Une confession n'est pas un roman d'apprentissage, contrairement à ce que l'on pourrait croire. En fait, j'ai un peu de mal à le classer. Matveï est un enfant trouvé, abandonné sur la propriété de M. Lossev. Il est pris en charge par diverses personnes comme le jardinier Vialov et l'intendant Titov mais surtout par le chantre Larion, qui l'initie à la théologie. Cette expérience le marquera à vie. Plusieurs autres expériences aussi (l'amour et la mort d'Olga, son novicat dans un monastère, ses errances, ses rencontres, etc.) mais les questions religieuses s'y entremêleront et ne feront qu'une avec sa quête de Dieu. du vrai Dieu. Ces considérations, l'auteur russe Maxim Gorki les a aussi eues. Son protagoniste Matveï est-il son double ? Ce roman est-il en partie autobiographique ? C'est ce que laisse entendre la préface, que je recommande vivement à quiconque entreprendra cet ouvrage.
Pour en revenir à l'intrigue, Matveï lit tout ce qui lui tombe sous la main, autant des ouvrages religieux que profanes (il affectionne l'histoire de la Russie), mais les Saintes Écritures ne comblent pas ses besoins spirituels. Il ne peut s'empêcher de les remettre en question, tout comme la hiérarchie dans le monastère. Oser demander à discuter de la foi avec son supérieur, quelle idée ! Et le comportement de certains moines le choque et le détourne de leur message. « le monastère ne t'apporte pas de secours ? » se fait-il demander. Eh non, il doit retourner à son vagabondage, puis rencontre des intellectuels et des sectaires, qui pensent et se questionnent comme lui « Devant la violation des lois et la dépravation humaine, j'ai perdu la paix de mon âme […]. » Après tout, chercher Dieu, c'est aussi se chercher un peu soi-même, non ? Et s'il se trouvait dans le coeur des hommes ?
En d'autres mots, le roman de Maxim Gorki est truffé de questionnement, tant religieux que spirituel. Compte tenu de la relative brièveté du roman (220 pages dans la présente édition) et de la grande quantité de théories et de concepts théologiques, on pourrait croire que l'oeuvre est dense et inaccessible. Mais non ! Mais on ne s'y perd pas ! Tout y est amené de façon claire et logique, sans presse. C'est que la trame narrative prime toujours. Et tout y est vulgarisé, Matveï ne rencontre pas que des moines mais aussi des gens du peuple. Aussi, les notes en bas de page aident à s'y retrouver si on souhaite approndir ou comprendre complètement les idées formulées.
Évidemment, quelqu'un qui souhaite une lecture facile (peut-on vraiment s'y attendre en choisissant un auteur classique russe ?), il est mieux de passer son tour. Moi, j'ai adoré
Une confession. Je dois admettre que les questions existencielles m'intéressent un peu, sans tomber dans l'ésotérisme, et ici elles sont présentées de manières abordables et suffisamment accessibles (avec des préoccupations du début du 20e siècle, il faut tout de même en avoir conscience). C'est un peu dans la lignée de Franny et Zoeey, de
JD Salinger. Bref, s'agit-il d'un petit trésor caché ? Gorki semblait le croire, il l'estimait et la considérait comme son oeuvre la plus achevée, la plus mure. Longtemps négligée par les éditeurs français, la voici de retour.