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Avez-vous déjà lu... toute la rentrée littéraire ?

Impossible, dites-vous ? Pas si sûr...

Cette année encore, Babelio vous propose de mettre la main à la pâte pour participer à un grand défi collectif : critiquer l'intégralité de la rentrée littéraire.

Le principe est simple : vous trouverez sur cette page la liste de tous les livres qui paraissent à l'occasion de la rentrée 2024, classés par état : ceux déjà critiqués sur Babelio et ceux qui ne le sont pas encore. Ensuite, il s'agit simplement de vous faire plaisir en critiquant les ouvrages de votre choix, tout en essayant de vous concentrer sur ceux qui n'ont pas encore été critiqués.

Que vous en lisiez un, deux, ou trente, chaque critique compte. L'an dernier, nous avions critiqué 91% de la rentrée. Tous ensemble, nous parviendrons peut-être à faire mieux cette année !

NB : Certains de ces livres seront présents dans l'opération Masse Critique de rentrée, mais pour le reste, on compte sur vos lectures personnelles !


LES TITRES DE LA RENTREE DÉJÀ CHRONIQUÉS (201) Voir plus

ILS ATTENDENT LEUR PREMIERE CRITIQUE (254) Voir plus

Critiques et avis
Ceux du lac

Il n'y voit pas clair concernant les choses écrites le père Servan, « les lignes fuyaient et les syllabes s'entremêlaient» sur la missive déposée par l'assistance sociale avec « quelque chose de roide dans le regard, comme si elle souriait provisoirement », mais malgré tout son intuition ne lui laisse guère planer de doute. Il faudra délaisser les abords du delta de Vacaresti, « renoncer à la liberté et aux grands espaces, au rythme quiet des saisons inscrit dans la laitance de la lune». Finies les orgies de pêche orchestrées par l'ainé des Serban, Sasho, spécialiste du corps à corps avec les éléments aquatiques, inventeur « de la nage du chien au cri de coq ». C'est tout un clan tsigane déraciné par la perspective d'un avenir bétonné dans un Bucarest aux traces indélébiles de l'après Ceauscescu, sur la voie d'une Europe règlementée : Naya la seule fille, Sasho et les autres frères, sans oublier Moroï le chien aux airs de vampire, la volonté politique d'une réserve animale aura raison « des vertus lénifiantes de la nature » pour la communauté, au risque désormais de tomber dans l'illusion du réconfort de la première rasade.



Le décor est vite planté, l'univers est romanesque malgré un fait divers à l'origine, et par dessus tout l'écriture de Corinne Royer est immersive, en reflet d'une « vie choisie, défendue, voulue ainsi, âpre et sauvage, parfois féroce». La suite et la deuxième partie se mêlera d'ostracisme et de sang jugé impur par les roumains chez les tsiganes, d'imbroglios familiaux, de confrontation au monde des lois absurdes, le tout au gré de la rencontre avec d'autres personnages, secondaires et parfois truculents, Mémé Zizi et son « armada en silicone », tante Martha ou Andréi. Le récit est entrecoupé d'intermèdes poétiques, sous forme de prose versifiée par Sasho lors d'un voyage mystérieux en train, sa destination se faisant fil conducteur narratif, le procédé rappelant Jacques Bonhomme de Pleine Terre, lui aussi en exil de ses terres. Le roman s'envolera ainsi dans des contrées folkloriques, mais aussi poétiques, en s'imprégnant de la culture tsigane. Il questionne comme Pleine Terre l'être humain dans son rapport à la nature, la confrontation aux règlements de la société, le grand écart et le décalage entre le lien instinctif, ancestral, et celui plus aseptisé et contrôlé de l'administration, quand il n'est pas empli de contradiction. De nouveau un superbe roman, de cette autrice qui mériterait d'être mieux connue, ou reconnue !



Merci à Babélio, ainsi que les éditions du Seuil pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une masse critique.
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Je t'ai donné des yeux et tu as regardé les ténèb..

