle

Une intrigue captivante avec un final aussi étonnant qu’émouvant, des personnages réussis, enfin presque — l’un d’eux m’a laissée indifférente —, sont les atouts de ce roman.



Dans une abbaye isolée, un homme de quatre-vingt-deux ans se meurt. Il est veillé par des frères dont il ne fait pas partie. Il se souvient. Il est né en France en 1904, mais ce n’est pas son pays. Son pays, c’est l’Italie où il est arrivé à l’âge de douze ans pour apprendre la sculpture avec son oncle Alberto.



Avant de rendre une dernière visite au mourant, le père Vincenzo veut aller La voir, Elle, une mystérieuse statue que le Vatican a enfermée dans cet endroit perdu, pour la protéger. Mais la protéger de quoi ?



Le roman se lit facilement et j’ai suivi les aventures de Michelangelo Vitaliani (Mimo) et Viola avec plaisir. J’ai surtout aimé l’intrigue qui tourne autour de l’énigmatique statue, avec une belle révélation finale, à la fois surprenante et émouvante.



J’ai aimé le personnage de Mimo, mais Viola est le personnage le plus difficile à cerner. Entre soumission et révolte envers sa famille, ses comportements sont imprévisibles. Faute de les comprendre, je les ai trouvés artificiels.



L’écriture est superbe et n’est pas le moindre des plaisirs du livre.


Lien : https://dequoilire.com/veill..
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Veiller sur elle

Veiller sur elle est un magnifique roman , on peut y voir trois entrées.



La première entrée est une sortie.

Celle d'un vieil homme à l'agonie , veillé par les frères qui l’hébergent depuis des années dans leur abbaye sans qu'il ait prononcé ses vœux .

Pendant que les moines s'interrogent sur la fin de vie de ce vieillard, lui se remémore toutes les années avant son enfermement volontaire .



Voilà la partie la plus conséquente du récit, riche en rebondissements et en personnages.

Atteint de difformité, certains le traitant de nain, un nom qu'il n'a jamais admis, Michelangelo Vitalini surnommé Mimo est né en 1904 dans une famille italienne pauvre .

A la mort précoce de son père , un sculpteur qui lui a donné le goût des belles choses et lui a enseigné son art de façonner la pierre , Mimo est envoyé chez un pseudo-oncle sculpteur lui aussi , méchant, cupide et incompétent en apprentissage .

C'est lors d'une visite nocturne dans le cimetière qu'il rencontre Viola Orsini, 13 ans comme lui , fille de la puissante famille Orsini de la région.

Commence alors une amitié très forte, vibrionnante, tumultueuse , entre les enfants qui va devenir leur point d'ancrage malgré les nombreuses disputes et séparations qui suivront .



Le récit déroule ainsi l'histoire de l'Italie entre la première guerre mondiale et les années 1960 avec entre les deux, le choc de l'arrivée au pouvoir de Mussolini et de ses squadristes.

Mimo avec son talent reconnu de sculpteur navigue sans peine à travers les différentes époques, sachant se faire apprécier de mécènes, qu'ils soient religieux , les premiers à découvrir son talent ou politiques mais également , par son attitude souvent méprisante et cassante et sa supériorité dans son art , se créant beaucoup d'ennemis .



Viola , elle, être fantasque, intelligente et rebelle reste enfermée dans son corps de femme de bonne société devant tenir son rang et ne pas faire de vagues .



La troisième entrée de ce roman est celle de la Pietà, chef d’œuvre ultime du Maitre Vitalini , source d'interrogations sur la stupeur que certains ressentent en la contemplant et devant ce mystère, elle est éloignée des yeux et enfermée dans les sous sols de l'abbaye où meurt Mimo .



Qui est cet "elle" sur laquelle il faut veiller, Viola ou la Pietà, et si elles ne faisaient qu'une ?



Jean-Baptiste sait très bien maintenir son lecteur suspendu à ses phrases, le récit est dense, émaillé de belles descriptions de la lumière de l'aube sur la campagne de Ligurie et ses champs d'orangers , de la poussière de marbre sous les coups des outils des sculpteurs, d'évocations des bouges malfamés des villes et de leur faune interlope .



J'ai cependant trouvé parfois quelques traits de personnages un peu trop caricaturaux et une certaine réserve pudique mais on se laisse happer par les péripéties de Mimo et les sautes d'humeur de viola.



Il faudra attendre la toute fin pour comprendre la particularité de cette Pietà et c'est très bien ainsi.
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Des diables et des saints

J'ai été un peu déroutée au début de ma lecture avec Joseph, Joe, ce pianiste qui joue dans les gares, dans les aéroports et qui nous interpelle.

