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3,52

sur 1203 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Dérangeant .. par moments décevant, mais heureusement la fin redonne une texture à ce livre en vrac.

C'est en vrac, une Russie intemporelle mais constante, une vie de couple riche/intense mais voyante et tendue, des voyages surprenants mais planifiés dans tous les détails, une relation de famille entrelacée et imbriquée dans un mal-vivre intermittent, mais répétitif.

A force de dispersions et de reprises, j'en ai oublié le (malheureux) personnage du départ. le personnage "prétexte" ou "tremplin" qui ne survit pas aux 40 premières pages. La suite part en vrille, s'arrêtant dans la description d'une relation intime (sans être bigotte, ça m'a gênée de rentrer dans l'intimité d'un couple.. "pour de vrai") et c'est finalement la personnalité de la mère qui est et reste le fil conducteur du livre.

L'auteur, de ma génération, semble ne pas comprendre que ce n'est pas seulement sa mère qui se mure dans un "paraître" ou "never complain, never explain" mais c'est un trait de cette génération qui a survécu à la WW.II tout en se sentant heureux d'être vivant et étonné d'avoir pu reprendre une vie "pour de vrai".. D'autres ont encore ajouté un sentiment de culpabilité d'avoir traversé la guerre dans un relatif confort, ou sans dommages directs.

Ici la mère est le pont pour apprendre la langue "maternelle", pour connaître le grand-père, le grand oncle et d'autres. C'est la trame du livre.


Les voyages à Kotelnicht par contre donnent une couleur grise mais tout est tellement bien décrit que si on cherche Kotelnicht sur google .. c'est comme dans le livre.  La société de Kotelnicht est immuable, et l'alcool conserve. Même les personnages peu reluisants prennent corps. Par contre.. le directeur du film semble ne pas pouvoir gérer son film. Ça aussi m'a gênée ... c'est comme si le film était bâclé ou mal travaillé. Je ne sais pas si je le regarderai.


Le reste est un peu à passer à pertes et profits...  la jalousie, les coucheries, les descriptions intimistes, les aller-retour brodés de constants "je t'aime ou pas" cycliques alourdissent ce livre qui méritait mieux. le pire reste quand même la lettre publiée dans "Le Monde" avec fanfaronnades sexuelles à l'appui. Passage inutile qui ne doit pas faire son effet en cette période de féminisme chouilla hystérique.


Bref, autant j'ai avalé Limonov et l'Adversaire .. autant ce livre m'a paru lent, lourd et mal sucré. "Pas besoin de sauter par la fenêtre pour mourir, d'autres comme toi, (comme nous) meurent très bien vivants".. m'a quand même réconciliée avec le tout.


Que l'auteur se rassure, le monde ne se divise pas en "eux" et "nous". Nous avons tous des sacs, des lettres, des albums-photo, fermés, dans nos caves. Cela a formé notre personnalité et nous ne somme pas tous allés en analyse pour ça. Si nous ne les ouvrons pas aujourd'hui, ce n'est pas sûr que nos enfants le fassent. Mais cela nous permettra toujours de mieux comprendre et aimer nos parents.. qui ont été jeunes et qui ont dansé, aussi.


Finalement je préfère l'Emmanuel Carrère écrivain/journaliste/enquêteur à celui qui se livre .. sur lui-même. Son talent est là, mais est-ce que je voulais vraiment le connaître? Il aurait pû faire cette analyse en tête-à-tête avec un professionnel. Ce livre n'est pas un roman, et les soucis ne sont pas russes.. Dommage ... :(
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Emmanuel Carrère dévoile dans ce qu'il est convenu d'appeler maintenant une « autofiction », plusieurs facettes de sa vie intime et de sa personnalité. Plusieurs thèmes sont traités, façon patchwork : la fabrication d'un reportage, sa relation avec sa célèbre mère, ses obsessions d'écrivain, sa vie de couple. En traitant ce dernier sujet, Emmanuel Carrère prend un gros risque, compte tenu de la teneur de ce qu'il nous livre plutôt crument (à supposer qu'il s'agisse d'un récit sincère, mais rien n'indique le contraire). Nous découvrons en effet une personnalité bien peu sympathique. L'histoire de la nouvelle totalement impudique publiée dans le Monde est consternante, et provoquera la rupture de son couple. On comprend, après un tel fiasco sentimental, qu'il ait eu envie d'écrire ensuite « d'autres vies que la mienne ».
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Ce roman, centré sur l'auteur, mêle cependant plusieurs histoires qui permettent d'y éviter la monotonie :