Après "Je chante et la montagne danse", ouvrage remarqué, "Je t'ai donné des yeux et tu as regardé les ténèbres" est le deuxième roman d'Irène Solá

L'autrice explore à nouveau l'espace montagnard catalan, elle reprend les légendes et contes régionaux pour construire un univers fantastique où le temps est brouillé.

Au mas Clavell, une vieille femme, Bernadeta , vit sa dernière journée; Les femmes qui, au fil des générations, ont vécu en ce lieu isolé, narrent leurs histoires. Le mystère de la mort ouvre tous les possibles de l'imaginaire.

Les tourments du passé familial puisent ses sources dans la volonté de Joana de trouver un mari... Cette quête l'a poussée à nouer un pacte avec le diable.

Le lecteur est emporté dans une farandole de légendes, histoires fantastiques, qui s'enchaînent...où la narration suit le rythme temporel d'une journée. La construction en forme de kaléidoscope le promène dans un parcours semé de surprises et d'inattendu.

Les villageois côtoient les animaux, leur parlent, vivent avec eux en une seule communauté. Les diables, forces obscures interfèrent dans la vie du mas.

Le temps s'efface, les protagonistes chevauchent les siècles. La famille se reconstitue, les femmes se succèdent, les liens familiaux révèlent les tensions , ressentiments. Peu importe, la vulnérabilité des relations, la dureté des temps sont des constantes de vie ... et de mort.

L'univers magique enchaîne les tableaux , les portraits peu flatteurs, voire repoussants. La nature offre des odeurs puissantes, âcres. Les relations humaines sont directes, sans état d'âme, les contacts ne sont pas "polissés"'

. Mais ils peuvent se bonifier avec les plaisirs de la table, la tradition culinaire est respectée.

Le parcours présente quelques longueurs et la mort attendue de la vieille dame ne saurait constituer une destinée forte au roman.

Le style suit l'envolée des histoires, les énumérations alternent avec les ruptures de rythme. Le vocabulaire emprunte tous les registres : du littéraire aux mots crus , ils révèlent les sensations visuelles, olfactives...et l'âpreté du monde rural.

Le travail de recherche, d'écriture construit un univers magique où le lecteur est promené, balloté. La limite apparaît, cependant, dans un ( certain) enfermement dans un genre et un style.

Merci à Babelio ( à l'opération Masse Critique privilégiée) et aux Editions du Seuil pour cette découverte.

















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Le bastion des larmes

J'avais adoré l'Armée du Salut, et je retrouve dans ce livre-ci, cette même écriture hypnotique. C'est vraiment un auteur qui a une écriture simple, mais d'une poésie folle, très reconnaissable, et c'est vraiment une lecture agréable à cet égard.



Le narrateur, vivant à Paris, retourne au Maroc suite à la perte de sa mère, et tout en retrouvant sa famille et en réglant les différentes questions d'héritages, il va se retrouver confronter aux souvenirs d'un garçon qu'il a connu et qui va habiter ses pensées, ses rêves, pour mieux revenir à l'origine des choses et analyser ce qui a été mis sous silence.



Ce roman traite du déracinement, de la privation de liberté lorsqu'on est homosexuel au Maroc, mais pas que. Je le conseille chaleureusement.



Sortie le 22 août 2024, éditions Julliard.

#LeBastiondesLarmes #NetGalleyFrance



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Pages volées

Je lis très peu d'autobiographies, j'ai toujours le sentiment de ne pas être à ma place dans ces récits, d'être trop intrusive et curieuse. Mais séduite par « L'archiviste » et encore troublée par l'atmosphère et les nombreuses questions qu'il soulevait, je me suis sentie invitée à pousser cette porte laissée légèrement entrouverte.

Je remercie Babelio et les éditions Aux forges de Vulcain de m'avoir invitée à entrer dans l'univers d'Alexandra Koszelyk, cette lecture m'est apparue comme une belle opportunité pour découvrir les coulisses de son roman et rechercher sa dimension cachée.