Je me suis finalement laissé emportée par ces notes et ressort enchantée, non pas par cet orphelinat peu accueillant mais par ces enfants qui ont su m'émouvoir avec beaucoup de force .

Merci aux enfants de la vigie (petite société secrète) , Joe, Momo, la fouine, Souzix, Danny, Edison et Sinatra.

Tout comme dans "Ma reine", je suis émue par la façon dont Jean-Baptiste Andrea parle de l'enfance, c'est vraiment touchant et ça remue.

On a souvent envie de raccrocher les romans à d'autres ou à des films et je ne résiste pas, moi aussi à y voir quelque chose de "la guerre des boutons" ou encore des "400 coups" mais pourtant ce roman ce suffit à lui-même et n'a besoin d'aucune comparaison pour faire son chemin qui sera long, j'en suis sûre.
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Ma reine

Je suis entrée vite et facilement dans l'univers singulier, fantasque et abrupt à la fois, de ce livre. Mais je comprends tres bien que certains lecteurs soient restés sur le seuil...



Le récit est celui d'un garçon de douze ans, qui se sait différent, vu comme un attardé par les autres. Été 1965, l'été du bouleversement.



Parce qu'il ne veut pas qu'on l'emmène dans un institut spécialisé, et suite à une énième bêtise, il décide de quitter ses parents, de partir. Il s'imagine comme soldat dans une armée et il monte sur le plateau, dans les près, tout là-haut. Et ce sera la rencontre avec Viviane, la fille-fée, sa reine...



Ce court roman ne se raconte pas, il se sent, il se vit, de l'intérieur. A travers les pensées de Shell ( surnom donné par Viviane car les parents du garçon tiennent une pompe à essence) , le lecteur est en osmose...ou pas. Je l'ai été.



Des forces antinomiques agitent cette histoire, qui donnent à l'écriture un charme magique et beaucoup d'originalité.



Entre naïveté désarmante et lucidité poignante envers lui -même et les autres, entre violence, cruauté de l'entourage et vision poétique , réinventée du monde , Shell nous fait voguer dans son espace intérieur, fait de solitude et de manque affectif, de créativité et d'enthousiasme aussi.



La fin est à l'image du livre, surprenante et émouvante. Shell rejoindra dans ses rêves la reine de son coeur...
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Ma reine

« Beau comme une Alfa Roméo mais avec un moteur de 2CV », tout est confus dans la tête de Shell. Pour échapper à l’établissement spécialisé dans lequel ses parents songent à l’envoyer, le jeune garçon décide de partir à la guerre pour leur prouver qu’il est un homme.

Mais c’est où la guerre ? De l’autre côté de la colline probablement, il en est presque sûr. Et un beau matin, le voilà parti.

Cependant il ne va pas aller bien loin, car sur la route il va rencontrer Viviane, une petite fille avec qui il deviendra ami, une petite fille qui deviendra sa reine. Ils vont passer l’été ensemble, à se découvrir, lui installé dans une cabane dans la forêt et elle, venant au gré de ses fantaisies lui rendre visite et lui raconter des histoires. Parce que c’est elle la reine, donc c’est elle qui décide…



La magie de ce premier roman opère dès les premières lignes. J’ai aimé la poésie qui s’en dégage.

Shell est un enfant attachant, émouvant dans sa naïveté. Son univers loin du monde des adultes est empli de crédulité.

Lorsqu’il rencontre cette fillette, magnifique et mystérieuse, il va jusqu’au bout de son amour pour elle.

L’écriture est douce et élégante. Une bien jolie lecture !



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Veiller sur elle

Pour une fois j'ai pu lire un prix Goncourt en sachant par avance que j'irai au bout, car les ouvrages précédents d'Andréa montraient chez ce romancier un vrai talent pour rendre plausibles les rêves de ses personnages. Ce livre ne départ pas des précédents. Andrea utilise juste l'histoire de l'Italie dans la première partie du vingtième siècle pour développer une intrigue plus ample que d'ordinaire.



Mimo, un gamin pauvre, pas gâté par la vie, est exploité dans un petit village de Ligurie par son « oncle », mais développe un talent rare pour la sculpture. Viola, la petite dernière de la riche famille locale, rencontrée un peu par hasard au détour d'un cimetière, s'avère sa jumelle cosmique, puisque née le même jour que lui. Viola qui absorbe le savoir dans tout ce qu'elle lit et qui se rêve autre. Mimo qui la suit, l'admire, tout en savant confusément que l'histoire de Viola se déroulera sans lui ; lui qui est atteint de nanisme et qui n'est qu'un apprenti taillant la pierre, couvert de poussière.



