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sur 6199 notes
La vraie vie…Incantation pour une vie meilleure ou constat amer d'une vie terrifiante loin, très loin des idéaux heureux comme le montrent à foison les publicités ? L'adjectif « vrai » est ambivalent, il prendra sens à la toute fin du récit lorsque la mort permettra de mettre fin à une situation impossible, glauque, sordide, d'une violence extrême et d'accoucher d'une possibilité de vie enfin plus authentique, plus sereine, plus apaisée.

Comme dans le livre de Lize Spit récemment lu, ce livre belge recèle une écriture trash, claquante tel un fouet, aux images si surprenantes, à la fois sombres et sensuelles, sordides et poétiques, qu'elles en deviennent inoubliables. Des images qui vous effleurent l'âme laissant l'émotion émerger à fleur de peau. Serait-ce la marque de la littérature belge ? Il me plait de le penser. J'ai aimé découvrir Adeline Dieudonné avec son premier roman multiprimé. Dès l'incipit, le ton est donné, le lecteur happé :

« A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents, et celle des cadavres. »

La vraie vie ce serait aussi celle que nous pourrions avoir si nous pouvions revenir en arrière avec une machine à remonter le temps pour effacer les événements traumatiques. C'est ce que tente de faire l'adolescente que nous découvrons.
Elle pose, dans un premier temps, son regard sans concession sur le monde familial qui l'entoure : un père chasseur de gros gibier, adepte du stand de tir, de la télé et du whisky, un être violent, assoiffé de sang ; une mère absente, transparente, soumise aux humeurs violentes de son mari, une sorte d'être unicellulaire, une amibe comme la qualifie sa fille, remplie de craintes ; un petit frère Gilles au rire solaire avec lequel la jeune fille passe beaucoup de temps à vagabonder dans le quartier pour tenter d'oublier ce quotidien angoissant. L'école n'est pas en reste dans cet examen implacable.

Cette famille vit dans un pavillon au sein d'un lotissement morne appelé La Démo. Il se passe d'étranges choses à La Démo, des animaux semblent disparaitre et les gens qui y habitent sont étranges, marqués qui du sceau de l'alcoolisme, qui de celui de la misanthropie, qui d'un passé terrifiant au point de devoir porter un masque…Une ambiance bien particulière, désolée, dévastée, sentant les lisières des villes, cet entre-deux, ni ville ni campagne qu'un Olivier Adam décrit si bien. le seul moyen de s'évader un peu de ce lotissement dortoir est d'aller éventuellement se promener au bois d'à côté, le Bois des pendus où se trouve la maison de Monica, une jolie maison mangée par le lierre et où le soleil tombe dessus à travers les branches tels des doigts caressants. « Je n'ai jamais vu les doigts du soleil sur ma maison. Ni sur les autres maisons du quartier ».
Au sein de leur maison, une chambre est réservée aux trophées du père, la fameuse chambre des cadavres, regorgeant d'animaux empaillés, dont une mystérieuse hyène au regard scrutateur dont l'âme semble s'infiltrer dans celle des membres de la famille distillant alors rage, gout du sang, instinct de chasse, et une défense d'éléphant qui fait la fierté du père, le plaçant en haut de la hiérarchie des chasseurs eu égard à la taille de l'animal abattu.

« J'ai aidé ma mère à préparer le repas. J'avais remarqué que, quand mon père devenait nerveux, elle servait de la viande rouge. Comme si elle espérait que la chair sanglante calmerait sa rage. Moi, je savais que le sang ne le calmait pas. Il fallait qu'il pénètre la chair vivante, que ce soit avec son poing ou une balle de 22 millimètres ».

Un événement particulièrement traumatisant permettra à la hyène de s'emparer de l'âme de Gilles, de lui faire perdre son rire solaire, de le rapprocher du père. La narratrice va tout faire pour tenter de retrouver son petit frère, pour le sortir des marais dans lesquels son esprit semble s'être englué, et pour cela la construction d'une machine à remonter le temps, qui requiert d'importances connaissances scientifiques, est nécessaire pense-t-elle avec un espoir tout enfantin qui nous touche en plein coeur.

