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Critiques de Jean-Baptiste Andrea (1758)
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Ma reine

Oh Shell, ta reine t'a baptisé un jour dans un décor magnifique de ce nom inscrit sur ton blouson. Ton blouson rouge et jaune que tu portais fièrement en faisant le plein des belles voitures qui s'arrêtaient à la station-essence de tes parents. Et puis ce blouson, c'est le cadeau dont tu rêvais, il avait appartenu à ton père à la grande époque où Shell vous approvisionnait encore. Mais c'était avant, quand il y avait suffisamment de voitures qui passaient dans la vallée. Avec le temps, il ne restait plus grand monde, à l'exception de quelques parisiens qui venaient l'été, passé les mois chauds sous la voûté étoilée de la belle montagne, comme Viviane, ta reine.

Tu la rencontres au moment où tu te dis que tu vas leur montrer que t'es devenu un homme. Pas question de te laisser emmener loin de ta planète, tu vas leur faire voir que t'es capable.

Capable, c'est tout le sujet. Les obligations, tu les connais, on te les a bien fait comprendre. Les droits, c'est autre chose. C'est compliqué, ça coûte cher… Pas d'école spécialisée pour toi. Des parents, aimant à leur manière, mais dépassés, un jour. T'es seul dans ce monde. T'as quoi douze, treize ans et tu remplis des réservoirs de bagnoles quelques heures par jour. En grande difficulté, tu ne peux pas lire, mais tu t'inventes des horizons accompagné de ton fidèle Zoro. Tu ne lis pas, tu ne t'exprimes pas comme tout le monde non plus. Tout se bouscule dans ta tête. Et comme c'est dommage que tu ne puisses pas nous dire tout ce que tu penses car c'est vraiment beau, t'es un poète en herbe, tu sais ? Heureusement Jean-Baptiste Andrea est magicien et il a entendu ce qui bouchonne à la sortie des lèvres. Il a ouvert une brèche et nous a engouffré dans ta tête pour qu'on respire ta nature. J'ai adoré ta manière de voir avec tes mots le vent, l'eau et les rayons du soleil. C'était très beau. Logique aussi… Ta reine est belle aussi. Je l'aime comme toi. Enfants du soleil vous avez tellement à donner dans ce monde qui nous retourne l'estomac. Heureusement, il y a des Matti, des Silenci. Mais ils ne sont pas assez nombreux et ont également leur soucis…
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Veiller sur elle

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre : plutôt romance, plutôt fresque historique, plutôt porté sur le métier de sculpteur ou sur l'art de la statuaire, … J'appréhendais le côté romance, mais de romance il n'y a pas vraiment, c'est plutôt une histoire d'amitié enfantine qui frise un moment les amours adolescents pour évoluer à l'âge adulte, parfois complices, parfois fâchés. C'est sûr que Mimo et Viola s'aiment, mais la vie et l'histoire vont s'en mêler, cela restera pur et platonique. Dès le début j'ai apprécié l'écriture de l'auteur, classique, simple et élégante, avec une belle musicalité des phrases. Par contre j'ai mis du temps à sentir où l'auteur voulait m'amener.

Le récit commence en 1986 dans une abbaye plutôt isolé, l'abbaye Sacra di San Michele. Un vieillard qui y vit depuis 40 ans, et qui pourtant n'est pas moine, est en train de mourir. Tout le long du roman alternent de brèves pages sur cette veillée funèbre et l'abbaye avec le récit de la vie du mourant, Michelangelo Vitaliani, alias Mimo, du moins de sa vie jusque vers 1950 et son arrivée en ces lieux.

Après la mort de son père, sculpteur, Mimo, 12 ans, est envoyé en apprentissage chez un «oncle», sculpteur médiocre et alcoolique. Dans le village où ils s'installent, Mimo fait connaissance de Viola qui a le même âge que lui. Elle est la fille du marquis Orsini. Entre eux va naître une amitié improbable, à laquelle le caractère et la personnalité de Viola donnent un côté mi-féérique, mi-fantastique. Par ailleurs Mimo est sûr d'être un excellent sculpteur, mais il a toute les peines du monde à trouver des occasions de sculpter et de faire apprécier son talent. Les années passent, avec moult événements dans les vies de Mimo et Viola, de plus en plus séparés par la vie. La montée du fascisme conduit les Orsini, en particulier l'un des frères de Viola, à s'accoquiner avec. L'autre frère, qui a opté pour la carrière ecclésiastique, s'est rapproché du futur Pape Pie XII. L'arrière-plan historique n'est pas pesant, il est l'occasion de montrer les évolutions des personnages.

J'ai beaucoup aimé les personnages, Mimo et Viola sont attachants, même si leurs choix et décisions sont, pour l'un comme pour l'autre, parfois discutables. Les autres personnages, à commencer par les frères de Viola, sont présentés au premier abord de façon assez stéréotypée, pour devenir relativement plus complexe au fil du temps (à part Campana).

Malgré les compromissions l'histoire de Mimo et de Viola, éternellement liés et séparés à la fois, est lumineuse. Lui, luttant pour la reconnaissance de son talent, et elle, pour sa liberté de femme dans un univers patriarcal.

Quant à la sculpture, elle a une place majeure et très belle, servant de fil conducteur avec la question des raisons de la présence du sculpteur pour l'abbaye qui abrite une mystérieuse statue cachée aux yeux de presque tous.

Un très beau roman tout en sobriété.
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Veiller sur elle

Victor Hugo a certes écrit « L’art c’est le reflet que renvoie l’âme humaine éblouie de la splendeur du beau », mais Jean-Baptiste Andréa aurait pu ajouter « L’art c’est la vie ».