Mimo et Viola, une amitié qui dépasse l'amour ; l'un soutenant l'autre malgré des hauts et des bas et des fâcheries durant parfois des mois. Les deux rêvent grand. La première à devoir rabattre ses espoirs est Viola victime d'une chute aérienne qui la laisse terriblement meurtrie et à la merci des convenances sociales imposées par sa riche famille et ses deux frères ambitieux, Francesco et Stefano. Mimo, lui, roule sa bosse de Florence à Rome, et de beuveries pitoyables en commandes de prestige s'ouvre les portes des classes privilégiées. Ce qui veut dire dans les années 20 et 30 en Italie fasciste, composer avec le régime de Mussolini.



Mimo raconte son histoire, et ne sort pas forcément grandi de cette auto-analyse. Il avait le talent dans ses mains. Il n'en a pas toujours fait le meilleur, comme le lui a souvent reproché Viola. Mais elle, qu'a t-elle fait de sa propre vie ?



Tout à fait dans le style des autres romans d'Andrea, Veiller sur elle est juste un peu plus dense, fourmillant de personnages brillants, manipulateurs ou sournois. Quelques petites longueurs viennent encombrer un peu l'ouvrage (le chapitre au cirque à Florence apporte finalement peu au récit), qui s'avère une nouvelle fois un grand plaisir de lecture.

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Ma reine

Jean-Baptiste Andrea vient de remporter le prestigieux Prix Goncourt 2023 avec son livre : « Veiller sur elle ». Avant de lire cet ouvrage, j’ai voulu découvrir l’auteur par son premier roman.



C’est l’été 1965 en Provence. Shell vit avec ses parents dans une station-service. Il a été exclu de l’école parce qu’il est différent. Après une grosse bêtise, ses parents décident de le placer dans un établissement spécialisé. Ayant entendu la conversation, il décide de partir à la guerre et de revenir auréolé de gloire, « comme un homme ».

Il part la nuit et se retrouve isolé sur le plateau après une chute. Au réveil, il rencontre une jeune fille de son âge : Viviane. Elle lui dit qu’elle est sa reine et qu’il doit lui obéir sans discuter au risque de rompre le charme. Ils se promettent de ne jamais se quitter.

Malheureusement, Viviane ne vient pas au rendez-vous. Désemparé, Shell attend, attend, attend … Il s’évanouit suite à une insolation mais il est secouru par un berger un peu bourru qui ne lui pose pas de question et le laisse vivre chez lui.

Tout va bien jusqu’à ce que Viviane réapparaisse …



Dans ce texte de lecture très facile, on découvre des portraits de personnages attachants et très forts.

Shell, enfant autiste sans doute, nous parle, au travers de ses réflexions, de sa différence, du rejet qu’il subit de la part des autres enfants, de l’admiration et de l’amour qu’il porte à Viviane.

Viviane, petite parisienne qui, à treize ans, vit aussi dans un monde imaginaire et qui, sans se rendre compte de la grande influence qu’elle a sur Shell, va peut-être l’amener à l’irrémédiable.

Matty, le berger bourru, qui a lui aussi ses secrets et accepte Shell tel qu’il est.



C’est un livre qui traite avec beaucoup de sensibilité la différence, l’amitié, la fidélité.

L’auteur m’a conquis. J’ai hâte de lire « Veiller sur elle ».

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Veiller sur elle

J'étais ravie de retrouver Jean-Baptiste Andrea, dont j'avais beaucoup aimé " Ma reine" et " Des diables et des saints", ce dernier restant mon préféré.



L'art du conteur est toujours présent: verve et poésie, bouillonnement de vie. L'attachement à ses personnages atypiques également. Cinquante ans d'histoire italienne défilent, entre 1930 et 1980, à travers les destins singuliers de Mimo, sculpteur de génie, et Viola, dont l'intelligence frise la folie. Un adolescent pauvre et seul rencontrant une jeune fille fantasque d'une riche famille pourrait sembler un peu cliché, mais c'est un lien tellement intense, particulier qu'il séduit le lecteur.



Cependant c'est la première fois que j'ai trouvé quelques longueurs au texte. Certaines périodes évoquées m'ont même un peu ennuyée, comme celle du cirque. D'autre part, plusieurs détails m'ont paru peu vraisemblables.



Le plaisir de lecture était en tout cas encore bien là. Et c'est l'essentiel...