« D'habitude, les frères et soeurs, ça se dispute, ça se jalouse, ça crie, ça chouine, ça s'étripe. Nous pas. Gilles, je l'aimais d'une tendresse de mère. Je le guidais, je lui expliquais tout ce que je savais, c'était ma mission de grande soeur. La forme d'amour la plus pure qui puisse exister. Un amour qui n'attend rien en retour. Un amour indestructible ».

Ce roman est un roman initiatique féministe qui permet de mettre en valeur la façon dont l'héroïne dompte ses peurs, se bat, se prend en main pour devenir libre, ce qui est d'autant moins évident dans cette communauté de chasseur où être femme est être immédiatement une proie. C'est un combat à la fois terrifiant et poétique, glauque et sensuel. C'est le récit d'une lutte, celui d'une enfance volée, d'une féminité naissante piétinée, d'une famille dysfonctionnelle qui peut anéantir ou, au contraire, armer l'enfant que vous êtes, l'adulte en devenir.
Une histoire marquante assurément sur les êtres qui volent la joie, qui assombrissent la vie et desquels il faut se tenir loin, une histoire belge, c'est-à-dire menée de façon délicieusement, poétiquement et sombrement trash.

« Les histoires, elles servent à mettre dedans tout ce qui nous fait peur, comme ça on est sûr que ça n'arrive pas dans la vraie vie ».

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L'horizon de la narratrice et de son petit frère Gilles est glauque, poisseux, fermé. Un lotissement laid, le Démo, encore plus gris au soleil,bordé par, et ça ne s'invente pas, "le bois des petits pendus", une casse automobile comme terrain de jeux, des habitants qui ne se parlent que le jour de la fête, pas de copains ou copines......A la maison, un père alcoolique et violent , une mère soumise et sans personnalité .Seul rayon de soleil quotidien, le passage du marchand de glaces....jusqu'au jour où. ...un drame va venir perturber ce sinistre agencement, le rendre encore plus...son petit frère Gilles....
Ce roman se lit à toute vitesse, vous prend aux tripes, jusqu'au malaise. L'anonymat de la jeune narratrice nous transporte dans une universalité inquiétante, et nous amène à nous demander comment un être aussi maltraité par la vie actuelle pourra échapper à un funeste destin.L'issue ne semble pas évidente et on tremble pour cette jeune fille qui s'insinue en nous comme un autre "nous", qui nous colle à la peau, qui devient "nous".Le malaise augmente de page en page....
L'écriture est aérienne ,poétique , envoûtante.Se côtoient dans de belles phrases de la gravité ,de l'humour, de la naïveté ou de la réflexion. C'est un roman d'une profonde sensibilité, dont on ne connaîtra le dénouement que dans les toutes dernières pages, extraordinaires de violence,d'amour et d'espoir.
Les commentaires sont,dans leur grande majorité, très élogieux.C'est, à mon avis, un juste retour des choses et une belle récompense pour cette jeune auteure belge talentueuse.
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Dans cet ordinaire pavillon de lotissement, la narratrice et son petit frère Gilles, dix et six ans, vivent entre une mère battue et un père violent, fanatique de chasse et d'armes à feu. Un effroyable accident vient soudain perturber encore davantage le quotidien des deux enfants. Pendant les cinq ans qui vont suivre, la tension ne va faire que s'intensifier, jusqu'au dénouement que l'on se prend à redouter tout au long du récit.


Court et efficace, cet implacable thriller vous happe dès le début dans une lecture en apnée. Le style au vitriol saisit d'autant plus qu'il contraste avec les vestiges de naïveté des enfants, vous bousculant constamment entre candeur et horreur, attendrissement et cauchemar, vous l'adulte qui pensez voir, mieux que la jeune narratrice, se profiler une inéluctable catastrophe.


En attendant l'explosion, l'angoisse vous empêchera de lâcher ce livre, au fil du terrible apprentissage d'une enfant vite mûrie, qui comprendra très tôt que, face aux épreuves, elle devra trouver elle-même la force de prendre en main sa vie.


Voici un premier roman fracassant, dur et tendre, aux personnages forts et à l'intrigue haletante, dans une langue incisive et percutante qui vous fera guetter le prochain ouvrage de l'auteur. Grand coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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D'habitude, lorsque je termine un roman, j'attends quelques heures, voire une journée avant de commencer le suivant, histoire de digérer l'histoire, de la méditer, et peut-être d'en faire le deuil, particulièrement quand je l'ai apprécié.