- la quête autour de secrets de familles relatifs au passé de collaborateur du grand-père maternel pendant la seconde guerre mondiale, non-dits dont l'auteur estime avoir souffert

- une histoire d'amour exhibitionniste avec la belle Sophie, sur le mode complexe du "je t'aime, moi non plus"

- le tournage d'un film sur une petite ville de Russie et la vie de ses habitants après l'ère soviétique.

L'écriture est précise et agréable mais j'ai trouvé ce livre un peu trop nombriliste. Sa qualité est selon moi loin d'égaler celle d'autres oeuvres de Emmanuel Carrère (les excellents 'La classe de neige' et 'D'autres vie que la mienne', et même le récent 'Limonov'), même s'il m'a paru nettement plus intéressant que 'La moustache', dans lequel je m'étais profondément ennnuyé.

Le livre se termine sur un bel hommage à sa maman l'historienne Hélène Carrère d'Encausse, même si l'auteur a rendu public un épisode honteux de l'histoire familiale.

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D'Emmanuel Carrère je n'avais lu, jusqu'à présent, que « le Royaume » récit sur les origines du christianisme, oeuvre passionnante, mêlant érudition, humour et réflexions de l'auteur sur sa propre histoire et son rapport à la foi. C'est donc avec un a priori très favorable que je me suis plongé dans ce « roman russe »
Malheureusement, la déception est à la hauteur de l'attente. Ce récit autobiographique entrelace trois histoires très différentes, d'intérêt très inégal.
Tout d'abord, l'auteur part en Russie pour un reportage, sans but précis, dans un patelin paumé suite à un fait divers local : un prisonnier de guerre hongrois a séjourné plus de cinquante ans dans un hôpital psychiatrique à Kotelnitch, petite ville moyenne au Nord Est de Moscou, avant d'être découvert et rapatrié dans son pays d'origine. Il s'ensuivra, au fil du récit, plusieurs allers-retours de l'auteur dans cette localité pour la réalisation d'un documentaire télévisuel. On y découvre la Russie profonde, parfois triste et morose, parfois enthousiasmante selon les humeurs fluctuantes de l'auteur.
Ce voyage permet à Emmanuel Carrère, fils de l'académicienne Hélène Carrère d'Encausse, d'introduire une deuxième histoire en résonnance avec ses origines familiales russes : un secret de famille, l'enlèvement de son grand-père maternel en 1944 pour collaboration, probablement exécuté et à jamais disparu. Les relations mère-fils, les non-dits, le poids de la l'histoire familiale, la culpabilité enfouie, tout est décrit avec finesse malgré une tendance égocentrique voulue et souvent agaçante. Il s'agit à mon avis de la partie la plus intéressante et la plus réussie de cette autofiction ou autobiographie, je ne sais comment la qualifier.
La troisième histoire omniprésente dans le roman est la mise en scène du fiasco d'une histoire amoureuse que l'auteur vit en parallèle. Et là, je trouve cela complètement raté et inapproprié.
E. Carrère apparait comme une personnalité narcissique, caractérielle. Il est enfermé dans sa classe sociale privilégiée, méprisant envers les classes sociales laborieuses (au sens ce ceux qui vivent de leur travail),. il multiplie les détails sur ces états d'âme avec un comportement que je qualifierai de phallocrate envers sa compagne ,renforcé (et c'est la cerise sur le gâteau…) par un exhibitionnisme de sa vie sexuelle, qui pourrait apparaitre à certains dérangeant ou à d'autres érotique mais que pour ma part, je trouve ennuyeux et inutile.
Pour conclure, un livre décevant malgré une écriture et un style toujours très agréable, mais la dimension égocentrique omniprésente devient, au fil du récit, exaspérante et lassante.
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Je suis incapable de dire si j'ai aimé ou non ce livre très (trop ?) personnel d'Emmanuel Carrère. Il m'a intéressée, c'est certain, mais de manière inégale.

