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3,52

sur 1203 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un récit en forme de patchwork. Où il est question d'une recherche de racines russes, d'un amour français, de la réalisation d'un documentaire à Kotelnitch, d'incertitudes qui frôlent parfois la culpabilité, d'une nouvelle érotique, et, sous-jacents, d'accès de dépression.
Un récit qui se déroule chronologiquement, comme un journal.

Ce qui m'intéressait, c'est l'histoire du grand-père d'Emmanuel Carrère, disparu à la Libération, pendant cet épisode que certains ont appelé « épuration sauvage ». C'était aussi la motivation première du livre. Selon les lettres retrouvées, un homme sombre, amer, déçu de sa vie, ouvertement favorable au nazisme. Mais les recherches d'Emmanuel Carrère à ce propos, se dispersent dans son récit, et ne sont qu'une facette de son ouvrage.

Carrère consacre en fait l'essentiel de son récit, à la faillite de son histoire amoureuse : en premier plan, très détaillée, au fur et à mesure du naufrage, ou, en arrière-fond, dans tout ce qu'il a fait, et n'aurait pas fallu faire pour la sauvegarder.

Si le constat est lucide, intelligent, sans pitié sur des comportements parfois névrotiques et pervers, il est d'une totale impudeur. Je préfère définitivement Carrère quand il se fait chroniqueur d'autres vies que la sienne.
Et je n'ai pas l'impression qu'à l'arrivée de ces 350 pages, il en sache tellement plus sur l'ombre noire et pesante de son grand-père disparu, ni sur les circonstances de sa mort, qu'au début de son livre. Et moi non plus...


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Un titre simple et l'espoir d'un bon moment de lecture.
Emmanuel Carrère dans Un roman russe entame un reportage sur une histoire vraie d'un soldat hongrois interné cinquante-trois ans dans un asile psychiatrique en Russie.
Que de souffrance ! Enfermé seul dans un monde qui ne parle pas sa langue. J'ose dévoiler un peu de ce roman car ce n'est pas le vrai sujet. L'auteur bifurque sur la ligne à tenir et commence une quête plus personnelle, plus difficile. Un roman russe devient alors un carnet de souvenirs : un journal intime.
Carrère nous fait voyager, nous fait découvrir des gens "désabusés". La méfiance fait place à la courtoisie, la convivialité et même plus.
Toutefois, Sophie est la personne qui m'a le plus émue. Ses mots et plus particulièrement les pages 300 et 301 m'ont troublée, bouleversée même. La fragilité de cette femme est touchante et les lecteurs et plus encore les lectrices ressentiront sa profonde blessure.
J'ai détesté cet homme qui écrit son mal mais n'hésite pas à faire souffrir et du coup je n'ai pas trop aimé ce roman.
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Le titre est trompeur : ce livre n'est pas un roman. C'est la somme de plusieurs récits de genres très différents. On part dans une enquête destinée à devenir un documentaire, sur un fait divers très étonnant : le retour d'un prisonnier de guerre hongrois « oublié » pendant un demi-siècle dans les camps soviétiques puis dans un asile psychiatrique de la Russie profonde.
L'auteur passe alors à autre chose : qui était son propre grand-père maternel, émigré géorgien, disparu mystérieusement en 1944, peut-être abattu pour collaboration ? Un mystère, un non-dit qui hante sa famille. La question reste posée.
Le « roman » prend alors une tout autre tournure : l'auteur nous livre une nouvelle érotique troussée d'une façon diabolique et destinée à être lue sur le vif dans un train par celle qu'il aime. On se régale. L'auteur aussi visiblement. Mais l'affaire échoue, des événements imprévus ayant déboulé. Suivent de longues pages consacrées à une crise de jalousie qui aboutira à la rupture des amants.
C'est là que cela devient longuet. Les épisodes de "je t'aime moi non plus" m'ont toujours lassé. Ici ils débordent. L'ego de l'auteur devient envahissant. Son « je » m'a submergé, j'en ai compté 27 à la page 300, trop c'est trop...
On respirerait presque à la fin du livre quand l'auteur retourne en Russie, retrouve les protagonistes du tournage de son film, et apprend que l'un d'entre eux a été victime d'un assassinat horrible.
C'est brillant, intéressant, très lassant et très agaçant par moments. Dommage !
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Perplexe je suis. Et à ce titre, ce livre est une réussite. Qu est ce qui a bien pu me pousser à lire jusqu au bout les délires alocolo-porno-parigo-dépressifs de cet homme dont j admire à la fois l'égocentrisme avoué et qui donne sur un plateau de argent au lecteur le bâton pour se faire battre. Pantois je suis.