Pour ce roman que j'ai beaucoup aimé, ma réaction a été de commencer le suivant immédiatement afin d'essayer de de pas m'endormir sur la scène finale que j'ai trouvé extrêmement violente et dure pour notre héroïne sans omettre bien sûr que cette scène avait quelque chose de génial du point de vue des autres personnages.


Je suis entrée dans l'histoire très facilement, Adeline Dieudonné semblant accrocher ses lecteurs par un humour décapant auquel je n'ai pas résisté. Scène de la vie des enfants, avec leur imaginaire, particulièrement dans la casse au milieu des voitures.

Cette petite fille de 10 ans quand commence l'histoire, n'est pas nommée, ce n'est certes pas un hasard pour une enfant qui passe son temps a essayer de se frayer un chemin dans la vie, au milieu de cette singulière famille régie par la volonté du pater familias, aux côté d'une mère éteinte qui subit son mari, et d'un petit frère qui lui échappe progressivement.

Une petite fille lucide, intelligente et attachante que l'on voudrait voir se sauver de l'enfer qu'on entretient dans la maison où l'on renie jusqu'à ses capacités intellectuelles, et qui trouve seule, des échappatoires chez ses voisins, chez son professeur de physique et au contact de Dovka sa chienne.

Personnage attachant qui m'a amenée à sourire, à m'émouvoir, à m'apitoyer et a vivre de grands moment de tension.

Ce roman sera sans aucun doute un coup de coeur pour cette année.
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Je regrette de dire ça, mais il faut reconnaitre que nous avons une propension à aimer le Mal.
Oui ! le Mal.
Sinon comment expliquer l'engouement extraordinaire autour de « La vraie vie » de cette jeune auteure belge, sur la première liste des préférés pour le prix Goncourt ?

Il faut dire que c'est très bien écrit, d'une plume « fulgurante », comme dit sur la 4e de couverture. Effectivement, à coups de phrases courtes et incisives qui n'ont pas peur des mots durs, mâtinées d'un style poétique et à la narration naïve, Adeline Dieudonné a su nous amadouer, nous appâter... pour nous plonger sans crier gare dans l'Enfer sur terre.

L'Enfer, faut-il vraiment que je vous le décrive ? Il va bien falloir, et pour moi, je dois à nouveau revivre ça.
Bon, je plonge : un quartier le plus moche du monde, le « Bois des petits Pendus » juste derrière, un cimetière de voitures plus bas, ça, c'est pour le décor.
Les personnages, maintenant : un père violent en mots et en gestes, « à la carrure d'équarisseur, deux passions dans la vie : la télé et le whisky », grand chasseur sous l'Eternel, et plus t'en tues, plus ils sont gros, mieux c'est ; une mère « amibe, un ectoplasme, un endoplasme, un noyau et un vacuole digestive, un pas grand-chose qui s'était peu à peu rempli de crainte » ; un petit frère de 6 ans, au doux sourire, mais jusqu'à quand ?
Jusqu'à l'accident. L'accident du glacier qui meurt sous ses yeux.
Et c'est à partir de ce moment que la vraie vie peut commencer.
La vraie vie...pour qui ? Pour notre jeune narratrice, qui est persuadée qu'un espoir est possible. Espoir d'une vie où les parents sont normaux et aiment leurs enfants, espoir d'une famille unie.
Espoir que la tribu des irréductibles, que sont son frère et elle parce qu'ils s'aiment, gagnent sur la hyène qui rôde en permanence dans le cerveau détraqué du père.

Roman noir, donc, vous l'aurez compris. Dur, sanglant, impitoyable, où les tortures d'animaux, les coups de poings aux humains, les jeux vicieux se mélangent pour former la trame quotidienne de la vie de la narratrice.
Mais la lumière est tapie dans un coin, plus précisément au plus profond de notre héroïne, qui porte bien ce nom.
Et c'est là de là uniquement que la vraie vie, la belle cette fois, pourra surgir.

