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Critique de michfred


Un titre prometteur, un lieu , ma chère Italie - et plus spécifiquement les Abruzzes- , un art, la sculpture, qui ne pouvait que m'aimanter, et, puisqu'il est question d'aimants, deux héros aux antipodes l'un de l'autre- Viola, la belle aristocrate androgyne, fantasque et rebelle, et Mimo, le nain miséreux au visage d'ange et aux mains d'or, qui s'attirent et se repoussent au gré de leurs rencontres mouvementées, dans un temps historique bouleversé par la montée puis la chute du fascisme ....

L'affiche était tentante. Presque trop.

Embarquée et enthousiaste au début, je me suis essoufflée bientôt devant trop d'effets, trop de péripéties,trop de revirements. Trop de beuveries, trop de fuites, trop de personnages entrevus , oubliés, revenant brusquement figurer brièvement dans cette fresque ambitieuse, survoltée...et survolée.

Survolée c'est le mot. Comme Viola qui rêve de voler et s'épuise en calculs et tentatives jusqu'à la chute, le récit multiplie les thèmes et portes d'entrée, faisant perdre son souffle à la confrontation qui en est le coeur , et leur substance profonde aux deux héros qui l'incarnent.

Viola et Mimo ont fini par me lasser. Je n'ai pas cru à la fougue créatrice de l'un ni à l'affirmation de soi de l'autre. Ils sont restés pour moi des marionnettes actionnées par un démiurge un peu brouillon.

Peu crédible, le revirement spectaculaire de Mimo refusant soudain les honneurs fascistes après en avoir profité. Peu fondamental son rapport à l'art, noyé dans l'ivresse et la course aux honneurs,aux commandes. Gratuites ou incohérentes, les transformations successives de Viola qui semblait si soucieuse de son intégrité, si solide dans ses orientations.

Tout, même les lieux même les faits historiques -que la présence de Mgr Pacelli futur Pie XII tente de crédibiliser-, m'a paru factice, convenu. Comme une toile de décor qui claque un peu trop visiblement quand le vent se met à souffler plus fort.

Un (vrai) tremblement de terre est le deus ex machina qui jette à terre, littéralement, ce jeu de cartes battu et rebattu par un illusionniste dont on finit par voir un peu trop les ficelles.

Mais le mystère de la création, le corps à corps avec le marbre, la "vista" du sculpteur qui cherche dans la pierre une forme, un angle d'attaque, une lumière, et le dialogue avec la matière, le secret qui meut la main et le coeur de l'artiste...sont restés à la marge.

Dans les limbes et promesses que faisait miroiter ce roman habile, bien troussé mais, du moins pour moi, aussi trompeur qu'un miroir aux alouettes.
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