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Critique de latina


Je regrette de dire ça, mais il faut reconnaitre que nous avons une propension à aimer le Mal.
Oui ! le Mal.
Sinon comment expliquer l'engouement extraordinaire autour de « La vraie vie » de cette jeune auteure belge, sur la première liste des préférés pour le prix Goncourt ?

Il faut dire que c'est très bien écrit, d'une plume « fulgurante », comme dit sur la 4e de couverture. Effectivement, à coups de phrases courtes et incisives qui n'ont pas peur des mots durs, mâtinées d'un style poétique et à la narration naïve, Adeline Dieudonné a su nous amadouer, nous appâter... pour nous plonger sans crier gare dans l'Enfer sur terre.

L'Enfer, faut-il vraiment que je vous le décrive ? Il va bien falloir, et pour moi, je dois à nouveau revivre ça.
Bon, je plonge : un quartier le plus moche du monde, le « Bois des petits Pendus » juste derrière, un cimetière de voitures plus bas, ça, c'est pour le décor.
Les personnages, maintenant : un père violent en mots et en gestes, « à la carrure d'équarisseur, deux passions dans la vie : la télé et le whisky », grand chasseur sous l'Eternel, et plus t'en tues, plus ils sont gros, mieux c'est ; une mère « amibe, un ectoplasme, un endoplasme, un noyau et un vacuole digestive, un pas grand-chose qui s'était peu à peu rempli de crainte » ; un petit frère de 6 ans, au doux sourire, mais jusqu'à quand ?
Jusqu'à l'accident. L'accident du glacier qui meurt sous ses yeux.
Et c'est à partir de ce moment que la vraie vie peut commencer.
La vraie vie...pour qui ? Pour notre jeune narratrice, qui est persuadée qu'un espoir est possible. Espoir d'une vie où les parents sont normaux et aiment leurs enfants, espoir d'une famille unie.
Espoir que la tribu des irréductibles, que sont son frère et elle parce qu'ils s'aiment, gagnent sur la hyène qui rôde en permanence dans le cerveau détraqué du père.

Roman noir, donc, vous l'aurez compris. Dur, sanglant, impitoyable, où les tortures d'animaux, les coups de poings aux humains, les jeux vicieux se mélangent pour former la trame quotidienne de la vie de la narratrice.
Mais la lumière est tapie dans un coin, plus précisément au plus profond de notre héroïne, qui porte bien ce nom.
Et c'est là de là uniquement que la vraie vie, la belle cette fois, pourra surgir.

Je revois donc mon jugement du début : non, nous n'aimons pas le Mal. Nous sommes attirés par lui pour mieux l'éradiquer. du moins ceux qui aiment lire, particulièrement « la vraie vie ».
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