Cet auteur sait se renouveler dans le beau. Cette fois son angle de tir est encore plus aiguisé pour nous emporter vers la beauté et l’amour de l’autre. Dès les premières phrases, le lecteur sent qu’il va côtoyer cette espèce de grâce qui habite ce livre. Les personnages ont tous une profonde humanité. Des plus condamnables aux plus admirables, ils sont tous touchants.

Dès la première partie la vie et les paysages sont en mouvement. On ne peut pas sauter une ligne sans risquer de perdre un élément intéressant de cette aventure. Par moment chaque phrase est en soi une image ; et chaque image un aspect de nos vies humaines.



Plus encore que dans ses précédents romans, Jean-Baptiste Andréa a su prodigieusement maîtriser la narration. Si l’humble lectrice que je suis est habilitée à une observation concernant son écriture, je serais tentée de dire, avec mes mots très simples, que l’écriture d’Andréa s’est comme bonifiée. Je ne sais pas si le terme a du sens, mais son écriture est savoureuse. Tous les sens sont en éveil entre sucré et acidité, entre citronniers, orangers et mimosa. L’atmosphère est palpable.



Dans un premier temps j’ai pensé que c’était parce que j’adorais la sculpture, que je suis une toquée de l’Italie, de son architecture et de ses arts en général, ou encore que ma béatitude devant certains sites religieux me rattrapait. Mais très vite j’ai été autant happée par le dévoilement de l’histoire que par cet environnement amplement magnifié par l’auteur.



Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, n’est pas gâté par la vie. Dès sa naissance en 1904, son physique ne lui annonce rien de merveilleux. Son enfance sera elle aussi rude, puisque très vite son père meurt à la guerre et que sa mère ne voit qu’une solution pour le sauver, et sauver par la même occasion le restant de la famille, le renvoyer en 1914, à dix ans, en Italie. Son oncle a pour mission de l’escorter dans les Abruzzes où il sera confié à un autre lointain oncle, Alberto Zio, qui devra lui apprendre la sculpture et le prendre en associé grâce aux économies faites par la mère de Mimo.

Nous allons ainsi traverser l’histoire du XXe siècle entre guerre contre les allemands (plus précisément les Austro-Hongrois), les débuts du fascisme avec l’arrivée de Lenine à Turin, entre Rome et Florence et quelques affaires italiennes.



A Pietra Alba, lorsqu’il est devenu sculpteur il rencontrera Viola, l’amour de sa vie. Celle-ci est intelligente mais aussi fantasque et surtout issue d’une riche lignée, les Orsini, ce qui va comme de bien entendu compliquer l’avenir de leur amour, leur amitié. Leur romance n’a rien de mièvre mais elle va, au contraire, embellir cet homme et tout ce qu’il touche. Au-delà des méandres de leur vie, de leurs désaccords, ils vont restés inséparables.



Pour nous conter toutes cette histoire qui se passe à l’automne 1986, l’auteur nous fait entrer dans la mémoire de Mimo. Il se trouve aux toutes dernières heures de sa vie dans une pièce d’une abbaye. Une abbaye qu’il n’a plus quitté depuis quatre décennies afin de rester le gardien d’un secret. Le Padre Vincenzo et cette sculpture seront eux aussi des personnages à part entière.



Plus subliminal que jamais.



Quelques citations parmi tant d’autres possibles :

« Moi aussi, un jour, j’ai cru que j’avais du talent. J’ai compris depuis qu’on ne peut pas avoir de talent. C’est un nuage de vapeur que tu passes ta vie à essayer de retenir.»

« Sculpter, c’est très simple. C’est juste enlever des couches d’histoires, d’anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu’à atteindre l’histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l’histoire qu’on ne peut plus réduire sans l’endommager. Et c’est là qu’il faut arrêter de frapper. Tu comprends ? »

« Viola était le démiurge de nos vies, les organisait à sa guise, d’un claquement de doigts, ou d’un sourire. » 

Et ma préférée car il faut bien que j’en choisisse une :

« Peut-être parce que j’étais jeune, mes jours étaient beaux. Je ne mesure qu’aujourd’hui ce que la beauté du jour doit à la présence de la nuit. »
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Veiller sur elle

Un homme se meurt en cet automne 1986, entouré par les moines de la Sacra, sur le mont Pirchiriano. Il est là depuis 40 ans, sans avoir jamais prononcé ses vœux. Mais à l’ombre de cette cellule aux volets clos, il veut encore nous conter son histoire…



Michelangelo Vitaliani, qui préfère qu’on l’appelle Mimo, nait en France en 1904. Il est renvoyé en Italie par sa mère lorsque son père meurt à la guerre. Il a 12 ans.

Il est confié à un oncle, ou plutôt le fils d’un homme qui avait une dette envers son grand-père. Oncle Zio n’a que faire de ce petit francese, il le nourrit à peine, le fait dormir dans la grange. Mais Mimo, d’un naturel optimiste, croit en son destin. Comme son père, il sera sculpteur et il sait qu’il a du talent. Il attend son heure, patiemment.

Quelques années plus tard, il arrive à la Pietra d’Alba et fait le seule vraie rencontre qui rythmera toute sa vie, celle de Viola Orsini, la femme ourse…



Si vous connaissez Jean-Baptiste Andréa, vous ne pouvez douter de ses talents de conteur. Ici, dans Veiller sur elle, c’est au cœur de l’Italie qu’il nous entraîne. Une Italie où souffle un amour impossible, une amitié indéfectible, une soif du beau et de la connaissance. On y traverse des guerres, des querelles, des jalousies et des machinations. On y croise des âmes généreuses et entières, des êtres plus vils et mesquins.