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Veiller sur elle

Italie, 1986, un monastère sur le mont Pirchiriano, une communauté de 32 moines. L'un d'entre eux agonise. Un narrateur à la troisième personne (il interviendra 10 autres fois) nous précise que celui-là n'est pas un moine comme les autres : il n'a jamais prononcé ses voeux bien qu'il soit arrivé au monastère il y a 40 ans. Et ce mourant va nous raconter sa longue et riche vie. Il est né en France, en 1904, de parents immigrés italiens. Son père, tailleur de pierre respecté, est mort en 1914. Sa mère est sûre que son fils sera sculpteur. D'ailleurs, pour mettre toutes les chances de son côté, elle l'a prénommé Michelangelo ! Il détestera ce prénom et se fera appeler Mimo. le récit de la vie mouvementée de Mimo Vitaliani alterne avec le présent qui se déroule dans le monastère et nous apprendrons rapidement que le père Vicenzo garde un objet, précieux et mystérieux, caché et enfermé dans la crypte : la communauté tout entière est dévorée de curiosité. En 1916, la mère de Mimo le renvoie en Italie où il sera confié à un oncle sculpteur, sans grand talent, alcoolique, mesquin et cruel. La prestigieuse et richissime famille Orsini habite à côté du village où l'oncle exerce. Quand Mimo Vitaliani et Viola Orsini se rencontrent, ils ont 13 ans.

***

J'ai parfois eu l'impression que certaines parties de l'histoire de Veiller sur elle pouvaient se dérouler au XIXe siècle tant la vie dans les ateliers des tailleurs de pierre et des sculpteurs semble dure. Les relations entre parents et enfants, entre riches et pauvres, entre artistes, etc., appartiennent à leur époque : la plus grande partie de ce roman se déroule approximativement entre 1916 et 1951. Trop Jeune pour 1914, trop vieux pour la 1940, Mimo subira pourtant les deux guerres et y perdra chaque fois une part de lui-même. Jean-Baptiste Andréa place toujours au premier plan l'indéfectible amitié entre ses deux personnages principaux malgré les disputes et les séparations, la grande Histoire lui servant de décor qu'il s'agisse des mouvements politiques ou artistiques. Tout oppose pourtant les deux amis : le statut social, la richesse, l'instruction, jusqu'à leur physique qui complique la situation, tant la beauté de Viola que l'achondroplasie de Mimo. Viola mène le jeu, même si Mimo s'en défend et tente parfois de reprendre la main. Viola, en apparence ne s'en émeut pas et continue sa route avec ou sans lui... J'aime beaucoup l'écriture de Jean-Baptiste Andréa, les réparties qu'il prête à ses personnages, la manière dont il subvertit les lieux communs, ses comparaisons inattendues. Je sors de ce roman dans le même état d'esprit que pour Des diables et des saints : j'ai accepté sans broncher les invraisemblances, certaines incohérences, les quelques longueurs et même le côté misérabiliste du début… Rendez-vous au suivant !



[Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices de Elle 2024]

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Cent millions d'années et un jour

Poursuite d'un rêve d'un paléontologue

*

Lu dans le cadre des #68premièresfois (un auteur mis en avant pour la 2ème fois tellement son premier roman La reine avait enchanté le lectorat).

*

D'après le résumé, la paléontologie et les montagnes sont au coeur de cette histoire singulière. Un conte même puisqu'il s'agit bien de ça. Pas un récit de témoignage d'alpiniste. Un rêve d'enfant qui va se concrétiser ici, là, au centre d'un glacier grandiose au coeur des Dolomites.

Un voyage introspectif aussi puisque le narrateur, appelons-le Stan, va faire refluer ses souvenirs d'enfance (des traumatismes parentaux aussi bien que des joies).

*

Une quête presque impossible à réaliser mais que Stan va essayer de mener à son terme, coûte que coûte.

Pour cela il va fédérer son meilleur ami ainsi qu'un guide et un assistant. Tous ensemble ils vont chercher ce fameux fossile là-haut dans les glaciers hostiles.

*

Quelle plume vibrante et poignante. Et des émotions qui prennent le lecteur à la gorge pour le laisser démuni à la fin. Oui, j'ai éprouvé diverses sensations (en même temps que les protagonistes). Espéré une délivrance heureuse (la trouvaille du trilobite), souffert aussi du froid, émue par ces fragments de souvenirs.

Le temps est assassin là_haut dans ces montagnes féroces. Le titre en est d'ailleurs le reflet. Le temps se dilate , on ne sait plus où commence le début, où finit la quête.

