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EAN : 9782253162414
624 pages
Le Livre de Poche (03/10/2012)
3.85/5   252 notes
Résumé :
Octobre 1943 : Roosevelt, Churchill et Staline doivent se rencontrer à Téhéran pour discuter du sort de l'Allemagne... et se partager l'Europe. Chacun s'y prépare au mieux de ses intérêts. L'espion personnel de Roosevelt, Willard Mayer, est un agent de l'OSS qui se trouve également être juif, d'origine allemande, philosophe et ancien membre du parti communiste. Avoir tant de choses à cacher ne va pas lui faciliter la tâche... Quant à Hitler, il sait, après Stalingra... >Voir plus
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Non, La paix des dupes ne fait pas partie de la série des Bernie Gunther. C'est certes un roman historique implanté durant la Seconde Guerre Mondiale mais c'est un one shot!

Doux rêveurs qui pensez que la paix universelle n'est pas une utopie: fuyez, pauvres fous, n'ouvrez jamais un roman d'espionnage!
Et vous qui osez ouvrir ce roman, perdez ici toute espérance!

Le monde de l'espionnage est le parfait déséquilibre entre l'intérêt commun et général et les petites individualités mesquines, entre la grande Histoire et le chaos des petites. Tant que le sort des masses populaires est placé entre les mains d'une poignée élitiste composée, de toutes manières, d'êtres humains, donc imparfaits et assujettis à leur ego,  tout ne sera que chaos, calculs et trahisons.

Philip Kerr, avec La paix des dupes, nous brosse le parfait tableau de l'espionnage en s'appuyant sur un fait avéré de la grande Histoire, la rencontre entre Churchill, Roosevelt et Staline, à Téhéran, en Novembre 1943. Un événement connu de tous, en tout cas, ce qui concerne la vitrine officielle de l'Histoire. Et autour de cette rencontre historique, l'auteur y apporte sa touche fictionnelle pour titiller le lecteur, ébranler les bases de véracité que nous tenons (presque!) tous pour acquise lorsque nous avons ouvert un livre d'Histoire, au moins pendant nos années scolaires.

Et Philip Kerr a le talent de distordre le cours du temps pour nous immerger dans les combines des grands de ce monde, comme si nous étions assis dans un fauteuil aux côtés de Roosevelt, à déguster un martini préparé par ce grand homme himself! Même avec un petit excès de vermouth en prime!

L'auteur mêle une documentation historique irréprochable aux éléments fictionnels de son intrigue, nous révélant ainsi toutes les nuances de gris, allant du noir le plus profond à l'inexistence du blanc virginal. Une vision manichéenne du Monde est impossible, un jugement expéditif, dangereux, et l'optimisme confiant voué à l'échec.

Et rien de tel que de créer un personnage, l'espion personnel de Roosevelt, Willard Mayer, qui est un agent de l'OSS, ancêtre de la CIA, et qui se trouve également être juif, d'origine allemande, philosophe et ancien membre du parti communiste. Toutes ces caractéristiques alimentent une réflexion dense sur le rôle des espions, mais aussi de ces hommes (et femmes!) aux origines multiples, aux confessions diverses et aux convictions fluctuantes. Où la loyauté se fixe-t-elle quand ces horizons se confrontent?
Ce personnage est intéressant car il évolue entre deux eaux, comme un caméléon, honoré d'avoir l'oreille de Roosevelt, lucide sur son sort personnel et l'esprit ouvert aux motivations d'autrui.

L'intrigue est captivante: nazis, anglais et américains se croisent, se reconnaissent, s'ignorent. Tout est dans l'information et la désinformation, la manipulation et la préhension des mouvements futurs de l'autre.
Un bémol, léger: les russes sont un peu trop discrets, à mon sens, dans ce jeu planifié. L'auteur ne les ignore pas totalement puisqu'il est largement question du massacre de Katyn en 1940, mais il ne ressort pas un réel enjeu pour eux dans cette rencontre au sommet. Est-ce parce qu'ils se sentaient, de toutes manières, en position de force que leurs espions étaient au repos?

D'un point de vue psychologique, ce genre de romans est passionnant, en confrontant des personnages historiques dont nous connaissons la réputation, leurs actes et les travers plus ou moins bien dissimulés, trouvant écho dans l'intervention de personnages secondaires totalement fictionnels et obscurs.
D'un point de vue purement historique, les romans d'espionnage sont terribles en nous dévoilant les coulisses de la scène internationale. Tout n'est pas blanc, ni noir. Chaque position peut se défendre selon le point de vue adopté mais ce qui est certain, c'est que si le monde est un vaste échiquier, que certains fous sont sacrifiés pour protéger la reine, nous, humbles citoyens n'avons que peu de chance d'assister à la fin de la partie...