Je revois donc mon jugement du début : non, nous n'aimons pas le Mal. Nous sommes attirés par lui pour mieux l'éradiquer. du moins ceux qui aiment lire, particulièrement « la vraie vie ».
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Un de plus. Cette fois je serai brève car tout a été dit ...
Roman addictif, noir et prenant , explosif et échevelé , vif et éprouvant , étonnant et audacieux ---lu dans le train sans regarder autour de soi ----tellement nous passons par toutes les émotions : colére, tristesse, dégoût, fascination, peur, une mère réduite à l'état d'amibe, un brouillon de vie ......une fìlle intelligente guerrière, qui plonge à cru et saisit sa chance , une boule de chaleur dans le ventre....
Une plume fulgurante qui tisse une galerie de personnages entiers, hurlants, violents , sauvages , fragiles ou silencieux , insultants ou inexistants , apeurés , craintifs ...
Ce roman initiatique entre candeur et maturité , malaise diffus vu la violence sourde ....ressemble à un ovni saisissant et inclassable que je ne suis pas prête d'oublier .
Comme un coup de poing en pleine figure,
Nos amis belges recèlent de jeunes auteurs prometteurs !
Et dire que je ne voulais pas lire cet ouvrage ......
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L'histoire c'est celle de cette petite fille de 10 ans (qui n'a pas de prénom dans le récit) qui rêve de pouvoir remonter le temps pour sauver son petit frère traumatisé par un accident dramatique auquel il a assisté en direct et qui depuis lui a ôté le sourire.

Elle décide alors, puisqu'il s'isole dans la pièce aux trophées de chasse de son père, de travailler sur cette voiture qui pourra la faire voyager dans le temps et revenir grâce à la foudre (comme dans "retour vers le futur") avant l'événement, lorsque son petit frère et elle s'aimaient et jouaient ensemble.

Après tout, les histoires d'enfants c'est fait pour cela, pour rêver, et "les histoires, elles servent à mettre dedans tout ce qui nous fait peur, comme ça on est sûr que ça n'arrive pas dans la vraie vie".

Pourtant la vraie vie dans ce lotissement populaire, le Démo, n'est pas faite de rêve, mais bien d'une réalité dure, de gens parfois bons et parfois aussi bêtes que méchants.

Et à la maison, est-ce si serein que cela ? Entre son père chasseur invétéré, mais aussi imprégné de cet esprit de prédation et sa mère qu'elle compare à une "amibe", la tension monte petit à petit...

A mon avis :
Ecrit du point de vue de cette petite fille, le style n'est pas sans rappeler le roman d'Olivier Bourdeaut, "En attendant Bojangles", emprunt de tendresse, d'innocence, d'intelligence et de douceur.

Mais progressivement on entre dans cette ambiance délavée, où le père est un tyran domestique alcoolique et la mère est insignifiante tellement elle semble avoir abandonné toute idée de lutte... dans cette atmosphère de citée sordide aux murs gris... dans ces histoires d'adultes dont les enfants ne devraient pas être les témoins, encore moins les acteurs.

Les dessous de ce récit vont progressivement transformer la vie de cette petite fille en une épreuve, dans laquelle elle grandira trop vite et apprendra à s'endurcir, telle une proie qui lutte contre les chasseurs, sans vouloir baisser les bras, jusqu'à l'ultime confrontation.

On s'attache donc facilement à ce personnage, du fait de son innocence et de sa volonté farouche à vouloir sauver son petit frère. On est donc touché par ses épreuves et on rentre ainsi par la fenêtre (celle de la couverture) dans les profondeurs de ce livre qui nous entraîne progressivement dans la "chambre des cadavres".

Même si le thème manque un peu d'originalité et que les personnages sont à la limite de la caricature, l'écriture de ce récit est belle. Mais attention donc à ne pas vous laisser bercer par la poésie du texte et par la douceur qui s'en dégage, car au fond, c'est un roman bien sombre.