J'ai toujours aimé la symbolique de la porte et je trouve la couverture particulièrement bien choisi car l'autrice nous parle des obstacles que la vie place sur notre chemin. La porte est ce point de passage entre le monde intérieur et extérieur, entre la conscience et l'inconscient, entre la vie et la mort, la lumière et l'obscurité. C'est quitter le connu pour l'inconnu, franchir cet obstacle et plonger en soi, ou bien rester bloqué et reculer face à la peur de souffrir ou de se retrouver face à de nouvelles portes.

Le texte d'Alexandra Koszelyk est tout cela à la fois.



*

Après quatre romans, l'autrice a eu envie d'écrire une non fiction sur les pages volées de sa vie. Pour cela, elle a choisi la forme intimiste du journal.

Alexandra Koszelyk nous entraîne avec subtilité et sensibilité, lucidité et justesse, dans son histoire. C'est un livre d'introspection et de questionnements, un récit à coeur ouvert marqué par la quête de soi, de sens, l'identité, la mémoire et ses défaillances.

Se reconstruire, trouver sa place dans ce monde, se rattacher à ses racines ukrainiennes.



L'autrice choisit de se retirer du tumulte de la vie parisienne et de séjourner en Normandie, dans une résidence d'écriture. Le cadre offre un magnifique écrin de forêts calme et verdoyant, idéal pour remonter les rives du temps, creuser dans les traumatismes de l'enfance au lieu de les enfouir, écrire et mettre à jour les douleurs.

L'art et la nature, l'océan et la forêt, les jours de pluie et les balades en vélo s'invitent dans la démarches de l'autrice.



*

L'autrice a en effet survécu enfant à un grave accident de la route. Elle s'est réveillée à l'hôpital et apprend après plusieurs jours que son petit frère est vivant, soigné dans un autre hôpital, mais que ses parents sont décédés.



« Je suis née à huit ans, sept mois et douze jours. »



C'est sur ce terrible traumatisme, cet immense vide qu'il faut continuer à vivre. C'est un véritable voyage dans l'intimité de l'autrice et malgré nos deux parcours très différents, face à ses fractures dévoilées, j'ai ressenti une forme de résonance.



Avec profondeur et lucidité, elle dissèque ses sentiments, ses fragilités, ses doutes. Elle interroge sur l'absence et le manque, la douleur de l'abandon et la difficulté de faire son deuil, le silence des adultes et l'absence de mots consolateurs et rassurants.



*

L'autrice va alors se réfugier dans les livres, ils seront son ancre pour ne pas chavirer. Elle se retrouve dans l'intimité des poèmes de Charles Baudelaire et de Gérard de Nerval, dans la quête de sens qu'offrent les mots de Milan Kundera.



Puis viendra le temps de l'écriture.



Écrire et mettre des mots sur les maux.

Écrire et laisser les mots remplir les carnets, mettre en lumière les ombres. Les laisser libres d'ouvrir la porte à l'enfance et aux souvenirs, de réveiller les peurs et les blessures, d'exprimer le mal-être et la solitude, la douleur et la culpabilité de survivre.

Écrire, c'est retourner vers les absents, les ramener à la vie d'une certaine manière, ne pas les oublier. Laisser une trace de leur passage.



Écrire, c'est quitter l'oralité et les silences pour retrouver l'intime.

Trouver, au creux des mots, l'apaisement, l'acceptation, la force de continuer.



« Même si écrire ne pourra pas effacer certains questionnements, ni les résoudre, car cela n'a rien d'une simple équation, déposer les mots est un manière de prendre la barre de ma navigation, de faire avec la houle de mes souffrances d'enfant, non contre elle. »



*

Et puis il y a la place du roman dans la vie de l'autrice, ces ponts entre la réalité et la fiction. Alexandra Koszelyk devient brodeuse d'histoires. Elle y cache ses émotions, son histoire familiale et son attachement à l'Ukraine, son monde intérieur et ses fantômes, ses forces et ses faiblesses. Elle coud les vies les unes aux autres et les mots relient les êtres, les vivants et les disparus.