Nous n'apprenons, en général, que les grands traits de l'Histoire mais avec des auteurs comme Philip Kerr, nous avons la chance de découvrir que L Histoire n'est pas constituée essentiellement de grands événements et de dates cruciales, elle réside dans les détails, les obstacles inattendus, les secrets et les trajectoires d'individus dont nous ne connaîtrons jamais les noms...

Roman historique passionnant si vous ne l'avez pas compris et que je recommande à tous les passionnés de la grande et de la petite Histoire!
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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J'aime bcp l'auteur Philip Kerr et j'adore sa série "berlinoise" avec Bernie Gunter et les suites, qu'elles se passent à Berlin, Cuba, Zagreb ou la Côte d'Azur . J'aime aussi ses autres productions et j'admire sa formidable culture historique . Je me suis donc plongé dans "La paix de dupes" qui faisait partie des quelques Kerr qui manquaient à mon tableau et ...j'ai quelques difficultés à vous raconter la suite. En effet le début correspond tout à fait à ce que j'attends des livres de Kerr: une intrigue intrigante, des histoires policières recoupant l'histoire de la seconde guerre mondiale et toujours l'humour décapant et "so british" qui fait une partie du charme de l'auteur. Tout se passe bien ( du point de vue du lecteur); même si la vraisemblance prend parfois quelques vacances Mais,Mais, Mais [ avec un grand M],à la page 371 j'ai failli m'étrangler et dans un premier temps j'ai rejeté mon livre en me disant "je veux bien être bon public mais la compréhension ---dans le sens d'empathie--a des limites qui sont celles du bon sens" et là,le mien s'est hérissé pour de bon. J'ai quand même repris le bouquin et l'ai fini en accéléré (il fait 424 pages + 2 pages d'appendice + une note de l'auteur de 3 pages ).Je ne déflorerai pas ce qui provoque mon reflexe d'irritation ,je me contenterai de dire que si un auteur a tous les droits dans la mesure où il en use avec talent, le lecteur a tous les droits,celui d'adhérer, celui de rejeter, celui aussi de ne pas être d'accord . On peut accepter l'idée d'une uchronie---et même s'en régaler--- mais quand un auteur vous raconte une histoire censée être basée sur des faits réels, le lecteur est en droit de lui demander de respecter un minimum de vraiemblance. J'ai repensé,à ce propos, à"Opération Napoléon" d'Indridasson de fâcheuse mémoire et la comparaison n'est pas flatteuse pour Kerr qui me doit une revanche. Voilà,c'est dit !
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Surprenante lecture!
Je suis en général la série Gunther de Philip Kerr et j'avoue avoir acheté ce roman par erreur, pensant qu'il s'agissait d'une autre de ses aventures. En découvrant que ce n'était pas le cas, et que ça parlait également de Katyn, j'ai réellement eu peur d'être déçue... Mais il n'en est rien. Cette intrigue fait partie de mes préférés de Philip Kerr jusqu'à présent.

On se retrouve dans un univers bien particulier : espionnage, secret, trahison, services secrets et missions diplomatiques. Les personnages sont nombreux et on peut s'y perdre mais l'intrigue est comme à l'accoutumée très bien ficelée. Autour de la mystérieuse conférence de Téhéran, voilà que s'ajoute un espion allemand, la mission Triple Saut ou encore les tentatives multiples pour entacher l'alliance URSS/ USA.

L'ouvrage est très bien ficelé et rigoureux sur la plan historique. Mieux, Philip Kerr joue avec talent sur le mystère nimbant la conférence de Téhéran pour en faire une fiction des plus surprenantes et pourtant plausiblement réaliste... Il en viendrait presque, notamment avec ses notes, à nous convaincre que cela s'est réellement passé!
De même j'ai apprécié que pour une fois, les vilains vilains ne soient pas uniquement les nazis. Les communistes soviétiques ont quand même une belle part d'atrocités dans cette guerre à n'en pas douter.