Tout au long de ces pages, à l’image de ce couple que la vie unit et désunit au gré des années, on est emporté par l’histoire, les souvenirs, les mystères, les rêves et les désillusions.



Jean-Baptiste Andréa, comme Mimo, possède un talent inné, inouï et inexplicable. Ce roman est d’une fougue rare, entouré par un souffle si chaud, si vivant, si vibrant, qu’on ne peut jamais vraiment s’en défaire…



Mimo disparaît en 1948, sans pouvoir expliquer l’onde de chocs provoquée par sa dernière œuvre, sa Pietà, cachée par le Vatican. C’est avec lui, dans son aura, qu’on referme le livre, persuadé que l’amour et la mort ne font qu’un, et que la beauté de ce monde peut nous sauver…
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Cent millions d'années et un jour

Jusqu’au bout de ton rêve...

Qui n’a jamais eu envie de réaliser ses rêves ? De croire que là-bas, ce rêve abouti, est le signe de la réussite et de l’accomplissement. Mais de quoi est fait ce rêve ? Quel est le but de cette course folle ? Ne serait-ce pas plutôt dans le chemin à parcourir que réside le bonheur...



Stan, paléontologue de 52 ans, ne serait pas contre une reconnaissance professionnelle. Lui qu’on a toujours écarté des beaux projets, enterré dans des bureaux au sous-sol, se verrait bien reconnu par ses pairs et briller un peu dans la lumière. Aussi se met-il en quête de rechercher un spécimen de « dragon », de dinosaure géant dont on aurait, selon les dires d’une petite voisine, trouvé la trace quelque part là-haut dans les glaces entre la France et l’Italie. C’est accompagné d’un ami, d’un jeune scientifique et d’un guide de haute montagne qu’il entame cette recherche...



J’ai eu plaisir à lire ce roman pour le questionnement qu’il propose : le sens de la vie, le poids de l’enfance, l’amour des siens, l’amitié, les souvenirs de jeunesse, la quête des rêves. J’ai aimé également les descriptions du milieu montagnard froid et minéral. Mais je n’ai pas perçu la chaleur des propos, la solidarité des hommes. J’ai trouvé l’écriture sèche et aride. Et cette quête m’a tout de suite parue vaine et sans surprise. Je suis restée en retrait de cette histoire, je n’en ai été que l’observatrice. Finalement, je me suis dit : tout ça pour ça ? Faut-il vraiment aller au bout du monde pour se trouver...

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Cent millions d'années et un jour

Titre : Cent millions d'années et un jour.

Auteur : Jean-Baptiste Andrea

Editeur : L'iconoclaste

Année : 2019

Résumé : Proche de la retraite, Stan est un paléontologue déterminé à fuir la grisaille de sa vie quotidienne et finir sa carrière sur un coup d'éclat. Une légende raconte qu'un squelette de dinosaure unique gît, emprisonné dans la glace depuis des millénaires dans une grotte perchée en haut d'un sommet alpin. Aidé d'un guide et de deux autres scientifiques, Stan se lance alors dans l'expédition.

Mon humble avis : Première lecture d'un roman de Jean-Baptiste Andrea, un auteur dont j'ai entendu beaucoup de bien avant d'entamer la lecture de ce titre : Cent millions d'années et un jour. Dans une période où de nombreux livres me tombent des mains, une période où j'ai beaucoup de mal à retrouver le plaisir de lire, ce roman court est arrivé à point nommé, comme une bouffée d'oxygène. Je l'ai dévoré en seulement quelques heures, me suis régalé de cette écriture poétique, de cette façon unique de parler de la montagne, du temps qui passe, des blessures d'enfance, des regrets aussi. Vous l'aurez compris, l'expédition dans ce bouquin n'est qu'un prétexte, seule importe la quête, l'introspection. À la manière d'un Don Quichotte ou d'un capitaine Achab moderne, Stan se lance à corps perdu dans une folle équipée, une expédition qui ressemble aux rêves d'enfant, à une chasse au trésor ultime où l'obstination d'un homme balaie tout sur son passage. C'est un conte, une épopée, l'histoire d'un homme qui part à la recherche de ses rêves d'enfance et des raisons qui le poussent à continuer encore et encore, dans une sorte de folie dont lui seul détient les codes. Stan est un personnage marquant, attachant, un de ces hommes qui n'a jamais cicatrisé de ses blessures d'enfance, l'un de ces hommes qui se révèle dans l'adversité. Si l'on regrettera quelque peu le manque de consistance quant à sa relation avec la mère, et avec les personnages de son enfance en général, force est de constater que la force de la quête l'emporte et le plaisir de partager les galères de ces hommes perchés tout là-haut, prend une dimension presque légendaire, comme l'une de ces belles histoires que l'on se transmet de générations en générations. Un très joli bouquin, une écriture d'une poésie rare, une quête aussi belle que vaine, je n'en demandais pas tant. Chapeau Mr Andrea.