« Ecrire est un allègement. Cette réserve de souvenirs gardés précieusement, sans le vouloir consciemment, est une manne dans laquelle je puise. Et ce qui est magique, c'est bien que, dans les univers inventé, ils se colorent d'une autre façon. La réalité s'est métamorphosée. »



*

Entrer dans ce récit autobiographique, c'est se sentir au coeur de l'intime et des sentiments. Fragiles, sensibles, précieux, pudiques, les mots touchent par leur habileté narrative, leur profondeur, leur justesse et la sincérité du ton.

Un superbe texte sur le pouvoir de la littérature, de la langue et de l'écriture, sur le baume que sont les histoires et les mots.
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Poupées roumaines

Lorsque j’ai reçu ce roman pour en faire une chronique, j’ai été assez intrigué par la quatrième de couverture qui révélait très peu de choses sur l’histoire tout en précisant assez spécifiquement le postulat du texte. J’ai été assez curieux de découvrir ce texte qui promettait d’être assez mystérieux tout en se tenant dans un milieu assez peu exploré dans le paysage littéraire francophone : la Roumanie, pays ici complètement « onirisé » par la présence de légendes locales, de contes populaires… Il s’agit d’un récit sur la retrouvaille avec la famille, la mère plus précisément, mais aussi sur la découverte du pays des origines, la découverte de son environnement familial profond. Le côté social était assez intéressant, avec la gestion de soi face à l’autre, la réception et le jugement de l’autre… La prose de Marie Khazrai est impressionnante dans ce texte, il est vrai, car les mots défilent comme si c’était de la poésie ; imposture du genre littéraire, rupture des conventions pour narrer la rupture avec le réel. Le texte entier est une fable hybride, où l’auteure, en même temps narratrice et vivante du récit – personnage en tant que tel –, s’adresse au lecteur comme s’il s’agissait d’un compagnon de voyage, comme s’il assistait à quelque chose qui le dépassait, comme s’il devenait, lui aussi, un personnage de cette Roumanie fantasque. Elle vit son histoire, elle vit l’histoire de sa famille, puis écrit ce qui se passe dans sa tête sur un petit carnet, tous les soirs, avant de dormir, comme pour expier cette dureté de vie, cette accumulation d’irréel beaucoup trop vrai pour être nié. Cette hybridité du texte m’a un petit peu rendu confus, je n’ai pas pu m’attacher aux personnages nombreux de cette fresque familiale tordue. La forme est neuve, mais, poétisée ainsi, cela m’a plus desservi que l’inverse. Cela me donnait l’impression de passer à travers de hauts-lieux rocailleux et nuageux, plutôt qu’une forme claire et liminaire comme j’ai l’impression d’affection l’usage. Ce n’était pas mauvais, loin de là, le roman était même bon – une fable intelligente sur la découverte de soi par la découverte de son passé familial –, et l’ambiance territoriale nébuleuse était attrayante, mais avec la forme, la poésie, le symbolisme, les récits enchâssés… Cela faisait beaucoup, je pense.



Le récit de Khazrai est spécial, reflet d’un esprit torturé par son environnement familial. Nous sommes plongés en parfaite connaissance de cause dans une fresque familiale et territoriale complètement surréaliste parfois, où la folie côtoie les contes et légendes urbaines, où les vampires sont plus inoffensifs que de jeunes enfants. Le roman est bon, beau, mais parfois de trop. Nébuleux. {14}
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Un autre m'attend ailleurs

A soixante-dix-sept ans, elle est la première femme de Lettres à entrer à l’Académie française, son nom est sur toutes les lèvres, pourtant, cette sorte de consécration de semble pas tant émouvoir celle qui s’est depuis longtemps retirée de la société des hommes. Aux côtés de Grace, sa compagne depuis quarante ans, Marguerite Yourcenar a trouvé son éden et coule des jours plutôt paisibles sur la petite île de Monts-Déserts, aux Etats-Unis.