Cette « autofiction » part dans tous les sens et on se demande quel est l'objectif du narrateur. Souhaite-il écrire un simple livre sur une période de sa vie ou effectuer une psychanalyse, dont il a bien besoin ? Il apparait ici très égocentrique, antipathique, voire cruel avec son entourage, impudique et de toute façon en proie au mal être et à ses névroses.

Il évoque pêle-mêle, dans cette oeuvre, ses doutes sur le passé familial, ses relations avec sa mère, ses origines, ses voyages à Kostelnitch dans la Russie actuelle, sombre et corrompue. Et surtout il expose de façon indécente ses fantasmes sexuels et sa relation amoureuse avec Sophie, qu'il finit par détruire. C'est malsain et dérangeant.
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Ce roman russe sonne comme une catharsis pour Emmanuel Carrère, une expiation d'une période de sa vie où son égocentrisme et sa mauvaise foi l'ont amené à blesser ses proches et son amie, à travers une relation tourmentée à grand coups de « je t'aime moi non plus ».

En parallèle, il raconte sa tentative pour reprendre contact avec ses origines russes à travers le tournage d'un reportage. Ce prétexte l'amènera dans une petite ville de la Russie profonde dont il peint plutôt bien la vie de ses habitants, partagés entre le fatalisme de leur situation et l'espoir d'un monde meilleur.

Ce roman est surtout centré sur son auteur qui ne se présente pas sous son meilleur aspect. Égoïste, hautain, imbu de sa personne, il ne cache rien de son comportement odieux, n'essaie pas d'arrondir les angles ou de se justifier avec de fausses excuses. C'est brut et naturel. J'ai malgré tout aimé lire ce livre, peut-être justement parce qu'Emmanuel Carrère s'ouvre au lecteur. Tour à tour il nous fait sourire, nous agace, nous attriste.

Je pense cependant que cette lecture s'effacera relativement rapidement de ma mémoire car le style et l'histoire sont plutôt passe-partout. Je l'avais d'ailleurs lu il y a quelques années et l'avais complètement oublié, le chapitre dans le TGV m'a sauté aux yeux, me rappelant ma lecture.
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J'aime beaucoup Emmanuel Carrère, et là encore une fois j'ai beaucoup aimé son écriture. Mais le roman était un peu trop intimiste pour moi. J'ai eu une sensation de voyeurisme que je ne recherchais pas pas forcément.
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C'est le quatrième livre d'Emmanuel CARRERE que je lis. J'ai beaucoup aimé les trois autres, celui-ci également mais la partie sur sa vie privée et sa sexualité est particulièrement pesante. Il voit peut-être un psychologue trois fois par semaine mais il ne doit pas pour autant nous faire subir son analyse !
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Drôle de cas que cet écrivain. Après quelques romans étranges (La moustache), tristes et beaux (La classe de neige), Emmanuel Carrère a construit une oeuvre moitié autobiographique - moitié enquête sur le réel, dont notamment le magnifique et effrayant l'Adversaire autour de l'affaire Jean-Claude Romand. Il y conte ainsi d'autres vies que la sienne (titre d'un autre de ses livres) mêlées à sa propre histoire.

Lire Emmanuel Carrère revient alors à suivre un récit et, comme une mise en abîme, le récit parallèle de sa fabrication. le sujet joue sur la vie de l'auteur tandis que la vie de l'auteur joue sur le sujet. Un procédé intéressant, un peu exhibitionniste, mais doté d'un véritable sens, permettant de décortiquer un cheminement autant que le sujet lui même.