J'achète ? : Bon je vais faire de la philosophie à deux balles, mais je pense que nous avons tous en nous un squelette de dragon à découvrir. Stan lui, n'hésite pas à tout risquer pour cette quête complètement folle. C'est beau, rare et précieux et je finirais par ces quelques mots du grand Jacques qui en parle infiniment mieux que votre humble serviteur :        

Rêver un impossible rêve

Porter le chagrin des départs

Brûler d'une possible fièvre

Partir où personne ne part



Aimer jusqu'à la déchirure

Aimer, même trop, même mal,

Tenter, sans force et sans armure,

D'atteindre l'inaccessible étoile



Telle est ma quête,

Suivre l'étoile

Peu m'importent mes chances

Peu m'importe le temps

Ou ma désespérance

Et puis lutter toujours

Sans questions ni repos

Se damner

Pour l'or d'un mot d'amour

Je ne sais si je serai ce héros

Mais mon cœur serait tranquille

Et les villes s'éclabousseraient de bleu

Parce qu'un malheureux



Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé

Brûle encore, même trop, même mal

Pour atteindre à s'en écarteler

Pour atteindre l'inaccessible étoile
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Cent millions d'années et un jour

*****



Stan est un paléontologue en fuite... A 52 ans, il vit une vie sans couleur. Il fuit une enfance dure et silencieuse. Il fuit un père sans cœur et une mère partie trop tôt. Il fuit l’abandon de ses espoirs, de ses joies et de ses envies de découverte. Mais quand une petite fille lui dévoile une histoire de grotte, de dragon et de squelette, ses rêves prennent le contrôle de sa raison. Il embarque alors pour l’aventure de sa vie...



Le deuxième roman de Jean-Baptiste Andréa est pour moi une véritable réussite.

Tout est réuni pour que le froid de la montagne au dragon nous réchauffe l’âme...



Stan, Umberto, Peter et Gio forment un groupe d’hommes écorchés, blessés, meurtris par une perte. Celle d’un fils, d’une vocation, d’un rêve... Ils sont unis dans la quête d’une aventure qui pansera leur plaie. Ils sont liés par ce besoin de vivre un peu plus intensément...



L’ambiance au fond de cette vallée, au pied de ce glacier, sous les tentes froides et sombres, nous entraîne avec ces amis dans les grandes étendues blanches et immaculées. On se prête à imaginer ce dragon, on croit pouvoir le découvrir avec eux et réaliser nous aussi un rêve d’enfant. Le fantastique pourrait-il exister ? L’imaginaire pourrait-il braver la réalité ?



Un immense merci aux 68 pour avoir mis sur ma route ces pages qui crient à l’amitié, aux rêves d’enfant et à ces espoirs un peu fous qui nous poussent parfois à nous dépasser... Et nous font avancer...
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Ma reine

Le charme de l'enfance... Un conte ? Une bluette ? C'est rafraîchissant. C'est mignon. Mais, c'est aussi vite lu qu'oublié... Dommage.



Lu en juin 2017.
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Ma reine

Ça aurait dû me plaire...



1965. Un petit garçon différent, qui voit la vie et son entourage avec une compréhension décalée pour ne pas dire inadaptée, qui décide de prendre son envol pour devenir un homme en allant à la guerre...et ne va pas plus loin que le haut du plateau...



Comme dans les contes, le petit garçon rencontre une bonne fée: Viviane devient sa petite reine, son univers à elle toute seule, son attachement le plus absolu.



Comment expliquer mon ennui ? Un livre bien écrit, à la structure aérée pour une aisance de lecture et pourtant, cela n'a pas suffi. On peut le classer dans la rubrique « roman d'apprentissage ». J'ai été incapable de m'intéresser à cet imaginaire poétique, fait de sensations et de mélange rêve et réalité.



Je ne suis décidément pas faite pour ce genre de lecture. Cela n'enlève rien à la qualité du roman. À vous de voir...



(Sélection pour le prix des lectrices de ELLE 2018, catégorie roman)

Rentrée Littéraire 2017

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Veiller sur elle

« Même si je ne te parle pas

Je suis là et veille sur toi.

Même si je ne te prends pas dans mes bras

Je prends soin de toi

Et te protège à distance

De tes maux de coeur et de tes transes ».



Ces quelques vers de Milania Caetano correspondent à ce que je me fais d'une veillée, car, comme il est dit dans le dico, veiller c'est rester volontairement éveillé, c'est être vigilant, c'est prendre soin.

Je sens qu'on va me surveiller, qu'on va scruter mes mots. Je vais devoir exprimer comment on peut s'émerveiller, pour éveiller une curiosité.

Ce livre m'attendait dans la boîte à lettres, il fait partie de la sélection de la bibliothèque orange tournante, je ne l'ai donc pas choisi, j'ai par contre choisi de le lire et d'en faire une chronique. J'arrive en sept cent vingt-sixième position, un anonyme dans le peloton, personne ne viendra m'interviewer, ils ont déjà tous donné leur avis, que je ne connais pas, il y a ceux qui sont arrivés dans l'échappée, avant la proclamation des résultats, et il y a les autres, qui connaissent le vainqueur, et qui vont en parler parce que c'est le meilleur, forcément, on n'offre pas le bouquet à n'importe qui, il y a eu consensus, c'est lui le lauréat, y a pas photo.

Mais est-ce ainsi qu'on court ? Qu'en penses-tu Edmond ? Faut-il rester dans le moule ou sortir de la foule ? Devenir le pépé d'essai, celui qui a mouillé le maillot, ou le pépé décès, celui qu'on aura vite oublié, parce que la roue tourne. PPDC, plus petit dénominateur commun, le consensuel qui rallie la majorité des suffrages, qui n'en fait pas des tonnes mais qui fait presque l'unanimité, celui qui sait rassembler, parce qu'on a besoin de se ressembler, surtout en ces temps mauvais où il y a de l'électricité dans l'air, rester dans le cocon, de la ouate dans la boîte, sans aspérité, sans cassure ça rassure, le marbre c'est lisse mais c'est brillant, élégance et résistance, précieuse est la pierre, veiller sur elle.

Impossible d'être impartial, c'est lui qui a eu le Goncourt, quoi que j'écrive, l'encenser ou le répudier, ça sera par rapport à ce prix, même si c'est inconscient de ma part. Vais-je être vigilant, pouvoir donner vraiment mon avis, faire abstraction de la notoriété qui s'est installée ? En tout cas, je ne vais pas comparer, je n'avais rien lu de lui avant celui-ci, je suis novice en Jean-Baptiste, je ne suis pas béat devant Andrea.