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Quel curieux livre que ce Roman russe !
Avec une impudeur singulière et embarrassante, Emmanuel Carrère nous conte un morceau de vies... Cela ferait penser à D'autres vies que la mienne dit comme cela, mais ce qui le distingue c'est - d'après mon ressenti - que les personnes sont comme des personnages de roman dont on étale les secrets, les turpitudes, les failles...

"(...) jusqu'où un écrivain peut-il offrir ses proches en pâture au public, les sacrifier à sa propre jouissance ? (...) Je n'aime ni les mystères ni le ton de ce message, mais il touche juste. Je me demande si écrire, pour moi, revient nécessairement à tuer quelqu'un."

Si le choix de la couverture déroute : pourquoi un homme sous l'eau ? si ce n'est le nu de l'impudeur et la plongée en apnée dans une histoire de vies, au pluriel donc. le choix du titre, quant à lui, se comprend. Un roman qui n'en est pourtant pas un, mais un écrivain qui utilise les autres comme des fantoches, presque réjoui des rebondissements malheureux pour que ce roman du réel prenne vie...
Et russe car - voilà ce qui initialement m'avait attirée dans cette histoire - c'est que, par sa mère, Emmanuel Carrère a des origines russes. Or, il se trouve que le père de sa mère fut un collabo durant la seconde guerre mondiale, disparu dans des circonstances inconnues, ce qui en a fait un secret honteux que sa mère a pris soin d'enterrer.
Parallèlement, Emmanuel Carrère est appelé à réaliser un documentaire à Kotelnitch, un bled paumé de Russie, pour suivre l'histoire d'un Hongrois, libéré après plus de 50 ans d'un asile psychiatrique où il a séjourné après avoir été fait prisonnier par les Russes durant la seconde guerre mondiale.

Ce fil d'Ariane pour aborder le poids des secrets à un niveau transgénérationnel m'apparaissait vraiment intéressant...
Sauf que Emmanuel Carrère ne se contente pas de suivre cette ligne directrice. Il nous livre - en pâture pour reprendre le mot - sa relation sentimentale, passionnelle, conflictuelle et tortueuse avec Sophie, sa compagne.

L'écrivain se met tout pareillement "à poil" au sens où il nous donne à voir les aspects les plus odieux de lui-même et semble presque en jouir... On voit là quelqu'un pétri de névroses qui s'inflige et inflige parce qu'il est embarrassé de lui-même. Il le sait. Il est lucide. Il est coutumier de la psychothérapie, sinon même de la psychanalyse. Cela va loin. Qu'il le choisisse pour lui-même, soit. Qu'il l'impose aux autres, met mal à l'aise.
Quant au secret de sa mère, elle le supplie d'attendre sa mort pour creuser, mais Emmanuel Carrère y voit là a fortiori justement toutes les raisons d'exhumer ces secrets qu'il considère lui appartenir aussi dès lors qu'il s'en sent prisonnier... Elle lui dira finalement qu'elle avait compris qu'il le faisait pour elle...

Et finalement, que reste-t-il de tout cela ? C'est un des protagonistes russes de "l'histoire" qui le résume le mieux : "c'est bien. Et ce que je trouve surtout bien, c'est que tu parles de ton grand-père, de ton histoire à toi. Tu n'es pas seulement venu prendre notre malheur à nous, tu as apporté le tien. Ça, ça me plait."

