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Bruno Boudard (Traducteur)
EAN : 9782752905185
484 pages
Phébus (03/02/2011)
3.77/5   11 notes
Résumé :

Chronique d'un terrorisme irlandais mal connu : celui qui, vers le mitan du XIX e siècle, quelques années après la Grande Famine, ensanglanta l'île verte-et conduisit quelques centaines de milliers d'affamés de plus à gagner l'Amérique, terre de toutes les promesses. Thomas French se retrouve régisseur du domaine de Beaton, de riches Anglais installés en Irlande depuis le XVII e siècle. Un rôle diffic... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Thomas French est le nouvel administrateur anglais des terres irlandaises de Mrs Beaton. Celle-ci veut récupérer les fermages impayés depuis des années ou voir expulser les mauvais payeurs. Mais Thomas French a une stratégie différente : plutôt que d'expulser les tenanciers, il rachète leurs impayés à hauteur de la valeur estimée du terrain, laquelle correspond toujours à la valeur des loyers indus. Il leur offre ensuite un billet pour l'Amérique contre l'abandon pur et simple des terres qu'ils occupaient. La proposition est ingénieuse et Thomas French est certain que les tenanciers endettés verront là une belle façon de se débarrasser de leurs arriérés sans passer par la cour de justice. Mais dans les années qui suivent la grande famine, certains Irlandais ne veulent plus plier l'échine devant l'occupant anglais. C'est ainsi que la loge ribboniste de Beatonboro' condamne à mort Thomas French, cet Anglais qui ne respecte pas le droit des tenanciers et les traditions. « Votre plus grand péché est de vouloir changer la coutume ancestrale. » (p. 343) Étrangement, pendant plusieurs mois, toutes les tentatives d'assassinat contre Thomas French vont échouer. « C'est plus que de la malchance. On dirait plutôt la providence. » (p. 367) Il faudra pourtant bien que quelqu'un paye. Sera-ce Micky, le régisseur du domaine ? Ou Tim et Kitty, les jeunes amoureux ? Ou peut-être de parfaits inconnus ?

Le Ribbon était une assemblée irlandaise qui recrutait parmi les pauvres et les désespérés et qui menait des expéditions punitives où la justice était aussi sommaire que cruelle. S'il s'agissait de montrer à l'occupant anglais qu'il avait affaire à forte partie, le Ribbon terrifiait également le peuple. « Cogner, tuer, estropier pour faire les importants… et le pire, c'est que c'est principalement à des gens comme nous qu'ils s'en prennent ! Et quand, de temps en temps, il leur arrive de descendre un policier ou un propriétaire, nous sommes censés nous exclamer : ‘Bravo ! Vive l'Irlande !' » (p. 147) Je ne connaissais pas ces sombres épisodes de l'histoire irlandaise et c'est avec un plaisir mêlé d'effroi que j'ai lu Comment tuer un homme. Adapté des mémoires d'un administrateur ayant eu à subir les foudres du Ribbon, ce texte est porté par un style vif et déterminé, très visuel. Cette histoire a tout pour devenir un film époustouflant et, pourquoi pas, un nouveau chef-d'oeuvre de Ken Loach. S'il m'entend…
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Thomas French est un administrateur de biens irlandais. Son rôle est de rétablir les créances des propriétaires et de régler le problème des loyers impayés par les exploitants des terres (les tenanciers). Thomas est habile dans son métier et il a jusque là réussi les missions qu'on lui confiait. En 1854, il arrive à Dublin dans l'espoir de travailler pour Mrs Beaton dont les terres se situent dans la province de Beatonboro'. Ses tenanciers ont de nombreux loyers en retard et Thomas comprend rapidement la situation : “Elle désirait vendre ses terres et le travail de Thomas était de mettre de l'ordre dans ses affaires. Elle avait fini par détester la campagne : trop de dur labeur et trop peu de distractions. Il avait vu nombre de propriétaires terriens éprouver le même sentiment. Ils prenaient goût à Dublin ou à Bath et abandonnaient leurs domaines. ” Mrs Beaton souhaite donc que Thomas expulse les mauvais payeurs mais son idée est toute autre. Il veut proposer à chaque tenancier la possibilité de repartir à zéro en Amérique, le voyage serait payé, les dettes effacées, la possibilité de vendre son bétail pour son profit et d'emporter tout ce qu'il possède. Cette idée, qui semble séduisante pour un paysan couvert de dettes, se confronte à deux choses : le droit des tenanciers et le ribbon. Ce droit est un usage du Nord de l'Irlande qui veut qu'un tenancier quittant sa terre reçoit une somme équivalente à plusieurs années de loyer afin de le dédommager des aménagements réalisés sur sa ferme. Bien entendu Thomas French a l'intention de donner beaucoup moins. le ribbon est une société secrète agraire qui fait régner la terreur dans la région. L'administrateur va vivre à Beatonboro' les pires heures de sa vie.