Pas loin de six cents pages, je suis allé au bout, j'ai tout lu. Je vous avoue que parfois je n'ai pas tout prononcé, j'ai fait de la lecture rapide, j'ai glissé à la surface, je ne suis pas rentré dedans, je n'ai pas trouvé de quoi me surprendre, la phrase qui m'aurait fait ralentir, même m'arrêter pour la relire, rien de vraiment enthousiasmant, mais rien non plus qui me fasse caler, qui me rebute au point d'interrompre ma lecture, ça a glissé tout seul, j'ai tout avalé sans tousser, ni trop salé ni trop sucré, un mélange d'ingrédients qui s'associent sans que l'un d'entre eux prenne le dessus, du passe-partout au goût, de la pâleur dans la saveur.

Peut-être est-ce dû à la forme employée, le je qui raconte du début à la fin, aucun changement dans la narration, des chapitres qui s'enchaînent mais rien qui déchaîne, une certaine monotonie dans l'avancement du récit. Peut-être qu'un roman choral m'aurait davantage subjugué, avec l'alternance des deux personnages principaux, pour mettre du rythme dans le tempo.

Viola et Mimo.

Viola, elle ne pouvait pas s'appeler Abusa ou Souilla, c'eut été un crime de lèse-virginité.

Viola, c'est la violette, un tout petit viol, une pensée discrète.

Mimo, il ne pouvait pas s'appeler Michelangelo, c'eut été un crime de lèse-grandiosité.

Mimo, c'est la moitié, il n'est pas entier, on ose à peine le prononcer, juste à mi-mot.

La fille belle et le nabot, les dentelles et les sabots, peu de destin commun, mais le génie les réunit, forte tête et mains d'esthète.



« Viola était une funambule en équilibre sur une frontière trouble tracée entre deux mondes ».



« Ce n'est pas un gnome, les enfants. En fait, c'est un géant. Juste un petit géant ».



« Les mots ont un sens, nommer c'est comprendre ».



Viola désire voler, Mimo souhaite laisser une trace. Voler, c'est disparaître dans les airs, sculpter, c'est apparaître dans la pierre. Elle lui prête des livres pour l'éduquer, il modèle la vie en rognant les aspérités.

La littérature, l'art, l'histoire, les guerres, mais comment ont-ils bien pu se rencontrer ?

Beaucoup de longueurs pour maintenir l'étonnante complicité, j'attendais des effets de surprise, mais rien ne m'a étonné. Ah, si, une pensée métaphorique.



« Il marine avec la bêtise depuis qu'il est petit. Et avec l'âge, il s'est acidifié. Autrefois, c'était un concombre. Maintenant, c'est un cornichon ».



Mais j'ai trouvé la fin de l'histoire bien longuette, je pense qu'il aurait pu (dû ?) raccourcir son propos pour le rendre plus dynamique. Un conte se doit, à mon humble avis, d'être court et concis. Celui-ci ne m'a pas émerveillé.



La course est terminée, ce fut une étape de plaine, alors que j'attendais une confrontation dans la montagne. Deux-tiers des avis ont mis cinq étoiles, le mien est mitigé. Je sors de la foule, trop sentimentale.

Je vais ressortir « Le Petit Prince », j'ai envie de rêve, d'émotion.
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Veiller sur elle

Magique!

Et pourtant c'est sur la pointe des pieds que j'ai ouvert ce roman. Allez moquer vous . Et pourtant ...

Un prestigieux prix , le Goncourt , le plus souvent source de déceptions, des avis enthousiastes unanimes , des avis plus élogieux les uns que les autres et .... le premier roman de l'auteur, Ma reine, que je n'ai pas du tout apprécié..

Et voilà, quelque 500 pages plus tard, piégée. conquise , je rends les armes.

Vous résumerais-je l'histoire? Inutile il n'y a qu'à lire les superbes critiques déjà publiées.

Par contre je vous parlerai du décor. L'Italie du nord-ouest, la Riviera italienne, Savone, et Pietra d'Alba ...

de l'époque historique,1917 à 1986 , deux guerres, les années noires de l'Italie, l'après-guerre et l'éternelle rivalité entre l'Eglise et le politique, entre le Vatican et l'Etat.

de la vie chez les tout-petits, dans les campagnes, les faubourgs de Florence ou de Rome, des ateliers de sculpture, de la poussière de marbre et des litres d'alcool pour oublier la misère.

de la Pieta Vitaliani cachée au regard sur décision du Vatican

et bien sûr de Mimo Vitaliani le sculpteur de génie et de Viola Orsini l'ange qui ne savait pas voler. Mimo et Viola, tout les séparait , la société, l'instruction, l'argent, mais tout les rapprochait.

Magique de la première à la dernière page ...



Tramontane, sirocco, libeccio, ponant et mistral, je t’appelle du nom de tous les vents.

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Veiller sur elle

Pourquoi la rencontre avec ce roman ne s'est elle pas faite? C'est la question qui me traverse en refermant "veiller sur elle". Je lis les avis ravis de lecteurs babéliotes, je vois, étonnée, les sélections pour le Goncourt, le Fémina, l'attribution du prix du roman FNAC. Et moi je me suis ennuyée, je suis restée à quai.



Pourtant tout m'attirait dans ce roman. L'Italie, l'art, le romanesque, de beaux personnages mais jamais le récit n'a réussi à m'embarquer. Je n'ai pas plongé, je suis restée toujours sensible à mon environnement, rechignant même parfois à reprendre la lecture.

