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Critique de migdal


A l'été 1986, « la main de Dieu » aide Diego Maradona à emmener l'Argentine vers un deuxième titre au Mondial de football.

A l'automne suivant, le sculpteur Mimo (Michelangelo Vitaliani), s'éteint discrètement, à l'âge de 82 ans, dans un monastère italien veillant sur sa pietà, son oeuvre la plus célèbre, la plus polémique, la plus sulfureuse … cachée ici, loin des regards humains pour éviter tout scandale.

Ainsi s'achève le calvaire d'un artiste né en 1904 sous une mauvaise étoile (émigré, nain et orphelin) dont la carrière (1926-1946) s'est accomplie sous Mussolini et ses chemises noires, la seconde guerre mondiale, et le tremblement de terre de 1946 qui l'incite à se réfugier dans un couvent.

Une carrière qui profite largement du mécénat de la famille Orsini et de l'influence de Stéphano, hiérarque fasciste, et de son frère Francesco, prêtre faisant carrière à l'ombre de Monseigneur Pacelli, futur Pie XII. Une vie influencée par Viola, la cadette de la fratrie Orsini, aussi indépendante que brillante, au caractère bipolaire … pouvant aussi bien l'envoyer en l'air qu'en faire une « ours ».

Mimo laisse à la postérité une oeuvre profane et religieuse aussi disparate qu'extraordinaire. Les commandes de l'administration mussolinienne ont rarement survécu à la guerre et aux règlements de compte de la libération. Celles du Vatican ou des paroisses comptent notamment un « Saint François » et un « Saint Pierre recevant les clés du paradis » qui font date dans l'histoire de l'art et semblent inspirées par « la main de Dieu ».

Jean-Baptise Andrea conte ses personnages, leurs ambiguïtés et leurs ambitions, avec délicatesse et les enracine dans des paysages superbes et un contexte historique qu'il reconstitue en s'accordant quelques libertés (Mgr Eugenio Pacelli est nonce en Allemagne de 1917 à 1929 ; il est improbable qu'il passe en 1920 à Pietra d'Alba chez les Orsini) mais dont la trame est solide. Il romance son intrigue habilement en chuchotant en quelque sorte l'ultime confession de Mimo à Padre Vincenzo, et révèle progressivement le secret de cette Pieta Vitaliani, sculpture ambiguë, en rupture avec la tradition, confiant l'humanité soufrante à Marie, pour « veiller sur elle », à la veille de la Résurrection.

Ce roman guidé par « la main de Dieu », à l'instar de la Pieta Vitaliani, rayonne d'espérance et enchante le lecteur avec les trésors florentins de Fra Angelico ou les chefs d'oeuvres romains de Michel Ange.

Un excellent prix Goncourt 2023 que je préfère au macabre « Vivre vite » (2022) et qui me semble du même niveau que « La Plus Secrète Mémoire des hommes » (2021)

PS : Rhapsodie italienne, sur la même époque
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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