Mais avec le décès de son amour, l’écrivaine aspire à un nouveau souffle. C’est sa rencontre avec Jerry Wilson, jeune photographe américain de quarante-six ans son cadet, qui va opérer en elle une renaissance. Le jeune homosexuel incarne, sans s’en douter, les fantômes de son passé, ceux de la passion et de l’amour impossible. A ses côtés, la célèbre écrivaine rajeunit, rêve de voyages et de projets trop longtemps mis de côté. Portée par cette passion fulgurante, tout semble alors possible. Mais un amour ardent cache parfois aux yeux aveugles de sombres recoins et l’exaltation peut, tout à coup, laisser place à la destruction…



Avec cette biographie romancée des dernières années de la vie de Marguerite Yourcenar, Christophe Bigot nous offre le portrait saisissant et tout simplement incroyable de cette femme de tête, amoureuse passionnée et écrivaine émérite, férue d’art et d’antiquité, libre et délicieusement anticonformiste. Un véritable puits de culture et de connaissances, à l’esprit ouvert sur le monde, qui a toujours refusé d’être rangé dans des cases, trop étriquées et réductrices pour contenir tant de facettes et d’envergure. Une femme de l’ancien temps, au langage particulièrement châtié et soutenu, mais néanmoins moderne et profondément tournée vers l’avenir.



Cette dernière histoire d’amour, pour le moins tumultueuse et choquante aux yeux de la bonne société, illustre parfaitement les multiples facettes de la personnalité de Marguerite Yourcenar. C’est avec brio que Christophe Bigot décortique et explore cette histoire d’amour improbable, éclairant les dernières années de la vie de l’écrivaine, prolifiques en termes de création, d’inspiration et de découvertes, mais aussi torturées et assombries par les drames. Un récit porté par la fureur de vivre avec intensité, que j’ai trouvé absolument captivant et qui m’a donné envie de me plonger dans l'œuvre de Marguerite Yourcenar!
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Challah la danse

Un petit village au nord de Lyon où s’est implantée une usine textile dans les années 1960. Pour loger ses ouvriers, le patron, Armand Kechichian, a construit un modeste lotissement où se sont installées des familles pour la plupart issues de l’immigration. Les Benbassa, originaires de Kabylie, les Amrouche, les cousins Taieb venus de Monastir en Tunisie, les Pérez… cohabitent dans l’îlot Brocard, convaincus du bien-fondé de leurs préjugés sur les uns et les autres, un peu jaloux de leurs voisins, toujours à l’affût des commérages. Leurs enfants grandissent dans cette micro-cité bâtie à la campagne, restée toujours un peu en marge du village.

Dalya Daoud nous fait partager les petits évènements du lotissement sur une trentaine d’années : les travailleurs vieillissent, l’usine sera un jour fermée, les enfants grandissent, s’émancipent, convolent parfois hors du cercle autorisé. Ses petites chroniques distillent une sorte de tendresse rugueuse, une mélancolie tissée de railleries et de petites revanches sur la fatalité. Ses personnages restent hélas un peu superficiels, puisqu’elle fait le choix de passer sans cesse de l’un à l’autre dans de courtes scènes. Par ailleurs, la peinture très « France profonde » des gens du cru, aux patronymes franchouillards ou railleurs (le prof de français de Bassou s’appelle Trogneux) m’a paru alourdir la démonstration de la frontière bien réelle entre les habitants du lotissement et les villageois.

Si le style de l’autrice s’efforce de restituer la gouaille des protagonistes, leurs expressions familières, le contraste est parfois étrange avec un autre registre plus recherché, ce qui engendre un décalage un peu artificiel dans l’écriture.

Ce premier roman de Dalya Daoud, mêlant témoignage et fiction, tente d’embrasser deux générations dans leurs espoirs et leurs déceptions sur fond d’évolutions économiques et sociales, mais il m’a semblé davantage pencher du côté du feuilleton grinçant plutôt que de la fresque sociale. Je n’ai pas trouvé ici la force brûlante de La Discrétion de Faïza Guène.
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La barque de Masao

Masao mène une vie simple et tranquille sur l'île de Naoshima, au Japon. Habituellement solitaire, une visite inattendue vient bousculer son quotidien et bouleverser son apparente paix intérieure.