Etrange...



La plume est pourtant sobre et élégante. Jean Baptiste Andréa nous immerge dans une fresque historique et rocambolesque sur l'Italie de la première moitié du vingtième siècle: le pouvoir de l'église, la montée du fascisme, la guerre, l'évolution de la place de la femme dans la société. Toute la fureur et l'effervescence de la première moitié du vingtième siècle. Il crée pour nous deux beaux personnages qui malgré leurs différences de personnalité, de caractères, leurs différences sociales, vont partager une amitié forte et indestructible.

Mimo de milieu modeste, est un homme de petite taille. Il va devenir un sculpteur de génie. Viola quant à elle est la cadette d'une grande famille de Piétra Alba, les Orsini. Très intelligente, cultivée,elle adore les cimetières, rêve de voler, et a de fortes convictions. Ses frères, comme il se doit, en bons opportunistes, font carrière dans l'armée, l'église, les affaires. Viola et Mimo sont, comme le dira un jour la belle Viola, deux aimants qui s'attirent mais se repoussent lorsqu'il sont trop proches.

Nous rencontrons Mimo alors qu' âgé de 82 ans il agonise dans un monastère où il a trouvé refuge des années auparavant. Il remonte jusqu'en 1916 pour revivre le fil de sa vie.

Ce récit plein de péripéties et de rebondissements multiplie les personnages, brasse les faits historiques et les aventures personnelles de nos deux protagonistes. Il y a aussi le mystère de cette pieta sculptée par Mimo et cachée dans ce monastère, retirée de la vue de tous car suscitant une sorte de syndrome de Stendhal chez de nombreuses personnes la découvrant. La révélation sera pour moi une autre décéption.

C'est tout cela qui m'a gênée, cette profusion de personnages, de rebondissements, de moments qui nous détourne de ce que je croyais être le coeur de ce roman.



Tout cela m'a éloignée de ce que j'attendais, un roman sur l'Art. Une rencontre avec le génie d'un sculpteur, son inspiration, sa création. Une plongée dans l'Italie des merveilles, de la beauté. Hélas de Rome et Florence j'ai surtout vu les bas fonds et j'ai plus souvent rencontré Mimo ivre, suscitant la bagarre dans des estaminets, se pavanant dans des réceptions mondaines qu'outils en main.



Souvent la lecture m'a emportée vers d'autres romans. Les beuveries et les rixes du Caravage dans "la course à l'abîme" de Dominique Fernandez. Le voyage à Carrare de Michel Ange pour choisir un bloc de marbre dans le si beau "Piétra viva" de Leonor De Recondo, les questionnements, la sensualité d'un artisan chargé d'ôter le pagne recouvrant le sexe d'un christ sculpté dans "La nature exposée " d'erri De Luca. Les doutes, les recherches, les tâtonnements de Rodin dans "Les bourgeois de Calais" de Michel Bernard...

Tout au long de ma lecture j'ai pensé à d'autres romans qui m'ont nourrie, donné envie d'être à Rome admirant "Le rapt de Persépone" du Bernin ou "La Madone aux pélerins" du Caravage. De partir pour Bruges revoir la Madone de Michel-Ange.



Un rendez-vous manqué. De mon fait sans doute, mes attentes étaient autres
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Veiller sur elle

Un coup de cœur assurément …comme j'en attends souvent dans cette quête toujours renouvelée du plaisir de lecture.



Je m’abstiens de reformuler le contexte romanesque qu’il faut découvrir avec gourmandise dès les premières pages. Avec originalité de traitement et qualité d’écriture, le fil narratif promet des rebondissements personnels du duo Mimo et Viola et des soubresauts de la société italienne du xxe siècle.



Ce roman a beaucoup d’atouts: une belle histoire, d’un réalisme rude et sans pathos, des personnages forts, incarnés, souvent insolites, un contexte social et historique et une approche artistique.

Je referme à regret ces pages sur la vie d’un sculpteur de génie, où se racontent autant l’amitié que la folie des hommes.

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Des diables et des saints

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Joe est orphelin. Il a vu mourir sous ses yeux ses parents et sa sœur alors que leur avion atterrissait. Il aurait pu être à bord mais son destin n’était pas là. Sur ces 15 premières années, Joe retiendra la douceur de son foyer, les cris de sa petite sœur, la joie d’une amitié et la chaleur de son professeur de piano. La suite pour lui se déroulera aux Confins, un orphelinat perdu aux pieds des Pyrénées. Bien sûr il y aura la Vigie, son club secret, Momo son ami silencieux et Rose... Mais le froid, l’obscurité, les humiliations et les coups rythmeront les années... Heureusement, Beethoven est là... Et Michael Collins aussi !!



On ne présente plus Jean-Baptiste Andrea. Des diables et des saints est son troisième roman. Il nous offre encore une fois ses talents de conteur.



Cette fois c’est aux côtés d’adolescents que nous cheminons. Car c’est bien le long d’un sentier cabossé que nous découvrons Joe, Momo, Souzix, Sinatra, Edison, Fouine et Danny. Ces orphelins vivent aux Confins, sous l’autorité de Grenouille et l’abbé Sénac. Leur quotidien est difficile, froid, sans joie et rempli d’humiliations en tout genre.

Joe se raccroche à ses souvenirs, la musique et ses rendez-vous avec Rose. C’est son histoire que nous offre l’auteur. Son courage, sa force et son don de soi.