*

Un récit pourtant lumineux malgré la gravité. Les dernières pages sont difficiles à lire, elles amènent la colère et puis finalement remettent les choses en perspective. Ce qui ne nous tue pas nous rendra -t-il plus fort? Ou cherchons-nous à réparer ce qui a été blessé? A vous de faire le constat.

*

En écoute avec la bande originale du livre produit par Les Liseuses (sur Spotify)
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Cent millions d'années et un jour

La rencontre entre un fossile de trois cents millions d'années et un homo sapiens de six ans au pantalon trop grand. le début d'une passion et d'un métier, Stan sera paléontologue.

Un vieux concierge italien, paresseux, bougon qui vient de mourir. Dans ces affaires un morceau d'os et le souvenir d'une histoire qu'il racontait ; surpris par un orage dans la montagne, il s'était réfugié dans une grotte et s'était retrouvé nez à nez avec un squelette d'animal immense.

Pour Stan cela ne fait aucun doute un squelette de dinosaure en parfait état de conservation.

Stan se lance donc avec trois compagnons dans une escapade dans un glacier à la recherche de ce dinosaure qui sera l'aboutissement de sa carrière.

Il y a Umberto son vieux complice

« Umberto a été exclu du catéchisme très jeune, il me l'a raconté. Il avait demandé la pointure de Dieu. Un scientifique n'avale pas un récit à dormir debout sans questionner, sans exiger une preuve, un détail concret. le doute comme religion. »

Peter le jeune assistant d'Umberto ancien séminariste ventriloque venu avec Youri, sa marionnette à tête de laine

« Je me suis tourné vers Peter, main tendue

– Enchanté.

Mon premier mot pour ce gamin fut un mensonge. »

Et Gio, un vieil Italien, un guide qui parle la langue oubliée des montagnes.

« Gio pose ses outils de couvreur, prend son sac et ses chaussures de cuir. Il dit au revoir à sa femme, il jure que cette fois c'est la dernière, il ment, elle le sait, il le sait, et il part. »

Si vous aimez la belle littérature, celle où à chaque détour de phrases se cache la poésie, si vous aimez l'aventure la vraie, celle des grands espaces, celle qui vous conduit au-delà de vos limites, ce roman est pour vous.

L'écriture magnifique de Jean-Baptiste Andrea nous emmène dans le massif des dolomites dans une quête haletante parsemée de paysages grandioses, de moments forts d'humanité. Au fil des saisons, nous partageons le rêve fou, voire la folie d'un homme passionné. Vivre les uns sur les autres vingt-quatre heures sur vingt-quatre, la perspective de l'échec qui fait monter l'attention, les disputes pour des motifs futiles, le risque d'hypothermie, les hallucinations, la pluie qui tombe sans discontinuité, la foudre qui remodèle le paysage à coups d'arcs électrique. le blizzard, déblayer la neige, scruter la pierre, fouiller la rocaille, ignorer la fatigue et les mauvaises nouvelles.

Le récit est entrecoupé des souvenirs d'enfance de Stan, la violence de son père surnommé le commandant

« Je dévisageai le Commandant, la gorge serrée. Son oeil doit tremblait. A huit ans, je connaissais déjà ce signe comme un paysan sa météo : grêle de coups et grands cinglements de ceinture. »

La fragilité de sa maman

« À force d'affirmer que, dans la famille, nous avions la tristesse dans les veines, ma mère se les était ouvertes un jour, pour la laisser sortir. Ça n'avait pas marché, et la tristesse était restée. »

L'adolescence, un âge toutes les filles sont belles.

Alors que tout le roman est un enchantement, Jean-Baptiste Andrea réussit en plus à écrire un final éblouissant.

Je vous laisse avec quelques extraits pour vous faite goûter la beauté et la richesse de ce texte, et vous donner l'envie, je l'espère, de lire de roman.



« Le feu s'est endormi, bercé par ses craquements. »

« Qui dit que les montagnes n'ont pas de sentiments, elles qui rougissent au lever du soleil ? »

« La prochaine fois que l'aube me secouera, je n'ouvrirai pas les yeux. C'est un piège. L'aube ment à ceux qu'elle réveille, à l'homme d'affaires, à l'amoureux, à l'étudiant, au condamné à mort et, oui, au paléontologue aussi. Elle nous remplit d'espoir pour mieux nous décevoir. le crépuscule, plus vieux et plus sage d'une journée, m'a fait la leçon : j'ai été bien naïf de la croire. »

« C'est quelque chose, la fierté d'un père. On peut la trimballer sous sa veste, aller en classe avec, c'est invisible et ça vous tient toute la journée. »











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Cent millions d'années et un jour