On "nage" dans cette ambiguïté (et le choix de la couverture nous est expliqué en toute dernière page), dans ce bassin de souffrances, mais j'y ai vu, moi, même si Emmanuel Carrère part en quête d'un point final pour terminer son livre et boucler la boucle, la brasse éperdue de quelqu'un qui se noie sans jamais trouver sens à ce qu'il veut toucher du doigt.
Alors, c'est sur ce même sentiment mitigé que je clos cette critique.
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Habituellement, j'apprécie les récits d'Emmanuel Carrère car, s'y mêle toujours à la trame principale, un soupçon de vécu personnel qui donne de la substance. En revanche, pour Un roman russe, l'auteur a choisi de sauter pieds joints dans l'intime, à tel point que j'en ai ressenti souvent un profond malaise.
Fils d'Hélène Carrère-d'Encausse, née Zourabichvili, l'auteur tente de renouer avec ses origines russo-géorgiennes lorsqu'il se rend à Kotelnitch au nord de Moscou pour y relater l'expérience d'un soldat Polonais, toujours vivant mais interné, ayant été fait prisonnier par les Soviétiques peu après la Seconde Guerre Mondiale. En parallèle de ce projet d'écriture, Carrère sent poindre le désir de clarifier le parcours de son grand-père maternel Georges, émigré en France au début des années 1920 et dont la vie s'est terminé abruptement dans une certaine ignominie. « J'ai pensé : je suis venu faire une tombe à un homme dont la mort incertaine a pesé sur ma vie, et je me retrouve devant une autre tombe, celle d'une femme et d'un enfant qui ne m'étaient rien, et maintenant je porte leur deuil aussi. Peut-être que c'est cela, l'histoire. » Car, au cours de ses deux voyages en Russie, Carrère a noué des liens avec les locaux, dont un couple quasi mythique, lui, espion du FSB et elle, jeune mère francophile.
Un récit dérangeant par son côté égocentrique (les déboires amoureux de l'auteur aggravés par une jalousie maladive) et l'implication involontaire de ses proches. J'ai trouvé que le pillage émotionnel ici est encore plus flagrant que dans ses autres livres, quoique Yoga ne donne pas sa place dans le style « je me moi ». Pourtant, Yoga fut un de mes coups de coeur, tandis que celui-ci m'a plutôt déçue. Mon mari et moi avons tout de même convenu que Carrère demeure un sacré conteur sachant tourner ses phrases.
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Mon premier livre du fils d'Hélène C d'E, qui fut ma prof à l'IEP, une des premières et rares femmes enseignantes dans cette enceinte, et quelle poigne !. On connaissait l'histoire et le devenir soviéto-russe sur le bout des doigts...
Donc beaucoup de curiosité en lisant ce livre du fiston consacré à la filiation russe.

Emmanuel Carrère part réaliser un documentaire en Russie : il fouette deux chats : en enquêtant d'une part sur son grand-père géorgien "disparu" en 1944, et en effectuant parallèlement un reportage à Kotelnitch sur un ancien prisonnier hongrois libéré après 56 ans de prison dans les geôles russes.

Emmanuel Carrère raconte aussi, encore en parallèle (il y a beaucoup d'histoires dans l'histoire), sa liaison avec une "Sophie" (pour lui : "sa" Sophie). Et dans le cours du récit, il fait référence à un article "porno olé-olé" qu'il avait fait paraître dans le journal le Monde pour prouver son amour à cette belle qui avait d'autres chats à fouetter... et c'est là que le bât blesse..

Mal m'en a pris : je me suis procuré le-dit article du Monde ! Quelle débandade, quel abaissement abyssinal notre EC s'est-il infligé aux côtés des passagers de ce TGV. J'en étais gênée pour lui. Et c'est paru sous son nom dans le Monde... mince, le bonhomme n'a pas beaucoup de pudeur ou d'amour-propre pour étaler de cette façon son marasme amoureux. (Cela m'a fait penser à un roman d'Annie Ernaux - auteur que j'aime pourtant beaucoup, sauf ce roman-là où elle "mendie" publiquement son amour pour un diplomate...).

