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Critique de Colchik


Un petit village au nord de Lyon où s'est implantée une usine textile dans les années 1960. Pour loger ses ouvriers, le patron, Armand Kechichian, a construit un modeste lotissement où se sont installées des familles pour la plupart issues de l'immigration. Les Benbassa, originaires de Kabylie, les Amrouche, les cousins Taieb venus de Monastir en Tunisie, les Pérez… cohabitent dans l'îlot Brocard, convaincus du bien-fondé de leurs préjugés sur les uns et les autres, un peu jaloux de leurs voisins, toujours à l'affût des commérages. Leurs enfants grandissent dans cette micro-cité bâtie à la campagne, restée toujours un peu en marge du village.
Dalya Daoud nous fait partager les petits évènements du lotissement sur une trentaine d'années : les travailleurs vieillissent, l'usine sera un jour fermée, les enfants grandissent, s'émancipent, convolent parfois hors du cercle autorisé. Ses petites chroniques distillent une sorte de tendresse rugueuse, une mélancolie tissée de railleries et de petites revanches sur la fatalité. Ses personnages restent hélas un peu superficiels, puisqu'elle fait le choix de passer sans cesse de l'un à l'autre dans de courtes scènes. Par ailleurs, la peinture très « France profonde » des gens du cru, aux patronymes franchouillards ou railleurs (le prof de français de Bassou s'appelle Trogneux) m'a paru alourdir la démonstration de la frontière bien réelle entre les habitants du lotissement et les villageois.
Si le style de l'autrice s'efforce de restituer la gouaille des protagonistes, leurs expressions familières, le contraste est parfois étrange avec un autre registre plus recherché, ce qui engendre un décalage un peu artificiel dans l'écriture.
Ce premier roman de Dalya Daoud, mêlant témoignage et fiction, tente d'embrasser deux générations dans leurs espoirs et leurs déceptions sur fond d'évolutions économiques et sociales, mais il m'a semblé davantage pencher du côté du feuilleton grinçant plutôt que de la fresque sociale. Je n'ai pas trouvé ici la force brûlante de la Discrétion de Faïza Guène.
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