“Au fond, tous les récits sont des histoires de meurtre.” C'est ainsi que s'ouvre le roman noir de Carlo Gébler, fils de la grande romancière Edna O'Brien. Outre le fait que cette entrée en matière est géniale, elle correspond bien à l'atmosphère plombée de “Comment tuer un homme”. Car le ribbon fait régner la terreur de manière particulièrement atroce. Les membres de cette société secrète n'hésitent pas à employer la torture et le meurtre pour faire fuir les indésirables dont Thomas French va rapidement faire partie. le roman s'ouvre sur une scène qui place tout de suite le lecteur dans l'ambiance. Une voiture se fait attaquer brutalement au détour d'une route. La personne visée est McGuinness, le patron du pub. Il est touché par une balle composée de clous, vis, morceaux de fer blanc qui lui lacèrent le visage et lui crèvent les yeux. le tort du cafetier ? Avoir repris un pub que d'autres considéraient comme le leur, les ribbonistes voulaient donner l'établissement à un de leurs membres. McGuinness résista et devait en payer le prix. Les victimes des ribbonistes sont des Irlandais, des paysans, des travailleurs qui osent les affronter. C'est bien tout le problème, sous couvert de la défense de l'Irlande, ces hommes protègent avant tout leurs intérêts. Les terres irlandaises ont été cédées aux Anglais plusieurs siècles avant le début du roman de Carlo Gébler et Mrs Beaton est l'une de leurs descendants. Mais les ribbonistes ne s'en prennent pas aux propriétaires, ils s'attaquent à leurs compatriotes aux risques de créer une guerre civile. La Grande Famine a sévi peu de temps avant, de nombreux Irlandais y ont succombé. Au lieu de réunir les forces irlandaises restantes, le ribbon ne fait que diviser. Cet épisode peu connu de l'histoire irlandaise montre à quel point la construction de ce pays s'est faite dans la douleur, le sang et la division.

Comment tuer un homme” est un livre que j'ai dévoré grâce à son thème passionnant, romanesque, et au style totalement fluide de Carlo Gébler. Les personnages sont bien campés, attachants et j'ai suivi leur destinée avec un plaisir mêlé d'inquiétude.
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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La 1ère partie du roman plante le décor : la vie rurale en Irlande au XIXème, le rôle d'administrateur tenu par l'excellent personnage de Thomas French, et une inquiétante société secrète aux méthodes brutales, le Ribbon.

Ensuite, pour moi, ça dérape. le roman se concentre sur le personnage de Tim qui rejoint le Ribbon par dépit amoureux, et va bien sûr rapidement le regretter. Je n'ai pas réussi à m'attacher à ce personnage pas bien malin qui prend beaucoup de place. J'aurais préféré plus d'attention accordée aux paysans que rencontre French, et à leur départ éventuel pour l'Amérique.

La dernière partie du roman s'accélère et redevient très sombre et très prenante, comme le début. Cela reste une bonne lecture originale, malgré un ventre mou en milieu de roman.

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
« Cogner, tuer, estropier pour faire les importants… et le pire, c’est que c’est principalement à des gens comme nous qu’ils s’en prennent ! Et quand, de temps en temps, il leur arrive de descendre un policier ou un propriétaire, nous sommes censés nous exclamer : ‘Bravo ! Vive l’Irlande !’ » (p. 147)
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« Votre plus grand péché est de vouloir changer la coutume ancestrale. » (p. 343)
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Un meurtre est comme une mécanique, conclut-il. On assemble les pièces, on remonte le mouvement et c'est parti - et celle-ci me semble réglée comme une horloge.
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« C’est plus que de la malchance. On dirait plutôt la providence. » (p. 367)
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