Je le conseille!
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Après les six épisodes des aventures de Bernie Gunther dans l'Allemagne d'Hitler puis de la Guerre Froide dévorés avec délices, j'attendais mieux de ce roman d'espionnage à décor historique. Là, je trouve que Philip Kerr y va un peu fort en entremêlant son érudition historico-politique à une intrigue difficilement crédible.
Hasard du calendrier, c'est aujourd'hui le 69ème anniversaire du début de la conférence des trois Grands à Téhéran, le 28 novembre 1943, au cours de laquelle Winston Churchill, Joseph Staline et Franklin Delano Roosevelt décidèrent de l'ouverture d'un second front, avec le débarquement en Normandie qui n'interviendra qu'au matin du 6 juin 1944, pour soulager l'Armée Rouge.
Le héros, Willard Mayer est un homme fort sympathique : professeur à Harvard très attiré par les femmes, Juif par sa famille originaire d'Allemagne, philosophe reconnu, formé aux techniques des Services Secrets américains après avoir été tenté, dans sa jeunesse à Vienne, par une adhésion au Parti Communiste, il est choisi par l'équipe de FDR pour servir d'interprète lors de cette réunion au sommet qui devrait hâter la fin de la guerre en Europe.
Willard Mayer est d'abord chargé d'établir un rapport sur l'exécution de masse des cadres de l'armée polonaise perpétré par les soviétiques dans la forêt de Katyn. Il se rend à Londres, puis à Stockholm, Tunis, au Caire puis à Téhéran. Il est donc enrôlé par l'équipe du Président Américain pour le temps d'une conférence ultra-secrète. Mais au début, on ne comprend pas tellement pourquoi on requiert à ce propos un germanophone … Bref, les services secrets des différents belligérants, des personnages bien réels, sont impliqués dans une aventure rocambolesque où se mêlent des faits inimaginables (mais peut-être vrais) – comme ce projet de commando allemand chargé de faire sauter les Trois Grands lors de la réception d'anniversaire de Winston Churchill à l'ambassade - et un scénario à la Ian Fleming ou John LeCarré totalement invraisemblable et, à la fin, totalement loufoque.
Le message subliminal du livre est « Staline, c'est encore bien pire qu'Hitler. Hitler aura juste tenté de balayer les Juifs. Mais Staline essaie d'éliminer toutes les classes de la population » ainsi que le dit un officier polonais. Et qu'il n'existe pas de vérité philosophique.
Mais ne me demandez pas de choisir entre la peste et le choléra. Ce que je recommande est d'avoir sous la main à chaque instant non pas un dictionnaire mais Wikipedia pour savoir qui était chacun des personnages historiques « invités » dans l'intrigue. On se souviendra en particulier de Walter Schellenberg, Sumner Welles, Harry Hopkins, le kinésithérapeute Felix Kersten, Himmler, Kim Philby, Rosamund Lehmann, Beria ….
Le mérite de ce roman est de remettre en lumière cette partie très peu connue des tentatives de pourparlers secrets menés par chaque belligérant pour obtenir, après le désastre de Stalingrad, une paix séparée, qui n'aboutisse pas à la mainmise de Staline sur l'ensemble de l'Europe. Les règles du jeu seront fixées quelques mois plus tard à Yalta, juste avant la mort de FDR, déjà bien handicapé à Téhéran. C'est de la fiction historique, mais elle manque de l'humour décapant qui faisait le charme des aventures de Bernie Gunther !
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Je sors de ce "La paix des dupes " un peu plus étonné que ma connaissance de la deuxième guerre mondiale soit à nouveau étayée grâce à ce livre qui mêle l'Histoire du XXème siècle et une bonne part de fiction à la sauce Philip Kerr. C'est à dire un mélange de roman policier et d'espionnage avec des personnage hauts en couleur , doués d'un humour dévastateur , d'une auto-dérision fortement développée et d'une intelligence supérieure . Les deux protagonistes principaux sont ici d'un côté le professeur Willard Mayer , un philosophe américain qui travaille pour l'OSS , les Services Secrets américains et de l'autre le jeune général allemand Schellenberg , patron du contre espionnage SS.
On est à l'automne 1943 , les nazis viennent de subir plusieurs revers militaires dècisifs notamment Stalingrad , le front russe est de plus en plus difficile à tenir , et ceux - ci décident d'engager des pourparlers de paix bilatéraux avec la Russie et les USA .
En parallèle se profile à l'horizon une réunion au sommet des "Trois Grands " à Téhéran avec Churchill , Staline et Roosevelt qui doit sceller le sort de l'Allemagne . Le professeur Mayer est embarqué dans l'aventure du côté américain et suspecte la présence d'espions allemands dans l'entourage du President avec comme objectif l'assassinat d'un des trois . de son côté Schellenberg pousse un plan B d'êlimination des Trois Grands , estimant que la paix n'est pas la meilleure option . Mais leurs actions vont être quelque peu contrariées par des trahisons volontaires , des meurtres multiples et quelques vengeances inavouées ..
Si j'ai eu un peu plus de mal à rentrer dans ce roman - était- ce du à l'absence du héros rècurrent , Bernie Günther ? - j'ai ensuite peu à peu été happé par le récit qui vous plonge dans les affres de l'Histoire de la deuxième guerre mondiale , comme toujours mèticuleusement décortiquée et amendée par l'auteur écossais , savamment saupoudrée de meurtres , de mystères , et de rebondissements inattendus .
Comment dans ce cas ne pas prendre plaisir à savourer ce roman instructif et captivant?
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Me suis-je clairement fait comprendre?