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La narratrice a dix ans au début du roman. Son petit frère Gilles en a six. Ils habitent un quartier où toutes les maisons se ressemblent. Lors d'un évènement qui aurait dû être banal, ils assistent à une scène d'horreur qui va faire basculer Gilles dans un enfermement total de sa personne et plus tard des dérives effrayantes.
Sa grande soeur veut absolument le sortir de là et fabriquer une machine à remonter le temps comme dans "Retour vers le futur".
Adeline Dieudonné montre très bien la façon dont la jeune fille s'y prend pour arriver à survivre dans cette famille horrible avec un père violent, cruel et une mère éteinte qu'elle compare à une amibe.
Elle fait preuve d'une grande imagination, d'une énorme fantaisie. Elle dote sa jeune héroïne d'une force étonnante pour venir à bout des démons qui l'entourent.
En même temps, le thème de la violence conjugale est largement traité avec la femme et les enfants qui se taisent, avec la femme de son professeur de physique qui a un jour combattu pour la cause des femmes battues.
Le roman se termine quand la jeune fille a quinze ans. Elle aura eu le temps de vivre une aventure sexuelle et aussi de se rapprocher de sa mère, de comprendre la souffrance de son père tout en ayant très peur de lui.
Elle devient déjà adulte.
C'est un roman tout à fait novateur de par le style, l'écriture et les thèmes abordés. J'ai envie de dire qu'il s'agit d'un OVNI littéraire.
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C'est plutôt surprenant qu'une histoire aussi glauque soit classée parmi les gros succès littéraires de la rentrée.

J'étais très intriguée par ce retentissement et par cette quatrième de couverture qui semblait décrire une famille hors-norme.
Pour ma part, c'est assez difficile d'écrire mes impressions sur ce livre car globalement j'ai aimé le lire, mais je ne me suis attachée à aucun personnage.

L'auteure a fait le choix d'adopter un seul point de vue du début à la fin. Ce qui limite la manière dont on perçoit le monde dans ce livre.
On a le regard d'une enfant de dix ans. Elle grandit au fil des pages. On ne connaît même pas son prénom, mais on traverse avec elle son enfance tragique.

A cause de ce point de vue particulier, je regrette surtout le manque de développement psychologique des personnages en général.
Comme une impression de rester en surface avec des personnalités survolées et pas approfondies.
La protagoniste a une perception assez cruelle de sa propre mère. Ce détachement est assez surprenant. Même si sa mère incarne tout ce qu'elle ne veut pas devenir, la qualifier d'amibe à répétition lui a donné un côté arrogant qui m'a rebutée.
Par contre, la relation avec Gilles son petit frère est touchante au départ, jusqu'à l'accident. Toute l'histoire parle de cet amour profond qu'elle ressent pour lui. J'aurais voulu que l'auteure s'attarde un peu plus sur les mécanismes de son changement radical de comportement.
Le père, quant à lui, est tyrannique et insupportable. On ne connaît pas vraiment son histoire et c'est dommage. Il incarne un peu le cliché de l'alcoolique violent fanatique de chasse.
Les personnages secondaires sont aussi peu développés.
On a quelques bribes du passé du couple Pavlović mais pas grand chose de plus.

La base de l'histoire est intéressante avec cette petite fille qui se bat pour essayer de revenir à la vraie vie. Celle avant l'accident dramatique qui a tout changé. Sa démarche est poignante mais malgré le fait qu'elle maîtrise des notions de physique quantique, elle garde une part de naïveté à la limite du crédible.
Elle est décrite comme une surdouée très mature et dévouée, mais certains de ses comportements m'ont encore plus refroidie.


Ce livre se lit très vite car l'écriture est fluide et prenante. J'ai aimé suivre cette jeune fille qui raconte les drames et les espoirs de son enfance.
Certains passages sont durs et tristement réalistes.
Seulement, pour moi l'auteure s'est davantage préoccupée des descriptions macabres plutôt que de la construction réelle de ses personnages. Mais ce n'est que mon avis.

Selon moi, la fin de cette histoire reste ouverte mais je suis septique sur l'optimisme de la vraie finalité.


J'ai refermé ce livre avec beaucoup de points d'interrogation en tête.
Une bonne lecture tout de même.
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La vraie vie, c'est une bombe.
Je viens de prendre une claque.
C'est violent, animal, révoltant. Cette histoire prend aux tripes.
C'est un premier roman et il est certain qu'Adeline Dieudonné a un sacré talent ! Son écriture est incisive. Elle me rappelle celle de Sandrine Collette. Une écriture qui ne laisse pas indifférent.
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