Ainsi, il n'y a plus de fiction dans les livres de Carrère, il n'y a que la réalité du monde (souvent noire) et comment l'auteur se débrouille avec. Ses livres sont des carnets de bord, des confessions, des journaux, des enquêtes, plus vraiment des romans.

Un roman russe fait partie de cette veine. Paru il y a quelques années, il promet une enquête autour du grand-père du romancier, arrêté à la Libération dans des circonstances étranges et qui n'est jamais revenu. Un poids pour la famille, une terrible énigme, un peu honteuse également car liée à des affaires de collaboration. Mais la promesse n'est pas tenue. Quelques pages suffisent pour évacuer le sujet et là où enquête il devait avoir, il n'y a plus qu'Emmanuel Carrère se décrivant lui même. Ses problèmes de couple, ses errances dans un petit bled en Russie où il est censé faire un documentaire mais n'y arrive pas, son rapport à ce pays de ses origines et à sa langue…

Le récit met finalement assez mal à l'aise. L'auteur s'y dévoile sans pudeur et il y semble particulièrement triste et à la dérive dans sa vie d'homme, de père, de fils, d'amant. Ainsi, s'il a perdu son sujet en route, c'est qu'il se perd lui même dans ses propres problèmes et angoisses. Au lieu d'une enquête, Un roman russe devient le récit d'un homme qui va mal.
On est heureux, en le lisant, de ne pas être un proche de l'auteur. J'ai tremblé à plusieurs reprises pour lui, afin qu'il n'aille pas trop me raconter, à moi, parfait inconnu, des choses sur sa famille, ses amis, sa femme, qui ne me regarde pas et en imaginant les dégâts que cela pourrait causer dans sa vie.
Egalement, le problème de l'exhibitionniste, c'est qu'il transforme l'autre en voyeur. J'ai, à plusieurs reprises, eu la sensation d'être dans cette position un peu minable et ai été mal à l'aise de m'y retrouver.

On peut saluer un telle volonté de vérité ou se sentir gêné d'avoir à la lire, sans le filtre de la fiction. On dit souvent qu'écrire un livre c'est se mettre à nu en portant un masque sur le visage. Là, Emmanuel Carrère n'a pas de masque et c'est nu qu'il se présente, ainsi que ses proches. C'est courageux, suicidaire peut-être (d'ailleurs on s'inquiète réellement pour lui à certains moments du livre), mais aussi assez déstabilisant pour le lecteur et parfois malsain.

Pourtant, le livre marche, c'est à dire qu'il emporte. L'écriture fluide, alerte et sans fioriture de l'auteur est d'une réelle efficacité et sert à merveille la véracité du propos. Un Roman russe se lit à la vitesse grand V, avec un véritable plaisir, malgré son sujet non-romanesque. Cette prouesse est à saluer.

La très belle lettre de l'auteur à sa mère (Hélène Carrère d'Encausse, pour les fameux voyeurs) en conclusion du livre est très émouvante ainsi que l'épilogue autour de sa tentative de reportage en Russie et méritent à eux seuls que l'on se penche sur ce livre.

Une oeuvre nombriliste d'un homme qui a mal à son nombril, mais qui sait le traduire avec un grand talent.

Tom la Patate

Lien : http://coincescheznous.unblo..
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J'ai découvert Emmanuel Carrère avec "d'autres vies que la mienne" et j'ai été charmée et conquise, j'ai aimé "Limonov", mais "un roman russe" m'a déçue : un être tourmenté par le déni de sa mère envers le passé collabo du grand'père maternel de l'auteur qui essaye de renouer avec des racines russes dont il maîtrisait la langue enfant et qu'il ne parvient plus à réapprendre et le récit nombriliste du naufrage de ses amours qui le rend plutôt antipathique
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