Assez clairement. J’allais devoir me muer en corniaud sans couilles, juste affublé du
collier de mon maître, histoire de faire comprendre aux gens que j’avais le
droit de venir pisser sur leurs plates-bandes. Mais j’affichai un beau sourire
et, en barbouillant ma réponse aux couleurs de la Bannière étoilée, je dis
d’une voix flûtée:

«Oui, monsieur le Président, je vous comprends parfaitement.»
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- [...] Si je devais choisir entre Hitler et Staline, je choisirais Hitler, à tous les coups. Staline, c'est le petit père de tous les mensonges. À cet égard, Hitler n'est qu'un apprenti.
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Seigneur, non. Je ne le suis pas [communiste] et je n'ai jamais été un animal politique. Une inclination à gauche, par romantisme, certes, mais jamais militante. Et j'attends des hommes qu'ils me choisissent, moi, pour cause éternelle, et non Hitler ou Staline. Tout comme je l'ai fait avec eux.
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Soixante secondes plus tard, je dévisageai, bouche bée, l'homme qui franchit une porte à l'autre bout de la pièce, puis les autres personnages qui l'accompagnaient, et si Betty Grable m'avait sauté sur les genoux et s'était dénudée en ne conservant que ses souliers à brides et semelles compensées, je n'aurais pas bronché.
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Je me levai et m’approchai de la fenêtre. En regardant dehors dans la rue, j'essayai de m'imaginer tous ces officiers polonais assassinés, gisant dans un charnier quelque part près de Smolensk. Je vidai mon reste de whisky. Au clair de lune, la pelouse devant ma maison avait la couleur du sang et le ciel argenté, agité, avait une allure spectrale, comme si la mort elle-même gardait son grand oeil de baleine blanche braqué sur moi. Au fond, peu importait qui vous tuait. Les Allemands ou les Russes, les Britanniques ou les Américains, votre propre camp ou l'ennemi. Une fois que vous êtes mort, vous êtes mort, et rien, même pas une enquête présidentielle, n'y pourrait changer quoi que ce soit. Mais je faisait partie des chanceux et, au premier étage, l'acte qui affirmait la vie par excellence réclamait ma présence.
J'éteignis les lumières et j'allai retrouver Diana.
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Videos de Philip Kerr (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philip Kerr
Emmanuel Couly reçoit Anne Martinetti pour son livre, "Mortels Cocktails" aux Editions du Masque, au Duke's bar de l'Hôtel Westminster, 13 rue de la Paix, 75002, Paris. « le vrai crime, c?est de ne pas savoir préparer un martini. » Francisco G. Haghenbeck, L?affaire tequila de Philip Kerr à Patricia Cornwell en passant par Ian Rankin, Stephen King, Fred Vargas ou l?éternelle Agatha Christie, les maîtres du genre vous servent leurs meilleurs cocktails et vous invitent à replonger dans leur univers? le temps d?un verre. 50 recettes de cocktails pétillants et dangereusement exquis à savourer comme un bon polar !
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Bernie Gunther, un privé chez les nazis...

"Je ne suis pas un nazi. Je suis un Allemand. Ce n'est pas la même chose. Un Allemand est un homme qui arrive à surmonter ses pires préjugés. Un nazi, quelqu'un qui les change en lois" On m'a viré de la Kripo en 1934, et comme il faut bien vivre, je me suis retrouvé déguisé en privé dans l'établissement le plus select de Berlin :

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