Le roman de Jean-Baptiste Andréa est un chant poétique et touchant. Il vous recouvre de frissons, vous donne le sourire ou fait pointer une larme. Il nous fait vivre plus fort et nous prouve que chacun d’entre nous peut surmonter ses blessures, ses silences quand il a la foi en l’avenir...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
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Veiller sur elle

Jean-Baptiste Andréa vient d'inscrire son nom au Panthéon des auteurs qui ont marqué ma vie de lecteur.

Veiller sur elle est un roman dont on entend beaucoup parler en cette rentrée littéraire et, l'ayant terminé il y a peu, je comprends pourquoi toutes ces louanges.

Lorsque j'ai commencé cette lecture, au bout de quelques pages à peine, comme à chaque fois avec un auteur de talent devrais-je dire, j'ai su.

J'ai su qu'Andréa allait me faire vivre un merveilleux moment.

Que son personnage allait me hanter bien des jours après la dernière page.

J'ai su que cette saga italienne, aux côtés de Mimo, du début du XXe siècle au milieu des années 80, allait faire partie de ces voyages inoubliables.

Et puis, Veiller sur elle a également attiré mon regard, attisé ma curiosité, sur ces personnages qu'on y croise, sur cet art qu'on façonne.

À sa manière, le romancier est un tailleur de pierre, un ciseleur, il sculpte son roman comme Mimo (Michelangelo Vitaliani) donne vie à la plus belle des Pietà.

Et puis, il y a cette magnifique histoire d'amour, fil rouge de la vie de l'artiste, qui apporte une touche émotionnelle et poétique supplémentaire.

Avant de rendre son dernier souffle, Mimo nous livre ses confidences. Confession d'un homme, petit par la taille, mais géant par le talent.

L'un des romans incontournables de cette rentrée.
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Ma reine

Il a douze ans, mais les médecins ont prévenu ses parents quelques années plus tôt qu'il ne grandirait plus dans sa tête. Evidemment, il est la cible de moqueries, et se livre à des expériences dangereuses dont il ne mesure pas les conséquences... Je ne sais pas quel sort lui serait réservé aujourd'hui, mais en ce milieu des années 60, il doit quitter le circuit scolaire classique pour un établissement spécialisé. Pas question pour lui d'abandonner la station service et le foyer parental pour "ça". Il préfère "partir à la guerre". Quelle guerre ? Celle qu'il a vue à la télé, qui fera de lui un homme...

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Excellente surprise en découvrant cet auteur (encensé sur ce site) et cet ouvrage en particulier.

Je rentre assez difficilement dans les textes où un écrivain adulte se met à hauteur d'enfant et/ou d'handicapé. Parmi mes "échecs" : 'Des fleurs pour Algernon' (D. Keyes), 'La Vie devant soi' (Ajar/Gary), 'Autobiographie d'une courgette' (G. Paris). Parmi mes coups de coeur, en revanche : 'Du vent dans mes mollets' (R. Corenblit) et les Petit Nicolas (Goscinny).

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J'ai admiré le ton juste, ici. Les mots et idées de Shell sont surprenants, amusants, à côté de la plaque, mais logiques et poétiques, imagés.

J'ai aimé évidemment les échanges avec "la Reine", l'univers que la jeune fille crée pour les faire rêver, les soustraire à un quotidien rude. On peut penser au film 'Le Grand Chemin' (JL. Hubert, 1987), pour l'aplomb de la gamine et l'ascendant qu'elle prend sur le garçon, grâce à ses 'connaissances' - sans véritable sadisme, même si, dans les deux cas, les naïfs morflent un peu, beaucoup...

Le second rôle masculin est parfaitement assorti à cette ambiance - dénuement, aventure, débrouille, tristesse & petits bonheurs, vie en marge, solidarité & tendresse rude.

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J'ai déjà commencé à faire circuler cette pépite ♥ et à lorgner sur les autres titres de l'auteur.
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Des diables et des saints

Les Confins, 1969-70

Un vieil homme joue du piano dans les gares, les aéroports. Il joue en virtuose et cela interroge.

Pourquoi jouer dans ces lieux de passage, ces lieux anonymes ?

Pour les voyageurs qui prennent un instant pour écouter, pour l’écouter, il plonge dans sa mémoire et revient à l’année 1969 qui voit sa vie basculer quand à 16 ans il perd sa famille.

Devenu orphelin il est envoyé dans l’orphelinat si bien nommé « Les confins ».

Les confins parce loin de tout géographiquement.

Les confins parce que loin de tout affectivement.

Et pourtant… Parmi les 40 gamins entre 5 et 17 ans confiés à l’abbé Sénat et à son garde-chiourme Grenouille, Joe va se faire des amis, les membres de La Vigie, société secrète qui permet aux enfants de surmonter les mauvais traitements faits de corvées, d’humiliations, de coups… Il ne s’agit pas aux Confins d’aider les enfants à surmonter leur statut mais de les soumettre, avec brutalité s’il le faut.

Voici un beau récit d’apprentissage. Joe alternant ses souvenirs des leçons de piano de son vieux maître, ses conversations avec Mickael Collins, le 3ème homme de la mission Apollo 11, les rendez-vous secret avec la Vigie, raconte son quotidien mais surtout sa rencontre avec Rose, la fille de M. Le Comte…

Pas de larmoiements, pas d’amertume dans ce récit. Une tranche de vie, qui, si elle évoque bien le deuil, l’inhumanité de ces institutions confiées à des religieux plus préoccupés de mater les enfants que de les sauver, montre avant tout le pouvoir de l’amitié et de l’amour dans le cheminement vers la résilience …

