Véronique Sels dresse un portrait intime du peintre Stéphane Mandelbaum, assassiné à 25 ans. Inspirée, guidée par les nombreux dessins et toiles de l'artiste prolifique, elle habite et incarne prodigieusement le récit à la première personne « JE ». Ce tour de passe-passe réussi est le fruit d'une écriture ciselée qui épouse fidèlement la personnalité du jeune artiste à l'imagination foisonnante. Elle le doit aussi à la proximité de sa famille, l'autrice partageant la vie du frère aîné de Stéphane Mandelbaum depuis de nombreuses années. Les phrases se succèdent, impudiques. Tantôt pornographiques, tantôt douces, elles déstabilisent, happent, ébranlent, hantent. Tout est disséqué, photographié, autopsié, tranchant comme une lame de rasoir, mais jamais figé. La remarquable profondeur du personnage permet d'emmener le lecteur dans les bas-fonds de la pègre bruxelloise où la prostitution côtoie l'amour, la violence, la honte, la vengeance. D'aucuns penseront que la provocation, omniprésente dans le texte, est une profanation, il n'en est rien : l'autrice exécute à la perfection le mouvement de sa plume comme Stéphane Mandelbaum, le BIC.