Un roman passionnant sur la quête d'un paléontologue qui poursuit son rêve au péril de sa vie. J'ai adoré ce roman palpitant que l'on ne peut pas lâcher avant la fin. J'ai pris faits et causes pour ce grand enfant qui n'a pas pansé ses blessures d'enfance. Certains passages m'ont fait penser à La nuit des temps de Barjavel , d'autres au film Into the wild, d'autres encore à certains livres de Frison Roche comme Premier de Cordée. La langue est poétique et belle, les personnages sont comme des amis dont on connait les défauts mais que l'on aime quand même. Je remercie Babelio et Les Editions de l'Iconoclaste pour l'envoi de ce livre et j'ai hâte de participer à la rencontre avec l'auteur!
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Veiller sur elle

Ce roman est une douceur à l'italienne, nappé de rance et de beauté, ou le folklore se mêle à l'art qui nous a si bien inspiré lors de la Renaissance, autre époque et autre temps mais quel gout de l'esthétique ces Italiens.



J'ai beaucoup voyagé durant ma jeune jeunesse notamment en Italie et que dire de Rome si ce n'est reconnaitre la beauté et l'excellence corrompue par cette magie touristique pleine de préjugés et de rancoeurs, nous avons adoré déambuler de long en Vatican dans cette Rome antique, profiter d'une terrasse aux accents lyriques, d'un ténor de la rue chantonnant avec romantisme le succès des plus grands.



Et que dire de la place Saint-Pierre, du musée et de la Chapelle sixtine, là nous retrouvâmes une guide française bien aguerrie à l'athéisme à peine drapé dans l'oeuvre dantesque de Michel-ange qui avait toute liberté pour exprimer ses opinions à peine voilées sous peine de terminer dans la cruauté de cette époque aussi pratiquante que pervertie par le tout puissant. Je ferais l'impasse sur le Colisée aussi démesuré qu'il n'y parait, là nous avons dégusté des lasagnes succulentes trompés par la magie du décor ambiant ou peut-être étaient-elles réellement délicieuses à s'en faire « grassouiller » nos abdos bedonnant de saveur.



Bien sur Il y eut Florence, Pise, Sienne, notre road trip « Toscanien », ou la nourriture puait la gourmandise et le plaisir divin, rien à dire j'adore l'Italie.



« Mimo » Sculpteur de génie, d'un paternel mort, et d'une mère de la misère, femme de, qui dans un souci de pragmatisme de l'époque (début 20eme), décida pour le bien de son fils fort d'un amour sincère de l'envoyer tâter une autre misère ailleurs… S'en suit une farandole de vie bien animée, du haut de son mètre quarante, il va vivre sa vie comme un débauché, renaitra de ses cendres abjectes qui feront de lui ce qu'il deviendra par la force de son talent et de cet amour si frustrant pour nous lecteurs ambitieux attendant avec cette impatience malsaine qu'il lui glisse un peu de bestialité frivole… Et il y en a de la bestialité, de l'animal, de l'homme tout puissant de part cette profonde bêtise qui nous caractérise si bien, du glauque aussi, du malsain portée par cette époque ô combien cruelle, la débauche au miséreux, aux dépravés de bonne famille, de manipulations.

Malgré cet athéisme qui me caractérise de trop, la politique et l'argent l'emportent toujours sur la morale empathique et amoureuse dont on devrait tous se faire pape pour le bien d'une majorité dissipée par l'art de la rhétorique et de la majorité anesthésiée par cette peur de perdre le trop peu et de ne rien gagner en gage de bonne foi.



Écrasons-les tous ces ignares de la bienpensance, nous forgerons leur destin funeste dans notre réussite, creuserons leur tombe à même le purin, et nous piétinerons l'herbe fraiche à leur santé décomposée depuis belle branlette.



Trinquons



Et puis ce roman m'a rappelé ma jeunesse d'apprenti ébéniste, celle dont j'ai subi le caractère immature d'un jeune patron bourré de talent, moi qui regardais du haut de mes 1.65 m les tailleurs de pierre exprimer leur savoir à la restauration de l'église Saint-Étienne qui se trouvait pile en face de mon établie, la grande baie vitrée me donnait ce privilège .



Sur la place des minimes se nichait notre petit atelier au poêle capricieux qui se nourrissait de ce froid mordant, sans talent mais avec passion, je regardais mon patron s'affairer à me faire chier, moi ce petit gars de 16 piges qui ne demandait qu'à apprendre… et J'ai appris, appris la conscience professionnelle, l'anticipation, et à fermer ma gueule aussi (dont j'ai perdu le mode d'emploi aujourd'hui), mes mains noires de tanin car le chêne suinte sa mort, les narines blanchies par les vapeurs de vernis, il me manquait juste la maturité et l'expérience pour briller dans cet atelier brut de sciage. Heureusement j'ai rebondi, et je suis devenu chef d'atelier et métreur.