Ce qui fait que, hélas, l'article du Monde m'a tellement estomaquée que cela a pris le pas sur le roman et l'auteur en tant qu'écrivain.
Mille excuses, Monsieur Emmanuel C., votre "Roman russe", je l'avais bien apprécié et lui avais conféré la note "bien". Un roman vraiment personnel, et compte tenu de votre maman, j'imagine le combat intérieur que vous avez dû mener...
Oublions-donc cette épopée parallèle ayant mené au-dit article du Monde...
Et dès que je peux, je me jette sur" Limonov" (j'ai hâte), en espérant que la Sophie n'y figure pas !
Lien : http://coquelicoquillages.bl..
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Emmanuel Carrère dans Un roman russe raconte trois histoires. Une première, celle d'un reportage qu'il a entrepris sur un jeune prisonnier hongrois, une deuxième (plus polémique puisque sa grande mère l'historienne, Hélène Carrère d'Encausse lui avait fait promettre de ne pas écrire là dessus) raconte la collaboration de son arrière grand père durant la seconde guerre mondiale, enfin, une troisième histoire raconte la relation qu'il a avec une jeune femme et notamment sa réaction à une lettre- récit érotique qu'il écrira pour elle dans le journal le Monde.
L'auteur veut absolument provoquer et mets en jeu ses relations familiales et amoureuses. Au delà de l'autofiction, la construction du récit est bien menée.
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Le transgénérationnel étudie en psychologie les traces, traumatismes, séquelles laissés par les générations précédentes. L'empreinte pour Emmanuel Carrère vient de son grand-père disparu dans d'obscures conditions en 1944. Ce grand-père, père de l'académicienne Hélène Carrère d'Encausse, accusé de collaboration, la famille n'en a jamais parlé.
Le narrateur du récit se rend à Kotelnich, petite ville russe perdue, effectuer un reportage sur un Hongrois retenu prisonnier pendant plus de cinquante ans. Il voit dans ce vieil homme un double de ce grand-père volatilisé. Il raconte le tournage en 2002, la Russie profonde, ses démêlés sentimentaux, ses relations avec sa mère. Certes sa personnalité n'est pas toujours sympathique mais il se montre honnête. Souvent égoiste, parano, d'une grande sensibilité, il ne cache rien de sa part d'ombre et renoue avec son grand-père qu'il imagine comme lui (et à l'inverse de sa mère Hélène) tourmenté, dépressif.
La mère de l'auteur a toujours voulu nier la souffrance et aurait souhaité pour son un fils une personnalité plus solaire, moins tourmentée, ce qu'il ne peut être.
Récit inégal, des longueurs et des passages sincères et émouvants. Forme intéressante. Autoportrait, documentaire et roman enchâssés.
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Curieux ouvrage que ce roman russe qui n'a de russe ou de roman que le nom.
C'est la fois une incursion au coeur des non-dits de sa famille, et en particulier de sa mère, récit de multiples séjours dans la profonde Russie sur les traces d'un mystérieux hongrois, et immersion dans les méandres des histoires de coeurs et des fantasmes de l'auteur.
Tout cela fait un peu beaucoup, me direz-vous. C'est vrai que l'on s'y perd un peu, et que souvent l'on peine à savoir où veut nous emmener Emmanuel Carrère. En réalité, en plein désarroi, l'auteur n'en sait sans doute rien lui-même ; il s'épanche sur tout et rien à la fois.

Ce qui a trait à sa vie privée prends très souvent le chemin du glauque et du grand déballage. On s'en passerait volontiers. A contrario, l'aspect familial, est à la fois abordé, mais sans rien en dire ; si ce n'est que sa mère, l'historienne et académicienne s'y oppose formellement. Il faut noter la beauté des dernières pages qui sont une lettre écrite à sa mère.

Si le contenu de l'ouvrage reste discutable de par l'intérêt qu'il suscite, il faut néanmoins souligner une construction astucieuse, et une écriture remarquable. Hélas, cela n'en fera pas pour autant un ouvrage remarquable.
J'avais apprécié (mais sans plus) "D'autres vies que la mienne", calé sur "Limonov". Après ce troisième essai, je vais sans doute arrêter là avec Emmanuel Carrère qui ne comble pas vraiment mes goûts et appétits de lectrice.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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