Cela fait 14 ans qu'il n'a plus de nouvelles de Harumi mais un seul regard lui suffit pour la reconnaître et faire revivre les fantômes du passé.



Masao a vécu un amour passionné avec Kazue, artiste trop fragile pour une réalité hostile. De cet amour est née Harumi, petite fleur précieuse très vite confiée à ses grands-parents maternels.

Jeune femme de 30 ans, devenue architecte, elle travaille sur un projet de musée proche de l'île où vit son père. C'est l'occasion de renouer des liens et d'apporter enfin des réponses à ses questions muettes.



Que vient donc faire la barque de Masao dans cette histoire..? Il faudra lire le livre pour le savoir !



Sans connaître le nom de l'auteur, on pourrait facilement penser que ce roman a été écrit par un japonais ! Le style est épuré, la langue est délicate et poétique et les silences évocateurs.



Cette lecture fut un vrai plaisir ! Je remercie NetGalley et les éditions Buchet-Chastel pour ce partage.



#NetGalleyFrance #LabarquedeMasao #AntoineChopin
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Les stripteaseuses ont toujours besoin de c..

J'ai découvert Iain Levinson à travers ce roman et je pense que je ferai d'autres tentatives. Ce roman, plutôt polar, est l'histoire d'un avocat commis d'office qui se voit proposer un job complémentaire: passer une heure à disposition de strip teaseuses pour leur donner des conseils juridiques. Et cela pour 1000 dollars! Alors que cet avocat croule sous les heures de travail, qui ne lui rapportent pas grand chose, comment refuser une telle opportunité. Mais très vite, il comprend que c'est louche. Alors il va doucement enquêter comme il le fait sur ses dossiers, sauf que là, il est lui-même impliqué.

Cette histoire est vraiment très originale, inattendue. Elle donne à voir le système judiciaire américain d'une façon très peu reluisante. A coups d'arrangements, de négociations et de coups politiques.

En soi, un moment de lecture assez court mais efficace.

[Livre lu dans le cadre du jury fnac 2023]
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Étreintes

"Etreintes" s'ouvre en 1917 à Cambrai sur un champ de bataille, où John, soldat, est blessé à la suite d'une explosion. Il voit lors ses souvenirs défiler : les moments et les personnes importantes de sa vie avant de s'évanouir.

On retrouve John, en 1920, qui dirige une entreprise de photographie dans le Yorkshire, avec sa femme artiste et une jambe en moins. Malheureusement, les souvenirs et les douleurs du passé ressurgissent et des fantômes apparaissent sur des clichés..



Puis, nous suivons la famille de John sur plusieurs générations avec leurs relations, leurs défis, leurs réussites mais le passé est toujours présent, comme une empreinte indélébile, comme si les fantômes du passé étaient toujours présents.



"Etreintes" n'est ni un roman, ni un poème, ni un recueil, ni un essai, c'est la somme de tout. Anne Michaels offre une expérience littéraire hors du commun, à l'écriture poétique et sublimée. Un roman où l'on en ressort étourdi, sans savoir si l'on aime ou pas, comme une parenthèse hors du réel. La structure narrative n'est pas révolutionnaire mais la beauté de la plume est époustouflante.



Un livre qui raconte la nature de l'humanité sous forme de phrase poétique, un peu déstructuré dans un kaléidoscope de temps, comme une oeuvre contemplative qui explore les mystères de la vie. Anne Michaels parle du désir sous toutes ses formes mais aussi de la perte, du chagrin, des souvenirs.



A travers chaque partie, on explore les façons dont l'art, la mémoire, la science (clin d'oeil à Marie Curie) peuvent garder nos proches présents auprès de nous. Pas d'intrigue, ni de scénario, juste une réflexe intelligente sur la perte et le désir de rester proche d'un être disparu.. Au final, un beau livre sur l'obscurité et la beauté de la vie !
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QUELLE PART DE LA RENTRÉE A ÉTÉ CHRONIQUÉE ?
44% des 455 titres ont déjà une critique

JE M’ENGAGE SUR UN TITRE


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