La fin du roman m'a déçu, car j'attendais quelque chose de doux et de romantique, lui était trop pierreux, plein de vérité et de misère, de croyances et de science, malheureusement trop peu d'émotion pour moi, pas une larme de versée je suis deg...



A plus les copains

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Veiller sur elle

Elle est l’un des secrets les mieux gardés du Vatican. Après avoir été exposée aux yeux de tous, après avoir causé de vifs émois à ceux qui avaient tenté d’en percer le mystère, la Pietà Vitaliani est désormais cachée à l’abri des regards indiscrets, enfermée à triple tours dans un endroit tenu secret… “On l’enferme pour la protéger”, selon l’Eglise, moyen de préserver celle qui confine au divin, tout en l’élevant au rang de mythe, de chimère. 



L’histoire débute en 1986, au moment où le créateur de la sainte statue s’apprête à rendre son dernier souffle. Michelangelo Vitaliani, l’homme aux mille vies, moqué pour sa petite taille qui ne dépassa jamais celle d’un enfant, admiré pour son génie créateur, haï par les envieux, instrumentalisé par les puissants, s’apprête à nous livrer son histoire et, par là même, le mystère qui entoure sa célèbre création…





Il est des romans que l’on rechigne à refermer tant l’on s’y sent bien. Parce qu’ils nous font voyager avec des compagnons formidables, parce qu’ils nous font rêver, ressentir les choses comme si nous y étions, parce qu’ils nous apportent enrichissement et évasion, tout simplement.. “Veiller sur elle” est de ces romans-là. 





Aux côtés de Michelangelo, dit “Mimo”, nous allons parcourir l’Italie de Pietra d’Alba, à Florence, en passant par Rome, pour revenir, toujours, à Pietra d’Alba, où l’attend l’insaisissable Viola, sa “jumelle cosmique”, son âme soeur, celle par qui tout commence et tout fini. Une plongée envoûtante dans l’Italie du XXème siècle, dans une région épargnée par la première guerre mondiale mais qui n'échappera malheureusement pas à la seconde… Une région paisible, quoique miséreuse, où l’on cultive les orangers, sous l’égide de quelques puissants, dont font partie les Orsini. Une région que l’on voit rattrapée par son époque, par le progrès qui déboule sans crier gare.





Au cœur du roman, il y a l’Art en général et la sculpture en particulier. Dans un pays connu pour ses génies créateurs, fier de son savoir-faire et de sa richesse, Mimo n’a pas à rougir car, si l’homme, du haut de son mètre 40, est petit en taille, son talent, lui, est immense, incommensurable, à la fois percutant et subversif. On le voit se déployer au fil des années et raconter comment se construit un chef-d’œuvre, avec, en toile de fond, les jeux de pouvoirs entre l’Eglise et les politiciens.





Mais, ce qui enchante par-dessus tout à la lecture de “Veiller sur elle”, au-delà du processus artistique qui lie un artiste à son œuvre, c’est l’objet qui la lui a inspirée, en l'occurrence sa relation avec Viola. Un amour impossible, digne des plus grandes tragédies italiennes, mais qui bouleverse par sa pureté, son évidence, son absolu. Une relation entre deux individus hors normes, qui va défier toutes les lois et déchaîner toutes les passions. Jean-Baptiste Andrea dresse par la même occasion un sublime portrait de femme. Une femme brillante, visionnaire, audacieuse, prisonnière de sa condition, mais qui n’aura de cesse d’essayer de briser ses chaînes.





L’auteur nous offre ainsi un roman enchanteur, qui se conclut en apothéose, lorsqu’une vague d’émotions déferle sans prévenir pour ensevelir le lecteur au moment où la lecture s’achève… C’est beau, puissant et tous les ingrédients sont réunis afin de plaire au plus grand nombre. A souligner la plume de l’auteur, à la fois fluide, immersive et tellement agréable qu’elle rend le texte difficile à lâcher. Bref, j’ai adoré!





A lire aussi, pour ceux qui auront aimé, les romans de Luca Di Fulvio, “Le gang des rêves” par exemple, ou “Pietra viva” de Léonor de Recondo.