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Des diables et des saints

J'avais aimé le précédent roman de Jean-Baptiste Andréa et j'ai apprécié aussi Des diables et des saints. Je n'ai pas compris tout de suite où voulait m'emmener ce vieux monsieur qui joue sur « ces pianos publics dans tous les lieux de passage » et qui s'adresse souvent et familièrement à ses auditeurs éphémères et épisodiques, et à travers eux, à moi, lectrice… Je ne peux que partager l'étonnement de son public : quand on a un talent pareil, on ne joue pas sur des instruments de fortune dans des endroits improbables, et ce, volontairement, en plus ! Comment a-t-il pu en arriver là ? Ne vous inquiétez pas : il va vous l'expliquer dès le deuxième chapitre. Il a 69 ans, Joe (Joe pour Joseph), et il va nous raconter comment sa vie d'adolescent de 15 ans a basculé ce 2 mai 1969 quand la Caravelle à bord de laquelle se trouvaient ses parents et son « insupportable soeur » s'est cassée en deux à l'atterrissage. Seul au monde, Joseph est placé dans un orphelinat : Les Confins…

***

Dès les premières pages, on comprend que Joe souffre d'une blessure d'enfance. Il la qualifie lui-même de maladie, d'infirmité, de mal incurable. Il ne s'est jamais remis de la perte de sa famille, souffre sans cesse de ce deuil à jamais douloureux. Il a eu beaucoup de difficultés à se libérer de la culpabilité du survivant qui l'habitait (et si j'avais…, et si je n'avais pas…), et doit composer avec cette douleur en plus des sévices inacceptables, voire des tortures, que les enfants subissent à l'orphelinat. Quiconque a fréquenté une pension religieuse dans les années 60 a connu, je crois, de près ou de loin, des personnages apparentés au directeur et au surveillant de cet établissement. Le premier exerçant, prétendument pour l'amour de Dieu, une autorité et une discipline brutales qu'il estime nécessaires parce que, selon lui, éducatives. le second pervers et sadique sans avoir besoin de se trouver une excuse. Grâce au personnage de Rose, jeune fille désagréable puis touchante, et à l'humour toujours présent, parfois grinçant (un des personnages s'appelle Sousix, comme dans « né sous X »), l'auteur évite le misérabilisme. La complicité des garçons, les réunions du dimanche soir, l'horreur des histoires racontée pour remporter le concours de la plus triste m'ont tour à tour rappelé Chiens perdus sans collier et Notre prison est un royaume, deux romans de Gilbert Cesbron dévorés et adorés pendant mon adolescence. L'écriture de Jean-Baptiste Andréa est magnifique, originale. Il excelle dans les comparaisons et les métaphores surprenantes, parfois dérangeantes, les répétitions qui ne sont pas des redites et où se cachent ironie et humour : « Mes parents m'élevaient comme un projet, avec une fougue de dictateurs. Ils m'aimaient comme on aime un plan quinquennal. Mais ils m'aimaient », page 17. Et le magnifique personnage du professeur de piano, et la bouleversante dédicace de la fin... Un beau livre, sans doute moins subtil que Cent millions d'années…, mais un beau livre !

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Veiller sur elle

Michelangelo Vitaliani est né en France au début du 20ème siècle. Son père est tué pendant la première guerre mondiale en 1916 alors qu'il a tout juste 12 ans. Sa mère l'envoie en Italie chez un vague oncle, Zio Alberto, qui passe plus de temps à boire qu'à travailler, pour apprendre le métier de sculpteur. L'enfant n'est pas grand, c'est un nabot déclare Alberto, mais il a du talent. Il donne vie à la pierre.



C'est à Pietra d'Alba où Alberto installe son nouvel atelier, que le jeune Mimo va rencontrer Viola, fille du marquis d'Orsini, dans le cimetière où elle aime venir écouter les morts...Tout les sépare, mais une étrange amitié lie ces jumeaux astraux (Mimo a un peu triché sur sa date de naissance) durant toute leur vie.

Michelangelo, dit Mimo, après des débuts difficiles, va connaitre le succès et ne pas hésiter à travailler pour Mussolini, mais comprendre à temps son erreur par souci de ne pas trahir son ami juif, Bizzaro...Et de Rome à Florence, avec de fréquents retours à Pietra d'Alba où il veille sur Viola, son talent va s'affirmer pour donner un chef d'œuvre, une Pietà qui fera scandale, sculptée après la mort de son amie dans un tremblement de terre.



Ayant traversé le siècle, il meurt paisiblement à 82 ans, dans l'abbaye où est conservée sa statue, à l'abri des regards, et que jamais il n'abandonnera. Un très beau texte, le récit d'un amour mystique, qui nous emmène à travers l'histoire de l'Italie du 20ème siècle, sur les traces de deux personnages hors normes, une femme qui rêvait de voler et de s'affranchir du monde des hommes et un gamin du peuple, devenu un grand sculpteur mais dont l'œuvre principale est demeurée incomprise.
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Veiller sur elle

Mimo, placé chez un pseudo oncle sculpteur à l'âge de douze ans, a déjà de belles notions de sculpture que lui a prodigué son père décédé.

Il deviendra, après une vie tumultueuse, un grand sculpteur d'Italie.

La glorieuse famille Orsini vit dans le même village.

Entre Mimo et Viola, la fille Orsini, se nouera une improbable amitié qui durera toute leur vie.

Ma lecture fut une formidable aventure aux côtés de ces personnages hauts en couleur.

Et aussi une incursion dans le monde de la sculpture et un fabuleux voyage en Italie.

En plein cœur du fascisme, du Vatican, de la haute société, ce livre est une fresque romanesque par excellence.

Le style est beau, les personnages traités avec sensibilité et l'histoire est peu commune.

581 pages qui se dévorent.

J'ai pensé en lisant aux beaux romans de Vincent Engel où se mêlent Italie, Histoire et amour.
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