“Veiller sur elle” vient de recevoir le Prix du Roman Fnac, largement mérité et, je lui souhaite, peut-être le premier d’une longue série.
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Cent millions d'années et un jour

De Jean-Baptiste Andrea, j'avais beaucoup aimé « Ma reine » et je n'ai donc pas hésité une seconde à me plonger dans son dernier roman. J'ai plongé, oui, et quel plongeon ! L'histoire est fascinante, mélange de merveilleux et d'aventure, avec des retours sur l'enfance du narrateur.



Lui, c'est Stan, devenu paléontologue. Il en rêvait lorsqu'il était ce petit garçon timide déjà passionné par les fossiles.

Le conte, c'est la découverte fortuite d'un morceau d'os dans les affaires d'un concierge décédé et l'histoire d'une gamine à qui il racontait sa rencontre avec un dragon dans les entrailles de la montagne tout près d'un glacier.

« Il racontait un squelette immense, un corps qui s'enfonçait dans les ténèbres, si loin qu'on n'en voyait pas la fin, une tête étonnamment petite au bout d'un cou démesuré »

Des années plus tard, en 1954, Stan décide de se lancer sur les traces de ce squelette de dinosaure. Il monte son expédition dans les Dolomites italiennes en compagnie de son ami Umberto, de Peter et d'un guide expérimenté.

La chance de retrouver ce fossile de dinosaure sous un glacier parce qu'un vieil homme aimait raconter aux enfants sa rencontre avec un dragon est si ténue que l'on pourrait hausser les épaules. Oui mais voilà ! Jean-Baptiste Andrea est un mystificateur, un conteur né qui fait briller nos yeux comme des enfants curieux et nous embarque dans une aventure-épopée- exploration - appelez ça comme vous voulez, et qu'on n'aura de cesse de creuser dans la glace avec les quatre hommes, de souffrit du froid avec eux et d'élaborer des hypothèse s en croisant les doigts pour trouver ne serait-ce qu'un bout d'os vieux de millions d'années.

J'ai fait miennes les illusions de Stan que tous prenaient pour un vieux fou. Un squelette gigantesque vieux de millions d'années ? Pourquoi pas ? On a déjà vu des découvertes aussi étonnantes. Et la rigueur scientifique dans tout ça ? Bâtie sur un conte tout de même ! Mais ça marche, Stan convainc son public, il va faire la découverte de sa vie. Enfin !

Sa mère avait raison de croire en lui, sa mère morte alors qu'il ‘avait que neuf ans, le laissant aux mains d'un père maltraitant qui l'humiliait.

Le récit est ponctué de ces retours sur l'enfance qui nous en apprennent un peu plus à chaque fois sur la personnalité de ce paléontologue solitaire qui a gardé un peu de son âme d'enfant.

La plus grande partie de ce récit se déroule en montagne, dans des conditions extrêmes mais la montagne, si belle et inaccessible, se mérite.

« Un glacier, de près. C'est un spectacle qu'il faut avoir vu une fois dans sa vie : la Terre bâille une langue énorme, crevassée, se lèche avec curiosité et attrape au passage, si elle y parvient, les alpinistes qui osent s'y risquer. »

Il faut voir rester humble devant tant de force car le danger est là, à chaque pas « Ici, la pierre est plus dangereuse que les loups », c'est le vieux guide qui parle.

J'ai été littéralement emportée par cette histoire singulière au souffle épique, cette odyssée d'un homme qui veut aller jusqu'au bout de son rêve.



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Cent millions d'années et un jour

Je n’en peux plus des enfants martyrs, des pères frustres et des mères sublimes; des garçons efféminés bons à l’école et des bouseux méprisant la culture; des adultes mal dans leur peau qui promettent à leur maman chérie une revanche contre le destin... Le symbolisme à deux balles m’exaspère, notamment quand l’auteur invente un ancien séminariste ventriloque double de l’auteur et traducteur officiel des tréfonds clapoteux de l’âme humaine...

Mais après avoir décidé que les incursions dans le passé et autres prétentions psychanalysantes avaient la même fonction que le découpage en feuilleton chez les meilleurs romans du XIX°, à savoir retarder l’action pour la plus douce des tortures, reste un impeccable roman d’aventures entre « Premier de cordée » et « L’île au trésor » qui m’a tenu en haleine toute la journée.

Et puis cette promesse: « J’ai trouvé mes jambes d’alpiniste. Elles étaient là qui m’attendaient sur le bord du sentier, je les ai chaussées sans m’en rendre compte. Ce sont des jambes merveilleuses, pleines de puissance contenue, de ressort, de technique pour appréhender les trahisons du chemin. »

Je sais bien que pour l’alpinisme je vais devoir attendre encore un peu. Mais demain, je cesse d’être une femme-tronc. Demain, je chausse mes jambes et je marche.
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